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02 novembre 2013

Etrange soirée, à Loudéac

Vers 15 heures, je suis allé boire un café au 1880, où j'ai passé la soirée, hier soir, spécial Halloween. Ils avaient décoré le bar, quelques citrouilles creusées, des fausses toiles d'araignées un peu partout, un squelettes... L'ancien patron, le père de l'actuel, s'installe à côté de moi. Nous papotons, notamment à propos des manifestations de Quimper. La serveuses vient discuter avec nous. Le vieux lui dit « mais dis donc, il n'y avait pas plus de décorations, hier ? » « Si, mais ils ont tout arraché... »

Je dis : « ouais, c'était lourd. Je suis même parti avant la fin, il y avait trop de bruit, trop de bordel, trop de monde. Pourtant tu me connais, en principe, rien ne me fait bouger de mon comptoir. » La serveuse confirme : l'ambiance était bizarre, des clients pas habitués,... Elle n'était pas à l'aise non plus.

Généralement, le vendredi soir, quand je suis à Loudéac, je passe une grande partie de la soirée tout seul. Les copains arrivent généralement vers 23 heures, à la fermeture du Cornouailles. Alors je suis au comptoir, avec mon iPhone avec Twitter. Les clients sont jeunes, la vingtaine, et s'agitent autour de moi sans que je ne les regarde. Les soirées du samedi sont plus agitées...

Hier, au moment où je suis parti, je pense qu'il y avait plus de 100 ou 120 clients. Un vrai bordel dans le bar. Ca arrive parfois mais l'ambiance était oppressante. Ils ont commencé à arraché la décoration, si bien que morceaux de toile d'araignées pendaient un peu partout, il y avait vraiment beaucoup de bruit... Et deux types m'avaient cassé les burnes, deux anciens ou vieux copains.

Le premier, Yann, vers 22 heures. Il vient me voir : « Hips, Nicolas, Burp, tu habites toujours à Paris ? Il faudra – burp – que tu viennes me voir à Châtelet, on ira boire un coup dans un bistro que je connais, hic ! » « heu » « mais si, ne me dis pas que tu ne sors jamais. » « Si, mais je ne vais pas me faire chier aux Halles pour voir un type que je rencontre tous les deux mois à Loudéac... ». La négociation dure cinq minutes. On a convenu qu'il m'appellerait quand il serait disponible. Je suppose qu'il va oublier. De toute manière, il n'a pas mon numéro.

Celui-là, je le connais depuis environ 30 ans. J'avais 16 ou 17 ans et lui 3 ou 4 de moins. Je m'occupais du club informatique et il venait jouer avec les PC. Il n'avait pas l'âge mais nous n'avions aucune raison de l'empêcher de venir, d'autant qu'il était, et est toujours, bien sympathique. Je crois me rappeler que le fréquentais aussi à la piscine ou dans un autre truc de sport (mais compte tenu du nombre de sports que j'ai pratiqués, je ne vois pas où ça pourrait être autrement qu'à la piscine).

L'autre, c'est Olivier. Lui, ça fait moins longtemps que je le connais, peut-être vingt ans. Sa femme était une vieille copine et ils traînaient parfois avec nous au bar de la Grenouille qui a fermé il y a douze ans. Je l'ai peut-être vu deux ou trois fois depuis. Il rentre dans le bar, à moitié saoul, vers 23 heures, et vient me voir. « Salut, comment ça va. Et au fait, Gilles, il n'est pas là, Gilles? » « ben non, il ne sort pas le vendredi, tu pourras le voir demain. » « Ah, et les autres, comment ils vont ? » « Quels autres ? » « Ben heu, les autres, il y avait qui déjà ? » « Ah, et tu t'y intéresses un soir de cuite en débarquant par hasard ? » Je replonge dans mon iPhone. Ce type est sympa mais l'ayant perdu de vue, toute sympathie était partie. Comme il était bourré,...

Il essaie de me piquer mon iPhone en protestant. Je l'engueule. Il m'avait offert un verre, je ne pouvais pas l'envoyer chier mais je commençais à m'énerver. « Ah ! Je te présente mon frère et mon beau-frère, Abdel. » Me dit-il. Je serre les mains. Abdel ? Son beau-frère ? Au mari de ma copine de Loudéac. Louche... J'essaie d'en savoir plus. « Au fait, vous habitez toujours dans le coin de Vannes ? » « Oui, on est chez mes parents pour le week-end. » Ah ! Dans le temps, ils allaient chez ses parents à elle. « Au fait, Gilles, il n'est pas là Gilles ? » « Heu... Tu m'as déjà demandé. » « Ah heu désolé, heu... Nico, c'est bien ça, c'est bien Nico ? » « Oui ». Je me suis alors tourné vers le comptoir, plongeant de plus belle dans mon iPhone. Il essaie à nouveau de me le piquer. J'avais trouvé un prétexte pour l'envoyer chier. Qu'on ne se rappelle plus de mon prénom est une chose mais qu'on me le demande en jouant les copains d'enfance, c'était trop.

Il est parti à une table avec son frère et son beau-frère.

Je suis allé aux toilettes. En revenant, j'ai eu un mal de fou à récupérer ma place au comptoir. Il y avait des clients sur trois rangées qui attendaient qu'on leur serve leurs verres. Chose inhabituelle chez moi, j'ai bousculé tout le monde, abusant de ma carrure et de mon âge. J'ai récupéré ma place, j'ai viré la pouffe assise sur mon tabouret. J'ai fini ma bière. J'en ai commandé une autre. J'ai compris que la serveuse était un peu dans le même état que moi sauf qu'elle était au travail et pas là pour passer une bonne soirée... J'ai payé, bu mon verre et je suis parti.

Cette après-midi, en parlant avec l'ancien patron et la serveuse, nous avons fait le même constat : la plupart des clients n'étaient pas des habitués. Mais finalement, en rédigeant ces lignes, je me rends que parmi les types de plus de 25 ans, j'étais le seul habitué. Aucun de ceux qui traînent parfois par là n'était présent : la bande à Momo, les gars de chez Leclerc,... J'avais d'ailleurs remarqué que Jean-Luc était parti dès 21 heures ou 21 heures 30. Les quelques autres qui étaient avec lui l'ont suivi, me semble-t-il.

Comme si tout le monde avait prévu le déroulement de la soirée, sauf moi. Sauf moi ? Maintenant, je me rappelle que j'y suis allé à reculons. Presque par réflexe. Il ne se passe jamais rien, le vendredi soir, à Loudéac, dans « ma bande ». Pourtant, j'aime ces vendredis soir, toutes les trois semaines, seul au comptoir avec mon iPhone et tous ces jeunes qui gesticulent autour de moi.

Etrange soirée.

N.B. : la photo n'a pas été prise hier soir au 1880. Je l'ai trouvée sur Google. 

4 commentaires:

  1. "Etrange soirée à Loudéac", ça fait un bon titre de film.
    Tu viens d'en écrire le scénario, dans lequel tu te révèles assez violent ... quoi ? toi Nicolas, tu as viré la pouffe assise sur ton tabouret ? ... j'arrive pas à le croire !

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    1. J'ai 47 ans. Elle 18. Je suis resté poli. J'ai dit : j'étais là en la regardant d'un regard si noire qu'elle a du avoir peur de prendre une baffe. Je n'ai rien fait de mal, m'dame.

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  2. J'ai entendu parler de cette soirée avant de lire ton billet. En voyant les photos sur Facebook, je me dis que je ne serais pas resté plus d'une heure. J'aime pas quand il y a trop de monde au 18.

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    1. Le monde ne me dérange pas si je suis seul (quand je suis avec mes potes bourrés, par contre,...). D'ailleurs, il y a une photo de moi parmi celles sur Facebook : je suis zen. Mais ce soir là, il y avait en plus quelque chose de glauque.

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