Avec l’été, la chaleur, les bureaux vides, les jupes qui raccourcissent dans les coins touristiques, on change ainsi légèrement nos habitudes… C’est ainsi qu’en me promenant, hier midi, j’ai eu envie de retrouver une vieille… habitude que j’avais : manger des sandwichs à un comptoir d’une brasserie.
Etant proche de « La Motte Piquet Grenelle », j’ai décidé de choisir une des grandes brasseries au tour de ce carrefour…
Mon choix a été facile à faire. Je n’ai pas perdu la main : savoir repérer la brasserie sans aucun cachet où on se sent bien parce que le patron cherche à gagner de l’argent par la satisfaction apportée au client et pas par des éléments de décor. Il faut que le bistro soit suffisamment grand pour qu’il devienne totalement impersonnel. L’idéal pour le client de passage, pour qu’il ne soit pas perdu, entre des habitués, au comptoir.
J’en ai visité des tonnes, comme ça, au cours de déplacements professionnels. Le boulot terminé, le soir, on (moi...) aime bien boire une bière avant de me trouver un resto avant de rejoindre ma chambre d’hôtel.
Il s’agit alors de trouver le rade idéal, celui qu’on fréquentera cinq ou dix fois par mois, où le personnel apprendra à vous connaître et à respecter vos habitudes dès qu’il aura repéré vos tics.
La seule fois où je me suis trompé, c’est pour trouver le rade de Brest. Ce jeu de mot est idiot mais la ville et l’anecdote sont bien véridiques. J’avais trouvé un bar, relativement ancien, avec un long comptoir. Le personnel était jeune, environ 25 ans, il n’y avait pas trop de monde (le bistro fermait vers 20 heures, ce qui m’allait très bien). Finalement, les trois jeunes n’étaient pas le personnel mais les trois patrons. Je suis rentré dans les mœurs, j’étais souvent le dernier client, on a fini par boire des bières ensemble, quand ils avaient fini le ménage et fermé le porte, puis par partir en java dans différents bars brestois. Ma mission à Brest s’est terminée brutalement (le client n’avait plus de sous) et je ne suis revenu un an après (quand les budgets avaient été « repris »). Le bistro avait fermé (j’ai croisé deux ou trois fois les petits jeunes mais notre intimité avait été tuée par la fermeture de leur rade). L’erreur que j’ai faite est de chercher en petit bistro sympa, en suite, pour le remplacer, pour avoir la même ambiance… Je n’ai jamais trouvé alors que je me suis trouvé un autre bistro. Un grand truc clair, avec long comptoir et pas trop de monde.
Sans faire aucun effort (à l’époque, je n’avais pas l’iPhone, je faisais les mots croisés au comptoir), j’étais copain avec le patron et le serveur, mais pas trop intime comme je l’étais avec les trois jeunes.
Depuis, je me suis sédentarisé et n’ai plus eu l’occasion de chercher un comptoir de secours lors de déplacements fréquents. Un coin où je me sente bien dès la quatrième ou cinquième visite.
Hier, j’ai voulu voir si j’avais toujours la main. Il me fallait un grand comptoir, si possible en angle, dans un bistro bien éclairé.
C’est mon côté réac. Un bistro était un lieu de vie, des patrons modernoeuds ont voulu les changer, ont supprimé les comptoirs et « baissé les lumières » pour donner une touche d’intimité… Les raisons sont multiples, ils voulaient tout axer sur « la restauration assise », bien plus lucrative. Le contraire de ce qu’il fallait faire, j’en ai déjà fait des billets. D’ailleurs, ils reviennent dessus sauf dans les coins touristiques, où les clients sont présents en masse.
Je suis entré dans ce bistro. Je me suis mis au comptoir, j’ai commandé mon sandwich. Et mon demi. Et j’ai retrouvé une ambiance.
Un patron, à la caisse, rendant la monnaie pour le comptoir, faisant les sandwichs et les croque monsieur. Un barman servant les clients au comptoir et préparant les commandes des serveurs. Quatre serveurs dont deux à glander. Un type « à la plonge », dans une petite pièce juste derrière le comptoir et, probablement, au moins deux cuisiniers.
Les serveurs étaient habillés en pingouin, avec le traditionnel gilet noir, plein de poches, leur permettant de trier la monnaie mais pas du tout adapté en été…
Aujourd’hui, il y avait un serveur de moins mais un type en jean qui faisait un peu le job d’un maitre d’hôtel et qui m’a serré la main en arrivant. Je suppose, vu le comportement des autres, que c’était le vrai patron, l’autre, à la caisse, n’étant qu’un gérant.
Tout le personnel « visible » (donc pas les cuisiniers) semblait être du même moule : des hommes de 45 à 55 ans.
On peut difficilement décrire l’ambiance qui y règne. D’ailleurs, ça ne servirait à rien. Si vous aimez ça, vous comprenez, sinon, on s’en fout.
D’ailleurs, j’y suis retourné dans mon bistro, ce midi. Je voulais noter des détails pour faire un billet sur l’ambiance dans ces brasseries que j’affectionne.
Je n’ai pas trouvé quoi raconter.
Par contre, j’ai vite compris que j’en ferais assez facilement un comptoir de secours.
C'est pas loin d'chez moi !
RépondreSupprimerMais qu'est-ce que Didier vient faire là ?
RépondreSupprimerSandwich à quoi ? Faut préciser…
Vlad,
RépondreSupprimerC'est partout.
Catherine,
Je connais UN reac sympathique (en plus de Vlad).
Magnifique billet !
RépondreSupprimerJ'adore la connaissance que tu as de cet univers, ça donne l'impression d'en profiter. Alors qu'en fait, assez peu !
:-))
Merci.
RépondreSupprimerFaut profiter.
Ce n'ai pas une connaissance, juste, je dirais, "un oeil affectueux", et aussi la "solitude recherchée". J'aime bien me planter à un comptoir à ne rien faire (même pas écouter les gens), juste des mots croisés ou des conneries avec l'iPhone... Ainsi tu fonds dans le décor (involontairement, je ne suis pas un stratège) et les gens t'oublient. Et tu finis par les regarder sans les voir (et non pas le contraire...).