Préambule : billet modifié le 15/05/07 pour le raccourcir !
Il y a bientôt un an j’ai rédigé un
billet sur les bistros. Ce billet a fait ma gloire puisqu’il a été cité récemment dans un nombreux
blog. Remercions-le.
Il est temps d’entamer un deuxième volet que nous intitulerons : «
sachons nous comporter correctement avec le personnel des bistros ». Le première règle est, bien sûr : «
il ne faut pas mettre les mains aux fesses de la serveuse ».
Mais ce n’est pas la seule et elle est inexacte. Il serait plus juste de dire : «
il ne faut pas mettre les mains aux fesses de la serveuse, sauf si elle vous l’a fait avant ».
Vous avez le droit de prendre des notes.
Il faut commencer par l’aspect financier… Mais comme c'est pénible, je vais en parler ailleurs.
Vous ne croyez pas que le pourboire est parfois mérité pour supporter vos conneries que nous allons aborder par la suite ?
«
Sachons nous comporter correctement avec le personnel des bistros » !
Avant de commencer le sujet, je vais faire un aparté sur les gens qui ne viennent pas au bistro pour consommer. Je vais le faire
ailleurs.
A force de parler pognon, j’en suis déjà à 1200 mots ! Pourtant c’est important pour la suite où le sujet ne sera plus abordé :
le personnel des bistros est là pour travailler, vous pour vous détendre ou rigoler !
«
Sachons nous comporter correctement avec le personnel des bistros »
Je viens de dire «
le personnel des bistros est là pour travailler, vous pour vous détendre ou rigoler ». Nous voilà dans le vif du sujet ! Désolé, je vais rappeler quelques règles de bon sens pour des trucs évidents. Ca va faire
« celui qui se la pète » mais sans ces rappels le billet ne pourrait pas être complet !
Commençons d’emblée par les bistros ou restaus où vous venez pour la première fois et où vous avez peu de chance de revenir. Ces règles de bon sens seront étudiées
ailleurs.
Voilà le vif du sujet. Les relations avec le personnel des bistros à côté de chez vous ou du boulot. Ceux que l’on commence à bien connaître, à ne plus faire la différence entre eux et les autres clients, ceux qui deviennent des copains, …
Quand on commence à oublier qu’ils sont au travail alors qu’on est en détente !
Quand on oublie qu’ils doivent vous sourire et rigoler de vos plaisanteries nulles parce que c’est leur métier, même quand il est vingt heures et qu’ils ont pris leur poste à 10 heures.
Quand on oublie que les quelques verres bus nous font sortir de tout réserve.
Quand on oublie que si le patron est seul, avec deux clients, c’est qu’il attend qu’il partent pour faire sa caisse, vérifier sa mise en place pour demain, rentrer chez lui, dîner avec son épouse, se coucher,… pour ouvrir de bonne humeur à 5h30 le matin.
Alors voilà, quelques conseils, … si je puis me permettre.Le premier – la conversationN’entamez jamais une conversation avec un employé ou le patron, il est au travail, il n’a pas que ça faire. Même s’il ne fait rien d’ailleurs ! S’il ne fait rien cinq minutes alors que le soir, il y a toujours quelque chose à faire, c’est qu’il s’accorde cinq minutes de décompression, pendant lesquelles il devra surveiller la salle, les clients, … Vous discutez cinq minutes avec la serveuse, le soir, elle terminera son ménage cinq minutes plus tard que d’habitude, loupera le bus qu’elle a l’habitude de prendre, c’est un quart de la vie privée d’une personne que vous prenez !
Vous pouvez les interpeller sur un sujet précis : « Tiens, au fait ! Patron ! C’est quoi le plat du jour demain ? », « Tiens, chef, je voulais te dire que j’ai vu l’autre andouille, là, que tu as virée l’autre jour, il buvait un coup en face »,… Mais jamais une conversation !
C’est au patron ou à l’employé de se mêler à une conversation entre clients ou d’entamer une discussion avec quelqu’un.Le deuxième – l’intimitéNe rentrez pas facilement dans l’intimité des patrons ou des employés.
Par exemple,
ne les tutoyez pas systématiquement au bout de deux ou trois jours. Attendez qu’ils vous tutoient ou que ça vienne naturellement. Je connais des types qui tutoient systématiquement le loufiat sous prétexte qu’ils font partie de la classe ouvrière comme lui ! Grotesque. Ne vous inquiétez pas, ça viendra naturellement. Vous vous êtes fait des copains dans le bistro. Ils tutoient le patron et les employés, tout le monde finira par ce tutoyer. Et si ça ne vient pas, ce n’est pas dramatique !
C’est la vie !En complément,
pas de surnom, de vulgarité, d’insulte, … Un des mecs dont je disais qu’il tutoyait systématiquement les loufiats… les appelait ainsi : «
Hé, le loufiat, tu peux nous remettre une tournée ». Si ce n’est pas le rabaisser !
Pas de familiarité !
Alors que faire ?
Le début des relations avec le personnel (ou le patronat, ne reculons devant rien) est primordial : c’est ce qu’il fera qu’il vous aura à la bonne ou non !
Jamais d’engueulades, de réprimandes, de critiques, … Par exemple, si vous vouliez une Côte du Rhône fraîche et qu’on vous la sert à température ambiante, ne dites pas «
Putain de bordel de merde, Connard, je t’avais demandé une fraîche ». Non ! Buvez là sans ronchonner et lors de la prochaine tournée, rappelez : «
heu… bien fraîche, hein ? » avec un petit clin d’œil (qui veut dire «
abruti, tu as de la chance que je n’ai pas gueulé devant ton patron »).
Un conseil : quand vous avez une critique à faire, faites là directement au patron en faisant croire que c’est pour son bien et celui des autres clients et surtout en ne l’accusant pas. Par exemple, la bière est dégueulasse. Ne dites pas : «
La bière est dégueulasse ». Allez voir le patron et dites : «
dis donc ! Tu n’aurais pas un problème de gaz, ta bière est un peu plate ou alors c’est peut-être de froid ? ».
Et hop ! Il va faire les réglages… et vous paye un coup pour que vous puissiez contrôler l’amélioration !
Toujours de la gentillesse, de la prévoyance, … N’oubliez jamais qu’à 20 heures, le loufiat, il est au boulot depuis plus de 10 heures… Par exemple, s’il est en train de balayer devant le comptoir et vous demande de vous écarter, ne répondez pas : «
Putain ! Fais chier ! », mais : «
oh ! Excuse moi ».
Jamais d’intervention dans le dialogue patron – employé. Sauf quand ça chauffe. Vous sortez une plaisanterie grossière pour rappeler que vous êtes là pour vous détendre et que leurs problèmes ne sont pas les vôtres. Illustration : le patron engueule le loufiat parce qu’il est en retard pour le ménage. Vous dites : «
Machin, si t’es en retard, tu pourras demander des heures supplémentaires ». C’est tellement grossier que ça marche : tout le monde rigole !
Toujours défendre les employés et le patron devant les autres clients. Allez ! Ne soyons pas radin sur les exemples ! Un client conteste sa monnaie. Le patron et l’employé son fatigués. Vous dites au client : «
Tu nous fais chier, chaque soir tu nous fais le même cirque ! ». Même si ce n’est pas vrai : il va se remettre en question.
L’autre soir, dans le bistro en bas de chez moi, un client (lui-même serveur dans une brasserie luxueuse de Paris) légèrement éméché demande au serveur une paire de ciseaux pour couper un fil qui dépassait. Le barman lui en donne une paire (c’est une faute professionnelle, ne jamais donner d’objet pointu à un client, mais celui-ci était un habitué de longue date). Le client attrape la cravate du barman et lui la coupe. Complètement con. Certains clients souriaient. Le barman faisait semblant de rire : son métier l’empêche de dire ce qu’il pense. Du coup, c’est moi qui me suit mis en colère (simulée, je suis au dessus de ça !) pour lui expliquer les choses de la vie !Cette histoire vraie me fait rebondir sur la règle suivante…
Jamais de jeux de mains. Je parlais de la main au cul à la serveuse, mais il y a plus con. Par exemple, toujours dans la brasserie en bas de chez moi, il y a deux ou trois clients qui font le même truc. Tous viennent manger là plusieurs fois par semaine depuis plus de 15 ou 20 ans. Ils se croient donc chez eux. A chaque fois qu’une des deux serveuses passent devant eux, ils tirent le nœud qui tient leur tablier blanc ! C’est sûrement très drôle ! Mais pensez à ces deux filles qui en plein coup de bourre doivent remettre leur tablier une ou deux fois par jour !
Jamais de commande pendant le coup de bourre. Imaginez un apéro le dimanche à 11 heures. Vous êtes au comptoir avec deux ou trois potes. Une vingtaine d’autres clients braillent au comptoir, le principal sujet de conversation étant de savoir quels chevaux jouer dans le tiercé. Chacun balance ses commandes. «
Deux petits blancs » à droite ! «
Trois ballons kirs dont un pas trop chargé » à gauche ! «
Un Ricard, un Pastis et de Suze cassis » au milieu. Le barman s’agite, mémorise tout, la concentration est à son comble. Non seulement il doit se rappeler où en sont les commandes mais il doit surtout se rappeler ce qu’il a servi depuis la dernière fois où il a eu le temps de faire un ticket… pour pouvoir encaisser. Pendant ce temps-la la serveuse prend les commandes en salle des braves gens qui viennent prendre le petit déjeuner. D’un coup, elle interpelle le serveur avec sa voix de stentor : «
hé ! Machin ! Tu me feras 4 express dont un serré, un allongé, deux chocolats, un thé au citron, un double café avec une goutte de lait, une tartine et 8 verres d’eau, un ticket de 4€20, un de 10€55 et un de 1€10 ».
Ca vous paraissait simple comme job ?Je continue. Si vous vous arrivez au milieu de tout ça, en voulant être servi rapidement en tant qu’habitué « proche », vous avez tout faux. Si vous appelez le serveur et criez : «
Machin ! Tu nous remets ça », vous êtres grillés. La goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Non ! Vous attendez doucement que le coup de pression cesse. S’il dure trop, vous regardez le barman dans les yeux et vous faites un petit signe, ou, mieux, quand il passe près de vous, doucement avec un petit geste pour attirer son attention : «
tiens, quand tu auras cinq minutes, tu pourras nous remettre ça, s’il te plait ? ». Mais le mieux est vraiment d’attendre que le barman puisse se détendre… Et là vous lui dites : «
Bon dieu ! Ca a chauffé ! Ca doit faire du bien quand ça s’arrête ! Enfin… Ne nous oublie pas quand même ! ».
Je dois vous avouer que j’ai une stratégie dans une situation équivalente. Je me mets près de la caisse où se tient la patronne qui est obligée de discuter avec tous ses clients habitués, qui se sont bien habillé le dimanche pour aller faire le marché et quelques mondanités. Et elle, toujours aimable, qui prend des nouvelles de la famille, la prostate du grand-père, la jambe cassée du petit neveu, ... Ca la gonfle mais elle est obligée de le faire. Alors quand je veux commander, je lui dis «
Tiens patronne ! Ca chauffe au comptoir, tu pourras remplir nos verres ? ». Elle est bien contente, elle peut se débarrasser de la bavarde : «
Excusez-moi, Madame Michu, mon serveur est débordé, il faut que j’aille servir des clients ». Je dis « Madame Michu » au hasard… Mais la petite critique au serveur est nécessaire : c’est un signal à Mme Michu que la patronne la considére d’égal à égal dans une classe supérieure : celle des patrons !
Mais je diverge. N’écoutez pas ce dernier conseil, c’est de la pure grossièreté d’interrompre une conversation.
Mais écoutez bien les autres… Si vous êtes gentils et respectueux, vous n’avez rien à perdre !