Je crois bien que c'est la première fois que je passe une journée de semaine hors vacances sans faire de billet de blog. D'ailleurs, je crois bien, aussi, que ce n'est pas la première fois que je dis ça. Il faut que je m'explique. Quand je dis "il faut", c'est une façon de parler.
Hier soir, nous avions le Kremlin des Blogs spécial Beaujolais nouveau comme tous les ans depuis 732 sauf en 1792 où nous préparions les cérémonies du début de l'année suivante. Il faut parfois être sérieux.
Généralement, le Beaujolais nouveau a des conséquences physiques sur moi. La plupart du temps, il me fait dormir. On en rigolait avec l'ancien patron de la Comète. Je n'arrivais pas à me lever le matin et toute la journée, j'étais éteint. Ce matin, ce n'était pas le cas. Je me suis réveillé frais et rose à 7h20. J'ai erré sur le web et à 8h, je me suis dis : mon garçon, faut que tu bouges. Je suis donc allé liquider les affaires courantes et le drame du Beaujolais nouveau commença. Je suis resté 25 minutes sur le trône avec un débit continu.
J'ai tellement chié que je me demande pourquoi je ne suis pas subventionné par la PAC pour toute la pollution que j'ai produite ce matin. Je vous avais dit que le Beaujolais avait des conséquences physiques chez moi. Cette année, elle sont scatologiques.
Ensuite, j'ai vécu ma vie (torchage, lavage préventif des mains et des dents - deux ou trois fois, à cause du Beaujolais, rasage, douchage, habillage, cafetage à la Comète et voyage en métro). Et je suis parti à 8h45 pour un temps de transport de 45 minutes. J'avais une réunion très importante (comme toutes les réunions où le but principal est de trouver une occupation pour la prochaine réunion) à 9h30.
Ce n'était donc pas la peine de rédiger un billet de blog dans le métro. Je n'aurais pas eu le temps de le publier.
Dois-je vous raconter ma journée de travail ? J'arrive au bureau à 9h30. Je commence la réunion de 9h30 à 10 heures (c'est une tradition). Je sors à 13 heures. Je plonge à 14 heures dans une autre réunion d'où l'émerge à 17 pour une dernière jusqu'à 18 heures. Je lis mes mails, bricole deux ou trois trucs...
À 18h20 (un vendredi...) je me casse. 7h50 de travail, c'est énorme. Que les bureaucrates qui me lisent ne rigolent pas. Qu'ils calculent d'abord leur temps de travail en ôtant les pauses café et les discussions sans rapport avec le travail...
Je vais au Tourbillon, sympathique brasserie à côté du bureau, vu que c'était le dernier jour de travail du jeune serveur, Michel. Tous les clients l'adorent. Il a 18 ou 19 ans et un côté juvénile très réjouissant qui nous fait regretter d'être ni homosexuel ni pédophilie. Je lui avais promis de passer...
À 18h45, je fonce dans le métro. Je fais le compte rendu de la réunion du jour. Et paf ! 45 minutes de boulot en plus. Nous en sommes à 8h35 si je compte bien.
Ah ! Les bureaucrates ! J'espère que vous avez compté précisément votre temps de travail. J'ai moi-même parfaitement étudié celui de mes collègues (vu que j'étais complexé de bloguer en dehors des heures de loisir). Ça dépasse difficilement 6 heures par jour. 9 heures midi. 13 heures 18 heures. 8 heures. 1 heure perdue en pause café. 1 heure en discussions inutiles. Vérifiez... Calculez vos propres horaires. Vous n'arrivez pas à 9h mais à 9h10 et vous faites le tour des bureaux. Vous commencez à bosser réellement à 9h30. Un lascar vous appelle. 10 minutes de conversation dont cinq minutes de politesse (bonjour tu vas bien et machin tu as des nouvelles). À 10 heures vous décidez de prendre un café... Vous tombez sur machin, vous discutez 15 minutes. En rentrant, vous tombez sur le chef et vous discutez cinq minutes de conneries. Vous arrivez enfin à votre bureau et vous vous rappelez que vous devez réserver un billet de train pour aller voir votre mère en Bretagne. Tant qu'à être sur internet, vous lisez les informations sur l'intranet de la boîte puis vous commencez, tant qu'à faire, à aller sur le site du CE puis allez déclarer vos notes de frais ou poser vos congés. Votre épouse vous appelle pour vous demander de faire une photocopie de votre carte d'identité pour le dossier du crédit pour acheter un frigo neuf à crédit.
Ne rigolez pas, comptez vos heures. Ce matin, je vais récupérer des documents que j'avais imprimés pour la réunion. Près de l'imprimante, je trouve un cache col, par terre. J'aurais pu le laisser (ce qui aurait été la meilleure solution, la personne l'ayant perdu aurait fini par tomber dessus) mais je l'ai ramassé par réflexe. J'avais une réunion et j'étais à la bourre. Je ne savais pas quoi faire de ce putain de bordel de merde de cache-col. Je suis donc allé le déposer chez la secrétaire du big boss mais elle n'était pas là. Je suis donc resté deux minutes à me demander ce que j'allais en faire avant de me décider à le laisser là. Que ces cons qui perdent des cache-col se débrouillent ! Est-ce que je mets des cache-col, moi, nom de dieu ?!?
Et vous, qu'auriez vous fait ? Le tour des bureaux pour savoir à qui il appartient. Un peu de malchance et vous y passiez une demi-heure. Discuter avec tout le monde et tout ça.
J'en étais à 6 heures de boulot par jour. En fait, on est plus proche des 5h30. Faites le calcul ! Pas pour vous mais pour votre voisin de bureau... Et vous l'appliquez à vous ensuite. En 1998, le type en face de moi appelait sa femme après déjeuner, lui parlait, parlait à son fils (ça s'est bien passé à l'école, ce matin ?). Ça dirait un quart d'heure. Pas grave... Mais moi même ça me déconcentrait (et ça m'énervait, entrer dans l'intimité d'un type...) à un point que je perdais moi-même ce quart d'heure (j'avais fini par attendre le coup de fil pour aller prendre un café).
Quand j'ai mené cette étude sur la vie de bureau en observant mon propre rythme et surtout celui de mes collègues (pas pour les dénoncer mais pour me foutre de leur gueule quand ils sont en retard pour un truc), je croyais arriver à une heure par jour. C'était ce que je m'étais fixé pour justifier en moi-même mon temps de blogage.
Je vais donc résumer devant vos yeux ébahis : un type persuadé de bosser 8 heures par jour en bureau bosse en fait moins de six heures. Vous y ajoutez ensuite les heures de travail inutile (tiens ! Celui où vous faites des statistiques qui pourraient être automatisées !). Vous tombez à cinq heures.
Oui ! Toi, bureaucrate qui me lis, qui est persuadé être débordé, tu ne passes pas plus de cinq heures par jour à faire du travail productif. Ce n'est pas grave. Parce que que quand je dis productif, tu peux aussi enlever les trois heures de réunion de service, tous les lundis matins, qui ne servent à rien mais te sont imposées par le chef.
Je parle des bureaucrates mais je pourrais accumuler les exemples. Tiens ! Ça fait une heure que je discute avec les serveurs de la Comète. Ils ont pas trop de boulot mais les clients dînent. Il faut qu'ils patientent en attendant la fin du repas. C'est ainsi.
Toujours est-il que je ai pas eu le temps de faire un billet de blog, aujourd'hui. Sauf ce soir, en papotant avec les serveurs qui attendent de finir leur journée.