Etrange soirée, hier. Je me réveille trop tard de la sieste,
de mauvais poil. Je vais chez Leclerc, fais mes courses. J’arrive à la Comète
vers 19 heures. Il y avait le boulanger, l’ancien patron du gros Loïc, avec ses
deux gamins qui faisaient les cons. Je pose mes courses sur le vieux fauteuil
en cuir. Un des gamins me dit qu’il voulait s’asseoir (personne ne s’assoit jamais
là). Je refuse (ce fauteuil ne sert qu’à poser mes courses et celle de
Tonnégrande). Le boulanger engueule son gamin et nous papotons cinq minutes
jusqu’à ce qu’il parte.
Il n’y avait personne de la bande. Je « sms »
Ramdane qui me dit qu’il sera là vers 20h30.
L’Aéro et l’Amandine étaient fermées. Je décide d’aller
faire un tour au PMU. Je pensais toujours à Jim (voir mon billet d’hier), un
peu nostalgique, de cette époque où on faisait la fête à l’Aéro, le samedi
soir, quand c’était Abdel le patron.
Le gros Loïc aurait été là, on aurait commencé à déconner. J’aurais
appelé Jim, il se serait pointé. Jacky le boucher serait arrivé plus tard, de même
que le vieux Joël et peut-être le vieux Jacques.
Au PMU, il y avait un des anciens clients d’Abdel. On était
en froid mais on s’est réconciliés vaguement. C’était trop idiot de rester
chacun à un bout du comptoir… Mais je continue à le considérer comme un gros
con.
J’avais une heure à tuer.
Depuis que je suis à Bicêtre, j’ai toujours eu une bande de
potes qui a évolué au cours des années. Seul Patrice est là depuis le départ
mais il bosse de nuit. Je me suis fâché avec Antoine, Casquette… Pascal, Bruno,
Jeff, le Gros Loïc, Laurent, Jim … sont partis. Jacky, Jacques ont changé de
bistro. Jacques (le même), Marcel,… vieillissent et ne sortent souvent plus le
soir… Djibril a changé de job et ne peut plus sortir aux mêmes heures que moi. Tous
les bistros ont changé de patron, sauf un qui a fermé.
Ce qu’il y a d’étrange, c’est que depuis une petite dizaine
d’années, à l’époque à laquelle j’ai connu Odette, Corinne, sa mère, le vieux
Joël, Ramdane, Djibril, Tonnégrande, le vieux Jacques, … la bande ne s’est pas
renouvelée. Il n’y a plus de nouveaux clients dans les bistros sauf Fred et
Alain (et l’amant d’Odette mais c’est un crétin) mais ils ne sortent pas le
soir.
J’ai essayé d’analyser le phénomène en mettant tout sur le
dos de la crise économique mais c’est une succession de petits événements
depuis dix ans qui ont fait que les gens ont progressivement déserté mes
bistros préférés, le soir.
Bistro par bistro…
Un petit rappel : je fréquentais la Comète tous les
jours sauf le samedi puisqu’elle était fermée. Le samedi, j’allais à l’Aéro et
aux Monts d’Aubrac puis à l’Aéro et à l’Amandine. J’ai commencé en 2008 à aller
à l’Amandine tous les soirs suite à des événements que je vais décrire plus
loin.
Les Monts d’Aubrac
J’y allais essentiellement le week-end, plus qu’à la Comète,
y ayant de bons potes. Vers le début des années 2000, ils ont su qu’ils
allaient être expropriés. Le bistro est parti un peu en couilles donc beaucoup
de clients ont commencé à aller ailleurs. C’est alors que j’ai commencé à y
aller de moins en moins souvent, préférant l’Aéro, notamment le samedi soir.
Le bistro a finalement fermé vers 2006. Les copains ont
changé de crèmerie… Ne sachant plus où les rejoindre, j’ai déserté de quartier
du jour au lendemain.
L’Aéro
Il y a une dizaine d’années, le patron s’est fâché avec son
employé (son frère…) et a commencé à bosser tout seul. Faisant trop d’heures,
il a commencé à fermer de plus en plus tôt le soir.
Je fréquentais un peu ce bistro mais sans y avoir vraiment de
pote et j’ai commencé à y aller tous les jours en coup de vent (en attendant qu’un
pote parte de la Comète : c’était un gars qui bossait à deux heures du
matin, à 19 heures il était ivre mort tous les soirs).
Finalement, j’ai commencé à y aller tous les samedis. On
faisait la fiesta avec Jacky le boucher, le vieux Joël, le gros Loïc et
quelques autres, comme Ramdane. C’est là que j’ai commencé à voir le vieux
Jacques et Tonnégrande. Ils ont finalement pris les mêmes habitudes que moi et
ont commencé à venir à la Comète à mes horaires.
Abdel a fini par vendre sa boutique à Karim et à Idir mais
ils n’ont jamais réussi à créer une ambiance ou, du moins, l’ambiance que j’aime
sauf à midi, le samedi. Un petit bar de quartier avec quelques petits vieux
sympathiques. C’est ainsi que j’ai réellement connu Corinne et sa mère, nous
avions l’habitude de boire un verre ensemble tous les samedis.
Idir est parti et Karim a commencé à bosser tout seul. Les
horaires sont devenus « n’importe quoi ».
La mère de Corinne a commencé à ne plus pouvoir vraiment
marcher. Avec les travaux, Corinne ne pouvait plus garer sa voiture à côté. Du
coup, l’apéro du samedi a migré à l’Amandine.
La Comète
Elle était fermée le samedi… C’est évidemment là que j’ai
connu le plus de monde mais il y avait de moins en moins de monde le dimanche
pour différentes raisons. Le soir, par contre, ça marchait bien.
J’ai commencé à y aller de moins en moins souvent le
dimanche puisqu’il y avait moins de monde…
Jean est parti à la retraite fin 2007 et une partie des
clients a eu une réaction particulière : ils ont arrêté de venir parce qu’ils
ne supportaient pas la Comète sans Jean. Certains considéraient même les
remplaçants comme des usurpateurs. Rien de rationnel. Moi, j’ai continué à y
aller par amitié avec Jim mais aussi, progressivement, avec les nouveaux
patrons. J’étais un peu leur confident étant passé « meilleur client »
depuis le départ des autres.
Ils ont tenu cinq mois.
Bruno est alors arrivé et a tout refait. Le bistro a
commencé à tourner très bien en restauration le midi, notamment grâce aux
travaux du centre commercial : les ingénieurs mangeaient là et n’était pas
regardants puisqu’ils avaient des notes de frais...
Mais son mode de fonctionnement a tué le comptoir pour différentes
raisons.
- Ce n’est plus le patron qui tenait le comptoir dans la soirée, tuant la relation privilégiée avec les habitués.
- Il a installé la caisse enregistreuse à un bout du comptoir, où nous aimions bien nous entasser.
- Il a ouvert le restaurant le soir (du coup, les clients du comptoir gênent les serveurs).
- Il a acheté le local d’à côté et y a fait une salle de restauration (tuant l’autre bout du comptoir, trop étroit pour faire passer les serveurs s’il y a du monde).
- Il a supprimé les « vérandas » pour les remplacer par des terrasses, obligeant ainsi les serveurs à passer devant le comptoir.
De fait, alors que nous pouvions tenir à une bonne
trentaine, maintenant, dès qu’on dépasse la dizaine, c’est le bordel. Donc les
nouveaux potentiels clients n’aiment pas.
Surtout, il a fermé le comptoir aux heures de service, donc
à 19 heures. C’est ainsi que j’ai pris l’habitude d’aller à l’Amandine et d’y
boire un verre tous les soirs vers 20 heures avec Corinne et sa mère. J’y
reviendrai.
Enfin, il a eu parmi ses serveurs deux beaux cons qui
ruinaient l’ambiance et c’est parti en couilles…
J’ai continué à y aller par amitié pour Jim mais aussi parce
que c’était ouvert tout le temps ! J’ai donc conservé mes habitudes…
Progressivement, la fermeture du comptoir à 19 heures a arrêté parce qu’ils ont
constaté que le restaurant ne fonctionnait toujours pas le soir.
En juin 2010, de nouveaux patrons et de nouveaux serveurs
sont arrivés, recréant ainsi une bonne ambiance.
Je suis resté client malgré le départ de Jim, n’ayant aucune
raison de changer mes habitudes…
Le dimanche matin, il y avait un marché depuis toujours. Du
coup, il y avait beaucoup de monde mais la clientèle du marché à progressivement
déserté le bistro. La baisse est constante depuis très longtemps, avant mon
arrivée dans le quartier.
L’Amandine
Avec les copains de l’Aéro, on y allait vers 20h30 ou 21h le
samedi, quand Abdel fermait. Eux, c’était tous les jours. Le bistro étant fermé
le dimanche, le patron était d’humeur joyeuse.
Le vieux Joël a alors arrêté de boire et le gros Loïc a eu
des soucis de santé. Du jour au lendemain, Jacky le boucher a déserté le
quartier pour le Petit Relais. La Comète a commencé à ouvrir le samedi.
Progressivement, le patron de l’Amandine a commencé à fermer
de plus en plus tôt. Il avait des problèmes avec son personnel et était obligé
de travailler comme un fou. Du coup, il ferme à 21 heures mais, dès 20 heures,
il n’y a plus un chat. Le patron a fait le ménage et a viré tous les ivrognes
pour avoir la paix.
Le marché ayant été déplacé pendant les travaux de la
Nationale, il a été obligé d’ouvrir le dimanche et a décidé de fermer à 15
heures le samedi.
J’ai ainsi progressivement pris l’habitude d’y aller tous
les jours, vers 20 heures, parce que le comptoir de la Comète était fermé, pour
boire un verre avec Corinne et sa mère, ce que je fais également le samedi midi.
Bilan
Monts d’Aubrac : fermé.
Amandine et Aéro : plus de clients à mes heures et
fermetures plus tôt.
Comète : plus de clients au comptoir.
Enfin, à cause des blogs, je traine de plus en plus le
dimanche et le samedi et ne sort qu’après midi. Je loupe donc les apéros qui
permettraient de rencontrer du monde…
Hier, la soirée s'est terminée normalement, avec Ramdane et le vieux Joël...
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RépondreSupprimerCoucou Nico !
Et oui ! la vie des clients, des bandes de copains, des habitués évolue, et leur fréquentation des bistrots aussi...
Est-ce que tu penses que les gens consomment + chez eux par manque de moyens ?
Allez ! A+ et bon après-midi Nico !!!!
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Bonne question. La réponse est certainement positive mais il y a autre chose, une évolution de la société, très lente. Dans mon quartier, il y a d'autres phénomènes. D'une part, les habitants changent. De plus en plus de riches d'un côté et de musulmans de l'autre. Les deux catégories ne vont pas au bistro. D'autre part, un centre commercial gigantesque a été construit entre 2007 et 2010, créant des chamboulements dans le quartier et un impact dans le quartier. Par exemple, quand le centre a ouvert, les bistros ont perdu la clientèle des gens qui bossaient à la construction.
SupprimerEnfin, le siège du Crédit Lyonnais est depuis quelques mois à 300 mètres. Du coup, les restaurants marchent très bien le midi. Je ne sais pas combien de gens y travaillent mais il suffit de 5% qui ne mangent pas à la cantine mais à la Comète ou un autre bistro plus près du siège, pour que la Comète soit pleine avec des répercussions sur l'Amandine.
Bonne fin de week end.
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SupprimerMERCI à toi de m'expliquer tout cela. Effectivement, toutes ces raisons mises bout à bout font que les bistrots sont beaucoup moins fréquentés.
Bises et A+ (ici il est déjà presque 20H)
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C'est toujours la même chose quand je papote avec toi, chez toi ou ici, je ne sais jamais qu'elle heure il est !
SupprimerBonne nuit, donc !
Billet touchant... Merci
RépondreSupprimerDe rien !
SupprimerIl est urgent que tu t'occupes de tes blogs à un autre moment et que tu "refasses" les apéros, puisque c'est là que tu peux rencontrer des gens ... CQFD !
RépondreSupprimerC'était : "les bons conseils de tante solveig", ne me remercie pas ...
Si ! Merci...
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