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27 juillet 2012

Prendre une veste

J’ai déjeuné à la cantine avec trois collègues. Nous étions donc quatre si je compte bien. Celui qui a fini le premier (après moi, j’entends, puisque manger plus rapidement que moi est assez compliqué) : « Bon, je vous laisse, il faut que j’aille acheter une cravate pour offrir ». Je l’aurais bien suivi pour lui donner des conseils mais je n’avais pas le temps.

Un a dit : « Tu n’as qu’à aller au Bon Marché, c’est à dix minutes. » L’autre a répondu « Oui, tiens ! » J’ai alors changé d’avis. Il me faut acheter une veste, l’autre ayant rendu l’âme hier.

Il faut que je vous raconte ça. Quand je dis « il faut », c’est une façon de parler mais je ne peux pas que raconter les cuites de mes copains, je peux vous raconter la fin de vie de ma veste.

Hier soir, je quitte le bureau avec ma veste. J’arrive à la Comète. Alain me rejoint et malgré la cuite qu’il avait largement commencé me dit « Ah ! Oh ! Tu as vu la grosse tâche sur ta veste. » « Oui, il y a du travail, en effet. » « Mais non, une tâche. » « Ah ! Une tache ? » « Oui, dans le dos » (je brode un peu pour placer un jeu de mot stupide absolument impossible à l’oral).

J’enlève ma veste, il y avait effectivement une série de taches dans le dos, près de l’épaule gauche. Des espèces de tâches rouges, entourées de ce qui ressemblait à des taches de gras. Je gratte, c’était sec et ça ne venait pas. Je demande une éponge avec de l’eau chaude au serveur et j’essaie de nettoyer : rien à faire. En fait, ça me faisait penser à des taches d’eau de Javel, mais en rouge. Je suppose que je me suis pris je ne sais quel produit chimique.

Du coup, je raconte ça à mes collègues, à table. L’un d’entre eux me dit de l’envoyer au pressing. Nous avons des conversations très humaines avec nos collègues. Il n’y avait que des hommes, toutes les femmes sont en vacances. Sexuellement, c’est moins bien mais on n’est pas au boulot pour baiser, mais pour l’entretien des fringues, c’est moins bien. Je lui réponds que je n’avais pas que ça à foutre d’envoyer au pressing une veste achetée 70 euros il y a un an et qui est déjà passé plusieurs fois à la machine. Oui, je sais, c’est mal, je ne devrais pas passer mes vestes à la machine.

Je dis donc : « Bon, ben je vais aller au bon marché avec toi. » Celui qui n’avait encore rien dit : « Ah ben je vais aller avec vous, il faut que j’achète une sacoche. » Le dernier, celui avait dit à l’autre d’aller au Bon Marché : « Je vais aller avec vous, je vais vous aider, je connais bien le chemin. »

Nous voila parti tous les quatre. Quelques stations de métro plus loin, à Sèvres Babylone, nous descendons et je reconnais ce sympathique quartier où il m’arrive de manger et de boire des bières. Nous suivions le type qui connaissait le magasin qui s’est trompé de station. Il a pris la mauvaise sortie, justement celle où il n’y a aucun escalator. Du coup, il fallu qu’on traverse le square. Ceci n’a aucun intérêt mais je voudrais faire passer un message à la jeune fille que nous suivions, dans le square :

« Madame, vous ne devriez pas mettre un caleçon noir quand vous avez une jupe relativement courte. Vous devriez essayer la culotte, voire le string, mais pas un caleçon noir qui dépasse de cinq centimètres, c’est très laid. »

Je me mêle de ce qui ne me regarde pas.

Nous arrivons au magasin. Le type qui connaît demande au vigile où se trouvent les cravates. Il lui répond. Nous y allons. Il n’y avait pas de cravate dans ce coin. On demande à un autre qui nous envoie dans le bon quartier et nous trouvons un étal de cravates (illustration).

Je regarde vite fait puis décide d’en acheter une. Justement, j’en vois une tellement à chier que ça en était à rêver. Elle coûtait 90 euros mais était soldée à 50. Je refuse généralement de porter des cravates à plus de 20 euros quand on ne me les offre pas. Finalement, je craque, je la prends mais à contrecœur. Je ne suis pas spécialement regardant sur les frais généraux mais les 30 euros d’écart représentent quand même une soirée à la Comète ou une semaine de repas à la Cantine. Avant d’acheter des conneries et de se plaindre en fin de mois, je connais des braves gens qui feraient mieux d’étudier les prix…

C’est bien d’aller avec des collègues dans un grand magasin en été. On n’est pas stressés, on peut déconner. Enfin, surtout moi, les autres avaient honte.

Mon choix de cravate fait, je suis descendu d’un étage où étaient les vestes, laissant mes collègues choisir la cravate de l’autre. J’ai trainé dans plusieurs coins. Je n’ai pas trouvé une seule veste à moins de 900 euros. Là, c’est réellement trop cher, d’autant que ce n’est pas exactement ce que je cherche, d’autant qu’avec ma corpulence, on peut difficilement prendre du tout venant, même de grande taille. Regardez les gros en costar, dans la rue. 90% sont absolument ridicules.

Je suis donc remonté. Mes collègues avaient trouvé une cravate et l’heureux futur propriétaire temporaire de la cravate avait réussi à se laisser convaincre par la marchande d’acheter des boutons de manchette assortis. Je me suis foutu de leur gueule, j’ai reposé la cravate que j’avais choisie et je me suis cassé : j’avais une idée de billet de blog dans la tête.

J’arrive sur le quai. La rame était là. Je monte donc dans la première voiture à l’avant : erreur grossière, il n’y avait aucun souffle d’air. J’ai essayé de sortir mon iPhone mais les gouttes de sueur qui tombaient m’empêchaient de l’utiliser…

A l’heure où je mets sous presse, mes collègues ne sont toujours pas rentrés (40 minutes après mon départ, soit vingt minutes après mon arrivée). J’ignore ce qu’ils vont finir par acheter.

J’ignore aussi pourquoi ce magasin mondialement connu porte si mal son nom.


12 commentaires:

  1. *** Des boutons de manchette, une belle cravate, il va pouvoir frimer le futur propriétaire ! :o) :o)

    Une veste seule à 900 euros ??? pppfff ! ces magasins exagèrent !!!

    Tes collègues n'étaient pas encore revenus ??? et dire que l'on dit souvent que les femmes "trainent" dans les magasins !!!!!!

    BISES ! :o) ***

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  2. « je brode un peu pour placer un jeu de mot stupide absolument impossible à l’oral »

    Je suis désolé, mais le jeu de mots doit s'entendre à l'oral : il y a tout de même une différence entre l'a de tache (brève et fermée) et l'a de tâche (longue et ouverte).

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    1. N'oubliez pas que vous êtes dans un blog fréquenté par des gauchistes : vous êtes probablement le seul à avoir compris le jeu de mot à l'écrit. Alors à l'oral...

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    2. T'as raison, rien compris.
      T'as un mode d'emploi ?

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  3. Le bon marché les a relâché ?

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  4. Enlever les taches est une lourde tâche mais ça vaut le coup quand les vestes sont à 900 euros !

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