Un collègue est entré dans le bureau et m’a demandé un
exemple de tableau de reporting « parce que Roger lui avait demandé ».
J’ai mis un bout de temps à comprendre qu’il s’agit de notre Directeur général,
Monsieur Quelquechosedepointuquimerentredanslecul. Je modifie les noms,
évidemment, mais l’anecdote est véridique : un collègue m’a parlé du big
boss en l’appelant par son prénom. C’est quoi cette familiarité ? Depuis
quand appelle-t-on son grand patron par son prénom ?
L’autre jour, au mariage, avec Bembelly, je suis monté dans
la voiture d’une dame pour aller de la mairie au vin d’honneur. Elle s’est mise
à nous tutoyer, dès le départ, dès la première phrase. Depuis quand on tutoie
les gens qu’on ne connaît pas ?
Ceci n’est pas un billet réactionnaire pour dénoncer la
disparition des règles de savoir-vivre mais pour faire part de mon étonnement.
Il ne me serait jamais venu à l’idée de tutoyer une dame que je ne connais pas
ou d’appeler mon pédégé par son prénom devant un collègue.
Ceci n’est pas un billet féministe, non plus. Il est même un
peu machiste. Depuis quelques temps, dans les journaux, les blogs,… « ils »
appellent les femmes par leur nom de famille. Pour les hommes, « ils »
le font aussi mais ça me choque moins. Une question d’usage.
Dans les blogs…
Le tutoiement est d’usage. Néanmoins, il ne me viendrait pas
à l’esprit de tutoyer quelqu’un qui s’adresse à moi en me vouvoyant sauf s’il
est manifestement bien plus jeune (et sauf pour le traiter de connard).
Dans les blogs, je n’appelle les gens par leurs noms de
famille que dans trois cas : s’ils sont célèbres, si, comme Bembelly, ils
utilisent leur nom comme pseudo et si le prénom ne suffit pas à les identifier
(par exemple, Pigenel et Blachier ont le même prénom, quand je parle d’eux avec
les leftblogs, je les appelle par leurs noms de famille).
J’ai aussi remarqué que les blogueurs avaient tendance à
facilement utiliser des prénoms ou des pseudos, des qualificatifs méprisants,... C’est
étrange, d’ailleurs, on parlera de Taubira pour une ministre et de Najat pour
une autre.
Je tolère seulement une exception, les diminutifs ou les
surnoms d’usage. On dira Mosco, Sarko ou Pépère. Je connais un blogueur de
droite abruti qui appelle les gens de gauche les gauchiards. C’est une
erreur de sa part, ça rend les textes illisibles en faisant ressortir une
agressivité, une bêtise, un mépris. Il n’est donc pas pris au sérieux. Mais c’est
son problème. Par contre, utiliser un terme méprisant pour désigner des groupes
de gens n’est pas dans les manuels de savoir-vivre.
Je n'aime pas qu'on appelle une femme par son nom de famille mais je n'aime pas, non plus, qu'on le fasse pour un homme. J'ai toujours appris que ça ne se faisait que pour les hommes morts, et j'essaie de respecter cette règle, au moins à l'écrit, dans le corps des billets (je ne néglige pas une certaine grossièreté dans les commentaires...).
La bise ?
L’autre jour, nous avions un pot. Le patron d’une boite, un
de nos fournisseurs, est arrivé légèrement en retard et a fait la bise à notre
ancien président (pas Sarko, l’ancien chef à mon directeur général…). J’ai
tiqué et je me suis rendu compte qu’il faisait la bise à tout le staf. L’accolade
serait probablement un terme plus approprié mais, dans les faits, ça ne change
pas grand-chose.
C’est aussi un truc qui se fait de plus en plus souvent,
comme d’appeler les femmes par leur nom de famille, de tutoyer des inconnus, d’appeler
son patron par son prénom. Maintenant, les hommes se font la bise entre eux. Mon
côté gauchiste devrait être ravi : on va vers l’égalité dans tous les sens…
Il n’empêche que…
J’ai horreur de serrer la main à des femmes donc j’ai le
réflexe de faire systématiquement la bise (sauf s’il y a une différence
hiérarchique ou une grosse différence d’âge, dans les deux sens) ce qui montre
mon côté machiste mais je ne supporte pas de faire la bise à des hommes, à part
Doudou, Gaël et Ptitmorveux.
Une quête ?
Non non, je n’engage pas une nouvelle bataille. Je m’interroge…