Aude envisage d’acquérir un iPhone. Mais, comme beaucoup
elle s’interroge : ne va-t-elle pas devenir timbrée avec ce truc ? J’ai mâchouillé une réponse, chez elle, mais l’occasion est trop belle pour faire un joli billet à moindres frais. Dans le blog bistro, pour changer : les autres sont saturés.
Elle prend le sujet complètement à l’envers ! L’iPhone est-il un problème de société ?
L’iPhone a un défaut. Un gros. Il faut un forfait conséquent pour l’utiliser : en gros, ce machin va vous coûter la moitié d’un SMIC par an... Ce n’est pas raisonnable. Le reste n’est que billevesées.
Je vais répondre à Aude point par point mais dans le désordre.
« J'ai déjeuné avec une amie. A côté, un couple. Chacun avec son Iphone sur les genoux. Sur le qui vive. Ils se parlaient et se regardaient distraitement. Prêts à sauter sur l'engin pour immédiatement savoir quelle paire de chaussures avait choisie telle copine, dans quel bar tel pote organisait un pot le soir même. »
Peut-on raisonnablement croire que c’est à cause de l’iPhone que le couple va mal ? Ne peut-on pas, plutôt, estimer que ce sont justement leurs iPhone respectifs qui rendent le dîner supportable ? Sans ce bazar, ils se foutraient sur la gueule…
« Dans le TGV, il y a peu, je n'avais rien à lire, rien à faire. Mais au lieu de courir après une technologie, des infos toutes fraiches et glauques, de me plaindre de l'ennui, j'ai pris le temps… ».
Ah ! Et si tu avais eu un bouquin, tu aurais regardé par la fenêtre, tu aurais observé les gens, tu aurais rêvé au sens de la vie ?
« Je sais que vous adorez votre Iphone, et le trouvez indispensable, vous qui n'en aviez pas il y a deux ans. Mais n'avez-vous pas l'impression de passer à côté de votre famille, vos amis, ce qui vous entoure ? »
Non. Moi pas. Par contre, combien de familles dînent en regardant la télé ? Combien de familles vivent avec la télé allumée en permanence ?
« Mais je voulais lancer une sorte d'alerte. Se retrouver en soi, être en phase avec ce qui nous entoure, prendre encore le temps de s'ennuyer, laisser notre esprit partir, réfléchir, rêvasser...Tout cela est-il voué à disparaître ? »
Ben quoi ! Quand je suis au bistro, le soir, et que j’attends le vieux Joël, vaut-il mieux que j’écoute les ivrognes au comptoir, expliquer comment ils ont loupé le quinté à trois chevaux près, u que je suive quelques flux dans mon twitter à partir de l’iPhone ?
L’iPhone est-il un problème de société ? Quand le téléphone sonne, quand tu es à table, en famille, tu réponds ? Tout est un problème de société. Rien n'est un problème de société.
Mais quand je suis à table, avec des collègues, qui me décrivent comment ils ont fait pour assurer la garde des enfants pendant les problèmes, je m’en fous. C’est un problème de société. Alors je plonge dans mon iPhone. Il y a bien un twit à suivre…
Quand je suis au bistro, avec des potes, et qu’ils s’interrogent sur la prochaine journée de ligue 1, je m’en fous. C’est un problème de société. Alors je plonge dans mon iPhone. Il y a bien un twit à suivre…
Et qu’on ne me réponde pas, comme trop souvent, qu’un outil destiné à échanger avec gens nuit aux échanges avec les gens ! Ca me rappelle
ce billet.
Aude ! Fonce t’acheter un iPhone…