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12 décembre 2013

L'enterrement de mon père

Mon père a eu la mauvaise idée de mourir jeune ce qui fait que j'étais encore plus jeune qu'aujourd'hui... Je me comprends. La bonne idée était de mourir fin juillet alors qu'il faisait très chaud. Il était bien connu car il était très actif à un niveau associatif. Il avait créé la première section de sport collectif à l'Amicale Laïque, le club informatique (vers 78) et le club de généalogie. J'en passe. Beaucoup. Il y avait donc une foule incroyable à l'enterrement ce qui rendait le moment encore plus émouvant pour nous. 

À cette époque, 1992, j'étais très copain avec les patrons d'un bistro de Loudéac, l'Atelier. C'était bien comme nom de bistro. On disait : je vais à l'Atelier. C'était mieux que de dire : je vais au bistro. Non ?

Après l'enterrement, on a organisé un pot avec les proches, dans ce bistro. Le patron, dont j'ai loupé l'enterrement deux ans plus tard (il avait seulement quelques années de plus que moi. 35 ans peut-être. J'y pense très souvent. Je parle parfois de son petit frère ici et j'ai même parlé de sa fille, une fois) ne savait plus quoi dire après une parenthèse trop longue. 

Il avait une vision bizarre des enterrements et des pots après. Il avait donc débouché une dizaine de bouteilles de rouge. Il pensait voir une bande de petits vieux buvant du rouge. Comme c'était moi qui était l'hôte (c'était mon bistro), j'avais accueilli les gens. Quand tout le monde était arrivé, je m'étais rué vers le comptoir et commandé une bière. Non, je n'ai pas changé. Il faisait très chaud. 

Une partie de la famille m'a rejoint au comptoir et fait pareil. Tous les hommes, en gros. Les femmes buvaient du café et du thé. Du coup, les bouteilles de rouge ouvertes par le patron n'avaient pas été bues et il était furieux (pour rigoler). 

Mes souvenirs sont un peu flous et c'est cela que je voulais dire dans ce billet. Mais c'est un des souvenirs étranges que je garde de l'enterrement de mon père. Toutes ces bouteilles de rouge ouvertes qui n'avaient pas été bues. 

Un ami à moi a perdu son père, aujourd'hui. Je lui ai vaguement promis, par mail, de faire ce billet. 

Comme si ça pouvait l'aider. 

22 commentaires:

  1. Mais si ...
    Ça parle à plein de gens tout ça !

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  2. Mais si ...
    Ça parle à plein de gens tout ça !

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  3. Bonjour Nico !
    C'est un billet assez émouvant je dois dire.
    Perdre l'un de ses parents est un moment difficile de la vie, tu avais 25 ans ... pas simple ! Je suppose que c'est bien de se réunir après les obsèques pour se détendre et surtout pour ne pas rentrer seuls chez soi avec la tristesse au coeur. Là dans ce bistrot tu étais entouré, ta maman et ta soeur aussi.
    Vin ou bière ... l'essentiel était de partager en la mémoire de ton papa.

    Bises et condoléances à ton ami qui a perdu lui aussi son père.

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    1. Merci ! 26 ans. Ce qu'il y a de rigolo à observer, ce sont les souvenirs que l'ont peut avoir. Je suis persuadé que je suis le seul à me rappeler de ce bistro.

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    2. Je connaissais aussi ce bistrot, mais pas pour les mêmes raisons bien entendu...La nostalgie me prend à la lecture de ton billet, quand je pense à tous les "cafés d'enterrement" auxquels j'ai participé pour le départ de proches ou de copains et de copines parti(e)s bien trot tôt...Mais ces "cafés d'enterrement" n'étaient jamais tristes...

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    3. Quand je dis que je suis le seul à le rappeler, je parle de cet épisode...

      Pour le reste, tu as raisons sauf pour ce que je dis à propos de la mort d'un jeune.

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  4. Je ne vois pas ce qui empêchait de s'attaquer au rouge après les bières ! L'était bâclé, votre enterrement…

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    1. C'était il y a plus de vingt ans. La qualité du rouge de comptoir dans un bistro de Centre Bretagne...

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    2. Quand on a descendu suffisamment de bières, on se fout de la qualité du rouge : faut vraiment tout vous apprendre, à vous !

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    3. Oui mais le rouge de comptoir est vraiment dégueulasse. D'ailleurs, il a quasiment disparu.

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    4. 10 bouteilles de rouge dégueulasse foutus ça t'a laissé un souvenir impérissable on dirait.
      Curieux comme la mémoire enregistre des trucs futiles quand les circonstances, elles, sont graves.

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    5. Non. C'est la réaction du patron qui m'a laissé un souvenir.

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  5. Si on regarde bien, au-delà du drame personnel de la disparition d'un être cher, il reste toujours d'un enterrement quelque chose de drôle.
    Par exemple (et c'est réel) cette femme qui descend dans le caveau pendant la cérémonie au cimetière pour voir si c'est confortable ou encore et là aussi c'est du vécu, à l'église, il faisait tellement froid que l'eau bénite avait gelé et le glaçon formé sur le goupillon s'est détaché pendant la bénédiction et a glissé jusqu'au fond de l'église. Fou-rire assuré de la famille.

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    1. Oui. J'aurais plusieurs conneries à raconter, comme les croque mort qui n'arrivaient à faire rentrer le cercueil de ma grand mère.

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  6. Billet émouvant, que j'avais évidemment loupé puisque je suis à perpèt, ces temps-ci. Oui, émouvant.
    C'es étrange, parce que si les enterrements sont souvent synonymes de douleur (évidemment, du fait de la perte d'un être très cher), en même temps (alors je sais pas si ça a voir avec la Bretagne en particulier, où si ce serait plutôt du domaine du passé/ Peu connu ça ces dernières années) il y a toujours ces moments de chaleur, ou on picole et échange, presque joyeusement (surtout de se retrouver autour de la mémoire et des souvenirs du disparu).
    Je me rappelle pour mes grands-parents, à Quimper, j'étais petit, c'était comme ça. On sentait une sacrée chaleur humaine dans l'atmosphère (et les bouteilles défilaient).

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    1. Je suppose que ça dépend de l'enterrement. J'avais assisté à l'enterrement d'un pote de 31 ans (rupture d'anévrisme). L'ambiance n'était pas la même. Nous étions pétrifiés devant les parents anéantis.

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    2. Ah oui, moi aussi : meilleur ami mort à 28 ans (cancer précoce…). Et en plus il était fils unique, ce con.

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    3. Là ce n'était pas le meilleur ami mais un type de mon âge qui fréquentait les mêmes bistro et je connaissais vaguement les parents.

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