C’est une réflexion que je fais souvent dans le blog
politique ou l’annexe : il n’y a plus la même ambiance dans les blogs qu’auparavant,
notamment dans les blogs personnels et « fourre-tout » comme
celui-ci. D’ailleurs, beaucoup ont disparu ou sont presque inactifs. Néanmoins,
je fais cette réflexion souvent à propos des blogs politiques ou marqués
politiquement.
Je tente parfois de donner des explications. Les trois principales
sont peut-être :
- le
déport des commentaires vers Twitter,
- l’accélération
de l’information en continu, avec un désintérêt, pour les lecteurs, pour
le fond, au profit de l’actualité, du buzz,… (à l’occasion des vœux de fin
d’année, on reçoit beaucoup de commentaires sympathiques de gens qui
préfèrent la lecture…).
- le
fait que les blogs de gauche soient majoritaires mais n’aient plus de
raisons d’être unis contre Nicolas Sarkozy…
Il n’empêche que le changement d’ambiance sur les blogs « multithématiques »
est tout aussi vrai que sur les blogs politiques (et les blogs geeks, d’ailleurs,
j’y reviendrai peut-être). Je vous propose d’analyser ce phénomène à l’occasion
de ce billet particulièrement brillant qui restera dans les annales ou dans les
anus.
Tout d’abord, comment mesurer ce changement ? Je pense
qu’il y a deux façons de le faire :
- Par
des critères chiffrés, comme le nombre de visiteurs et le nombre de
commentaires. Pour ce qui concerne ce blog, le nombre de commentaire est à
peu près constant (ce qui n’est pas le cas pour tous et ce qui n’est pas
le cas sur toutes les périodes) et le nombre de visiteurs a été divisé par
deux (mais c’est surtout Google qui envoie moins de lecteurs alors qu’un
tel blog est plutôt destiné à des gens que l’on connaît, des copains).
Parmi ces critères chiffrés, il ne faut pas oublier le nombre de billets
chez les copains (dans mon lecteur de flux, il est nettement en baisse).
- Par
des critères plus subjectifs, notamment le plaisir qu’on a à tenir le blog
et à visiter et commenter celui des copains.
Reprenons à la base… Qui sont ces blogs multithématiques ?
Paradoxalement, ce sont des blogs qui n’ont pas de thème
principal. Le taulier y fait ce qu’il veut. Avant-hier, je faisais un billet
crado intime de suite de réveillon. Hier, je décrivais le menu de ce réveillon
et aujourd’hui, je parle de blogs. Il y a néanmoins souvent un thème plus
important que les autres. A priori, ici, je dirais que ce sont les conneries
des copains de bistro, mais, pourtant, je ne sais pas s’il y a deux vrais
billets par mois… Ca n’en fait donc pas un thème principal.
Souvent, il y a deux ou trois volets :
-
une partie personnelle,
-
une partie geek,
-
une partie politique,
-
une partie littérature,
-
une partie cul,
-
une partie gastronomie,
-
une partie bricolage,…
Je vais prendre deux exemples : El Camino et moi (mais
je pourrais prendre FalconHill ou Didier Goux, ça sera pour plus tard, tout
comme Nancy et Gaël).
- moi :
j’ai des sujets d’intérêts (et donc de blogs) différents mais j’ai choisi
d’avoir, en plus du blog principal (ici), un blog politique (beaucoup plus
gros que le blog principal) et un blog geek (un peu plus gros que le blog
principal),
- El
Camino : son blog est un des blogs les plus actifs des leftblogs. C’est
donc bien un blog politique, affirmé à gauche,… Pourtant, une majorité de
ses billets est strictement personnelle et je ne sais pas si un billet sur
cinq est politique. Par contre, El Camino, comme moi, a d’autres blogs,
dont un dédié à donner des baffes aux personnalités politiques…
Je précise qu’en aucun cas les exemples que je vais citer
sont des compliments ou des critiques : chacun fait bien ce qu’il veut
dans son blog. J’ai choisi de prendre six blogs en exemple parce qu’ils sont
bien différents, actifs et réellement multithématiques.
Qu’est-ce qui a changé ?
Le premier phénomène est un phénomène de saturation.
Quand on commence à bloguer, on aime bien découvrir des
nouveaux blogs et on finit par connaître un tas de gens. Certains arrêtent de
bloguer ou se font rares… mais on les connaît toujours. C’est le propre d’un
blog, notamment les blogs généralistes ou multithématiques : on finit par
identifier le blog à son taulier.
Vous connaissez
le nombre de Dunbar ?
Non ? Au moins, vous allez apprendre quelque chose, aujourd’hui… «
Le nombre de Dunbar est le nombre maximum d'amis avec
lesquels une personne peut entretenir une relation stable à un moment donné de
sa vie. » Dunbar l’avait estimé à 148. La valeur généralement
retenue est de 150. Vous comptez : vos amis, vos collègues, vos
commerçants préférés, vos voisins, les membres de votre famille. Après 150,
vous ne pouvez plus avoir des relations normales avec les gens, c'est-à-dire une
relation basée sur la confiance.
Ce nombre a été décliné sur les
réseaux sociaux.
«
La « règle de 150 », aussi appelée « nombre
de Dunbar », soutient que la taille d'un réseau social originel est limité
à environ 150 membres. » Tout cela est un peu de la connerie. Dans
le web, notamment dans Twitter, j’arrive à identifier plus de 400 individus (je
connais leurs pseudos mais en plus leurs caractéristiques en tant qu’utilisateur
des réseaux sociaux).
Toujours est-il qu’entre les amis (plus exactement, les gens
que l’on connaît assez bien pour leur faire confiance) de la vraie vie et ceux
des réseaux sociaux qui, souvent, sont passés dans la vraie vie, on arrive à
atteindre une limite. Mais comme certains arrêtent leurs blogs mais restent
dans les connaissances, on ne peut plus accepter d’autres contacts, d’autres
blogueurs. Le réseau de gens qu’on apprécie dans les blogs vient donc
naturellement à diminuer.
Parmi les exemples à prendre, j’ai cité Gaël. Il ne blogue
quasiment plus. Je me fous de sa gueule à l’occasion en le traitant de
fainéasse mais, au fond, il peut arrêter de bloguer s’il a envie, ça ne me
regarde pas. Je ne lui demande même pas pourquoi. Toujours est-il que nous
avons été très proches, au niveau des blogs (au niveau de la vraie vie aussi
mais le sujet n’est pas là). Ainsi, son blog représente « un vide »
que je n’ai absolument pas envie de combler, je n’ai pas la capacité à le
remplacer.
A propos d’exemple, j’ai aussi Nancy en stock. J’en
reparlerai plus tard mais j’évoquais à l’instant les amis de la vraie vie. Je n’ai
jamais vu Nancy mais nous nous lisons mutuellement depuis tant de temps, avec
des volets de nos blogs qui sont très personnels, que j’ai l’impression de très
bien la connaître (et je suppose que la réciproque est vraie). Ainsi, c’est
bien « un seul et même réseau social » (par opposition à média
social) que l’on a…
Le deuxième phénomène est la lassitude.
Tiens ! Il y a un exemple auquel je n’avais pas pensé :
Juan, le taulier de Sarkofrance. Pendant des années il chroniquait la France sous
Sarkozy. Je le lisais tous les jours mais je dois reconnaître que, vers la fin,
ça commençait à me gonfler. Mais c’est un blogueur politique, pas « multithématique ».
Toujours est-il qu’à partir du moment où Hollande a été élu, son blog a connu
une nouvelle vie et la lassitude que je pouvais avoir s’est estompée.
Les deux derniers exemples sont FalconHill et Didier Goux.
Ce sont des amis de la vraie vie que j’ai connus dans les blogs. Je vais en
vacances chez eux et tout ça. Je suis même prêt à sauter leurs épouses pour
rendre service.
Je les connais depuis tellement de temps que j’ai l’impression
de ne plus rien avoir à découvrir chez eux pour leurs billets qui ne sont pas
personnels. Leurs blogs sont ancrés dans le décor de ma vie comme des vieux
pochetrons au comptoir. Les deux font des billets personnels et des billets
politiques, Didier faisant en plus des billets plus littéraires ou culturels
mais, il le sait, ils m’intéressent moins. Les deux ont d’ailleurs des coups de
mous au niveau politique. FalconHill avait plus ou moins mis sont blog en
veilleuse et Didier n’a pas fait de billet bien réactionnaire depuis longtemps.
Je fréquente donc leurs blogs parce qu’ils sont des amis
proches ce qui fait que ce qu’ils ont à dire m’intéresse… Mais ce sont des
contre-exemples. Il y a beaucoup de blogueurs que j’ai connus à une époque,
avec qui j’ai été vraiment très proches mais pas au point de cette idiote
amitié ce qui fait que je ne les lis plus que quand j’ai le temps. Je vais
seulement citer Virginie (qui n’était pas dans mes exemples prévus) parce que
son
dernier billet porte sur les blogs (« pourquoi tenir un blog ? »).
C’est une des blogueuses dont je suis le plus proche, au niveau du blogage.
Comme moi, elle a plusieurs blogs, elle a un gros réseau, elle a eu du succès
dans les classements de blogs et elle est ultra productive. Je ne lis plus tous
ses billets (et je suppose qu’elle me le rend bien…).
Le troisième phénomène est les médias sociaux et les autres
moyens de communication.
Un des points essentiels des blogs multithématiques tourne
autour des histoires personnelles. Or étant devenu ami avec FalconHill et
Didier Goux, on échange aussi par mail (et, occasionnellement, autour d’un
verre ou d’une table ou par SMS). Je n’ai plus besoin d’aller sur leurs blogs
pour savoir tout de leur vie ou, du moins, ce qu’ils ont envie de partager.
Avec FalconHill, le phénomène est décuplé parce qu’il est un utilisateur assidu
de Facebook. Souvent, les photos de son blog sont déjà passées par Facebook.
C’est d’ailleurs un peu pareil pour moi, mais avec Twitter.
Je raconte tellement de connerie dans ma vie privée sur ce truc que mes potes n’ont
plus besoin de lire mon blog pour savoir dans quel bistro j’ai passé la soirée…
Et c’est surtout pour cela que je tenais à citer à Nancy,
comme autre contre-exemple : elle a un blog essentiellement personnel mais
comme, à ma connaissance, elle n’est pas sur les autres réseaux sociaux, elle
utilise son blog pour avoir une relation avec ses proches et pour découvrir des
gens.
Le quatrième phénomène sera plus court.
Lisant des blogs dédié à la politique et d’autres traitant
des nouvelles technologies, pourquoi irai-je lire des billets politiques ou
geeks sur des blogs multithématiques ? A contrario, je vais lire des blogs
multithématiques pour leurs billets geeks ou politiques mais pas pour leurs
billets personnels. Je ne les considère donc pas comme des blogs multi…
Que conclure ?
Rien.
Sauf qu’il faut éviter les billets trop longs dans les blogs
multithématiques comme dans les blogs politiques ou geeks.