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10 septembre 2011

La tête de ma banquière

Avec toutes ces histoires, j'ai failli être en retard pour l'apéro, moi. Déjà que je viens de tailler quelques arbustes sous la pluie parce que je pensais qu'on allait avoir de la pluie tout le week-end. Dès que j'ai rangé le sécateur, il a commencé à faire un soleil splendide. J'ai donc eu peur de ne pas faire un billet de blog pour raconter mon passage chez ma banquière que vous avez bien mérité de connaître sous certains angles. Mon passage, pas ma banquière, d'ailleurs elle était accompagné d'un type qui venait de prendre ses fonctions au Crédit Agricole et observait les méthodes de travail de la boutique.

Tout cela avait commencé pendant le discours d'un important orateur (quelqu'un de vaguement connu, mais j'ai oublié qui) à l'Université d'Eté de la Rochelle. Mon téléphone sonna. « Allo » « Oui, je suis Mme XXX, votre nouvelle conseillère financière au Crédit Agricole » « Ah bonjour, vous tombez bien, j'ai besoin de vous voir. » « Ah ben prenons rendez-vous, j'ai de nouveaux produits défiscalisées à vous proposer. » « Ah mais ce n'est pas le moment de me casser les couilles avec des machins défiscalisés, je suis à l'Université d'Eté du PS à Le Rochelle, rappelez-moi en début de semaine prochaine. » (je n'ai pas dit « casser les couilles », c'est juste une image pour faire joli dans le billet, mais le reste y était).

Je reprends le boulot (ça fera donc deux semaines lundi).

Elle m'appelle et nous convenons pour un rendez-vous le week-end prochain. Entre temps, je décide de rentrer ce week-end, plutôt, je l'ai donc rappelée jeudi : miracle, un long rendez-vous venait d'être annulé cette après-midi, elle était totalement disponible.

Je me pointe donc à 14 heures. Ma banquière et son collègue m'attendent.

C'est exaspérant. Comme je ne vais que tous les deux ans dans mon agence (sauf pour chercher des chéquiers ou des cartes), je n'ai jamais deux fois de suite le même type en face de moi. Il faut donc m'interroger sur ma situation financière, familiale, professionnelle, patrimoniale, … alors qu'elle avait un récapitulatif avec tout devant elle...

Je suppose que les conseillers financiers sont payés à la commission sur ce qu'ils vendent.

Aujourd'hui, elle voulait me vendre des machins immobiliers défiscalisés pour mettre en location. Comme elle est très forte, elle a réussi à me persuader que j'avais besoin de produits financiers complémentaires et que l'idéal était l'immobilier défiscalisé...

J'écoute sa démonstration en souriant bêtement puis finit par lui dire que je ne veux pas de machin immobiliers défiscalisés. Elle me demande pourquoi et je lui trouve un prétexte qu'elle ne croit pas et insiste.

Je lui ai donc répondu que j'étais militant politique de gauche et que je ne voulais pas de machins immobiliers défiscalisés car je refuse de m'enrichir aux frais du contribuable.

Vous auriez vu la tête de mes deux conseillers financiers...

De toi à moi, cher lecteur, tu admettras que je ne puisse pas gueuler dans mon blog politique pour demander l'abrogation de toutes les niches fiscales et pratiquer le contraire dans ma vraie vie. Déjà que je suis de gauche et prospère...

J'aurais du être de droite, moi, tiens...

Ca m'a fait penser à François Hollande puisqu'il avait justement parlé de machins immobiliers défiscalisés qu'il fallait promouvoir en supprimante leurs défauts actuels pour résoudre les problèmes de logement : c'est le point de son projet avec lequel je suis en désaccord.

Donc, j'ai donc lâché, très pince sans rire (car je plaisantais) : « j'en parlais justement avec François Hollande, mardi soir » (ce qui était la stricte vérité mais je me suis bien gardé de préciser le contexte).

Vous auriez vu la tête de mes deux conseillers financiers...

Il étais 14 heures 30, je pensais l'entretien presque terminé et j'en viens donc au sujet qui motivait ma visite, réglé en deux minutes.

Elle recommence à étudier mon cas de mon cas car elle voulait absolument me conseiller. Je n'ai aucune raison de ne pas écouter pour voir si des placements ne seraient pas mieux que les machins que j'ai actuellement (j'économisais des sous pour acheter un logement plus grand mais la lecture quotidienne de Seb fait que l'immobilier me sors par les trous de nez).

Elle arrive à me faire deux ou trois modifications dans mes machins puis veut rentrer tout ça dans l'informatique car elle doit imprimer un tas de machins que je dois signer. Il est 14h45.

Paf ! Impossible d'imprimer. Changement de câble, redémarrage de l'imprimante, … Rien à faire, appel de la hot line, une demi heure (si...) de manip. Ça remarche.

Je signe les machins. Elle regarde à nouveau mes comptes ! « Ah mais vous n'avez pas de livret A ? C'est pourtant bien pratique ! » « Si ! J'en ai un, mais à la Poste, il n'a que 16 euros dessus. » « Ben fermez le et ouvrez-en un chez nous ? » « Non ! Je le garde, il a une valeur sentimentale, il a été ouvert peu après ma naissance par grand-mère. » [ce qui n'est pas vrai].

Vous auriez vu la tête de mes deux conseillers financiers...

Toujours soucieux de ne pas vraiment avoir fait d'affaire avec moi, elle étudie une troisième fois mon dossier.

« Ah mais les sous que vous avez, là, ils seraient mieux investis dans des Parts Sociales du Crédit Agricole ». « Ah ! Oui, tiens ! J'ai des copains qui soutiennent Montebourg, ça va leur faire plaisir ce côté mutualiste. »

Vous auriez vu la tête de mes deux conseillers financiers...

Me voilà maintenant sociétaire de mon agence du Crédit Agricole. Ca fait un peu paysan, mais bon... Le problème, pour ma banquière, c'est que c'est juste un placement, pas un produit.

15h30. On papote dix minutes...

C'est là qu'elle a son idée de génie ! « Mais vous n'avez pas d'assurance vie ? » « Ah ben non » « On a ça – blabla – ça vous dit ? » « Oui »

Vous auriez vu la tête de mes deux conseillers financiers qui n'ont jamais vu un produit se vendre aussi vite. J'avais l'humeur babine.

Et qu'en j'achète un produit, je sais habilement dire « Ah, mais n'oubliez pas que je travaille moi aussi dans une banque et que si je prenais ce produit chez eux, je serais exempté des frais. »

Vous auriez vu la tête de mes deux conseillers financiers...

L'imprimante tombe en panne. Elle débranche les câbles, ça remarche, je signe.

Il est 15h45. Le temps de papoter, il est 15h50 quand je sors.

Je suis resté deux heures avec ma banquière. Tout ça pour acheter 1000 euros de parts sociales du Crédit Machin, souscrire une assurance vie d'un montant dérisoire pour ma nièce et mon neveu qui vont espérer que je meure rapidement, et bouger deux ou trois trucs dans le pognon que j'ai en réserve pour acheter un trois pièces pour remplacer mon 48m2...

Mais elle est contente, elle a fait une vente. Et j'ai bien rigolé.

15 commentaires:

  1. mais pourquoi tu as pris une assurance vie chez eux si tu la paye moins cher chez la banque où tu bosses ?

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  2. Romain,

    Ils savent ce que c'est et ne me font pas payer les frais, donc ça revient au même.

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  3. Bravo, très fort.
    Toujours été une larve chez mon banquier. La faute à pas de sous, donc rapport de force extrêmement à mon désavantage.
    Donc pas trop l'état d'esprit et le coeur à raconter des conneries (bien que ce ne soit pas des conneries, dans ton cas).
    Par procuration, j'ai l'impression de me venger un peu. Alors merci.
    Beau billet.

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  4. Mhpa,

    C'est très pratique d'avoir un rapport de force appréciable. Quand j'avais des problèmes de sous (résolus depuis que j'ai fini de payer l'appart), j'allais voir mon banquier et comme tout était toujours compliqué, je finissais par caser avec un air de chien battu : "ah ! Ça serait quand même beaucoup plus pratique si ma banque était à Paris".

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  5. Tu es quand même le premier qui dit habiter dans un 48 mètres cube :)

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  6. Merde Nicolas, tu habites dans une caisse ?

    El Camino a raison : 48 m³ (48 mètres cube), ça fait une pièce de 6m x 3m et de 2,5m de hauteur !

    Je comprends que tu aies envie de déménager ! ;-)

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  7. Autrement ton billet était très drôle.

    Ta conseillère va t-elle participer aux primaires PS ? That is the question ! -DDD

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  8. Tu as raison d'avoir refusé des subprimes

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  9. J'ai bien ri ! Excellent billet : )

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  10. Pareil que MHPA : une vraie larve face au banquier. Le cerveau en “off”, je ne comprends pas un mot de ce qu'il me raconte. Par conséquent, j'aurais une fâcheuse tendance à ouvrir n'importe quoi pour en finir.

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  11. El C,

    C'est plus facile pour ranger les cubis.

    Cuicui,

    Merci.

    Dkisp,

    Oui, hein...

    Catherine,

    Merci !

    Didier,

    Z'avez qu'à avoir une irremplaçable.

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  12. Dans ce domaine-là, elle est aussi truffe que moi…

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  13. J'ai eu une banquière qui m'aimait et qui m'a d'ailleurs sauvé la peau quand j'ai divorcé. Les autres me haïssent comme elle haïssent tous les gensses qui posent trop de questions.
    Puis-je t'en poser une ? Est-ce que la loi 2010-737 du 1er juillet 2010 doit vraiment être considérée comme la loi de validation de l'ordonnance 2009-104 du 30 janvier 2009 ?
    En d'autres termes, suis-je obligée de dire à ma banquière la couleur de ma petite culotte [si,si, j'en mets une, je sais, c'est pas bien !] ou bien l'Ordonnance précitée, faute d'avoir fait l'objet d'une loi de validation, est caduque ? ... et je peux garder mes petits secrets pour moi ?

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  14. C'est L561-8 du Code monétaire et financier. Plus de deux ans et demi après l'Ordonnance, il continue à ne viser qu'elle. Loi de validation (Art 38 de la Constitution) : NADA ... Pour moi, l'ordonnance est caduque.

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