Les lycéens sortiront à midi de leur
épreuve de philo et se précipiteront sur internet pour avoir une vision
des réponses qu’il fallait apporter aux questions posées. Je me dévoue :
je vais les aider.
"Le langage n’est-il qu’un outil ?"
Ca commence mal. Je ne comprends rien à la question. Le
langage est évidemment un outil mais c’est aussi le ciment entre les humains. C’est
donc un outil et un matériau. Thèse et antithèse. Je sens que je prends le
rythme.
On pourrait aussi broder. Le langage est ce qui permet de
communiquer et donc d’échanger les connaissances, permettant ainsi de forger
les intelligences sauf chez les militants politiques. Le langage, même s’il n’est
qu’un outil, est ce qui permet de différencier l’homme de l’animal alors que l’homme
est un animal.
Si je n’avais pas 40 minutes pour traiter 6 sujets, je vous
en brode quatre pages, comme ça.
"La science se limite-t-elle à constater les faits
?"
Cette question est conne. La réponse est : non. Il faut
aussi interpréter les faits.
Imaginons par exemple qu’un blogueur
tourangeau au hasard vomisse en terrasse d’un café. Si je dis « tiens !
il vomit ». Ce n’est pas de la science. La science serait d’expliquer ce
vomissement en posant calmement les explications. La première est probablement
qu’il n’a pas l’habitude de boire de la bière avec moi. La deuxième est qu’il
espère qu’on va manger et qu’il croit que manger va le sortir de la cuite dans
laquelle il s’est entrainé. La troisième est qu’en mangeant avec un estomac
déjà plein d’une bière qu’il n’arrive pas à digérer, il se le remplit et celui-ci
dit : hé ho ! Ca commence à bien faire.
"Que devons-nous à l’Etat ?"
Nous voila dans un domaine politique. C’est important. Le
lycéen doit éviter de raconter des conneries en oubliant que le correcteur de
sa dissertation est probablement très politisé, mais dans une catégorie assez
peu représentée : c’est sans doute un gauchiste mais, en tant que prof de
philo, il est probablement assez libéral sans se rendre compte de son paradoxe.
Cette dissertation serait l’occasion de se foutre de sa gueule mais ça serait
mal venu.
On ne va donc pas politiser. L’Etat permet d’organiser la
cohérence de la nation, en plus des tâches régaliennes et tout ça.
Je sens que j’ai été bon sur les deux premiers points mais
là, je sèche un peu.
"Interprète-t-on à défaut de connaître ?"
Avec un peu de chance, le lycéen aura regardé les blogs
politiques, ce matin, notamment à gauche. Les gens essaient d’interpréter les
résultats de l’élection à Villeneuve-sur-Lot en se persuadant qu’ils
connaissent les motivations des électeurs du Front National. C’est le propre
des militants politiques : j’en vois qui explique que les gens votent à l’extrême
droite parce que le gouvernement n’est pas assez à gauche. Si ! Je vous le
jure.
Donc on interprète à défaut de connaître. La réponse tient
en un mot : oui. Ce n’était pas la peine d’en faire plus, c’est même
éliminatoire : vous venez d’échouer à l’épreuve de philo du bac.
La difficulté est dans la question. On la connaît mais on ne
sait pas ce qui se trame derrière, on est obligés de l’interpréter. C’est con,
hein !
"Peut-on agir moralement sans s’intéresser à la
politique ?"
Là, je suis mal placé pour répondre. La question est posée à
l’envers. Elle aurait du être : peut-on s’intéresser à la politique quand
on agit moralement.
Soyons sérieux : la réponse est oui. Je m’intéresse à
la politique mais je n’y crois pas spécialement. Mon vote ne changera pas grand-chose,
les gens ont une vision à court terme et sont incapable de voir les évolutions
de la société. Ce matin, on dit « ho la la, le Front National monte en
oubliant qu’il monter depuis 30 ans. »
Ainsi, on peut ne pas d’intéresser à la politique vu que ça
ne sert pas à grand-chose.
Tout en continuant à agir moralement.
"Le travail permet-il de prendre conscience de soi
?"
La conscience de soi est typiquement le truc complètement
con du philosophe qui a trop lu Freud et des clowns comme ça. Moi pas.
Le type qui passe son temps de travail à réfléchir à ce
genre de sujet ferait mieux d’aller travailler à la chaîne, dans un chantier ou
à la caisse d’un supermarché. Il verra que le travailleur normal n’a rien à
cirer de ce genre de considération. Il va travailler comme un forcené pour
tenter de faire vivre quatre personnes avec 1200 euros par mois et on lui
demande s’il a conscience de lui.
On se demande si les philosophes ont la moindre conscience.
La réponse est donc : « non, fais pas chier ».
Des sujets intéressants cette année mais quand il faut plancher pendant quatre heures ... c'est nettement moins intéressant ! ;o)
RépondreSupprimerpppfff ! la philo !!!! tout un art !!!
A+ Nico et bonne journée ! :o)
Non, pas facile !
SupprimerMerci et bonne journée !
Ce billet était attendu, 15/20, c'était mieux l'année dernière....
RépondreSupprimerFaut se ressaisir Nicolas, allons!
He ho.
SupprimerQuoi? Pas content? Tiens, j'ai retrouvé ta copie de 2012
SupprimerBac philo 2012 : le corrigé (jegoun)
Ah ha! (Allez les gens, lisez!)
Alors?
Je ne m'étais pas foulé...
SupprimerExcellent corrigé...
RépondreSupprimerMerci !
Supprimer"La science se limite-t-elle à constater les faits ?" étant de formation scientifique (j'ai une maitrise qui de physique-mécanique etc.. qui traine) : la science peut se limiter à constater le fait de l'existence des trolls : la réponse est non, elle doit proposer des solutions pour les éradiquer
RépondreSupprimerOn s'emmerderait !
Supprimer(j'ai fait des études de statistiques : typiquement, c'est du constat de faits).
Mais non : la science propose des solutions, et la technologie les met en oeuvre, là ça peut devenir aléatoire, et donc au final faire croitre -juste un peu- la population des trolls.
SupprimerAh ! Il faudrait choisir le type de trolls. Par exemple, les trolls réactionnaires, j'ai ce qu'il me faut, ils sont parfaits. Il me faudrait quelques trolls centristes.
Supprimerle troll centriste ? mais ceux là disparaissent ou migrent vers des zones en tout genre à gauche, à droite, ailleurs (ces derniers les pires)
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