Le vieux Jacques est sorti de l’hôpital après une semaine de cure mais manifestement la faculté ne s’est pas occupé du principal problème la baisse des facultés intellectuelles du vieux en question qui continue à raconter le temps où il vendait des vérandas dans la vallée de Chevreuse. Il faut dire qu’il en a eu l’occasion puisque le fiacre Marcel et le grand Michel ont été faire du vélo dans la dite vallée hier matin.
Comment le sais-je me direz-vous ?
En fait c’est le vieux Jacques qui m’a envoyé un SMS hier vers 17 heures alors que je pratiquais une de mes occupations favorites : la contemplation des courses cyclistes à la télé alors que Mayo a mouillé le sien pour gagner l’étape et Moreaux, vache !, est remonté à la deuxième place. Il exprimait en langage texto l’idée suivante : « cher ami, ayant eu l’opportunité de quitter prématurément mes geôles hospitalières, je me trouve présentement à l’Amandine et j’émets le fervent désir de vous offrir une consommation qui vous rafraichira en ce samedi particulièrement ensoleillé ».
Ce qu’il a de bien avec le langage texto, c’est que tout ceci tient en 8 lettres : « amandine ».
Je me rends donc à l’Amandine, modeste et sympathique échoppe en bas de chez moi que je fréquente assez rarement car avec l’Aéro, les Monts d’Aubrac et la Comète j’ai assez à faire. J’ai le plaisir de voir ce Jacques accompagné de Mme Jackie qui n’en était qu’à son 18ème ballon de rosé : elle arrivait encore à suivre la conversation.
Je commande un café sur la tournée à Jacques (sisi : un café… la soirée promettait d’être longue avec cette histoire de match de foot à regarder à Djibrill, Sénégalais d’origine mais résidant ivoirien d’adoption).
Nous devisions gentiment de la conjoncture économique quand je me dis « bordel ! j’ai oublié de déclarer mes impôts ». Je rentre à la maison avec cette magnifique excuse que mes deux valeureux patriotes ont valeureusement assimilée. Je cherche les papiers et je déclare mes impôts (ce qui, avec l’administration électronique prend maintenant une dizaine de minutes), constate que le montant à acquitter pour l’année prochaine a augmenté de 230 euros, soit l’équivalent d’un demi pression pendant 115 jours.
Je reviens à l’Amandine et constate que le vieux est toujours là mais a ramené mémère avec sa brouette.
On se retrouve au comptoir où nous sommes rejoints par le grand Michel dont je parlais là-haut. C’est un gars de 60 balais, à la retraite, donc, depuis peu, qui fait du Ping-pong et du vélo ce qui ne nécessite pas des facultés intellectuelles impressionnantes, comme, je le reconnais avec plaisir, raconter des bêtises dans les bistros ou dans des blogs quand on n'a pas soif.
Il nous raconte sa sortie dans la Vallée de Chevreuse le matin avec Marcel, autre vieux, chauffeur de taxi à la retraite qui, à part sa connerie légendaire n’a qu’un seul défaut : il préfère Marine à Ségolène. Et pas à cause de la couleur des cheveux. Quoique...
Michel nous explique que Marcel a eu du mal le suivre, surtout dans les côtes, ce que Tonnegrande, qui n’était pas là puisqu’il sortait avec Madame, aurait pu nous expliquer : c’est un spécialiste de la Côte.
C’est alors que débarque Marcel, accompagné de Jim dont les yeux pétillaient particulièrement mais je ne peux pas dire ici qu’il commençait à en tenir une bonne, son patron, l’aimable Jean ayant demandé à son fils, le grand Stéphane, de regarder mon blog, pour pouvoir surveiller les frasques de son serveur préféré.
Marcel a donc raconté sa propre version de l’affaire, quand Jacques a dit : « moi je connais très bien la vallée de Chevreuse » et je lui ai demandé « ah ! tu y vendais des vérandas ? », ce qui est une excellente plaisanterie, mais il faut être un peu initié pour l’assimiler totalement.
Là-dessus, le beauf débarque. Le beauf étant le beauf à Antoine et ayant la particularité d’héberger Jim dans son studio depuis que Jim a été lourdé de chez Ramdane. La photo du coin est celle du beauf, je ne crois pas l’avoir déjà publiée sur le blog. Le beauf (Franck) sortait du boulot, mais à mon avis n’avait pas fait que bosser. C’est alors que j’ai décampé : je me retrouvais en effet avec mes trois vieux (Jacques, Michel et Marcel) et les mes deux poches (Jim et Franck). Ca fait trop (pas le prix de la tournée, les conneries à entendre).
Je me pointe chez Abdel vers 19 heures, où j’ai l’occasion de voir la fin du match avec les Suédois qui font la gueule pour s’être pris un match nul contre une équipe d’un pays dont personne n’a jamais entendu parlé, et qui doit se trouver dans les Caraïbes mais faudra vérifier.
Voilà le gros Loïc, le gros Djibrill et le gros Jacky (pas Jackie, Jacky). Il manque juste Joël, c’est bizarre, mais il travaillait au stade de France hier pour le match de rugby. C’était une journée très sportive, mais Joël il s’en fout, il était payé pour jeter des confettis sur la foule. Ca ne s’invente pas.
Le match commence, Djibrill commence à désespérer et est obligé d’appeler à la maison pour calmer sa femme et son fils, vrais ivoiriens… Le gros Jacky taquine le gros Loïc qui prend la mouche et se tire avant la fin de la première mi-temps malgré les tentatives de réconciliation de Djibrill et moi… Mais le gros Djibrill commence à ne plus être très convainquant : ça lui apprendra à commencer en même temps que moi.
Voilà un aimable client qui débarque mais qui boit du whisky (je n’ai rien contre, mais à 4€60 le verre, ça fausse un peu les tournées). Nous entamons une conversation politique du plus haut niveau. Ces quatre gugusses (Djibrill, Abdel, Jacky et l’aimable) sont tous des chefs d’entreprise (respectivement : informatique, bistro, boucherie et garage Peugeot), moi je ne suis qu’un modeste employé.
Après le match, Abdel nous vire, mais c’est un prétexte : on n’a pas regardé le match.
J’arrive chez moi. Ca sentait très bon, bien qu’une vague odeur de brulée m’inquiétait légèrement. Que vois-je ? J’ai oublié le sauté de porc que je me préparais pour le dimanche sur le feu. Je l’avais laissé suite à l’histoire du SMS du vieux Jacques qui m'a fait sortir en urgence… Il est bien cuit (de 16 heures à 23 heures, il a eu le temps) et même très bon, je vous le conseille : l’histoire de la gastronomie est faite de petites découvertes.
Me voila donc devant la télé à regarder Ardisson où trois pingouins dont deux journalistes de l’Express s’escriment à nous expliquer l’affaire Clearstream. Je n’ai rien compris.
Je vous raconte tout ça uniquement parce que je n’ai rien diffusé sur le blog depuis une semaine et l’autre truc que j’avais à diffuser aurait pu fâcher Tonnegrande. C’est l’histoire de la caissière de chez Leclerc samedi après l’apéro qui annonce le montant de la facture à Tonnegrande : 30€20. Tonnegrande lui tend donc un billet de 20 euros. Me trouvant à côté de lui, je lui lâche sournoisement : « tu aurais pu faire l’appoint ». Lui, rougissant (c’est une façon de parler) « excusez-moi madame », lui tend un billet de 5 euros. La caissière, n’ayant rien compris à ma connerie et à l’état de Tonnegrande se retrouve à devoir rendre la monnaie… avec 25 euros pour une facture de 30€20.
Je résume maintenant. L’Angleterre, Mayo, Biarritz, Hénin et l’Argentine ont gagné. Les suédois, Loïc, Abdel et les ivoiriens font la gueule. Jackie, Jacques, Jim, le beauf et Djibrill sont pleins. Je ne comprends rien à l’affaire Clearstream et mon sauté de porc est trop cuit. Tonnegrande dine avec Madame sans la caissière de chez Leclerc trop occupée à résoudre des équations.