Avec toutes ces histoires, j'ai failli
être en retard pour l'apéro, moi. Déjà que je viens de tailler
quelques arbustes sous la pluie parce que je pensais qu'on allait
avoir de la pluie tout le week-end. Dès que j'ai rangé le sécateur,
il a commencé à faire un soleil splendide. J'ai donc eu peur de ne
pas faire un billet de blog pour raconter mon passage chez ma
banquière que vous avez bien mérité de connaître sous certains
angles. Mon passage, pas ma banquière, d'ailleurs elle était
accompagné d'un type qui venait de prendre ses fonctions au Crédit
Agricole et observait les méthodes de travail de la boutique.
Tout cela avait commencé pendant le
discours d'un important orateur (quelqu'un de vaguement connu, mais
j'ai oublié qui) à l'Université d'Eté de la Rochelle. Mon
téléphone sonna. « Allo »
« Oui, je suis Mme XXX, votre nouvelle
conseillère financière au Crédit Agricole » « Ah
bonjour, vous tombez bien, j'ai besoin de vous voir. » « Ah
ben prenons rendez-vous, j'ai de nouveaux produits défiscalisées à
vous proposer. » « Ah mais
ce n'est pas le moment de me casser les couilles avec des machins
défiscalisés, je suis à l'Université d'Eté du PS à Le Rochelle,
rappelez-moi en début de semaine prochaine. » (je n'ai
pas dit « casser les couilles », c'est juste une image
pour faire joli dans le billet, mais le reste y était).
Je reprends le boulot (ça fera donc
deux semaines lundi).
Elle m'appelle et nous convenons pour
un rendez-vous le week-end prochain. Entre temps, je décide de
rentrer ce week-end, plutôt, je l'ai donc rappelée jeudi :
miracle, un long rendez-vous venait d'être annulé cette après-midi,
elle était totalement disponible.
Je me pointe donc à 14 heures. Ma
banquière et son collègue m'attendent.
C'est exaspérant. Comme je ne vais que
tous les deux ans dans mon agence (sauf pour chercher des chéquiers
ou des cartes), je n'ai jamais deux fois de suite le même type en
face de moi. Il faut donc m'interroger sur ma situation financière,
familiale, professionnelle, patrimoniale, … alors qu'elle avait un
récapitulatif avec tout devant elle...
Je suppose que les conseillers
financiers sont payés à la commission sur ce qu'ils vendent.
Aujourd'hui, elle voulait me vendre des
machins immobiliers défiscalisés pour mettre en location. Comme
elle est très forte, elle a réussi à me persuader que j'avais
besoin de produits financiers complémentaires et que l'idéal était
l'immobilier défiscalisé...
J'écoute sa démonstration en souriant
bêtement puis finit par lui dire que je ne veux pas de machin
immobiliers défiscalisés. Elle me demande pourquoi et je lui trouve
un prétexte qu'elle ne croit pas et insiste.
Je lui ai donc répondu que j'étais
militant politique de gauche et que je ne voulais pas de machins
immobiliers défiscalisés car je refuse de m'enrichir aux frais du
contribuable.
Vous auriez vu la tête de mes deux
conseillers financiers...
De toi à moi, cher lecteur, tu
admettras que je ne puisse pas gueuler dans mon blog politique pour
demander l'abrogation de toutes les niches fiscales et pratiquer le
contraire dans ma vraie vie. Déjà que je suis de gauche et
prospère...
J'aurais du être de droite, moi,
tiens...
Ca m'a fait penser à François
Hollande puisqu'il avait justement parlé de machins immobiliers
défiscalisés qu'il fallait promouvoir en supprimante leurs défauts
actuels pour résoudre les problèmes de logement : c'est le
point de son projet avec lequel je suis en désaccord.
Donc, j'ai donc lâché, très pince
sans rire (car je plaisantais) : « j'en
parlais justement avec François Hollande, mardi soir »
(ce qui était la stricte vérité mais je me suis bien gardé de
préciser le contexte).
Vous auriez vu la tête de mes deux
conseillers financiers...
Il étais 14 heures 30, je pensais
l'entretien presque terminé et j'en viens donc au sujet qui motivait
ma visite, réglé en deux minutes.
Elle recommence à étudier mon cas de
mon cas car elle voulait absolument me conseiller. Je n'ai aucune
raison de ne pas écouter pour voir si des placements ne seraient pas
mieux que les machins que j'ai actuellement (j'économisais des sous
pour acheter un logement plus grand mais la lecture quotidienne de
Seb fait que
l'immobilier me sors par les trous de nez).
Elle arrive à me faire deux ou trois
modifications dans mes machins puis veut rentrer tout ça dans
l'informatique car elle doit imprimer un tas de machins que je dois
signer. Il est 14h45.
Paf ! Impossible d'imprimer.
Changement de câble, redémarrage de l'imprimante, … Rien à
faire, appel de la hot line, une demi heure (si...) de manip. Ça
remarche.
Je signe les machins. Elle regarde à
nouveau mes comptes ! « Ah mais vous
n'avez pas de livret A ? C'est pourtant bien pratique ! »
« Si ! J'en ai un, mais à la Poste,
il n'a que 16 euros dessus. » « Ben
fermez le et ouvrez-en un chez nous ? » « Non !
Je le garde, il a une valeur sentimentale, il a été ouvert peu
après ma naissance par grand-mère. » [ce qui n'est pas
vrai].
Vous auriez vu la tête de mes deux
conseillers financiers...
Toujours soucieux de ne pas vraiment
avoir fait d'affaire avec moi, elle étudie une troisième fois mon
dossier.
«
Ah mais
les sous que vous avez, là, ils seraient mieux investis dans des
Parts Sociales du Crédit Agricole ». «
Ah !
Oui, tiens ! J'ai des copains
qui soutiennent
Montebourg, ça
va leur faire plaisir ce côté mutualiste. »
Vous auriez vu la tête de mes deux
conseillers financiers...
Me voilà maintenant sociétaire de mon
agence du Crédit Agricole. Ca fait un peu paysan, mais bon... Le
problème, pour ma banquière, c'est que c'est juste un placement,
pas un produit.
15h30. On papote dix minutes...
C'est là qu'elle a son idée de
génie ! « Mais vous n'avez pas
d'assurance vie ? » « Ah
ben non » « On a ça –
blabla – ça vous dit ? » « Oui »
Vous auriez vu la tête de mes deux
conseillers financiers qui n'ont jamais vu un produit se vendre aussi
vite. J'avais l'humeur babine.
Et qu'en j'achète un produit, je sais
habilement dire « Ah, mais n'oubliez pas
que je travaille moi aussi dans une banque et que si je prenais ce
produit chez eux, je serais exempté des frais. »
Vous auriez vu la tête de mes deux
conseillers financiers...
L'imprimante tombe en panne. Elle
débranche les câbles, ça remarche, je signe.
Il est 15h45. Le temps de papoter, il
est 15h50 quand je sors.
Je suis resté deux heures avec ma
banquière. Tout ça pour acheter 1000 euros de parts sociales du
Crédit Machin, souscrire une assurance vie d'un montant dérisoire
pour ma nièce et mon neveu qui vont espérer
que je meure rapidement, et bouger deux ou trois trucs dans le pognon
que j'ai en réserve pour acheter un trois pièces pour remplacer mon
48m2...
Mais elle est contente, elle a fait une
vente. Et j'ai bien rigolé.