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18 mai 2007

Babel web

Ne travaillant pas aujourd’hui, j’étais d’humeur festive hier soir. Je pensais qu’il en serait de même pour mes camarades de jeu… mais même pas. C’est ainsi que 24 heures après le voyage de Nicolas Sarkozy en Allemagne, je me suis retrouvé à fêter l’amitié Franco-Allemande avec une espèce de géant teuton.

Madame Merkel a accepté de parler à Nicolas Sarkozy malgré les propos qu’il a tenus (je résume : « nous pouvons être fiers de notre passé, nous n’avons pas inventé la solution finale »), ce gars a accepté de m’adresser la parole.

J’étais ainsi tranquillement accoudé au comptoir de l’Aéro, aimable échoppe qui n’est plus tenue par Abdel mais par Karim et Idir (je ne sais comment l’écrire, mais je sais l’idir !) à deviser joyeusement de la conjoncture économique et de tout autre sujet indispensable au bistro.

Ce type rentre. 1,95 m 130 kg. Je me fais petit. Il commande à Karim : « big bier please ». Karim ne parle pas anglais. Il comprend « bière bouteille ». Il commence alors à sortir une Desperados, une Heineken et une Pelforth pour permettre à notre nouvel ami de faire un choix. C’est alors que je me suis proposé pour une médiation bien à propos. J’ai dit à Karim : « sers lui une 1664 et s’il fait chier, tu dis que tu comprends rien ».

J’ai alors commencé la conversation avec ce gugusse sachant que je ne parle que très peu anglais. Je le fais pour le boulot, mais uniquement sur des sujets qu’on ne peut pas aborder au bistro. Par exemple, une fois, j’avais discuté avec un Japonais sur des problèmes d’intensité électrique sur les lecteurs de cartes à puce. Je discute assez rarement d’intensité électrique sur les lecteurs de cartes à puce au bistro.

Je ne parle pas non plus Allemand malgré sept ans de pratique intensive à l’école. Néanmoins, au fil de la soirée et des pressions ingurgitées, mon niveau s’est nettement amélioré. J’ai par exemple assez vite compris que « gut Kartofel » désignait les nichons des jeunes femmes noires passant dans la rue.

J’ai ainsi compris que mon nouvel ami était chauffeur de car et logeait pour la nuit à l’hôtel Campanile de la Porte d’Italie. Il voulait passer sa soirée à découvrir « Barisse Bedites Badame » (traduire : boire de la bière et s’envoyer une pute à Paris), mais, le con, Porte d’Italie, au lieu de prendre vers le nord, il a pris vers le sud et s’est perdu au Kremlin-Bicêtre.

Néanmoins, Karim, Idir et moi sommes sympathiques. A défaut de pouvoir lui vider les glandes, nous lui avons permis de se remplir le gosier.

Nous étions 5 dans le bistro. Les deux patrons, mon Allemand, moi et un jeune Arabe. Je me suis engueulé avec lui sur la capacité d’une « girafe de bière ». Il prétendait qu’elle contenait l’équivalent de 6 demis pression et moi de 10. Il y a des sujets sur lesquels il ne faut pas me chatouiller. Mais dans un récipient de 2,5 litres, on ne m’ôtera pas l’idée qu’il peut y rentrer 10 verres de 25 cl.

C’est alors qu’un vieil Arabe en goguette est arrivé et nous a payé un coup à mon Teuton et à moi, ainsi qu’au jeune et aux patrons. La situation se complique. Les patrons sont Kabyles et parlaient donc un mélange de Français, d’Arabe et de Kabyle avec le vieux alors que moi j’utilisais l’Anglais, l’Allemand et le Français avec mon Allemand !

Vous auriez vu ce bordel dans le bistro. 6 clients, 5 langues. La tour de Babel ! Je vais profiter de ce moment pour faire un jeu de mots idiot : nous étions perdus entre le Kabyle téléphonique et le téléphone Arabe.

Ce jeu de mots est le seul objectif de ce billet, mais je vais vous raconter la fin de la soirée.

Vers 21h50, un couple de sexagénaires en survêtement est entré dans le bistro. Ils venaient probablement de visiter Paris de long en large. A mon avis, c’était des touristes Bretons. Ou Belges.

Le monsieur avait une furieuse envie d’uriner d’où l’entrée du couple dans le bistro. La prostate mène à tout. La dame ayant du savoir-vivre (ou alors elle a lu mon blog) a pris une consommation. « Un déca s’il vous plait » dit-elle à Karim. Karim s’excuse : « Excusez-moi madame, je viens de laver la machine à café, je ne sers plus de boissons chaudes ». La dame : « Un café normal alors ! ».

Ca ne s’invente pas. Ils sont cons les touristes.

7 commentaires:

  1. Toujours un bon moment de rigolade quand je viens chez toi Nicolas !
    Le titre a changé, j'ai remarqué.
    Il était raffiné ton allemand, parce que "kartofel", ça veut dire "pommes de terre".
    Mais le coup des touristes, trop fort ! Et pourquoi tu insinues qu'ils étaient belges ? Parce qu'ils étaient cons ?

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  2. Merci Fiso !

    Et je parle un peu Allemand...

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  3. faut reconduire aux frontières tous les touristes étrangers

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  4. une lecture qui met de bonne humeur!
    merci!

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  5. Merci Céleste. Tonnegrande, tu oublies ton blog

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  6. Très drôle cette nouvelle ! peut être pas pour les belges et les bretons...

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