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20 avril 2011

La rue des Bas-Rogers

C’est la faute de FalconHill et de son billet à propos des anciennes nouvelles technologies. Plus précisément, c’est de la faute de El Camino et de son billet à propos des anciennes télévisions qui m’a remémoré le billet du Faucon. Je me suis mis à rêver à ces époques anciennes où je travaillais dans des technologies anciennes. Alors, je ne sais pas si c’est l’approche des quarante-cinq ans (samedi), mais ça fait trois jours de suite que je me rappelle ces années passées, quand on la vingtaine et qu’on vit au jour le jour, changeant d’appartement au gré des aléas de la vie.

Je finissais mon service militaire en ce mois de septembre 89. Le directeur commercial de la boite où je bossais avant m’avait appelé pour me demander si je souhaitais à nouveau bosser pour eux et comme il était hors de question que je me fatigue à chercher du travail, j’avais accepté. Je commençais donc par une mission chez un client à Puteaux, près de la Défense (source de la photo), mais dans une vague succursale installée à côté de la mairie. Je n’étais pas spécialement dépaysé puisque j’avais fait mon service militaire à Suresnes, au Mont Valérien.

Avant de trouver un appartement, j’avais passé trois semaines dans un hôtel miteux et pas cher. Je suppose que ma chambre était relouée dans la journée, à l’heure…

Mon appartement faisait 23 mètres carrés, au dernier étage de cet immeuble, au bout de la flèche rouge, 20 rue des Bas-Rogers, nom qui ne m’a jamais interpelé vu qu’avant le service, j’habitais rue Guyton de Morveau, à Paris, à moins de un ou deux kilomètres de ma résidence actuelle.

Il était petit mais faisait toute la largeur de l’immeuble ce qui fait qu’il paraissait relativement grand. Banlieue semi-chic avec ces habitants à moitié bourgeois des Hauts-de-Seine mais aussi semi-pourrie avec le RER et les trains de banlieue qui vous réveillent aux aurores. En fait ce quartier était relativement moche, notamment l’itinéraire que j’empruntais pour aller au boulot ou à la gare. Manque de commerces, vieux immeubles de banlieue, …

Le décor est planté. Mon principal pote, dans le quartier, était mon client qui habitait là deux nuits par semaine. Alors, on sortait dans les restos du coin, parfois à Paris mais il y avait un très sympathique restaurant « Russe », près de la mairie. Mon client avait une cinquantaine d’années et aimait beaucoup la vodka. Ca tombait bien.

Moi 23 ans. L’âge où on est débarrassé de tout souci. Les études finies, le service militaire passé, un bon job en poche, la vie devant moi tout en sachant qu’un jour il faudrait bien se ranger, peut-être créer un foyer, acheter un appartement (un peu plus de 4 ans après, en fait).

Un bon job ? Ce que je me souviens surtout c’est des heures passées à jouer à Tétris. J’étais un véritable champion. En fait, on avait quasiment rien à branler. On était deux sur le projet (et c’était nécessaire aux heures de pointe, d’autant que j’avais les compétences fonctionnelles mais pas techniques contrairement à mon collègue) mais on travaillait au rythme des autres équipes qui accumulaient du retard… Je ne savais pas si vous connaissez Tétris, c’était le jeu star, à l’époque, un truc de rapidité ou de réflexe. On y passait des heures donc on marquait un maximum de points. Du coup, les collègues des autres équipes étaient jaloux et s’entrainaient de plus en plus, délaissant leur projet et nous laissant encore plus de loisir.

Mon collègue a fini par se barrer, je ne sais plus pourquoi. Le client ne pouvait probablement par le blairer et ma direction a compris qu’il valait mieux arrêter les frais.

Cette année là, je sortais « beaucoup » dans Paris. Je me rappelle de concerts géniaux comme la Mano Négra à l’Olympia (deux heures et demie non stop, quelle santé !) et de Jonathan Richman au New Morning. Il y a eu, aussi, un concert de Jésus and Mary Chain mais je ne sais plus si c’était au New Morning ou dans cette boite qui a brulé récemment, l’Elysée Montmartre.

C’était la deuxième fois que je voyais Jonathan Richman (je l’ai revu une fois ensuite). La salle était comble et les gens gueulaient parce que ça ne commençait pas. J’étais près de la buvette (ça se déroulerait maintenant, je serais à la buvette) quand j’ai aperçu le Jojo qui rigolait en buvant son coup à la buvette. Pendant le concert, un des deux musiciens qui l’accompagnaient a cassé une corde de guitare. Jojo s’est fâché, a viré les deux et a continué le concert tout seul. C’est pour ça qu’on l’aime. C’est dommage, un peu après, il a sorti un disque tellement merdique que j’ai arrêté d’acheter ses albums…

A la fin de cette période, je suis parti à Vannes pendant trois ans, pour une nouvelle mission mais avec le même client. Quand je suis revenu à Paris, fin 93, quelques mois avant d’acheter mon appartement, j’ai complètement arrêté ces sorties. Je suis même resté presque comme un moine pendant trois ans, ne sortant plus que lorsque j’étais invité, souvent invité par des collègues de bureau qui voyaient le petit jeune célibataire comme le prétexte pour déboucher une bouteille de vin supplémentaire. A l’époque, je rentrais tous les week-ends en Bretagne, n’ayant une vraie vie sociale que là-bas, bossant beaucoup dans une association.

Je ne sais pas pourquoi je répondais à ces invitations de collègues, une sorte de façon de me créer… une vie sociale dans un milieu autre que le mien, celui des jeunes consultants bobos parisiens, les mêmes que mes joueurs de squash d’hier.

J’avais passé six ans à la trappe (et dans l'association en question), entre la fin de cette période à Puteaux en novembre 90 et ce soir de fin octobre 1996, quand je suis rentré à la Comète.

J’ai alors découvert qu’il y avait des gens normaux en région parisienne.

Le choc.

7 commentaires:

  1. donc bientôt les 15 ans de comète ! ça se fête ;o)
    @+

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  2. Bof... J'en suis à mon troisième patron...

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  3. Pardon, quatrième, je voulais dire que j'en avais usé trois.

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  4. Souvenirs souvenirs. Tiens tu ne le sais pas encore, mais tu m'as donné envie de chroniquer un bar à la déco steampunk par chez moi avec tout ça. Faut juste que j'y passe avec mon appareil photo d'ici peu :)

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  5. Je me demandais si vivre seul ne te pèse pas parfois. Je sais c'est indiscret.
    Tu es proprio c'et bien perso se sera dans une autre vie ou à part si je gagne au loto mais je n'y joue pas.

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  6. Fin 1996, les débuts d'internet, quelle préhistoire !
    :-)

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