Marcel est parti très fâché. Je vais vous le raconter. Avertissement préalable :
ce billet aura peut-être quelques grossièreté, selon que je me décide ou non à retranscrire exactement ou pas les propos de Marcel. Marcel n’est généralement pas grossier mais hier soir, je n’avais que rarement vu quelqu’un autant fâché, à part la fois où j’avais donné une gifle au Gros Loïc et celle où j’avais donné une baffe à Alvez.
Vous connaissez Marcel. Ce n’est pas une question. C’est une affirmation. Ou alors lisez
l’histoire de la fois où il s’était coincé le machin dans la braguette.
Je vais vous raconter l’histoire de sa fâcherie d’hier soir. Avant, voilà une page de publicité. D’abord pour Filaplomb, c’est un rituel. Ensuite pour l’excellent Balmeyer qui avec son ton … heu … nous fait très souvent des excellents billets.Nous étions à La Comète hier soir à deviser avec le patron qui gagne des devises et Manu le Brésilien qui a besoin de devises pour retourner voir sa famille là-bas.
Pour ce qui ne connaissent pas La Comète, au Kremlin-Bicêtre, s’il y en a, c’est juste à côté du supermarché Leclerc dont le grand patron disait à la radio ce matin que «
Danone se fout de notre gueule en augmentant les laitages de 10% car il n’y a pas que le lait qui entre dans le prix des produits, c’est un nouveau prétexte pour augmenter les marges ». Car Leclerc ne fait pas de marge, c’est bien connu.
Mais je m’égare.Arrive donc une grosse voiture grise qui s’en prend à trois fois pour faire un créneau. Je dis «
Ah ! Une voiture à chier qui n’arrive pas à se garer, devinez qui c’est ? ». Les autres « Ah ! Marcel ! ».
Son épouse, la tendre Miranda sort de la voiture nous fait un signe amical tout en ronchonnant, nous n’entendions pas. Jim, l’aimable serveur, ouvre la porte et lui demande «
Salut Maman » (oui, il l’appelle Maman, probablement dans l’espoir d’hériter) «
Qu’est-ce tu dis ? » Elle gueule : «
Au poteau, les grévistes ! ». Elle parlait bien sûr du poteau d’exécution. Marcel et Madame ont des idées un peu extrémistes.
Pas du bon côté. Nous étions évidemment pliés de rire.
Deux minutes après, Marcel rentre dans le café en ronchonnant. Je lance une plaisanterie au hasard, je ne sais plus quelle connerie, du type : «
Salut Marcel, pourquoi tu prends ta voiture alors que tout est bouchonné et que tu habites à 300 mètres ».
Il répond, de mémoire : «
Aaahhhh ! Commencez pas à me faire chier ! J’ai mis une heure et demi à venir de porte d’Orléans ». Je vous avais dit que j’allais dire des grossièretés.
Moi, n’ayant pas compris qu’il était vraiment colère : «
T’es encore passé par le périph alors que tu pouvais passer par les petites rues derrière, toi, un ancien taxi, t’es vraiment con ».
Il se fâche tout rouge. Je calme le jeu «
Marcel, tu sais que je déconne », «
Je plaisantais », «
Si on peut plus rigoler », ….
Ca se calme. Surtout que Jean, le patron, a dit : «
Et si tu viens ici pour nous les casser, c’est pas la peine ».
Ca se calme, donc et on discute normalement, des conditions de circulation, des trucs que chacun d’entre nous avons pour éviter les bouchons, …
Dix minutes après, Michou arrive. Michou, c’est un pseudo dans les blogs. Dans le civil, on l’appelle autrement. Michou travaille à La Poste dans un centre de tri. Généralement quand il arrive, comme hier, à 19 heures, c’est pour prendre un café avant d’aller bosser (de 20 heures à 6 heures : c’est con, ces fainéants de fonctionnaires travaillent la nuit pour qu’on puisse avoir notre courrier à l’heure).
Comme je savais qu’il était en grève, je lui dis : «
Salut Michou, fainéant de grèviste ». Lui, affectueusement : «
Salut, les fachos ».
Marcel devient tout rouge. Il n’aime pas qu’on le traite de facho même s’il dit partout pour qui il vote. Il pose son verre, commence à trépigner, «
vous me faites chier, tous des cons, … ». Il reprend son verre en tremblant comme Simon le Clochard quand il n’a pas encore bu ses deux litres de rouge.
Il le finit en trois ou quatre fois. Alors que c’était un petit verre (7 cl)… mais dans l’état où
il était il pouvait difficilement boire normalement en continuant à nous insulter.
Il finit son verre, le pose sur le comptoir, se dirige en courant vers la porte (à trois mètres). Il s’arrête. Se retourne brutalement et commence à insulter prodigieusement Michou. Je ne vais pas être grossier mais
il parlait de vouloir enfoncer le machin qu’il s’était coincé dans la braguette dans le joufflu postérieur de Michou. A deux reprises. Une fois : "
Va te faire...", la deuxième "
je vais t'..."
Il se barre. Pour l’anecdote, il rentre chez Leclerc au moment où sa femme en sortait… par l’autre porte. Voilà donc sa femme, toujours énervée qui vient dans le bistro «
il est où Marcel ? ». Jim est sorti lui expliquer.
C’était le seul à pouvoir encore parler.
Jean, Manu et moi étions roulés par terre à force de rigoler de la scène et Michou se demandait ce qu’il lui était tombé dessus.