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28 janvier 2011

Rentrant sans dent

Quand on subit une intervention de la plus haute importance, comme moi, passé le choc du moment (il m’a fallu environ une heure après la sortie du cabinet du dentiste qui m’a arraché deux dents pour m’en remettre), outre la fatigue lié à l’abcès ou au traitement de choc aux antibiotiques et l’énervement à lire des phrases trop longues et mal structurées, remplies de parenthèses (sans le moindre intérêt), le sentiment qui domine est confus. N’étant pas un blogueur littéraire mais une blogueuse modasse, je vais faire court : il règne une espèce d’angoisse liée à l’impression que ces élancements ne vont jamais s’arrêter, ou, plus précisément, vont vous empêcher de dormir, vous faire mal, vous torturer pendant un temps infini. Quand cela cessera-t-il ?

De fait, ce n’est pas la douleur qui prédomine mais cet élancement (comment appeler cette sensation), accentué par le stress lié à cette angoisse surmonté d’une infinie fatigue. La plaie met des heures à cicatriser (de fait, 13 heures après, je crache encore du sang, désolé pour les détails sordides) et le sang dans la bouche vous donne soif et l’envie éternelle de vous rincer la bouche. J’étais là, au comptoir, avec le vieux Joël qui faisait les mots fléchés du France Soir, je n’arrivais pas à l’aider, je jouais avec mon iPhone tout en battant le record du monde de nombre de verres de Vittel bu à l’heure. Je ne vous raconte pas ça pour faire une éternelle plaisanterie à propos de l’alcool, du Guiness Book des records ou autre… Juste pour indiquer que cette quantité d’eau ingurgitée vous titille la vessie en permanence, à peine remonté des toilettes, vous basculez d’une jambe sur l’autre en vous demandant combien de temps vous tiendrez ce qui en rajoute au stress, à cette espèce de dépression grandissante. Quand cela cessera-t-il ?

L’excès de fatigue m’a quitté vers 21h45. J’ai pu reprendre mes activités normales : raconter des conneries dans Twitter tout en aidant le vieux Joël à faire les mots fléchés. Les élancements continuaient et je dois avouer qu’à cette heure de la soirée, je suis assez habitué à descendre fréquemment aux toilettes. Je n’avais pas spécialement envie de rentrer à la maison : je ne m’imaginais pas me retrouver dans mon lit, tournant d’un côté vers l’autre dans l’attente d’un putatif sommeil.

J’ai fini par me barrer cinq minutes après le vieux, vers 22h20, je crois, attendant que les deux derniers clients, des inconnus, finissent leur 1664, sous le regard énervé du patron du soir, Yannick, qui se demandaient quand ils allaient se barrer.

Je suis rentré et j’ai glandouillé quelques minutes sur Internet avant de me décider à me coucher. Mon coloc n’était pas là. Ayant le sommeil relativement léger, j’ai eu les pensées les plus crétines, celles qui encombrent votre cerveau vous empêchant pour un oui ou pour un non de dormir, celles que vous tentez de pousser dehors en pensant à autre chose, comme à des fesses délicates que vous pourriez entreprendre. En l’occurrence, j’étais très préoccupé par le fait d’être réveillé par mon coloc quand il allait rentrer puis par le fait que l’effet des médicaments antidouleur allait s’atténuer au cours de la nuit. Bizarrement, je ne voulais pas en reprendre une dose. On est limité à six comprimés par jour, j’en avais pris deux à 19 heures. Mathématiquement, je ne pouvais en reprendre avant trois heures du matin. En outre, c’est bien beau de prendre des médicaments antidouleur, mais si vous les prenez préventivement, vous ne savez pas si vous êtes guéri ou non. C’est con un cerveau qui s’endort.

Dans la journée, un copain m’avait envoyé un mail. Il avait réussi à joindre Jaja, au téléphone, la femme de mon ancien pote mort d’un cancer le mois dernier, celui dont je parle dans le blog politique. Je me suis mis à penser à elle, les pensées s’emmêlant avec celle de mon copain qui a enterré son épouse cette semaine.

Noires pensées, stress, élancements dans les dents…

Finalement, j’ai presque dormi d’une souche, presque 8 heures. En fait, je l’aurais fait si l’excès de Vittel n’avait pas provoqué des dommages collatéraux et si je ne m’étais pas réveillé vers trois heures : « Mon Dieu – Bordel » [rayez les mentions inutiles] « Ramdane » [c’est le prénom de mon colloc] « n’est pas rentré ! Qu’est-ce qui a pu lui arriver, à cette andouille, encore ? Il n’a que des coups comme ça à me faire, comme si je n’avais que ça à penser ? »

Alors je me suis levé, je suis allé dans le séjour où est le canapé lit, je n’ai pas voulu allumer la lumière pour ne pas le réveiller au cas où. Vous voyez ma bonté, hein ? Je me suis approché. Il dormait paisiblement.

Je me suis recouché.

Je me suis réveillé à 6h44 ; le réveil est réglé sur 6h45 : tout est normal (le réveil ne m’est utile que deux ou trois fois par an). J’ai probablement passé une des meilleures nuits depuis que j’habite là

Aucune douleur, juste un vague tiraillement mais l’abcès me parait plus gros que la veille. Il faut dire qu’avec le charcutage de la mâchoire, hier, cette dernière a toutes les raisons valables de protester.

Au boulot !

11 commentaires:

  1. Merci... Mais le tout semble être derrière moi (à part un week end sous antibiotiques donc sans fiesta).

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  2. Tes dents te donnent bon teint de blogueur en tout cas. Tes billets sont fluides, vifs, aiguisés. Encore bravo !

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  3. Dorham,

    Merci ! Je ne sais pas si c'est lié aux dents, je crois que c'est le "métier qui rentre". Décomplexé, le Nicolas...

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  4. C'est curieux, on m'a arraché une dent de sagesse il y a environ six mois, et je n'ai pas pris le moindre cachet d'aspirine. Il est vrai que je n'avais pas d'abcès préalable.

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  5. Didier,

    J'ai fait des prises "préventives" plus que nécessaires et les dents de sagesse sont peut être moins douloureuses.

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  6. J'ai bien dit "peut-être", je n'en sais rien.

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  7. C'est surtout curieux que ce soit Didier qui n'ait rien eu : autour de moi, le syndrome hamster frappe tous ceux qui se font arracher des dents de sagesse...

    Mais, ça c'est fait, ce n'est plus à faire.

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  8. Bal,

    Peut-être que les gens de ton âge (comme du mien) vont chez le dentiste TROP TARD.

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  9. Je te le confirme, c'est un gros sujet. Mais un peu un cercle vicieux : quand j'y vais, on dirait que le dentiste veut entreprendre le tunnel sous la Manche. Ca fait peur. Du coup je repousse, du coup c'est pire.

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  10. Pareil. Là, j'avais un morceau de dent qui tenait par hasard (je suppose que c'est la dentiste de quand j'étais gamin qui avait appliqué une technique de l'époque pour faire une simili réparation. Au début, j'étais inquiet mais j'ai reculé la date du dentiste. Puis le petit bout est tombé (au moins 2 ou 3 mois après, je m'étais habitué à avoir ce truc branlant).

    C'était avant les fêtes. Quatre ou cinq semaines plus tard : explosion..

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