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10 septembre 2012

Chers disparus

Une vie de bistro est émaillée de personnages qui vont, qui viennent, qui disparaissent, … Ils rentrent dans votre vie, vous les voyez plusieurs fois par semaine pendant quelques semaines, quelques mois ou quelques années. Un jour, en repensant à des bons moments, vous vous apercevez que vous n’avez plus de nouvelles.

Par ordre alphabétique…

Abdel : c’est l’ancien patron de l’Aéro. Il est parti il y a environ cinq ans pour vivre dans le sud de la France. Au début, il revenait souvent voir sa famille en région Parisienne puis l’ancienne bande que nous formions, dans son bistro, s’est disloquée, éparpillée dans les bars du quartier. Du coup, il a espacé ses visites. Ca fait bien deux ans que je ne l’ai pas vu.

Bruno : c’était un des types que je voyais le plus souvent, à peu près le seul de mon âge, d’ailleurs. Il était mécanicien dans le quartier et passait tous les soirs, relativement tard, à la Comète. C’est sûrement le type que j’ai connu le plus longtemps parmi ceux que je ne vois plus. Sa boite a fermé et il est reparti chez ses parents, dans la Vienne. Aucune nouvelle.

Gérard SNCF : c’était un copain inséparable du vieux Jacques au moment où je les ai connus. C’est d’ailleurs « pour ça » que je les ai connus : le duo faisait les mêmes bistros que moi, on a fini par sympathisé. Un jour Gérard a divorcé (pas de Jacques, de son épouse…). Plus aucune nouvelle du jour au lendemain. Mort, probablement.

Hassan, dit « Paul », parce qu’il bossait chez Paul, la chaîne de boulangerie : pendant plusieurs années, il passait à la Comète tous les soirs après le boulot, assez tard, pendant des années. Un jour, il a été nommé à Lille (une promotion qu’il ne voulait pas refuser). Sa famille étant restée dans le coin, on a commencé à le voir à d’autres horaires, le week-end. Puis, plus rien.

Idir : c’était l’associé de Karim quand ils ont repris l’Aéro après Abdel. Ils ne s’entendaient pas. Karim a racheté ses parts. Idir a ouvert une autre affaire, ailleurs. Pas de nouvelle.

Jeanine : c’est la femme de « Casquette » qui avait eu son heure de gloire sur mon blog à l’occasion de sa mort. Lorsque sa mère est morte, ils avaient hérités de sa maison à Objat et étaient partis vivre là-bas. Aux dernières nouvelles, le fils de Casquette avait récupéré la maison après la mort de son père. Je ne sais pas ce qu’est devenue Jeanine.

Laurent l’Assureur : à la fin du siècle passé, nous étions inséparables, comme avec Pascal et Jeff, un peu après. Il bossait et habitait à deux pas de la Comète. J’ai été son témoin à son mariage. De fait, il trainait de moins en moins au bistro. Tous les deux ont quitté la Région Parisienne. Je n’ai aucune nouvelle.

Le Gros David : c’était le serveur de la Comète, celui qu’a remplacé Jim. Le premier type du quartier avec qui j’ai été pote, dès ma deux ou troisième visite dans ce lieu. Comme il faisait trois fermetures par semaines et un dimanche sur deux, on se voyait très souvent pendant environ 7 ans. Un jour, sa mère a téléphoné pour annoncer qu’il ne voulait plus travailler à la Comète. Aucune nouvelle.

Le Gros Jeff : avec Pascal (je suis resté vaguement en contact avec ce dernier), on était inséparables il y a une dizaine d’années. Nous passions toutes nos soirées ensemble, à la Comète. Jeff avait ensuite été muté à Bordeaux et j’étais passé chez lui, en vacances. Comme des vieux bourrus, on se contentait de s’envoyer des SMS de temps en temps. Un jour, de passage à Bordeaux, j’ai essayé de le contacter. Impossible. Aucune nouvelle depuis.

Le Prof : c’était une espèce de clochard qui vivait de cours d’anglais qu’il donnait au noir. Il passait tous les mardis quand il donnait des cours dans le quartier. Je ne pouvais pas trop le sentir mais il m’aimait bien. Il a arrêté de venir à la Comète mais on le croisait parfois. Puis, plus rien. Mort, sans doute…

Le Vieux René : c’était un des plus fidèles clients d’une série de bistros que je fréquentais. Vers 75 ou 80 ans, il a eu des problèmes de santé et a été hospitalisé longtemps. A sa sortie, il ne pouvait plus sortir de chez lui sans aide. Michel l’a vu une ou deux fois à l’Amandine puis plus rien…

Simon Le Clochard : c’était notre clochard préféré, un immonde mais très drôle à ses heures. Héro de ce blog. Pendant un moment sa mort avait été annoncée mais il parait, en fait, qu’il est hébergé dans un machin spécialisé.

Je pourrais ajouter à cette liste quelques lascars avec qui j’ai été très proche mais qui habitent toujours le quartier mais que je ne vois plus jamais. J’ai des nouvelles par le bouche à oreille. Je pourrais citer un paquet de patrons ou de serveurs de la Comète dont je n’ai aucune nouvelle alors qu’on s’est supportés des dizaines d’heures.

J’en ai probablement oublié parmi ces personnages entrés pour un temps dans mon intimité et auxquels je pense parfois, sans nostalgie, la vie est ainsi…

Je pourrais ajouter tous ceux que je ne vois pas assez souvent mais dont j'ai parfois des nouvelles : Emilie, Josiane, Martine, Brahim, Jean, Jim, Mouloud, ...

16 commentaires:

  1. *** C'est bien Nico de penser à ceux que tu ne vois plus ou ceux que tu ne vois assez souvent ... au moins ça prouve que tu as une mémoire, une belle mémoire pour tes amis et ceux que tu croises... c'est tout en ton honneur !
    BISES et bon lundi ! ***

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  2. à ta place, j'aurais le coeur brisé

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    1. Pourquoi ? C'est la vie !

      Pense aux nombres de collègues de bureaux et autres que tu as perdu de vue !

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  3. " Dites-moi où, n'en quel pays,
    Est Flora la belle Romaine,
    Archipiades, ni Thais,
    Qui fut sa cousine germaine,
    Écho parlant quand bruit on mène
    Dessus rivière ou sus étang,
    Qui beauté eut trop plus qu'humaine.
    Mais où sont les neiges d'antan ? (...)

    François Villon,Ballade des Dames du Temps jadis !

    Eh bien, aujourd'hui, au bistro, tu te promènes dans ta tête !
    :DDD
    Bz

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  4. Moi, je me demande s'il n'y aurait pas un vortex temporel à la Comète.

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  5. Curieux que tu fasses un billet sur ce sujet.
    Je pensai hier soir à mon camarade de bistrot Lucien, disparu il y à quelques années maintenant. Un petit vieux, voisin de mes parents que je rencontrai chaque jour. Il insistait toujours pour que je vienne passer un moment à sa table, papoter un moment avec lui, il n'avait de cesse que j'accepte un autre godet.
    Je lui dois (entre autres choses) bien des retards au boulot.

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  6. émouvant ! tous les gens qu'on croise et qui s'estompent

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