On se demandait, avec mes potes Gilles et Dominique, depuis
combien de temps ils n’étaient pas venus me voir à Bicêtre. Bientôt 35 ans qu’on
se connaît, 18 ans que j’habite à Bicêtre. Au début, ils venaient plusieurs
fois par an puis leurs visites se sont espacées. En payant le café, à la
Comète, on a trouvé : notre dernière fiesta parisienne était avant le
passage à l’Euro. Plus de 10 ans.
A 9 heures, ce matin, mon téléphone sonne. C’était Gilles. « On
est en bas ! ». Je les attendais pour midi. J’étais en train de boire
mon café, avec mon colloc. Il s’est pointé, hier soir, vers 21 heures. A la
fermeture de la Comète, il a commencé à ronchonné parce qu’il avait un long
trajet en train pour rentre jusqu’à chez lui.
J’avais commencé la soirée avec @Arnolr_fr. Nous avions
rendez-vous pour qu’il me présente son activité (en rapport avec les blogs). J’avais
une petite heure à lui consacrer puisque je n’avais pas vu Corinne et sa mère,
j’avais rendez-vous avec elles à 20h15 à l’Amandine où était d’ailleurs aussi
Tonnégrande. Je ne pouvais pas ne pas aller à l’Amandine, d’ailleurs. Il
fallait que je vois Michel pour parler de sa vitrine qui avait été explosée par
un abruti.
C’est en montant à l’Amandine que j’ai vu le SMS de mon
colloc pour me demander si je voulais boire un verre. Ayant déjà 4 personnes à
voir à l’Amandine, je lui ai proposé de venir à 21 heures à la Comète.
Ce récit un peu décousu.
Toujours est-il que je me suis pointé à la Comète à 21
heures. @Arnolr_fr était toujours là et j’avais encore soif : nous étions
faits pour nous entendre. Le colloc s’est pointé. Vers 22h30, quand on a
constaté qu’il coucherait à la maison, il est allé faire des courses et a
ramené un pack de Heineken (n’importe quoi…), une bouteille de rouge et une
bouteille de blanc.
J’ai réussi à espacer les visites de mon colloc : quand
il va prendre une douche, je lui propose de l’aider. Il est toujours aussi
surpris et me répond toujours « Heu… non merci… ». Généralement, il
met une quinzaine de jours à s’en remettre et j’ai la paix. Ce matin, j’ai
merdé ! Je lui ai demandé ça avec gentillesse… Comme il est handicapé (il
a eu un accident pendant qu’il travaillait à la réunion et les toubibs du coin
ont raté la réparation ; il doit repasser sur le billard prochainement ;
pour l’instant, il a un peu de mal à rester debout), il a cru que je lui proposais
ça pour lui rendre service. Il m’a répondu que j’étais vraiment gentil et tout
ça.
J’ai commencé à avoir des sueurs froides… Que faire s’il
accepte ?
Il a refusé. Ouf.
J’ai lancé le café et je me suis rappelé que les deux
lascars devaient arriver de Bretagne à midi et qu’il fallait que je fasse le
ménage. Le colloc est sorti de la douche et nous avons commencé à boire le café
quand mon téléphone a sonné. Ils étaient arrivés et m’attendaient en bas.
Je suis descendu les chercher mais ils étaient en train de manœuvrer
le camion et la remorque. Nous avons papoté un peu. Je leur ai filé la clé de
la voiture et je suis allé rejoindre le colloc, finir le café, foutre le colloc
dehors et nous sommes redescendus ce qui fait que nous étions 4, dont un éclopé
pour pousser la voiture pour la mettre sur la remorque (un plateau, en fait).
Fin 2009, en rentrant de Bretagne, le pot d’échappement de
ma voiture était « tombé » pendant que je rentrais à Paris. Après l’intervention
du dépanneur, j’avais réussi à rentrer à Paris sans pot d’échappement et j’avais
traîné pour faire réparer, remettant toujours ça au lendemain et ne trouvant
pas de créneau pour prendre une demi-journée de congés pour m’en occuper. Du
coup, trois semaines après, j’avais pris une voiture de location pour mon week-end
et j’avais trouvé ça bien pratique et assez peu cher… Du coup, j’ai continué…
Quelques temps après, mon pote Djibril se décide à me
racheter la voiture pour qu’il l’amène au pays (le Sénégal) pour avoir une
voiture sur place quand il y va, plusieurs fois une semaine par an. Nous
convenons donc qu’à son prochain voyage, il organiserait la réparation et le
transport. C’est ainsi qu’une première année s’est passée… et il m’a annoncé qu’il
avait trouvé une voiture sur place.
Du coup, une deuxième année est passée, j’avais trouvé un
dépanneur pour me la prendre et s’en occupé
mais il a eu une embrouille dans un bistro du coin et a quitté le
quartier. Je crois bien que je ne l’ai plus revu dans un bistro depuis le début
du ramadan, au milieu de l’été si ma mémoire est bonne.
J’aime bien les musulmans qui viennent de Kabylie. Ils ne
boivent pas une goutte d’alcool pendant le ramadan et leurs épiceries sont
ouvertes tard le soir, permettant à mon colloc (Kabyle) d’acheter du vin et de
la bière quand ils décident de coucher à la maison.
Début décembre, mon pote Gilles m’a dit qu’il pensait que sa
vieille 205 ne passerait pas le prochain contrôle technique et qu’il était bien
emmerdé, n’ayant pas de pognon, pour en acheter une. A la limite, il aurait pu
acquérir une vieille merde d’occasion.
Tu as besoin d’une voiture et j’en ai une dont je ne me sers
pas ! Je te la donne mais tu te démerdes. C’est une très bonne voiture
mais elle n’a plus de pot d’échappement et n’a pas roulé depuis deux ans.
Je me rappelle d’août 2004. J’étais allé en
Belgique quelques jours avec un
pote. Mon pote était impressionné par l’accélération de ma voiture (quand on
est jeune, on est con : à cette époque, j’avais coutume d’accélérer comme
un fou en démarrant sur l’autoroute, dans les voies d’accélération ou après les
arrêts au péage) et surtout, en roulant sur les autoroutes, là-bas, je m’étais
rendu compte que je ne savais pas à combien était limitée la vitesse. Je n’ai
pas vu un seul panneau. Du coup, j’avais « décidé » qu’il n’y avait
pas de limitation.
J’avais fait le trajet de Bruxelles à Liège sans passer en
dessous de 190
kilomètres à l’heure, moi qui suis si scrupuleux,
maintenant. Taré !
Toujours est-il qu’on avait pu vérifier que la voiture était
une bonne voiture ! A cette vitesse, elle ne bougeait pas et j’avais
encore de la place sous l’accélérateur. Une Xsara VTS. 138 chevaux. J’adorais
les coupés Citroën un peu sport, à l’époque.
En 1993, j’avais décidé d’acheter une première vraie
voiture, j’avais 26 ans. Je suis allé à la concession du coin, il y avait une
journée porte ouverte à l’occasion de la sortie de la Xantia. Ca m’allait bien.
C’était une voiture très moderne, à l’époque, mais elle s’est très vite
ringardisée, comme beaucoup de Citroën de la fin du siècle dernier. Je discute
avec le commercial et on sympathise rapidement. « Tu veux acheter une
bagnole comme la Xsara, à ton âge ? » me demande-t-il tout surpris. A
la réflexion, 20 ans après, il avait raison. Même maintenant, en tant que
célibataire, j’aurais l’air con avec une telle caisse. « Tu vois, le
coupé, là-bas ? Pour le même prix que la Xsara, elle est à toi. C’est une
occasion récente, moins d’un an, un couple de personnes âgées plein de pognon l’avait
achetée mais la femme de l’acheteur n’arrive à rentrer dedans et surtout à en
sortir, trop basse et les sièges ne sont pas adaptés à une personne âgée. Ils
veulent acheter une Xsara mais je dois leur revendre celle là. »
Deux jours après, je l’essaie. J’adopte. On regarde les
prix. Il fait semblant de négocier. Lui, très content de vendre une Xsara, les
vieux très contents d’avoir trouvé un acheteur et de pouvoir avoir une voiture
rapidement. Moi, très content d’avoir trouvé une voiture à mon pied, une
occasion avec juste quelques milliers de kilomètres au compteur (je dis
quelques, mais je crois bien que c’était juste 1000), au prix de l’occasion
mais pouvant négocier (les vieux étant très pressés, ils n’avaient pas négocié
lors de l’achat et j’avais bénéficié d’une partie de la marge de négociation).
Une ZX Volcane, 2 litres injection. 130 chevaux (de mémoire).
Une voiture de branleur. Ca m’allait très bien. Deux ou trois mois plus tard,
je recommençais à bosser à Paris, faisant l’aller retour tous les week-ends. Une
telle voiture n’était pas du tout adaptée. Je roulais comme un fou… Au bout de
trois ans, elle avait 180 000 kilomètres. Je l’ai remplacée par
la Xsara quand elle a eu 260 000 kilomètres. Elle roulait comme une
horloge, elle avait essentiellement servi à faire des longs trajets sur
autoroute. Néanmoins, je commençais à ne plus trop avoir confiance. Il fallait
que je change les pneus et la courroie de distribution, ce n’était pas
raisonnable.
J’ai acheté la Xsara fin 2001, je crois. Son premier trajet
pour la Bretagne fut pour l’enterrement de ma grand-mère. Je note ça pour la coïncidence.
Elle est repartie sur un plateau, pour la Bretagne, le jour de l’enterrement du
grand-père de mes neveux, auxquels je pense très fort depuis trois jours. Mais
je n’ai pas pu rentrer car Dominique avait loué le plateau pour ramener
Martine.
Dominique est mécanicien. Il va la remettre en service.
Gilles aura une voiture.
Martine ? C’est ainsi que l’avait baptisée mon pote,
pendant ces vacances en Belgique, en 2004. Ca m’avait fait rigoler parce que la
patronne de la Comète s’appelait Martine et il ne le savait pas. D’ailleurs, il
a fait une gaffe, une fois, devant le patron.
Bref…
Maintenant, je roule en voiture de location avec le
régulateur de vitesse réglé sur la vitesse maximale autorisée.
En 2004, je devais partir en Belgique tout seul et
vadrouiller au gré de mon humeur. La veille, je raconte ça à un pote, à l’Aéro.
« Je peux venir avec toi ? »
C’était mon colloc…
Ca me troue le cul de savoir que je le supporte depuis tant
de temps…
Pour sa peine, il aura sa photo sur le blog. Ne lui dites
pas. Prise à Bruges en 2004.