Il était mauve car le orange ne me va pas. Et visible contrairement aux neurones du vieux Jacques. Ma veste, quant à elle, est grise et, malgré la chaleur abominable lors de cette conférence suivie d’un apéritif dinatoire imposée par un patronat combattable, j’ai du la garder toute la soirée pour cacher la déchirure latérale de mon pantalon gracieusement offerte par la RATP dont au sujet de laquelle les RER ont des accoudoirs agressifs allant jusqu’à se glisser dans la poche de mon pantalon au moment où je m’asseyais.
Lourdement, je dois avouer, ce qui explique que la poche soit restée dans l’accoudoir en question au moment où mon délicat fessier touchait le siège.
Avec les collègues, nous arrivâmes à cette conférence où nous attendait une trentaine de personnes devant un café et nous restâmes piétiner pendant un bon quart d’heure. Je détectai alors que mon lacet fut dénoué mais n’osai me pencher à cause de mon trou pantalonesque.
L’organisateur brailla alors dans le micro pour nous indiquer de poser notre cul sur des fauteuils tellement frêles qui m’imposèrent une vigilance de quatre heures afin de ne pas voir le mien se briser sous mon poids légendaire.
Galant comme pas deux ni trois, j’ai repéré une rangée vide et invité mes trois collègues à s’y engouffrer. Celle qui toucha le bout de la rangée repéra le climatiseur et, sympathiquement, m’invita à m’en approcher vu que je ne pouvais pas enlever ma veste à qui j’avais confié la mission de cacher mon trou de fut.
Vous me suivez ?
Je me faufile donc entre mes trois collègues, sympathiques quadragénaires d’une quarantaine damnée, et les dossiers des sièges de la rangée précédente en essayant de rentrer mon ventre qui, dans ces circonstances, a tendance à proéminer un peu trop.
Je marchais ainsi en crabe vers la gauche et comme tout allait de travers, j’ai oublié le lacet de ma chaussure gauche et mis le pied droit dessus. Impossible de soulever mon pied gauche et de poursuivre l’avancée. J’avais les deux pieds côte à côte et me décide donc à opérer un repli stratégique sur la droite mais je venais de franchir une collègue qui s’en trouvant libérée en avait profité pour s’asseoir. Impossible de bouger.
Je récapitule : le pied gauche bloqué à cause du lacet coincé sous le pied droit, lui-même coincé entre une collègue assis, une collègue debout (la dernière qu’il me restait à franchir), le dossier du siège devant la collègue en question et mon pied gauche qui ne pouvait bouger.
J’aurais été pliée de rire si la collègue encore debout n'avait pas une entorse, non pas au règlement, mais à la cheville. Elle ne pouvait plus bouger non plus et, s’étant mis dans une situation inconfortable pour me laisser passer commençait à souffrir abominablement…
Comment faire ? Il fallait que je lève le pied droit pour dégager mon lacet mais pour dégager le lacer il fallait que je pousse le pied gauche. Pour des raisons assez évidentes, il m’était impossible de lever les deux pieds en même temps ou de pousser le pied le gauche alors que le pied droit était en l’air. Je piétinais donc sous le regard cocasse de mes trois collègues à qui je n’avais pas avoué mon problème de lacet, m’étant déjà couvert de ridicule avec mon pantalon éclaté…
Dans la vie, parfois, cinq secondes paraissent durer deux heures…
Remarque ! Au bistro c’est le contraire…
Au fait ! Après la conférence, il y avait l’apéritif dinatoire. Etant resté quatre heures assis avec une clim qui me soufflait sur les fesses protégées uniquement par un léger caleçon mauve, je me suis cassé.
Comme il se doit, arrivé à Bicêtre, j’ai été boire un coup à la Comète, vu que c’était l’anniversaire de Jim puis à l’Aéro vu qu’il y avait match de foot.
Il faisait chaud à l’Aéro. Par réflexe, j’ai enlevé la veste.
(pantalon)