Les tontons flingueurs fêtent ses cinquante ans. C'est
probablement mon film préféré. Du moins, c'est ce que je répondrais si on me
posait la question. La scène de la cuite est d'anthologie. Dimanche soir,
"un singe en hiver" passait à la télé. En faisant le choix de le
regarder, je me disais que j'allais voir l'autre cuite d'anthologie du cinéma
français.
J'ai été très déçu. Le film est génial, Gabin et Belmondo sont deux immenses acteurs, ils jouent leurs rôles à merveille. Du rire, de l'émotion, tout ce qu'il faut. Il n'empêche que la cuite n'est pas d'anthologie. C'est une cuite de deux trous du cul prétentieux.
Gabin a une parole malheureuse, c'est quand il discute avec le patron du bistro autour de l'étal du poissonnier. Il prétend que Belmondo bourré est supérieur aux autres pochetrons. Je ne sais plus quels termes il emploie : il voyage, il tutoie les anges ? Il parle de cuite mesquine pour les autres.
Non. Ils ne sont que deux cons exemplaires qui se croient supérieurs aux autres. Ils me faisaient penser au connard qui s'était prétendu journaliste au Parisien (tu parles d'un rêve !) et qui avait emmerdé le serveur de la Comète.
Dans les tontons flingueurs, ils sont différents. Ils sont normaux. Ils picolent, commencent à raconter des conneries,... Certains s'endorment. Un va draguer une petite jeune, sûr de lui. Et à la fin, tous ces vieux cons vont virer les jeunes cons qu'ils jugent insupportables.
Ils sont humains. Ils sont vrais. Ils sont nous. Ça aurait pu être moi, certaines soirées au 1880, quand, sur le tard, je n'arrive plus à commander une nouvelle bière parce que les deux serveurs et le patron sont occupés à préparer des cocktails pour des petits jeunes qui ne sauront pas les apprécier... Alors je peste. J'ai envie de tous les virer mais je me rends à la raison.
Les princes de la cuite comme le voudraient Gabin et Belmondo (enfin leurs personnages...) n'existent pas.
J'ai connu quelques types exceptionnels quand ils étaient ivres mais la répétition des soirées fait qu'ils passaient toujours pour des cons, des cons qu'on adore comme dirait le vieux Jacques, s'ils sont gentils, mais aussi des cons qu'on fuit, parce qu'on ne supporte pas cette répétition des soirées.
Je préfère les petits trucs de chacun qui font un côté exceptionnel à tous les personnages. Patrice, qui s'endort debout au comptoir, parfois sans le toucher. Tonnégrande qui nie être saoul et nous explique que sa femme ne verra rien. Karim qui nie avoir été saoul la veille. Je me rappelle de Pascal qui allait toujours retirer du pognon après une cuite pour conserver le ticket pour se rappeler à qu'elle heure il a allait rentrer. Jeff racontait toujours les mêmes histoires de militaires en rigolant tout seul... Ou presque, sa joue de vivre était communicative. Et Abdel qui se prenait pour le roi du Maroc (pas le vrai, celui de Bicêtre). Et Robert, le petit Robert, ancien facteur, qui voulait absolument boire avec nous mais qui n'arrivait pas à tenir le rythme à la bière et buvait un petit blanc une tournée sur deux. Et "Églantine" (j'ai oublié son nom) qui n'arrêtait pas de répéter "santé mais pas des pieds" à chaque tournée non pas pour le plaisir du jeu de mot mais pour se moquer des ivrognes. Et Bruno qui allait tirer 100 francs tous les soirs pour ne pas dépenser plus mais qui buvait à crédit quand il avait dépassé le plafond ce qui fait qu'il devait au moins 1000 francs toutes les fins de mois (c'est rigolo, les patrons se rappellent assez bien de la date à laquelle les clients touchent leurs salaires). Et moi qui… non, rien.
J'ai été très déçu. Le film est génial, Gabin et Belmondo sont deux immenses acteurs, ils jouent leurs rôles à merveille. Du rire, de l'émotion, tout ce qu'il faut. Il n'empêche que la cuite n'est pas d'anthologie. C'est une cuite de deux trous du cul prétentieux.
Gabin a une parole malheureuse, c'est quand il discute avec le patron du bistro autour de l'étal du poissonnier. Il prétend que Belmondo bourré est supérieur aux autres pochetrons. Je ne sais plus quels termes il emploie : il voyage, il tutoie les anges ? Il parle de cuite mesquine pour les autres.
Non. Ils ne sont que deux cons exemplaires qui se croient supérieurs aux autres. Ils me faisaient penser au connard qui s'était prétendu journaliste au Parisien (tu parles d'un rêve !) et qui avait emmerdé le serveur de la Comète.
Dans les tontons flingueurs, ils sont différents. Ils sont normaux. Ils picolent, commencent à raconter des conneries,... Certains s'endorment. Un va draguer une petite jeune, sûr de lui. Et à la fin, tous ces vieux cons vont virer les jeunes cons qu'ils jugent insupportables.
Ils sont humains. Ils sont vrais. Ils sont nous. Ça aurait pu être moi, certaines soirées au 1880, quand, sur le tard, je n'arrive plus à commander une nouvelle bière parce que les deux serveurs et le patron sont occupés à préparer des cocktails pour des petits jeunes qui ne sauront pas les apprécier... Alors je peste. J'ai envie de tous les virer mais je me rends à la raison.
Les princes de la cuite comme le voudraient Gabin et Belmondo (enfin leurs personnages...) n'existent pas.
J'ai connu quelques types exceptionnels quand ils étaient ivres mais la répétition des soirées fait qu'ils passaient toujours pour des cons, des cons qu'on adore comme dirait le vieux Jacques, s'ils sont gentils, mais aussi des cons qu'on fuit, parce qu'on ne supporte pas cette répétition des soirées.
Je préfère les petits trucs de chacun qui font un côté exceptionnel à tous les personnages. Patrice, qui s'endort debout au comptoir, parfois sans le toucher. Tonnégrande qui nie être saoul et nous explique que sa femme ne verra rien. Karim qui nie avoir été saoul la veille. Je me rappelle de Pascal qui allait toujours retirer du pognon après une cuite pour conserver le ticket pour se rappeler à qu'elle heure il a allait rentrer. Jeff racontait toujours les mêmes histoires de militaires en rigolant tout seul... Ou presque, sa joue de vivre était communicative. Et Abdel qui se prenait pour le roi du Maroc (pas le vrai, celui de Bicêtre). Et Robert, le petit Robert, ancien facteur, qui voulait absolument boire avec nous mais qui n'arrivait pas à tenir le rythme à la bière et buvait un petit blanc une tournée sur deux. Et "Églantine" (j'ai oublié son nom) qui n'arrêtait pas de répéter "santé mais pas des pieds" à chaque tournée non pas pour le plaisir du jeu de mot mais pour se moquer des ivrognes. Et Bruno qui allait tirer 100 francs tous les soirs pour ne pas dépenser plus mais qui buvait à crédit quand il avait dépassé le plafond ce qui fait qu'il devait au moins 1000 francs toutes les fins de mois (c'est rigolo, les patrons se rappellent assez bien de la date à laquelle les clients touchent leurs salaires). Et moi qui… non, rien.
Le « singe en hiver » a deux défauts. Le premier
est de faire croire que c’est possible. Non. Deux types saouls n’arrivent pas à
installer un feu d’artifice. Les efforts physiques les auraient anéanti ou les
auraient fait dessaouler ce qui fait qu’ils auraient abandonné avant la fin.
Des heures de travail… Il ne s’agit pas que de porter des caisses mais aussi, par
exemple, monter des poteaux pour les « machins qui tournent ». La
deuxième est de faire croire que c’est exceptionnel. Le personnage joué par
Gabin avait arrêté de boire pendant 15 ans mais celui joué par Belmondo prenait
sa cuite, la même, tous les soirs. Rien d’exceptionnel. Une espèce de routine
au cours de laquelle on devient fatalement aigri. Au début du film, on voit la
cuite de Gabin sous les bombardements, comme s’il s’agissait d’un acte de
bravoure d’un pochetron or c’est vraisemblablement le genre de connerie qu’il
fait tous les soirs… Et, en fin de soirée, on le voit faire un acte de
tendresse, avec sa femme : « promis, si on s’en sort et que j’arrive
à rouvrir l’hôtel, j’arrête de boire ». Tu parles ! Tous les
pochetrons le font, de promettre. Le lendemain, ils ont oublié. Et on voit sa femme le croire. Ne pas penser qu'il s'agit d'une promesse d'ivrogne...
C’est une belle histoire. Le vieux, ancien alcoolique,
rencontre un jeune alcoolique et le sauve en acceptant de prendre la cuite du
siècle avec lui. Mais les propos de Gabin « chez le poissonnier » font
qu’il montre qu’il se croit supérieur.
La patron du 1880 a diffusé sur son compte Facebook les
photos de la soirée de vendredi, celle d’où je suis parti avant la fin parce
que je n’étais pas à l’aise. Parmi elle, il y en a une où je suis au comptoir
avec mon iPhone (on ne le voit pas sur la photo, mais quand on me connaît…)
avec un gros bordel derrière, plein de jeunes qui font les cons. J’ai l’air
figé, comme si je n’étais qu’un élément du décor ou comme s’il n’y avait rien
autour de moi. Mes copains (Bernard Blier, Francis Blanche, Jean Lefèvre,
Robert Dalban,…) étaient partis. Seul restait celui qui joue le rôle de chef de
bande.
C’est la vie.
Un singe en hiver ne l’est pas. Une cuite, c'est glauque ou rigolo. Ca n'est jamais exceptionnel. Henri Verneuil n'aurait pas du décrire ses personnages comme des princes de la cuite mais comme des pochetrons ordinaires avec simplement un petit truc différent, des grandes gueules,... Il n'y avait pas grand chose à changer, principalement la scène "chez le poissonnier". C'est ballot.
Oh ! j'adore ce film "les tontons flingueurs" !!!
RépondreSupprimer50 ans déjà ! C'est fou !
Je l'ai vu plusieurs fois (un peu comme tout le monde) et je ne m'en lasse pas !
Oui. C'est ce qu'il y a d'exceptionnel avec ce film, c'est que majeure partie de la population le regarde pour la dixième fois avec autant de plaisir. On pourrait citer 9 films à grand succès plus lui et faire un sondage : lequel de ces films regarderiez vous à nouveau avec plaisir, il arriverait en tête c
Supprimerpareil le singe en hiver s'avère plus léger avec le temps. par contre les tontons se sont bonifiés, tiens donc ;.)
RépondreSupprimerOui, c'est aussi une sensation que j'ai eue, de vieillissement par rapport à l'autre. Mais pas tant que ça...
SupprimerIvrogne, c’est un mot que ni les dictionnaires
RépondreSupprimerni les intellectuels, ni les gens du gratin
ne comprendront jamais…C’est un mot de misère
qui ressemble à de l’or à cinq heures du matin.
Ivrogne…Et pourquoi pas ? Je connais cent fois pire,
Ceux qui ne boivent pas, qui baisent par hasard,
qui sont moches en troupeau et qui n’ont rien à dire.
Venez boire avec moi…On s’ennuiera plus tard. Bernard Dimey, un autre prince.
Belle "définition". Le mot ivrogne a en effet un côté péjoratif (souvent justifié) mais il y a bien pire...
SupprimerIvrogne... il y a une noblesse dans ce terme. L'ivresse rapproche des dieux. Elle élève au-dessus d'un terre-à-terre perceptible dans le mot à rallonge cul-terreux. Elle donne à celui qui s'y introduit une élévation qu'il n'aurait pas eue, restant sobre. Un exemple ?ce succès de Bruel écrit fièvreusement sur un coin de table de bistro au Café de la Paix, à La Rochelle. Un café qui ressemble paraît-il à "Chez Maxim's" en raison de son ambiance Belle époque. C'était une de ces soirées sauvages des Francofolies.
SupprimerOui, le "petit verre" est le démarreur d'une vie particulière, comme ceux que prennent les vieux Nantais tôt le matin, avec un Gros Plan à couper au couteau tant il est sec, ou un Grolleau rosé aussi dévastateur. Mais c'est un spectacle que les Grands de Ce Monde ne connaissent pas.
Je ne sais pas s'il y a une noblesse. Et c'est justement ce qui donne le plus aux tontons flingueurs : après leur cuite, ils sont péteux...
SupprimerPour prolonger un peu la fête...
RépondreSupprimerCassage de mythe, mais t'as parfaitement raison. la réalité est toujours plus jouissive et supérieure à l'imaginaire qui lui courrera toujours derrière sans pouvoir être à la hauteur.
RépondreSupprimerJuste petit bémol, sur Gamin, bourré, t'as toujours l'impression d'être le roi du monde (ou génial et lumineux) même si tu déblatères n'importe quoi alors qu'en vérité t'es à la ramasse et que tout le monde, au mieux, t'ignore, ou se fout carrément de ta gueule.
C'est cette version "vu de l'intérieur", ou plutôt subjective, que l'auteur ou le réalisateur a dû vouloir s'attacher à faire vivre.
Non. Tu n'as que rarement cette impression de maître du monde. Par contre, j'en avais fait un billet : beaucoup de citoyens ne se rendent pas compte quand ils sont saouls alors que moi, si... Ainsi, je ne fais jamais le malin quand j'ai bu...
SupprimerJe ne suis pas d'accord avec ta conclusion ou alors il s'est trompé ce qui ne l'a pas empêché de faire un très beau film. Il a peut-être décrit une impression qu'il avait en assistant à quelques cuites. Mais il a une très mauvaise idée de l'alcoolisme au quotidien : il n'y a plus de seigneurs quand l'alcool devient un besoin.
Tu mets le vieux Joel, Tonnegrande et moi en cuite, tu auras l'impression d'avoir des seigneurs car nous n'avons jamais un mot plus que l'autre et une tolérance au monde qui nous entoure. Il n'empêche que nous ne voyageons pas...
Il y a autre chose : un pochetron ça s'aime ou ça ne s'aime pas. Je vais souvent à l'Amandine vers 20 heures quand il ferme. Quand des clients sont saouls et racontent des bêtises, le patron est heureux. Il aime ces braves gens.
SupprimerMerde, j'avais pas vu, y a de très beau commentaires, au-dessus, qui disant tout.
RépondreSupprimerOui. J'ai d'excellents commentateurs.
SupprimerIl est beau ce billet (j'ai trouvé...)
RépondreSupprimerMerci. C'est peut être parce que tu sais qu'elles ambiances j'aime.
SupprimerJ'ai trouvé aussi qu'il était beau ce billet...
RépondreSupprimerMerci aussi !
SupprimerJ'en ai refait des mondes avec des potes au bar, parfois je ne remettais pas les pieds avant une semaine de peur d'avoir dit trop de conneries!
RépondreSupprimerBeau billet plein de nostalgie je trouve.
Merci. Non pas de nostalgie.
SupprimerIl faut toujours revenir le lendemain.
Oui mais quelque part, qu'est-ce que je me marrais.
SupprimerCertes
SupprimerBises à toi Nico et bonne journée !!!!
RépondreSupprimer