431. C’est le nombre de billets que j’avais à lire, ce matin, avant d’entamer la rédaction du mon billet du jour. Deux jours d’absence et tout s’emballe. J’aurais du le faire hier soir, mais j’étais à la bourre… A force de faire des billets, je n’ai plus le temps de lire les autres…
C’est pour ça, d’ailleurs, que je suis arrivé en retard à la Comète, hier soir. Vers 19H15. Pour la première fois depuis le début de l’été, les portes étaient fermées, Avenue de Fontainebleau, ce qui fait qu’en passant devant, je n’ai vu que deux ombres, au comptoir. Les deux avaient une forme familière. La présence de Tonnégrande n’avait rien de surprenante mais celle du vieux Jacques m’a laissé sur le cul.
Nous étions fâché depuis la soirée de blogueur du 27 août. Je l’ai déjà raconté mais vous avez peut-être oublié. Je résume : à la fin de cette soirée, le vieux a commencé à rouspéter car les assiettes n’étaient pas assez pleine (alors qu’il était facile de faire la pute et d’aller chercher du rab à la cantine). Comme j’étais l’organisateur de la soirée, cette remarque m’a déplu. J’ai demandé au Vieux de fermer sa gueule. Il a cru que je lui faisais la morale et est parti fâché. Je ne lui ai pas fait la morale mais j’aurais du tenter de lui faire comprendre que quand un type se fatigue à organiser une soirée et qu’elle se passe très bien, on ne critique pas un détail.
J’entre. Je serre la paluche de mes deux loustics et commande un demi. Le vieux sort son porte-monnaie et le paye. Pas un mot échangé à part les amabilités d’usage avec Tonnegrande : « ta journée, ça a été ? ».
Je papote avec lui, Jacques nous ponctuant la discussion de quelques jeux de mot toujours aussi foireux. Il souriait. L’air d’avoir gagné une bataille. Une sorte de monarque regardant son peuple bienveillant.
J’ai immédiatement compris qu’il n’en était pas à son premier verre. J’ai aussi compris un détail : on était le 11 septembre. Les retraites sont versées le 10. Je ne suis pas sur mon blog politique : je peux donc dire des conneries. C’est amusant comment une partie de la population se prend pour le roi du monde lors du versement des prestations sociales. Vers le 4 ou 5 du mois, c’est le sommet, avec le RMI qui tombe…
J’avais rendez-vous avec Emilie et Jim à l’Amandine. Emilie devait m’offrir un verre pour ses 25 ans. Ils avaient fait une grosse soirée, mercredi soir, chez les parents d’Emilie pour fêter ça. L’avant-veille, Jim m’avait demandé si je n’avais pas une idée de cadeau. Je n’en avais pas alors pour rendre service, je lui ai dit : « Une demande en mariage ? ». Il l’a fait, l’andouille. Il m’a appelé, mercredi, alors que je dînais avec un Suisse Zinfluent, au cours de la soirée : « Oui, allo ! » « Hé ! Gros ! Je l’ai fait ! » « Hein ? Quoi ? » « Ce que tu m’as dit l’autre jour. » « Heu… » « La demande en mariage ! » « Ah ! Abruti, je plaisantais ! » « Ah ? » « Oui, enfin, j’espère que je serais témoin ! » « Heu… quoi ? ».
Cela dit, je ne suis pas inquiet : ce n'est pas la première fois qu'il lui fait la demande.
Je suis donc arrivé à l’Amandine, hier soir. J’ai dit à Michel : « Tiens ! Le Vieux est à la Comète. » « Oui, il est passé, je lui ai dit que tu le cherchais partout, et qu'il devrait aller te voir. » Jacques aurait alors répondu : « On va voir, je vais le laisser mariner ». Dix minutes après, il était en bas.
J’avais compris : le Vieux avait cru Michel et avait voulu faire preuve de magnanimité en faisant le premier pas. C’est pour ça qu’il trônait, Papy ! Persuadé que je serai reconnaissant. Ca me fait rigoler : on va probablement prendre l’apéro ensemble, ce midi. Il va m’inviter à manger (la retraite vient d’arriver) et je vais lui dire ses quatre vérités… Et lui faire comprendre que c’est lui qui me doit des excuses. Il va se fâcher à nouveau. Pouf pouf.
En début de soirée, quand j’étais avec lui et Tonnegrande au comptoir, ce dernier (mais non, pas le comptoir, Tonnegrande, suivez un peu, bordel !) reçoit un coup de fil sur son téléphone professionnel. Nous fermons immédiatement notre gueule : ça pouvait être son chef qui n’avait pas spécialement besoin de savoir qu’il était au bistro. Nous avons vite compris que c’était Marcel Le Fiacre.
La question n’est pas de savoir comment Marcel dispose du numéro de téléphone professionnel de Tonnégrande mais de savoir pourquoi il l’a appelé, lui, plutôt que, dans l’ordre logique : Jacques, moi puis le téléphone personnel de Tonnégrande. Le vide du crâne de Marcel est rempli de pensées sidérantes.
Marcel voulait parler à Jacques. Marcel voulait savoir qui était au comptoir car il ne veut pas parler à Seb.
Suivez, bordel ! J’ai aussi raconté cet épisode. Ils sont fâchés. Un dimanche midi, quelques semaines avant, nous étions à l’apéro, à la Comète. Première tournée, servie par Laurence. J’en commande une deuxième, Seb était derrière le bar. « Qu’est-ce tu bois ? » qu’il demande à Marcel. « Quoi ! Mais tu sais bien ce que je bois, je bois toujours pareil à cette heure-ci le dimanche ! » « Heu… Je ne suis jamais au comptoir le dimanche midi ». Marcel s’est fâché tout rouge, Seb aussi. Le patron s’en est mêlé…
Seb était au comptoir hier soir et Jacques le dit à Marcel. Marcel propose de changer de bistro ce que refuse Jacques qui propose à Marcel de boire un coup en terrasse. Au moment où Jacques raccroche, Marcel arrive. Il s’était caché entre la Comète et Leclerc pour appeler Jacques sur le téléphone professionnel de Tonnégrande pour demander qui était au comptoir.
« Le vide du crâne de Marcel est rempli de pensées sidérantes » disais-je.
Je ne comprends pas pourquoi les gens s'étonnent quand ils voient "Maison de Qualité" inscrit sur la porte de la Comète.