Le réveil fut brutal. Il était 15 heures. J’ai réalisé
brutalement : mon quartier a changé et les passants aussi… et la vie dans
les bistros. Etant là tous les jours, j'avais bien vu les différentes étapes mais pas le résultat final.
On commence par les bistros ? On finira avec aussi…
Regardez les archives du blog, vers 2006. Je trainais alors
aux Monts d’Aubrac, à l’Aéro et dans mon fidèle fief. Les Monts d’Aubrac ont
fermé fin 2007. Mon fief a changé trois fois de patrons et a entièrement été
refait fin 2008. L’Aéro a changé de patron en 2007 puis en 2010. Et je
fréquente l’Amandine depuis 2008. Sans compter le PMU et le Jean-Bart où je
vais parfois pour voir certaines personnes. Et le Petit Relai parce que j’aime
bien le patron (mais je le mets à part, il est plus loin de chez moi).
Au départ, on avait une espèce de faune hybride, des cas
sociaux, des abrutis, des pochetrons, des petits vieux, des RMIstes, des
Kabyles et des Portugais fêtards, …
Toute cette faune a à peu près disparu après 19h30 ou 20
heures. Je me rappelle de fermetures de l’Amandine, vers 2010 : le patron
avait du mal à mettre les clients dehors à 22h30. Maintenant, je me précipite
pour y aller avant 20 heures pour éviter de tomber sur un os. J’y suis souvent
tout seul. Je retourne dans mon fief, quelques gens dînent. Souvent, l’Aéro est
fermé avant 19 heures. Le Jean-Bart ferme tous les jours à 19h30.
Parfois, quand je reviens dans mon fief, Tonnégrande est
encore là, il a fini ses courses et termine son dernier verre. Le vieux Joël
arrive puis parfois Ramdane. A 21 heures, seul ce fief est encore ouvert dans
le quartier et peut-être le PMU. En 2007, il y avait encore cinq ou dix clients
au comptoir de chaque bistro : le PMU, l’Amandine, les Monts d’Aubrac, l’Aéro
et le fief. Sur cinq, il en reste un ou deux ouvert à 21h, presque déserts.
La crise économique est bien réelle.
Et le quartier s’embourgeoise.
Le quartier
Les travaux sont terminés sur l’Avenue de Fontainebleau, au
Kremlin-Bicêtre, ou presque. Il reste quelques finitions à faire. A force de
vivre dans le quartier, en travaux depuis « toujours », je n’avais
rien vu venir. On a maintenant une belle avenue, dans un quartier sympathique.
Je suis arrivé dans le quartier en 1994 mais ce n’est qu’en
1996 que j’ai commencé à avoir une vie sociale dans le secteur, notamment en
allant au bistro. De 1996 à 2000, l’Avenue d’Italie qui prolonge « mon »
avenue a été rénovée, entrainant des bouchons importants vers le sud. De 2004 à
2006, c’est la Porte d’Italie qui était en travaux pour la construction du
Tramway, entrainant les mêmes bouchons. Ensuite, c’est l’ancienne usine Géo qui
a été démolie pour être remplacée par un vaste centre commercial, ouvert en
mars 2010. Un an après, les travaux ont commencé pour refaire cette Avenue, la
fameuse Nationale 7, de Bicêtre à Menton. Une route chargée d’histoire qui « commence au point zéro des routes de France, sur le parvis
de la cathédrale Notre-Dame de Paris, et quitte la capitale par la place
d'Italie puis la porte d'Italie » pour entrer au Kremlin-Bicêtre.
La Nationale 7 est devenue une voie urbaine, une rue comme
une autre. Un centre commercial tout neuf et une médiathèque ont remplacé l’ancienne
usine Géo et un loueur de voiture (c’était ADA, il y avait le siège social et
les ateliers de mécanique).
Les souterrains ont été remplacés par un rond point avec des
feux. Les piétons peuvent traverser sans mettre leur vie en danger.
Revenons aux bistros
Dans mon blog politique, je parlais de deux abrutis qui se
prétendaient journalistes ont foutu la merde à la fermeture. Hier, la même
scène s’est produite avec six ou sept clients.
C’est cela qui m’a fait voir les changements en discutant
avec les copains, à 15 heures. Les bistros ont perdus leurs pochetrons de
comptoir, ses cas sociaux que j’adorais pour retrouver des gens plus éduqués,
avec plus de pognon, plus de mépris pour le petit personnel, plus d’exigence vis-à-vis
des commerçants : on veut la tournée du patron !
Je vais raconter celle d’hier soir. Les clients, en
terrasse, ne voulaient pas partir à la fermeture. Ils avaient acheté une pizza
sur la place (vous allez avec votre femme au bordel, vous ? Non ! Ben
alors vous n’amenez pas votre bouffe au restau…). Ils exigeaient du Sopalin
pour s’essuyer les mains, le serveur a dit la vérité : qu’il n’en a pas. Ils
ont commencé à exiger la tournée du patron, au prétexte qu’ils avaient laissé
200 euros de consommation.
Des cons qui ne pensent qu’à leur pognon et méprisent les
autres.
Je préférais mes pochetrons. Ils foutaient la merde parce qu’ils
étaient bourrés et ne savaient plus où aller boire. Pas parce qu’ils ont du
pognon.
Ces « nouveaux clients » ne venaient pas, avant. 17
ans de comptoir et deux bordels en une semaine, juste après la fin des travaux.
Les petits faussement fêtards des soirs de semaine allaient à Paris pour jouer
aux alcooliques mondains. Ils ont maintenant une belle place, sur une belle
avenue, avec un beau bistro, débarrassé de la plèbe.
Des cons.
Mon quartier est plus beau, plus propre. Mais je ne sais
pas si j’ai gagné au changement.
Ce soit, il y aura des gens bien : les blogueurs du KdB.