C’est 25 ans en arrière que me renvoie cette conversation Twitter avec
Océane suite au billet de Gaël qui raconte ses vacances à
Nantes où j’ai vécu six mois, à partir d’octobre 1986, pendant mes études. N’allez pas croire, avec mon billet d’hier, que je suis spécialement nostalgique de cette époque, c’est le hasard.
Gaël évoque un bistro, le Scribe, visiblement fermé, que je fréquentais souvent à l’époque et je me rends compte que je n’y ai quasiment plus pensé, depuis cette époque.
Je suis retourné une fois à Nantes, depuis, et je n’ai rien reconnu, je n’ai pas retrouvé où j’habitais. Et là, à l’évocation du Scribe, tout me revient en mémoire, de la place Graslin à la place Royale, en passant à la rue Crébillon où je fréquentais je ne sais plus quel bistro. En fait, avec les copains de l’époque, on fréquentait beaucoup les cinémas du quartier. Les enfants du silence, la couleur de l’argent, trois hommes et un couffin, le nom de la rose, le dernier empereur. Je m’aide de Wikipedia, c’est juste pour vous situer l’époque. Le seul film que je suis sur d’avoir vu à Nantes est « les enfants du silence ». Je me rappelle que les filles pleuraient en sortant alors que, pour ma part, c’est plutôt la soif qui m’envahissait.
C’est à peu près la seule soirée dont je me souviens, d’ailleurs, avec celle où on était allé voir Font et Val et celle où on avait mangé chez un « étudiant » bien plus âgé que nous, le genre de cas social incapable de travailler et se faisant payer des formations jusqu’à la fin de ses jour. D’ailleurs, nous n’étions pas réellement étudiants, la formation dans une boite privée était payée par je ne sais plus quel organisme public, réservée aux chômeurs et rémunérée, mollement (1200 francs). Il avait d’ailleurs fallu que je m’inscrive au chômage pour pouvoir faire la formation. C’était ubuesque. Le type de l’ANPE ne voulait pas m’inscrire parce que je n’étais pas chômeur (je sortais de mon DUT) mais en refusant de m’inscrire, il faisait de moi un chômeur. Vive l’administration et les formations débiles officiellement organisées pour lutter contre le chômage…
C’était pourtant une belle époque pour les étudiants. Sauf pour Malik Oussékine. Rappelez-vous Pasqua, Pandraud, Devaquet, …
J’habitais une piaule louée par le club de squash. Vous voyez la photo, là, que j’ai pompée sur
leur site. On voit un bâtiment bas, fortement éclairé, à gauche. Les piaules étaient là et semblent avoir été transformées en « autre chose ».
Le « club house » (espèce de bar restaurant) n’est pas mentionné, dans leur site. Existe-t-il toujours ?
Du coup, à cette époque, je fréquentais beaucoup des sportifs qui pratiquaient ce loisir vaguement élitiste. Dans le club de squash, il y avait cette espèce de club house où je me faisais volontiers payer des coups par les serveurs, notamment un jeune (encore plus que moi qui n’avais que 20 ans) qui habitait également sur place, juste à côté de moi. Même qu’il passait certaines nuits entières, ou presque, à baiser une espèce de furie qui n’arrêtait pas de brailler, m’empêchant de dormir.
Du bar, j’observais déjà les alcooliques mondains qui fréquentaient ces lieux, ne se rendant même pas compte du ridicule qui émanait du fait de s’enfiler des cocktails divers en bouffant des olives après avoir couru une demi-heure alors qu’une bonne bière – sans rien manger avec, je vous le rappelle – aurait été bien plus adaptée. Des vieux cons d’au moins 35 ans, 15 de plus que moi, donc, qui fréquentaient un club de squash privé pour montrer leur appartenance à une « catégorie sociale supérieure ».
Avec les copains étudiants de l’époque, nous étions relativement inséparables. Il n’y avait pas de téléphone portable. Pas moyen d’envoyer un SMS : « Lol Tu e dan kel bistro XD » pour organiser une sortie, alors dès la sortie des cours, nous nous retrouvions chez l’un ou chez l’autre ou dans un bistro.
Le soir, quand j’étais seul, qu’on n’allait pas au cinéma, qu’on n’avait pas une soirée tarot ou belote et que les joueurs de squash me dérangeaient trop, je fonçais au Scribe que j’avais oublié. J’y retrouvais très souvent un copain, dont j’ai tout oublié, même le prénom.
Etrange année, qui me revient en mémoire par bribes, 25 ans après, au hasard d’une conversation découlant d’un billet de blog, justement d’un gugusse avec qui j’étais parti en vacances en Yougoslavie, l’été suivant, juste après ma formation.
Le Scribe est fermé mais ce n’est pas très grave, je l’avais complètement oublié.
J’ai des collègues qui jouent au squash, maintenant. Je suis plus vieux qu’eux. Ils ne sont pas ridicules.