Heureusement que je suis là ! Le fils du patron de la Comète voulait casser la gueule à Geneviève. Ah ! Non. C’est le contraire. Le fils de Geneviève voulait casser la gueule au patron de la Comète.
Je lui ai alors expliqué gentiment pourquoi sa mère est dorénavant tricarde de cet Etablissement mais ce n’est pas facile d’expliquer à un fils que sa mère est trop casse-couilles pour être supportée dans un bistro.
Mais si, vous connaissez Geneviève. Elle était en photo ici. Geneviève parle tout le temps. Elle parle au serveur derrière le comptoir. Elle parle aux clients qu’elle ne connaît pas. Elle parle aux serveurs. Elle parle aux gens dans la rue. « Ooouuuuh ! Il est zoli votre petit chien » « Ooouuuuuh ! Le mignon petit zenfant, vous l’avez fait avec son père, madame ? ». Elle écoute aussi. Toutes les conversations.
L’autre jour, nous avions une conversation de qualité avec l’illustre Tonnégrande. Nous étions en train d’aborder une stratégie globale pour éradiquer la faim dans le monde tout en arrêtant tous les conflits au moyen orient. Nous étions proche de l’aboutissement quand elle arrivée : « Tiens ! Nicolas ! J’ai acheté des piles pour mon réveil ! ». Nous avons interrompus notre conversation : le monde n’est pas sauvé.
« Tiens ! Nicolas ! J’ai repassé 35 chemises aujourd’hui ! » « Tiens ! Nicolas ! j’ai reçu la facture de mon déménagament ! » « Tiens ! Nicolas ! J’ai été acheté du pain pour le patron ce matin ! ».
Elle arrive à la Comète à 10 heures du matin. Elle est toujours là à 19 heures, quand j’arrive du boulot. Presque toujours, elle part après moi.
Elle dépense environ 25 euros par jour pour ses dix kirs quotidiens et le soir vient pleurer parce qu’elle n’a plus d’oseille pour acheter de la viande. Du coup, on lui paye un coup pour la calmer.
Hier, je fus surpris, en débarquant à l’Amandine. Elle était là. Avec le fiston à qui j’ai causé en aparté. Elle m’a payé un coup ! La première fois depuis environ un an qu’elle traîne à la Comète.
Le patron de l’Amandine, au bout de deux jours, envisage de la virer à son tour.
A la Comète , c’était mercredi soir. Le patron a craqué mais je n’ai pas assisté à la scène : j’étais dehors en train de téléphoner en Bretagne. Il était donc environ 19h48 si j’en crois la mémoire de l’iPhone. J’ai vu Geneviève sortir en courant et engueuler un des cuistots, Youssef, qui faisait sa pause.
Pourtant on rigolait bien, des fois. Mardi, le patron avait déjà commencé à péter un câble. Dans la matinée, il avait envoyé Geneviève acheter des boites en plastique, chez Leclerc, histoire d’avoir la paix cinq minutes. Geneviève croyait que c’était urgent et est partie en courant et est revenue une minute plus tard. Du coup, il l’a renvoyé acheter des clopes, elle est partie en courant. C’est le patron qui nous a raconté ça le soir. Il avait envoyé Geneviève acheter trois baguettes mais n’a pas eu le temps de terminer son récit.
Alors, hier soir, j’ai trouvé un prétexte pour faire sortir le fils et l’écarter de sa mère trois minutes. Il a une vingtaine d’année. « Tu sais, ta mère est très bavarde, le patron lui avait demandé de ne plus parler aux clients attablés, pour ne pas les déranger. Nicolas [le loufiat] luis avait dit aussi. Moi aussi, une ou deux fois. Le patron ne pouvait pas la garder ainsi. En plus, elle lui parlait tout le temps, arrivant à 10 heures, partant à 22 heures ». « Ah oui, je sais ! » « Sois fort, mon petit » lui ai-je dit parce que ça me faisait rigoler de lui dire ça.
Si le patron continue à virer tous les casse-couilles du comptoir, je n’ai plus qu’à fermer mon blog, moi !