Voila que cet imbécile de vieux Joël qui, à force de fréquenter les hôpitaux pour sa cirrhose, a chopé une maladie nosocomachin et refuse d'organiser le réveillon chez lui. Avec Patrice, on cherche une soirée de secours sachant que nous refusons de fréquenter des inconnus et des imbéciles. A la limite, on veut bien participer aux frais.
La connerie étant le seul chemin susceptible de nous faire entrevoir une parcelle de vérité, utilisons la par des moyens de communication efficaces. Le temps qu'on remplisse nos verres.
30 décembre 2014
27 décembre 2014
Soirée normale au 1880 ?
Ah un moment, Cécile me dit « Viens,
Nicolas, il y a une place à l'autre bout du bar, tu seras mieux. »
Tu parles ! Je me suis trouvé coincé entre le bout du bar,
deux pouffes inutiles et une bande d'imbéciles entassés autour
d'une table.
Notons bien que si je les appelle des
pouffes et des imbéciles, c'est affectueusement et relatif à mon
grand âge qui pourrait me faire passer pour le pépé ronchonnant.
Cécile, la serveuse, et Christophe, le
patron, me connaissent : ils savent que je ne vais pas
nécessairement au bistro pour faire la java mais aussi pour
m'installer au comptoir afin d'observer minutieusement le temps qui
passe. Il m'arrive d'ailleurs d'envoyer franchement chier les types
qui m'adressent la parole parce qu'ils ont pitié de moi qui
ne suis accompagné que de ma solitude. Du genre : « viens
t'asseoir avec nous plutôt que de rester avec ton iPhone. »
Avant-hier, j'ai répondu : « non,
je préfère la compagnie de gens intelligents. » Quand
je parlais de pépé ronchonnant.
Je précise tout de suite que ce soir,
je serai effectivement au bistro pour faire la java avec Philippe,
Gilles et probablement d'autres types d'un âge normal pour un
bistro : la cinquantaine approchante.
Hier, c'était vendredi. Il y avait
donc les jeunes clients habituels du vendredi, entre 18 et 25 ans.
Tiens ! A l'apéro (donc vers 18
heures), deux jeunes arrivent avec leurs parents. J'ai dit à
Gilles : « Ah les cons, obligés
d'amener leurs parents au bistro... » Ce à quoi, il m'a
répondu : « tu ferais mieux de la
fermer, regarde les parents, ils ont probablement plus de dix ans de
moins que nous ». Ah merde... Je ne fais pas un
complexe. Nous sommes tous égaux. A la fermeture, on est virés par
Cécile et Christophe. La seule différence, c'est qu'ils m'apportent
mon déambulateur.
Je suis arrivé relativement tard, hier
soir, vers 22 heures alors que « mon heure » est plutôt
20h30. Le retard n'était pas préjudiciable à ma cuite vu qu'il y avait un repas de famille, avant. Il y avait donc déjà la foule. C'était vendredi crois-je
avoir déjà dit mais, en plus, il y avait probablement des
bistros fermés poussant les clients vers le 1880 et des jeunes ayant quitté la commune mais passant
les vacances chez leurs parents. J'ai cru reconnaître quelques types
que je n'avais pas vus depuis plusieurs années.
Il y avait aussi une équipe de clients
du Vincennes, le nom du bistro du temps où c'était le père qui
tenait la boutique. Des joueurs et joueuses de l'équipe de hand, de
quelques années de moins que nous, disons 40-45 ans. Peut-être
moins. On dirait que les joueuses ont épousé les joueurs et vice
versa. A l'apéro, ils étaient avec leurs gamins. Après l'apéro,
ils étaient avec leur cuite, faisant la fête comme au bon vieux
temps.
Du coup, je crois bien que je n'avais
jamais vu autant de monde dans ce bistro.
J'étais coincé dans mon coin.
A un moment, j'ai failli pisser sur le
comptoir.
25 décembre 2014
Tablette
Ce matin, j'étais debout relativement tôt. J'ai donc proposé à ma mère d'aller faire les courses (celles qu'on fait un jour férié : une baguette et des pâtisseries, des buches le jour de Noël) ce qui était aussi un prétexte pour prendre la voiture et aller au bistro. Les raisons n'ont aucun intérêt mais c'est bien la première fois depuis des années que je me retrouve dans une pâtisserie à Loudéac un matin...
Il y avait un peu de queue, des gens un peu plus âgés que moi, disons entre 55 et 70 ans. Ils discutaient. Le sujet principal était évidemment les cadeaux de Noël de leurs petits enfants. Ils gueulaient. Ah mais de notre temps, les enfants allaient dehors avec leurs jouets alors que, maintenant, ils restent à la maison pour jouer avec leurs tablettes... Vous vous rendez compte patati patata...
J'ai alors pris part à la conversation et j'ai dit : vous vous rendez compte, je suis obligé de faire les courses moi-même parce que ma mère de 83 ans est restée jouer avec sa tablette du père Noël.
Et paf !
2015, nous avons grandi...
La simple agence perd un de ses deux gros. L'autre reste. Leur carte de vœux est très bien. Hop !
24 décembre 2014
Comment ne pas se faire piéger par l'alcool pendant les réveillons ?
On voir fleurir de plus en plus de
conseils sur le thème : « comment ne pas être saoul à
la fin d'un réveillon ? » C'est complètement con. A quoi
bon se taper un réveillon si on ne peut pas prendre une cuite ?
La vraie question est : comment ne pas se foutre la honte en
étant plein comme une vache pour un réveillon ?
Une mise en garde s'impose néanmoins :
si tu dois prendre le volant, tu ne bois pas, à part un verre de
Champagne (par exemple), au tout début et un autre (encore par
exemple), tout à la fin. Pas plus de deux verres. Sauf si tu es gros
comme moi, tu as le droit à quatre. Tu ne laisses pas remplir ton
verre pendant le repas. La solution idéale est évidemment de ne pas
avoir à conduire (on peut toujours se débrouiller).
Procédons méthodiquement. Parmi les
conseils, on nous dit : reposez-vous avant, mettez-vous au
régime,... C'est une erreur ! Le repos : oui. Le régime :
non. L'idéal : vous prenez une grosse cuite l'avant-veille et
une petite la veille. Vous serez au top le jour J.
Néanmoins, on ne peut pas toujours
picoler. Ou, du moins, on ne peut pas picoler toujours. Alors, vous
picolez un peu, le jour J à midi, du genre 6 ou 7 bières. Pas plus,
il faut dessaouler pour le soir. Pas moins, ça ne fonctionnerait
pas. Il faut éprouver une légère ébriété à midi. J'ai bien
dit : de la bière. C'est pour le volume de liquide. Ensuite,
vous arrêtez complètement de boire jusqu'à l'apéro, sauf des
petites gorgées d'eau si vous avez soif. C'est scientifique. Le
midi, vous mangez relativement beaucoup et vous faites une bonne
sieste.
Le résultat sera tel que, le soir,
vous n'aurez pas envie de boire en début de soirée, vous serez
patraque. Rassurez-vous, au bout du deux ou troisième verre, ça ira
mieux. Je me répète mais tout cela est scientifique : je l'ai
expérimenté pour vous. Ne me remerciez pas.
En fait, ce qui compte n'est pas de ne
pas être plein mais de ne pas avoir honte, je le disais. L'idéal,
pour cela, est que les autres soient plus saouls que vous. Votre
conjoint vous en félicitera de même que les autres conjoints et
vous aurez une chance de partouzer en plus.
En faisant en sorte de ne pas être en
forme en début de soirée, vous allez essuyez les quolibets des
autres et ils feront les fiers, ils vous pousseront à boire mais
vous n'aurez pas soif, vous ne boirez donc que la moitié de vos
verres et, eux, ils boiront les leurs entier, heureux de vous
enterrez. Ils vont donc rapidement avoir une longueur d'avance sur la
cuite. Vous, vous aurez récupéré et vous serez le seul à
maîtriser la situation vu que vous serez le seul à savoir que vous
avez entourloupé vos camarades.
Vous aurez gagné : ce sont eux
qui feront des conneries et auront honte le lendemain. Ils devront
faire profil bas devant leurs conjoints alors que le vôtre sera fier
de vous.
Néanmoins, vous êtes là pour vous
saouler. D'autant que traîner avec une bande poivrot commence à
vous échauffer les oreilles. Il faut donc détecter le moment de la
soirée – vers le fromage ? - où il vous faudra commencer à
accélérer le rythme pour être sûr d'être saoul à votre tour et
de ne pas avoir perdu la soirée.
Un dernier conseil: faites attention !
Il y a parfois des petits malins qui sentent qui ne tiendront pas
toutes la soirée et vont donc humer le piège dans lequel ils sont
en train de tomber. Ils vont donc arrêter de boire ce qui est
absolument lamentable, à la limite de la tricherie, voire de la
haute de la haute trahison. Essayez de les repérer et de ne pas les
perdre du coin de l’œil non pas qu'il faille absolument les faire
sombrer à nouveau dans l'alcool mais il faudrait éviter qu'ils ne
récupèrent plus vite que vous ne vous saouler.
Vous avez tout compris ?
Sinon, je vais donner une autre
solution mais qui ne fonctionne qu'avec des individus avec une légère
prédisposition, notamment une légère surcharge pondérale et tenir
un tantinet la marée. Dans ce cas, on commencera l'apéritif très
fort, du genre six ou sept verre en une heure. Les autres auront pris
le rythme et, normalement, devraient commencer à vomir avant le
dessert.
Il existe une troisième solution : ne pas réveillonner. C'est tout à fait possible. Ce soir, par exemple, on va s'en foutre plein la panse sans appeler ça un réveillon...
Enfin, ne faites pas les marioles. Il y a bien pire que d'être plus saoul que les autres : tomber dans une soirée où on ne picole pas. Genre deux bouteilles de vin chacun, seulement.
23 décembre 2014
Gauche caviar
Afin d'avoir des idées de menus pour les fêtes, je feuilletais les catalogues des magasins locaux. J'ai ainsi vu que Leclerc vendait la boîte de caviar de 10g pour moins de 10€ (9,9). Je me dis donc : tiens ! Et si on se faisait ça. Après tout, ça ne ferait que 5€ chacun. N'ayant jamais gouté ce machin et passant un "réveillon réduit", c'était l'occasion ou jamais. 5g chacun, je me doute qu'il faudra deux ou trois coquilles Saint Jacques, 18 boudins blancs et trois dindes ensuite pour nourrir l'homme...
Nous allons chez Leclerc et faisons nos courses puis cherchons le caviar. Impossible de trouver. On va donc à la poissonnerie. Voilà les trois poissonnières interrompant les commandes en cours et allant dans l'arrière boutique. L'une d'entre elle tenait une boite de caviar (5 centimètres de diamètre, 5 mm d'épaisseur,...). C'était la chef.
Elle la confie à la moins gradée et nous demande si nous avons fini nos courses. Nous acquiesçons. La chefesse demande alors à la débutante de nous escorter jusqu'à la caisse, d'attendre que ça soit à nous de passer, de confier la boite à la caissière jusqu'à ce qu'elle la scanne pour être sûre que nous ne partirions pas sans la payer et, enfin, de vérifier qu'elle nous la remettait bien en mains propres...
Certes, c'est un produit à 1000 euros le kilo et cette honorable maison doit contrer d'affreux trafiquants et voleurs de caviar...
Il n'empêche que cela fait beaucoup de cérémonial pour une boite à 10 euros, compte tenu du chiffre d'affaire de la maison (et de celui que ma mère soit une bonne client du rayon en question).
Même à Fort Knox, ils ne prennent pas autant de précautions.
22 décembre 2014
1880, lundi matin
10h50, devant le bistro :
- la Twingo familiale,
- une mobylette (un 103, en fait),
- un vélo de baroudeur avec plein de bagages et une remorque.
18 décembre 2014
Direct à l'hospice
Je suis en vacances dans un rare état de décrépitude. Ca s'arrose. Je suis donc passé saluer le bistro du coin. Il y a à côté de moi deux cadres qui en sont pas à leur première tournée. L'un vient de dire à l'autre : mes parents sont vachement sympas, ils sont restés jeunes.
C'est con, comme propos. Je tiens à informer le type que mes parents ne sont pas jeunes, surtout la moitié d'entre eux encore vivante ce qui ne les empêchent pas d'être vachement sympas et tout ça. La moitié d'entre eux qui a fêté ses 83 ans le week-end recevra son fils ce week-end, fils qui a invité à passer une soirée à la maison un copain qui s'appelle Monsieur Poireau. Ils vont la laisser après dîner pour se pochetrons au bistro comme des gamins alors qu'ils frisent la cinquantaine. En matière de jeunisme, on pourrait donner des leçons, malgré la cinquantaine qui pointe. Quand la mère en question n'est pas à une conférence, à son machin d'histoire de l'art, elle anime le club de Scrabble. Je ne suis pas en train de lui rendre un hommage mais de préparer la suite de ce billet.
Ce con, pour démontrer à son collègue que ses parents sont jeunes et sympas a dit, je cite : l'autre jour, ils avaient organisé une fête à la maison, ils jouaient avec des pistolets à eau, tu vois ils sont jeunes et sympas.
Maman, si je te surprends un jour à jouer avec des pistolets à eau avec des potes, je te fous immédiatement à l'hospice.
Jeunes et sympas. Pauvre con.
17 décembre 2014
Journée mondiale de l'orgasme
La blogosphère avait loupé ça. C'était hier la journée mondiale de l'orgasme. Vous me direz : "on s'en branle". Oui.
Il n'empêche que l'Ifop qui sait que je suis un blogueur politique influent mais a oublié que je suis aussi un blogueur de connerie m'a envoyé un mail avec un sondage à ce sujet. Je vous le communique donc.
Pour information, en bientôt dix ans de blogage, c'est la première fois qu'un institut de sondage m'envoie le résultat d'un sondage. Même si on n'est jamais trop pressé, je suis dubitatif.
Je vais donc tenter de les aider : jamais je n'ai eu un orgasme parce que mon partenaire pénètre mon vagin, même s'il me caresse le clitoris.
15 décembre 2014
14 décembre 2014
Questions cuisine
Un petit tour chez Tambour Major m'a fait découvrir ce petit
questionnaire culinaire. Onze questions, comme les onzes doigts de la main.
Let's go !
1/ Inaugures-tu une nouvelle recette quand tu as des invités ou
préfères-tu la tester d’abord en solo (ou sur ta famille) ?
Je n’invite jamais personne… Je préfère le
faire au restaurant. Je vais donc parler au passé… Je n’hésitais pas à essayer.
2/ Quand tu es en rade d’un aliment, tu vas chez le voisin pour
être dépanné ou tu changes tes plans ?
J’étais assez bien organisé et j’ai un
supermarché à 50 mètres.
3/ Comment préfères-tu la cuisson des œufs ?
En omelette baveuse… Mais j’aime bien
toutes les préparations.
4/ Si parmi tes invités il y a des enfants, leur prépares-tu
quelque chose de différent que ce que tu mitonnes pour les adultes ?
Je ne sais pas. Je n’invite pas d’enfants…
5/ Par rapport à ton enfance, y a-t-il des aliments que tu t’es mis
à aimer, et au contraire d’autres que tu n’aimes plus ?
Je n’aime plus les ananas alors que j’adorais
ça. Il m’arrive de manger du fromage alors que je refusais d’en manger (sauf du
gruyère).
Je n’aime toujours pas les tomates ce qui
est chiant (il y en a partout). Il y a des trucs que je n’aimais pas, comme les
petits pois, que je n’ai jamais remangé.
.
6/ A choisir : du bio qui a fait le Tour du Monde pour rejoindre
ton marché hebdomadaire ou des produits du terroir que tu vas chercher chez les
producteurs du coin (avec juste un peu de pesticide, mais pas trop) ?
Je m’en fous.
7/ Regardes-tu les émissions culinaires «à la mode» ?
Non
8/ Quand tu vas dans un restaurant typique, tu commandes une
spécialité ou un steak-frites (nan parce que j’en connais qui le font…) ?
Une spécialité.
9/ Es-tu un puriste des recettes régionales (clafoutis forcément à
la cerise, far uniquement aux pruneaux, tarte flambée crème, lardons, oignons
et rien d’autre…) ?
Pas du tout mais je considère certains
trucs comme une hérésie. De la choucroute de poisson, par exemple.
10/ Penses-tu que les knackis Hert* soient réellement conformes aux
véritables knacks alsaciennes ?
On s’en fout. J’adore ça.
11/ Comment vois-tu notre alimentation dans 30 ans ?
La mienne n’a pas trop changé depuis 30
ans alors j’ignore ce qu’elle sera dans le futur.
J’imagine qu’elle va tout d’abord beaucoup
évoluer à cause de l’environnement et des ressources disponibles, notamment le
poisson.
Si elle a changé, en 30 ans, c’est avec le
progrès dans les plats préparés et j’imagine que cela va continuer que l’on
aura beaucoup plus accès à des plats régionaux traditionnels de qualité.
11 décembre 2014
Le remplaçant
Fernand a presque 65 ans. Il part à la retraite à la fin du mois. Il a commencé à travailler le 14 juillet 1964 (mais à l'époque, les gens ne pensaient pas en priorité à cotiser pour la retraite). 50 ans au compteur. Dont une vingtaine au comptoir de cette grande brasserie où je déjeune tous les midis depuis deux ans. 6h30 - 16h. 5 jours par semaine. 46 semaines par an.
Je ne suis pas sur mon blog politique mais je vais faire un aparté. Quand je vois mes confrères défendre des acquis sociaux, je rigole. Disons 50 ans, 9 heures par jour. 5 jours par semaine. 46 semaines. 2300 heures par an. Ils devraient penser à avoir une vision globale de la société, ce qui, à mon sens, est un truc de gauche, comme le partage du travail, des richesses. Ils devraient penser à ne pas défendre que les 10 millions de salariés des grandes entreprises... Et pas les 35 millions d'autres électeurs. Après, ils s'étonnent que la gauche ne soit au pouvoir qu'occasionnellement. Bref...
Son remplaçant est arrivé hier. C'est visiblement un professionnel, c'est-à-dire quelqu'un avec des compétences supérieures à celle des loufiats ordinaires que l'on voit souvent. J'ai du nez pour les détecter, ayant vu défiler tellement de monde ici ou dans d'autres bistros.
Je mange toujours à côté de la même dame. On a vaguement sympathisé mais elle est un peu comme moi : elle ne vient pas au bistro pour discuter avec des inconnus ou se faire des potes.
Ce midi, elle m'a dit : après le départ de Fernand, je ne crois pas que je vais continuer à venir. J'ai argumenté dix secondes et elle a reconnu avoir dit des conneries.
Ainsi, le remplaçant, le petit nouveau doit jouer avec cela : les habitués qui viennent parce que c'est Fernand qui les sert.
Fernand avait pris une semaine de vacances à la Toussaint. Auparavant, il prenait toujours des vacances en même temps que moi, ce qui fait que j'ai rarement été servi par quelqu'un d'autre que lui. Je pourrais néanmoins dire la même chose des autres remplaçants que j'ai connus ailleurs.
Tous tentaient de démontrer qu'ils étaient mieux que le titulaire, ce qui est évidemment une grosse connerie. Le titulaire connaît mieux la maison que lui, nos habitudes,... Et en plus on vient aussi parce qu'on l'apprécie.
Tous tentaient de démontrer qu'on serait aussi bien avec lui, qu'il était sympathique, discret, efficace,...
Pas le remplaçant de Fernand. Il nous montrait, maladroitement, faussement peut-être, qu'il allait tenter de remplacer l'irremplaçable, qu'il en était désolé mais qu'il fallait bien que Fernand vive sa vie et sa retraite. Qu'il était là malgré lui, par respect pour Fernand, pour le laisser nous quitter. Il s'excusait de ses bourdes. Il m'a dit, ce midi : je suis désolé, j'ai oublié ce que vous avez mangé hier. Je lui ai répondu : un sandwich au pâté. Il a dit : ah oui, je vous en remet hein aujourd'hui. J'ai accepté alors que le plat du jour est un coq au vin. J'avais pris le sans-souci hier parce que le plat du jour était une escalope de dinde milanaise avec des tagliatelles. Je conchier les escalopes de dindes milanaises avec des tagliatelles. Le veau est meilleur que la dinde mais ces connards de clients préfèrent la dinde car c'est plus tendre. La sauce milanaise n'a aucun intérêt et la bouffer avec des tagliatelles est un coup à se tacher la chemise. D'ailleurs, je crois bien que je n'aime pas les nouilles autrement que dans un plat fait au toutous d'elles comme les bolognaises. C'est aussi pour ça que j'aime les restaurant italiens. On sert d'abord des pâtes puis la viandes. Il y a des exceptions. Par exemple, des ris de veau peuvent être servis avec des coquillettes. De la soupe avec du vermicelle. Une escalope de dinde n'a pas à etre mangée avec des pâtes. Des pommes sautées ou des haricots verts seraient parfaites. Et pas avec une sauce à base de tomates. Et la crème fraîche et les champignons, vous connaissez ? Je digresse. Du verbe digresser. Revenons à notre remplaçant remplaçant l'irremplaçable. Ou alors, simplement panées avec une goutte de citron, du beurre et des nouilles ordinaires.
J'en étais où ?
Ah oui.
Le remplaçant assumait son rôle. Il assumait son rôle. Il n'était pas là pour nous dire qu'il serait meilleur que Fernand, voire aussi bon. Il n'était pas non plus le contraire en montrant qu'il était là par hasard, que l'on devait faire avec ou aller se faire enculer.
Il nous montrait qu'il ferait tout pour être à la hauteur de nos exigences, espérer qu'on pourrait le supporter comme remplaçant de Fernand pour finir par être notre nouveau Fernand.
Je l'aime déjà.
Je vous disais que j'avais du nez et compris qu'il était un pro. Il n'a pas essayé d'être lui, un personnage,... Comme tous les autres. Mais qu'il est ce qu'on voudrait qu'il soit. Donc ce qu'il est.
Chapeau l'artiste.
08 décembre 2014
Contre la bière !
Comme j’ai la réputation de boire de la bière (je ne sais
pas pourquoi), quand un type me donne un rendez-vous pour boire un coup, il
choisit généralement un bar à bière ou un pub alors que j’ai horreur de ces
lieux et des bières un peu spéciales. Mon truc à moi, c’est le bistro, qu’il
soit tout petit comme l’Aéro ou gigantesque, genre grande brasserie.
Je ne vais pas en faire une théorie sauf si vous insistez. Vous
insistez. Bien.
Tout d’abord, le produit : la bière pression. La
température idéale de la bière est aux alentours de 6 à 8 degrés. Elles sont
souvent servies plus fraiches car elles se réchauffent naturellement dans votre
verre. Or cette fraicheur casse le goût, exactement comme pour le pinard.
Imaginions que vous achetiez du vin et que vous ne l’appréciez pas
spécialement. Vous le mettez au frigo et vous le buvez quand il a atteint 12° avec
un repas ordinaire, une salade, une grillade,… Il passera très bien.
Prenons deux bistros au hasard mais pas trop : la
Comète et l’Aéro. Les deux sont séparés d’une cinquantaine de mètres et servent
les même bières, à savoir de la Kronenbourg ordinaire, de la 1664 et de la
Grimbergen (ou de la Leffe, j’ai un trou de mémoire). Prenez en suite un
consommateur de 1664, qui est par ailleurs une excellente bière. Vous le faites
boire une 1664 à la Comète puis à l’Aéro. Il va trouver une différence entre
les deux. Il ira même jusqu’à dire qu’elle est mauvaise à l’Aéro. Ce n’est pas
du snobisme : il y a bien une différence, tout d’abord de température mais
aussi de goût. Le tirage est moins important à l’Aéro donc le fut de bière dure
plus longtemps et a tendance à s’éventer. Vous vous mettez de mèche avec le
patron de l’Aéro et vous recommencez le lendemain. Une 1664 à la Comète, puis,
vous allez à l’Aéro qui servira une Kronenbourg ordinaire dans un verre à 1664.
Votre client amateur de 1664 la trouvera bonne. Vous faites dire au patron :
« Oui, plusieurs clients m’ont fait des remarques, j’ai changé le fût. »
De fait, il y a une différence entre les bières mais votre client la mettra sur
le compte de la température et finira par dire : « là, elle est
bonne, c’est quand même autre chose ! ».
Vous pouvez tester également avec la Grimbergen (ou la
Leffe) mais le goût est plus prononcé alors faites le boire trois Grim à la
Comète avant de changer de bistro. Il aura oublié le goût initial et acceptera
d’expliquer la différence par la qualité du fût.
Je résume : on aime bien la bière fraîche quand elle
est à la pression (et même en bouteille) et le froid casse le goût et j’ai mis
en évidence deux phénomène. Le premier est que la bière en fût ne se conserve
pas très longtemps. Ainsi, un petit bistro ne pourra pas servir assez de bières
spéciales en peu de temps pour conserver des bonnes bières. Néanmoins, les
usages font que la plupart des bistros proposent au minimum trois pressions :
une bière ordinaire, une spéciale et une bière d’abbaye. C’est parce que les
clients sont demandeurs mais c’est souvent du pur snobisme. Le deuxième est que
le palais est cassé au bout de deux ou trois bières, on ne sait plus relever
les différences si on n’est pas réellement connaisseur en bière.
Il y a probablement des amateurs de bière qui seront choqués
par ces propos qu'ils auront mal compris. Ce n'est pas très grave. Je vais le
refaire à l'envers. La plupart de ceux qui vous expliquent qu'ils aiment les
bonnes bières sont comme ceux qui prétendent connaître le vin et vont finir par
conchier les bons de vins de pays qui sont si agréables à boire avec des amis
sur la terrasse en attendant l'heure d'aller se coucher. Alors ils vont sortir
les bons Bourgogne et les bons Bordeaux (en expliquant, souvent, que les
Bourgogne sont supérieurs aux Bordeaux), faire les gestes qui vont avec, goûter
la première gorgée et savourer centilitre par centilitre. Ils ont raison, c'est
bon. Et le reste de la bouteille va y passer sans qu'il se rende compte... Ce
qui compte, c'est pourtant ce qui va avec le vin : le repas et surtout le bon
moment avec la famille et les amis.
Avec la bière, c'est pire ! On ne goûte pas la bière car
c'est bien la première gorgée, celle qui est si fraîche, qui est si agréable,
qui vous fait apprécier le moment...
Ainsi, je n'aime pas le folklore qui va avec le vin et
déteste celui qui va avec la bière. La bière est ce truc qui se boit en sortant
du métro ou du bureau... De mon réquisitoire, n'allez néanmoins pas en conclure
ce que je n'ai pas dit. J'aime le bon vin et les bonnes bières. Mais je vais
continuer ce réquisitoire.
La plupart des gens qui choisissent tel ou tel type de bière
parce qu'ils la préfèrent à une autre le font avec un certain snobisme et par
habitude. Je connais des lascars qui boivent toujours de la Heineken ou de la
Super Bock en bouteille. C'est un phénomène que je n'arrive pas à expliquer :
si tu aimes la bière de base, tu la bois à la pression. Qu'on puisse ne pas
aimer une bière ou aimer uniquement un type de bière est une chose. Par exemple
je n'aime pas les bières d'Abbaye alors que certains adorent ça. Je comprends.
Qu'on prenne toujours la même m'échappe, à quelques exceptions près. Par
exemple, parmi les blondes légères qu'on trouve habituellement dans les
bistros, la 1664 et la Carlsberg sont largement au-dessus du lot (au détail
près de ce que je disais en début de billet). Certaines sont même exceptionnelles
comme la Pilser Urquell.
"Une bonne bière fraîche en terrasse". Beaucoup
d'andouilles vont aimer siroter une bière en terrasse, au soleil, et prendre
leur temps. Je comprends ! La bière est la meilleure boisson que l'on puisse
boire au bistro en dehors des repas avec le Perrier et le café. C'est bien
agréable de prendre son temps, à glander au soleil. Il empêche qu'une bière
s'éventer et se réchauffe. Alors passer une demi-heure au soleil avec une bière
est grotesque.
Reprenons pour aller
à l’essentiel.
Je parlais de la première gorgée d’une bière, en sortant du
bureau ou du métro. Vous connaissez certainement le livre « la première gorgée
de bière et autres plaisirs minuscules » de Philippe Delerm. Il était
resté en tête des ventes pendant des semaines et des semaines. Ce livre avait
cartonné. Il décrit différents petits plaisirs de la vie.
Je vais recopier la partie essentielle, l’auteur et l’éditeur
ne m’en tiendront pas rigueur : elles sont sur le web : « C'est la seule qui compte. Les
autres, de plus en plus longues, de plus en plus anodines, ne donnent qu'un
empâtement tiédasse, une abondance gâcheuse. La dernière, peut-être, retrouve
avec la désillusion de finir un semblant de pouvoir... Mais la première gorgée!
Gorgée ? Ça commence bien avant la gorge. Sur les lèvres déjà cet or mousseux,
fraîcheur amplifiée par l'écume, puis lentement sur le palais bonheur tamisé
d'amertume. Comme elle semble longue, la première gorgée! On la boit tout de suite,
avec une avidité faussement instinctive. En fait, tout est écrit, la quantité,
ce ni trop ni trop peu qui fait l'amorce idéale ; le bien-être immédiat ponctué
par un soupir, un claquement de langue, ou un silence qui les vaut; la
sensation trompeuse d'un plaisir qui s'ouvre à l'infini... En même temps, on
sait déjà. Tout le meilleur est pris. On repose son verre, et on l'éloigne même
un peu sur le petit carré buvardeux. On savoure la couleur, faux miel, soleil
froid. Par tout un rituel de sagesse et d'attente, on voudrait maîtriser le
miracle qui vient à la fois de se produire et de s'échapper. On lit avec
satisfaction sur la paroi du verre le nom précis de la bière que l'on avait
commandée. Mais contenant et contenu peuvent s'interroger, se répondre en
abîme, rien ne se multipliera plus. On aimerait garder le secret de l'or pur,
et l'enfermer dans des formules. Mais devant sa petite table blanche
éclaboussée de soleil, l'alchimiste déçu ne sauve que les apparences, et boit
de plus en plus de bière avec de moins en moins de joie. C'est un bonheur amer
: on boit pour oublier la première gorgée. »
Qu’on aime ou qu’on n’aime pas le texte, Delerm a raison. La
première gorgée est essentielle et on « y » savoure le simple fait de
boire une bière. Depuis quelques temps, je finis le boulot assez tard. La
première chose que je fais est d’aller au bistro ce qui, en 27 ans de métier, ne
m’étais jamais arrivé quand je finissais à une heure raisonnable. Et j’y
retrouve ce bonheur qui ne nécessite que deux choses : de la bière qui ne
soit pas mauvaise (ben oui, je parle des bières ordinaires mais j’en connais
qui sont réellement à chier) et qui soit légère…
Cela étant, pourquoi payer 4€50 un verre alors que le
plaisir est le même avec 2€20 ?
Pourquoi aller dans un bar spécialisé en bière alors que la
moindre brasserie peut donner ce plaisir (à part pour l’ambiance, fort appréciable,
qui peut y régner) d’autant que dès la deuxième gorgée, le plaisir s’estompera… ?
06 décembre 2014
03 décembre 2014
Le bobo à smartphone
L’autre jour, une jeune femme propre sur elle entre dans la
Comète presque affolée et m’explique qu’elle devait se rendre à l’hôpital de
Bicêtre mais qu’elle n’arrivait pas à s’orienter avec son smartphone, elle ne
trouvait pas l’hôpital. Je lui ai dit : « Madame, regardez là-bas, vous avez un panneau
indicateur qui montre la direction de l’hôpital. Par ailleurs, vous avez juste
en dessous un plan de la commune. » « Ah, oui mais mon smartphone, pourquoi il ne le trouve
pas ? » « Je ne sais pas, madame. »
J’aurais pu lui répondre ce que je pensais réellement : « hé ho, connasse, je veux bien
donner des renseignements aux gens égarés mais je ne suis pas là pour t’aider à
trouver dans ton bordel un des plus gros hôpitaux de la région parisienne. Par
contre, je peux te montrer l’hôpital Paul Guiraud, notre HP… »
Mais, j’ai bon fond.
Je me rappelle de mon prof de philo, en 1984, qui nous avait parlé
des bobos, ces bourgeois-bohêmes… Internet présente les bobos comme une notion
relativement nouvelle théorisée en 2000. Je ne trouve pas ce que je cherche, l’origine
de l’expression. Aujourd’hui, on voit le bobo comme quelqu’un de plutôt riche,
de gauche, écolo et vivant en ville, s’imaginant proche du peuple mais faisant
tout pour s’en éloigner, opposé au bourgeois traditionnel et au gauchiste pur,
donneur de leçon,… Le bobo se croit cultivé, voyage beaucoup,… Le bobo aime
bien la chanson française mais seulement si le chanteur est mort. La définition
évolue. Dans 10 ans, on parlera des bobos qui habitent en petite couronne et je
l’aurai dans l’os.
Si le bobo va boire du Beaujolais nouveau, c’est parce que c’est une
boisson populaire mais il n’a même pas remarqué que le peuple ne boit plus de
Beaujolais. Avec la dernière évolution en date, le bobo ira boire son
Beaujolais nouveau dans le bistro conseillé par une application de son iPhone,
bistro qui fournira le wifi gratuit au client.
Pour ma part, je fréquente essentiellement des bars avec la
wifi mais c’est le hasard et, si j’ai perpétuellement l’iPhone à la main, je ne
pourrais pas être qualifié de bobo à smartphone. J’utilise mon smartphone pour
ce qu’il permet de faire et ce dont j’ai besoin mais il est absolument hors de
question que le moindre choix, dans ma vie, me soit dicté par une application
quelconque.
Imaginons par exemple que je doive aller au CHU du
Kremlin-Bicêtre et que je ne connaisse pas le quartier. Mon premier réflexe
serait d’aller sur le site web de la RATP pour connaître la station de métro la
plus proche et l'itinéraire. Tant qu’à faire, j’aurais imprimé le plan ou, plutôt, voyant que c’est
en ligne droite, noté dans ma tête la rue que j’aurai à prendre. Le bobo à
smartphone, lui, aura l’application RATP dans son appareil et l’application Google
Maps et combinera les deux sans savoir, d’ailleurs, qu’il serait intéressant de
consulter un plan pour voir si l’hôpital est proche du métro.
Le bobo à smartphone utilisera son machin pour noter des
établissements, donner son avis,… Il consultera avec passion les avis des
autres utilisateurs et, miracle, en découvrant une nouvelle boutique, aura le
plaisir d’y trouver des gens de son monde des bobos, des vrais, mais à
smartphone.
Le bobo à smartphone doit périodiquement acheter des
chaussures. Il aura ses marques préférées et utilisera donc l’application de la
marque pour trouver le commerce le plus près grâce aux fonctions de
géolocalisation.
Le bobo est aisé. Il a donc un smartphone. Les vendeurs de
chaussures prout-prout sont obligés de développer des applications pour
smartphone avec géolocalisation pour pouvoir faire du chiffre d’affaire.
Ainsi, le bobo à smartphone préparera son voyage grâce à son
smartphone sans même penser à aller sur www.voyages-sncf.fr
ce que fait n’importe quelle personne à peu près normalement constituée si elle
pense que le train est le meilleur moyen de transport…
Le bobo à smartphone sera un malin plaisir de montrer ses
dernières applications à ses potes, comme nous autres, pauvres geeks, le
faisions quand on a commencé à avoir ces machins dans nos poches, ce qu’on a
arrêté quand on s’est rendus compte que tout le monde avait un smartphone, du
moins tout le monde potentiellement intéressé par les applications qu’on
pouvait présenter…
Le bobo à smartphone est ainsi encore plus ringard que le bobo
normal… qui n’existe plus puisque tous les bobos ont nécessairement un
smartphone sauf ceux qui boudent le mobile par snobisme, ce qui est grotesque,
soit conserve son vieux appareil ringard pour montrer qu’il est au-dessus de
ça. Le bobo à smartphone est plus ringard que le bobo sans smartphone pourtant
bien plus tordu.
Il y a quatre ou cinq ans, quand un passant cherchait une
indication pour se diriger, je sortais mon iPhone pour frimer. Maintenant, je
lui indique les panneaux…
Le bobo à smartphone est anticonformiste et opposé à la
société de consommation. Il fait ses courses au marché bio et s’il pouvait y
acheter des smartphones, il le ferait. Il faudrait créer un stand « téléphonie
durable », sur le marché…
Le bobo à smartphone est si anticonformiste et opposé à la
société de consommation qu’il a acheté son iPhone 6 dans un Apple Store le jour
de la sortie.
Néanmoins, on aura plusieurs catégorie de bobos à smartphone qui se livrent une guerre sans pitié : les bobos à iPhone et les bobos à Androïd mais ne doutons pas qu'ils seront prochainement rejoints par les bobos à smartphone Microsoft et les bobos à smartphone Firefox.
Quant aux bobos à smartphone Blackberry, d'éminents sociologues travaillent actuellement à leur classification.
02 décembre 2014
01 décembre 2014
Au final, la lutte finale
Grâce aux bons offices de pépé Goux pourquoi l'expression "au final" m'exaspère autant qu'un verre vide.
Final est un adjectif. Pas un nom commun. Dire "au final" n'a pas de sens.
Le seul nom commun est "finale". Au masculin. "Le finale de l'opéra" de machin. Un terme musical.
Le nom féminin utilisé en sport n'est que la contraction de "l'épreuve finale".
"Au final" ne doit pas être utilisé, finalement.
10 conseils pour le 2048 (et plus si affinités)
Vendredi, je mettais à profit mon voyage en train pour
chercher des théories sur le jeu 2048 et vous sortais mes conclusions quant à
une stratégie à adopter. Hier, j’ai profité du voyage de retour pour passer de
la théorie à pratique et je ne suis pas mécontent de moi vu que j’ai frôlé le
4096 comme le montre l’illustration.
A noter que je ne suis pas spécialement fier. L’application
fournit un classement : il y a 4 106 072 types à avoir fait un
score meilleur que le mien. En outre, vendredi, j’ai donné deux mauvais
conseils.
Le premier : j’ai dit que quand on avait perdu un coin,
on avait peu de chance de le récupérer et qu’il valait mieux abandonner. C’est
évidemment faux quand on commence une partie mais même après. D’ailleurs, pour
le 2048 que j’ai fait hier, j’avais perdu un coin occupé par un 1024. Ce qu’il
faut, c’est de ne pas se focaliser sur la possibilité de remettre ce bon
chiffre dans un coin mais « recommencer à zéro » en faisant à nouveau
un entassement des gros chiffres dans un coin. Celui que tu as perdu finira par
s’y coller, c’est ainsi que j’ai mis mon 1024 à côté d’un 1024 dans le coin en
bas à gauche.
Le deuxième : j’ai donné des conseils mais il ne s’agit
que de tendances… Par exemple, j’ai dit qu’il fallait faire des suites, du
genre « 128 – 64 – 32 – 16 » mais on s’en fout un peu vu que ce n’est
pas toujours possible. Ce qu’il faut, c’est, systématiquement (à partir d’un
certain stade du jeu, au début on peut faire n’importe quoi), c’est analyser
tous les déplacements possibles et choisir le meilleur.
2048 n’est pas un jeu de réflexion ou de stratégie mais de
patience et de hasard. On y joue pour passer le temps mais il faut du temps
pour faire un bon score. Un trajet de métro, par exemple, ne suffira d’exceptionnellement
à faire un 2048. Par contre, cette analyse doit se faire en un coup d’œil :
c’est donc pour cela que les gens entrainés et rigoureux arrivent à battre des
records (l’autre jour, j’étais à côté d’un lascar, dans le métro, justement, il
jouait à une vitesse délirante et son meilleur score était de l’ordre de 60 000,
contre 35 000 pour moi…).
Récapitulons les conseils.
Petit 1 : c’est un jeu de patience. Si tu comptes
mettre à profit un trajet de métro de vingt minutes, tu n’auras pas fini ta
partie ou tu auras fait n’importe quoi pour la boucler. Apprends donc à fermer
calmement les parties pour les finir plus tard, sans avoir à te rappeler ce
quel combinaison tu étais en train de faire.
Petit 2 : tu choisis un angle dans lequel tu vas
entasser les gros. Dans mon exemple, j’ai choisi en bas à gauche. Essaie de changer
de coin périodiquement (ce que je n’arrive pas à faire) car, par moment, tu
devras changer de logique.
Reviens à la première illustration. J’ai bien mon 2048 en
bas à gauche, un 1024 à côté puis un 512 et un 256. Il me fallait, ensuite
faire un 256 au-dessus de ce dernier, j’aurais alors pu faire un 512, à côté d’un
512, puis un 1024 à côté d’un 1024, puis un 2048 à côté d’un 2048 et hop !
un 4096… Le graal ! Je reviendrai sur les causes de mon échec mais une d’entre
elle est qu’il fallait que je remplisse un coin en bas à droite alors que je ne
suis habitué qu’aux coins en bas à gauche (du moins, je n’ai les réflexes que
pour cela).
Petit 3 : choisis une ligne et une colonne dans le
prolongement du coin en question. Dans mes deux exemples, j’ai choisi la ligne
du bas. Je vais faire une majorité des déplacements vers le bas, puis une
majorité vers la gauche, quelques un vers la droite quand je ne peux
franchement pas faire autant et tenter de ne jamais en faire vers le haut.
Petit 4 : non seulement, tu vas tenter d’entasser les
gros chiffres en bas, plutôt vers la gauche (ou du moins dans l’angle que tu
auras choisi), mais en plus, tu tenteras d’avoir toujours les quatre cases sur
cette ligne du bas (celle que tu auras choisie, en fait) pour éviter qu’un
déplacement forcé vers la droite fasse que tu perdes le coin. Remplir cette
ligne ou cette colonne deviendra un des objectifs prioritaires dans le respect
du petit 5.
Petit 5 : sur une ligne ou une colonne donnée, en
fonction du point que tu auras choisis, essaie de n’avoir que des nombres
allant croissant vers ce point (vers le bas ou vers la droite) : regarde
la deuxième illustration, c’est ce que j’ai fait.
Petit 6 : si dans ces lignes croissantes (ou
décroissantes), essaie d’avoir des nombres qui se suivent (voire le 2048 – 1024
– 512 – 256 de la dernière ligne de la
première illustration).
Petit 7 : essaie de faire le ménage souvent pour avoir
le plus de cases vides (le petit 6 t’y aidera beaucoup).
Tiens ! Un cas concret : mon deuxième exemple. Je
fais un balayage vers la droite, un vers le bas et un vers la gauche. Les deux 256 et les deux 64 seront superposés
à l’issue du premier. Ils fusionneront donc à l’issue du second et les deux 512
fusionneront à l’issue du troisième. J’aurais donc une ligne du bas commençant
par « 1024 – 128 – 32 ». La quatrième case sera soit vide, soit avec
un 2 ou 4 selon le chiffre et l’emplacement du chiffre qui va entrer lors du
troisième balayage. A l’issue de ces trois passes, j’aurai l’assurance que le
reste ne sera pas trop en bordel et que je pourrais faire le tri rapidement pour
respecter scrupuleusement la croissance (ou décroissance) de chaque ligne et la
complétude de la ligne du bas en quelques « clics ».
A l’issue de ces trois passages, j’aurais libéré des cases
et respecté le principe du coin et de la ligne prioritaire qui sera en plus dans
le bon ordre…
Petit 8 : concentre-toi sur ces objectifs et oublie les
autres, notamment ceux qui visent à faire des belles paires pour faire des gros
chiffres.
Dans mon cas concert, j’aurais fait un 1024, c’est bien,
mais ce n’est pas l’objectif, nous visons le 2048 ou le 4096 (ou plus, mais je
donnerai la stratégie pour le 8192 quand je serai capable de l’avoir en ligne
de mire, ce n’est pas demain la veille).
Alors, je vais analyser l’explication de mon échec à ce 4096
qui me tendait les bras pour faire une jolie illustration de billet de blog
pour aboutir au conseil 9. Je vois trois raisons (et le non respect du premier
conseil, mon train arrivait et j’aurais du attendre de terminer ma partie
calmement pour en sortir ou la
sauvegarder pour plus tard).
La première : la faute à « pas de chance. N’oublions
pas que 2048 est aussi un jeu de hasard.
Le deuxième : j’en ai déjà parlé dans ce billet. C’est
que m’étant fixé pour objectif de remplir le coin en bas à droite à la place du
coin en haut à gauche et je manque d’entrainement (ou de concentration pour
changer d’objectif).
La troisième : le relâchement. Le but du jeu étant
quasiment atteint, je ne pensais plus pouvoir échouer et j’ai fait n’importe
quoi.
Petit 9 : ne pas relâcher la concentration.
Petit 10 : ne pas confondre le 2048 comme jeu de passe-temps
ou d’occupation machinale et le 2048 comme jeu concours où il s’agit de faire
des scores élevés.
ON NE RIGOLE PAS AVEC LE 2048, bordel.
29 novembre 2014
Brèves de comptoir
Un copain en début de soirée (21 h ?) : je ne suis pas un alcoolique, il m'arrive de ne boire qu'un verre de vin en mangeant.
Une gamine (18 ans ?), à l'instant : il faut encore que j'aille faire les courses de ma mère alors que je veux plus. C'est toujours pareil. Un cubi de 10 litres de rouge. J'ai honte.
28 novembre 2014
La stratégie 2048
Je vous l'ai dit, je joue beaucoup au 2048, ce jeu qui a moins d'un an et qui a eu un très grand succès. Il est très particulièrement addictif mais ce n'est pas très grave. Je ne joue plus qu'à ce jeu. Le seul problème est que les parties peuvent être assez longues...
Tiens ! Calculons la durée d'une partie. Pour fait un 4, il faut deux 2. Pour faire un 8, il faut deux 4. Donc trois coup. Pour faire un 16, il faut deux huit. Donc 7 coups. Pour faire un 32, il faut deux 16, donc 15 coups. Pour faire 64, il faut deux 32, donc 31 coups,... Tu as vu la suite ? Pour faire 2048, il faut deux 1024 donc 1023 coups au minimum (mon résultat est pas exact, pour plusieursraisons : il arrive que des 4 sortent à la place des deux, on ne fait pas une combinaison à chaque coup et on n'a jamais les combinaisons idéales vu qu'il n'y a que 16 cases. Des gens ont fait le calcul, j'ai trouvé le nombre théorique minimum sur internet).
Des braves ont gens ont calculé qu'il faut plus de 6 heures pour faire un 2048 avec de la méthode, c'est-à-dire en étant à peu près sûr de réussir. Ça vous surprend ? Normal vous êtes comme moi, quand vous faites un 2048, vous le faites en une demi heure par hasard en appliquant la stratégie du coin. Et comme vous étiez à fond dedans, ça vous a paru durer 10 minutes.
Vous êtes comme moi. Mais je le suis plus que vous. Et paf ! Bon pour les modernoeuds. Je me comprends. Je suis informaticien (donc fasciné par ce qu'on peut faire avec des puissances de 2) et statisticien (donc...).
J'étais en train de jouer à 2048 dans mon TGV qui me tgvise jusqu'en Bretagne. J'ai fait un 2048 et j'ai battu mon record en points sur iPad (mais j'ai fait mieux sur iPhone, de l'ordre de 33000 (les points ne servent à rien). Mais j'ai eu une pensée bizarre, j'étais même presque frustré de ne pas en faire plus souvent. Alors je me suis demandé si ma stratégie est la bonne.
J'applique celle du coin. Il s'agit d'entasser les gros chiffres dans un coin et de n'avoir que des séries croissantes (ou décroissantes selon le coin choisi).
Ainsi, j'ai eu l'idée de chercher "stratégie 4096" dans Google (je n'ai pas fait exprès, je me suis trompé de puissance de 2 !). La stratégie du coin est la bonne. On y arrive tous par instinct. Une dame dans un bistro que son mari lui avait dit qu'il fallait regrouper les gros sur un bord. Elle avait tort mais elle mériterait un billet de blog entier.
La stratégie du coin est la bonne mais n'est pas suffisante. Notons que, sauf lors des premiers coups, si le gros se barre du coin, vous auriez tout intérêt à abandonner immédiatement. Impossible n'est pas Français mais la probabilité que vous le fassiez rentrer dans ses pénates est dérisoire.
Arrêtons de stigmatiser les gros.
Il y a trois règles à respecter dont celle de la stratégie du coin.
Petit 1 : il faut tenter de faire des suites. Par exemple, avoir 64 - 32 - 16 - 8 sur une ligne ou une colonne est préférable à 512 - 64 - 16 - 2.
Petit 2 : il faut faire le ménage en permanence pour laisser un maximum de case vide.
Et on fait tous les mêmes erreurs : on se précipite pour faire des 256, 512 ou 1024 et on se fout du ménage car on sait que la grille peut se vider ou presque en trois coups.
En fait, à chaque coup, il faut réfléchir à ce qu'on doit faire. Faire une suite est préférable que de faire un 1024. C'est con hein mais il fallait y penser. Tans pis si les boches nous piquent nos deux 512 voisins. L'objectif n'est pas 1024 mais 2048.
Alors, j'ai essayé. A chaque coup, j'analyse les trois déplacements possibles (un sens est impossible, on perdrait notre coin... Sauf que, des fois, on n'a pas le choix). C'est trop chiant. A raison d'une seconde par analyse de chaque déplacement, plus deux secondes pour faire le choix et le mouvement : 5 secondes par coup. Plus de 6 heures pour une partie.
Mais il y a des gens qui le font.
27 novembre 2014
26 novembre 2014
La genèse de la grande cuisine
Hier soir, rentrant à la maison à une heure un tantinet tardive vu que Jean-Claude étant malade, j'ai préféré servir de chaperon à la patronne qui faisait la fermeture toute seule, j'avais faim. J'ai donc regardé le contenu de mon réfrigérateur pour un état les lieux. J'avais bien un certain nombre de conserves (que je range au frigo vu qu'il est trop grand pour mes besoins de célibataires) et des produits frais (j'entends par là qu'ils ne se conservent pas indéfiniment ; les surgelés se trouvant dans la catégorie "produits frais") qu'il me fallait terminer dans la semaine vu que je vais en Bretagne ce week-end.
Il me restait, outre des pommes de terre (mon côté Breton), des saucisses de Frankfort, des andouillettes et du rôti de porc cuit. Sans compter du surimi. Le surimi me gonfle mais j'ai horreur de manger du poisson quand il n'est pas préparé par ma mère. Du coup, j'achète du surimi pour me donner bonne conscience.
J'ai donc décidé de manger des saucisse de Frankfort avec des patates. Je colle donc mes Frankfort dans de l'eau pour les réchauffer et je me prépare à mettre trois pommes de terre au microonde. C'est alors que je dis mon calcul. Le surimi se conserve bien moins que nos produits parmentieresque, j'ai donc décidé de remplacer les patates par du surimi pour aller avec mes Frankfort.
J'ai donc mangé mon premier bâton de surimi avec de la mayonnaise en attendant que les saucisses se réchauffent. J'ai trouvé ça bien fade. J'ai donc décidé d'ajouter de l'échalote et du poivre.
C'est alors que j'ai eu l'idée de génie. J'ai haché l'échalote et le surimi et ai foutu le tout dans la casserole où chauffaient les saucisses. Et du poivre. Beaucoup de poivre (j'aime ça). J'ai attendu que ça arrive à ébullition. J'ai goûté. Les Frankfort chaude avec de la mayonnaise froide, ce n'est pas bon. J'ai donc placé ma casserole sous l'eau froide et le contenu dans une passoire. échalotes, Frankfort et surimi. Hop.
Le tout arrivant à une température comestible (contrairement au thermomètre qui n'est pas comestible mais anal), j'ai servi le tout dans une assiette et j'ai ajouté de la mayonnaise (en boîte). J'ai mélangé le tout.
C'était très bon et je vous le conseille. Sans les échalotes si vous comptez baiser ensuite mais c'est moins bon.
Ce qui est la preuve qu'il ne faut pas être obsédé par le cul mais c'est dommage.
Il me restait, outre des pommes de terre (mon côté Breton), des saucisses de Frankfort, des andouillettes et du rôti de porc cuit. Sans compter du surimi. Le surimi me gonfle mais j'ai horreur de manger du poisson quand il n'est pas préparé par ma mère. Du coup, j'achète du surimi pour me donner bonne conscience.
J'ai donc décidé de manger des saucisse de Frankfort avec des patates. Je colle donc mes Frankfort dans de l'eau pour les réchauffer et je me prépare à mettre trois pommes de terre au microonde. C'est alors que je dis mon calcul. Le surimi se conserve bien moins que nos produits parmentieresque, j'ai donc décidé de remplacer les patates par du surimi pour aller avec mes Frankfort.
J'ai donc mangé mon premier bâton de surimi avec de la mayonnaise en attendant que les saucisses se réchauffent. J'ai trouvé ça bien fade. J'ai donc décidé d'ajouter de l'échalote et du poivre.
C'est alors que j'ai eu l'idée de génie. J'ai haché l'échalote et le surimi et ai foutu le tout dans la casserole où chauffaient les saucisses. Et du poivre. Beaucoup de poivre (j'aime ça). J'ai attendu que ça arrive à ébullition. J'ai goûté. Les Frankfort chaude avec de la mayonnaise froide, ce n'est pas bon. J'ai donc placé ma casserole sous l'eau froide et le contenu dans une passoire. échalotes, Frankfort et surimi. Hop.
Le tout arrivant à une température comestible (contrairement au thermomètre qui n'est pas comestible mais anal), j'ai servi le tout dans une assiette et j'ai ajouté de la mayonnaise (en boîte). J'ai mélangé le tout.
C'était très bon et je vous le conseille. Sans les échalotes si vous comptez baiser ensuite mais c'est moins bon.
Ce qui est la preuve qu'il ne faut pas être obsédé par le cul mais c'est dommage.
Le sèche-mains des toilettes du bureau
Il est temps d’aborder un des vrais sujets, de ceux qui sont
particulièrement importants et qui ne sont jamais traités dans les blogs. J’ai
nommé : les toilettes du bureau et les règles de savoir-vivre qui s’y
pratiquent, notamment un détail pratique.
Pourquoi ce sujet aujourd’hui ? Parce que je suis en retard et que Sciences
et Avenir dévoilait récemment que les essuie-mains à air pulsé propulsaient
un tas de bactéries et de cochonneries non propice à un maintien en bonne
santé. Vous me direz que cela n’a rien à voir puisque ces machins équipent
généralement les stations-service mais pas les bureaux. Je retiens l’objection
mais n’oublions pas qu’il y a des progressistes qui vont finir par rendre
obligatoire ce genre de dispositif.
Figurez-vous qu’un de mes collègues est grand et un peu
timide. Avant l’arrivée d’un autre type, il ne parlait quasiment jamais à
personne. Ca fait deux fois que je le croise alors qu’il sortait des toilettes.
J’ai horreur de ça. On ne peut pas savoir si ses mains sont propres ou pas. Si
elles sont humides, c’est désagréable mais on ne peut pas être sûr qu’il s’agisse
d’eau et qu’il s’est réellement lavé les mains.
De même, j’ai horreur de serrer la main à quelqu’un quand je
sors des toilettes du bureau. On ne sait pas si l’autre ne va pas se dire :
ah mais quel gros porc !
Quand le type sort des toilettes et vous tend la main, vous
ne pouvez pas refuser de la serrer. La tentation est forte d’aller à son tour
aux toilettes pour un lavage de main (au singulier, ce n’est pas la peine de
vous laver les deux dans ce cas précis). Quand c’est vous qui sortez des
toilettes et que quelqu’un veut vous serrer la main, ce qui est une pratique
usuelle, il est délicat de refuser sauf si vous avez les mains mouillées auquel
cas vous pouvez répondre : ah désolé, j’ai les mains mouillées, je te fais
pas la bise mais le cœur y est. Car il faut, en plus, faire preuve d’un humour
fin et délicat.
C’est ainsi que je ne m’essuie jamais les mains après les
avoir lavées, au bureau.
En poussant le bouchon un peu plus loin, je me demande si je
ne me passe pas les mains sous l’eau uniquement pour pouvoir refuser de serrer
des mains.
Toujours est-il que tous les dispositifs pour se laver les
mains pourraient être supprimés sauf, peut-être les machins qui distribuent du
papier car c’est bien pratique quand on n’a plus de mouchoir.
Ce que je dis pour les bureaux est également variable pour
les bistros mais avec d’autres proportions.
24 novembre 2014
Les solitaires
Laurent, c'est notre SDF, celui des marches entre Leclerc et
La Comète. Avant l'hiver sa dernier, ils étaient deux : Johnny et lui. Johnny a
disparu. J'avais eu des nouvelles par les services sociaux de la mairie.
Laurent est seul maintenant. J'en parle parfois dans ce blog. Je me rappelle
avoir écrit qu'il était toujours poli et qu'il me saluait d'un tonitruant
"Salut Nico" avec un sourire et cette intonation qu'on a quand on est
content de voir quelqu'un.
Ce matin, il n'était pas là. C'est très rare. Vous dire que
j'ai remarqué son absence serait mentir pour faire pleurer dans les chaumières.
C'est en disant "bonjour" à Christian, à la Comète, que je me suis
rendu compte qu'il me manquait quelque chose. En prenant le métro, j'ai vu
Laurent arriver. Il avait deux grosses valises. "Salut Nico !" Moi : "salut Laurent ! T'es en retard au
travail ?" Lui : "hu hu".
Nos échanges dépassent rarement ces quelques mots. Et
encore, ça ne fait pas un an que je connais son prénom.
Si je sais qu'il passe ces journées là, c'est que je le vois
aussi le samedi soir. Et s'il passe ces journées sur ces marches (ou souvent
debout devant, voire allongé au pied quand il est saoul), je suppose que c'est
parce qu'il y est bien. Deux ou toujours par semaine, il y a une vendeuse de
fleurs, à la sauvette, qui s'installe là. Ils papotent un peu. Parfois, un
autre type, un petit gros avec les cheveux très court, vient discuter avec lui.
Je ne crois pas qu'il soit sdf. Il fait plutôt penser à l'idiot du village.
Ce matin, quand je l'ai vu, j'ai mis une seconde à le
reconnaître, vu qu'il n'était pas dans son coin habituel. J'ai eu une pensée
bizarre, comme si tous les solitaires que je connais dans la commune me sont
passés dans la tête.
Ce ne sont pas des sdf. J'en connais avec assez de moyens
pour manger tous les jours à la Comète ou à l'Amandine. Une façon de ne pas
manger seul ? Une habitude ? La flemme de se faire à manger ? Je ne leur jette
pas la pierre, je mange souvent au bistro mais, auparavant, je suis avec mes
potes.
C'est presque à ça que je les sépare du reste de la
population dans mon crâne : ils semblent ne pas avoir de pote ou de vie
sociale, même au bistro. C'est presque effrayant. On les connaît assez pour
savoir qu'ils n'ont pas de famille et, quand ils sortent, ils ne font rien pour
avoir des potes comme s'ils savaient qu'ils allaient échouer. Certains disent
bonjour, d’autres répondent poliment, voire font un geste pour montrer qu’ils
vous aiment bien… Puis ils s’isolent, en salle, en terrasse ou au comptoir.
Parfois, on les englobe dans nos discussions mais ça se
termine souvent mal. Soit on les fait chier et ils le font comprendre, soit ils
deviennent exubérant, comme s’ils étaient le centre du monde et on comprend
alors que tous leurs autres copains ont fui. Alors le ton monte et ils
retournent dans leur coin.
Je parle souvent de mes potes, les petits vieux de Bicêtre,
qui sont aussi solitaires ou, plus exactement, seuls, mais s’ils viennent au
bistro, c’est pour avoir une vie sociale. Je parle aussi de ceux que je connais
bien mais qui sont toujours au bistro, comme « la vieille » qui boit
son café à l’Amandine tous les midis puis descend en prendre un à la Comète.
Elle n’a rien à dire mais elle aime bien son train-train. Je parle parfois de
Geneviève qui est repoussée par tous, tellement elle chiante. Elle a été viré
de quelques bistros parce qu’elle n’arrêtait pas de parler aux clients. Il y a
le vieux Roger, pilier du comptoir de l’Amandine de 10h à 12h30/13h. Il n’est
pas chiant. Les copains l’ont pris dans le groupe, on ne peut pas l’éviter. Il
radote. Surtout, après quelques verres, il devient raciste. On s’est encore
engueulés, hier midi, quand il y a atteint le sommet du grotesque ou de l’ignominie :
« tu te rends compte, les étrangers ne peuvent pas éduquer leurs enfants,
ils ne parlent pas français ».
Mais c’est aux autres que je pensais, ce matin, en voyant
Laurent, ceux qui vont au bistro mais n’y recherchent aucune compagnie. Ils
font ce qu’ils veulent. Moi-même, il m’arrive d’aller au PMU pour être sûr de
ne trouver aucun des casse-couilles de la bande… mais pas au quotidien pendant plus
d’une demi-heure.
Je ne connais rien de la vie de Laurent. Je suppose qu’il n’est
pas réellement SDF et qu’il vit dans un foyer dans lequel il rentre
relativement de bonne heure, le soir.
Je suppose qu’il a des potes.
Je suppose.
22 novembre 2014
21 novembre 2014
Léonard Cohen
Il faut avouer que ce type est un des chanteurs les plus chiants mais avec les plus belles chansons. A la Comète, "alléluia" est passé dans le poste le vieux Joël m'a avoué qu'il connaissait peu voir pas. Pourtant, cette andouille a bossé dans le milieu de la musique (cherchez Joel Jovignot dans YouTube). On a parlé de Léo. Et j'ai avoué que je le connaissais surtout grâce à un album sorti avec des reprises de ses différentes chansons par différents chanteurs.
Je suis un fan de Léonard Cohen chanté par les autres. Et, évidemment, j'adore ses tubes, dont celui qui je citais mais aussi Suzanne. Comme beaucoup. Et les autres chansons chantées par d'autres.
Toujours est-il que parmi ces chansons reprises dans dans cet album, il y en a une qui était chantée par un francophone dans une version traduite en français.
Pendant une heure, avec le vieux Joel à coté, je me suis demandé de qui il s'agissait d'où ce billet pour vous demander, cher public, de qui il s'agit. Bizarrement ou pas (ça arrive souvent) je m'en suis rappelé en rédigeant le précédent paragraphe, le vieux Joël est parti.
https://m.youtube.com/watch?v=n4iUYn8FK-s
Ne cliquez pas ou attendez un peu. Je vais envoyer le lien au vieux Joël.
Je pose deux questions :
1. Je ne me rappelais pas le nom du chanteur, les paroles de la chanson,...mais je me rappelais de lui comme étant un abruti. C'est normal ?
2. Suis-le seul à aimer Leonard Cohen grâce aux chansons reprises par d'autres ?
Alleluia.
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