Comme blogueur bistro, je ne recule devant rien. Hier midi,
j’ai mangé un sandwich jambon beurre au comptoir pour pouvoir répondre à Guy
Birenbaum qui s’est livré à une
attaque sans commune mesure dans l’histoire de la blogosphère contre cette
nourriture basique. Veni vidi vici (fermés de l’intérieur) et tout ça. Je
confirme : un jambon beurre au bistro n’est pas bon. Je crois qu’un jambon
beurre ne peut être bon qu’à la maison. Il n’empêche que Guy ne mâche pas ses
mots contre les bistros. Il me faut étudier ça.
Non sans recommander aux patrons de bistro d’utiliser du
beurre salé. Je ne comprends pas qu’une majorité de Français ne préfère pas le
beurre salé. Et pourtant, je ne suis pas un bouffeur de sel : je ne sale
pas ma bouffe. Néanmoins, ceci n’est pas un billet à propos du beurre salé ou
du jambon beurre mais à propos des bistros.
Que dit Guy ?
Je vais prendre des extraits. « S'accouder au zinc. Debout. Il n'y a jamais assez de tabourets. »
C’est aussi bien, Guy. Cela dépend de la clientèle du bistro. Les tabourets
prennent de la place et les gens solitaires ont une fâcheuse tendance à les
squatter. Prenez Geneviève, par exemple. C’est une pochetronne qui vit toute
seule. Elle a besoin du bistro pour voir des gens. Du coup, elle prend les
bistros avec des tabourets et se plante au comptoir. Comme elle n’a pas
beaucoup de pognon à part la semaine qui suit le versement du RSA, elle ne
picole pas. Elle bavarde avec tous les clients allant jusqu’à les importuner et
elle prend de la place au comptoir pour des gens qui souhaiteraient déjeuner
debout.
Non aux tabourets dans les bistros sauf pour les bons
clients ! On devrait avoir un tabouret quand on s’engage à dépenser au
moins 10 euros par heure entamée. Je sais, c’est élitiste. Mais je ne suis pas
sur mon blog politique.
Et si je vais une tartine sur chaque phrase du jambon
beurre, on est mal barrés.
Pas de tabouret pour éviter que les gens s’installent. Pour
aller plus loin, les bistros devraient faire un règlement pour interdire la
consommation de boissons chaudes entre 11h30 et 13h15 pour les clients qui n’ont
pas mangé là.
« Dire "Bonjour".
Ne pas entendre de réponse. C'est normal. Attendre... Attendre... Attendre... » Ce n’est pas normal.
C’est même complètement crétin, les commerçants sont là pour attirer le client
pour faire du chiffre d’affaire. Des comportements d’ours se présentent de
moins en moins souvent.
Mais, Guy (ben oui, c’est à lui que je réponds), la
prochaine fois que tu vas dans un bistro à l’heure des repas, installe-toi au
comptoir et compte le nombre de gens qui ne disent pas bonjour. Tu verras que c’est
impressionnant. Et tu pardonneras les barmans et les patrons.
« 17 minutes plus tard (c'est
une moyenne nationale, ne chipotez pas), un gars en chemise unie et en gilet
sans manches (toujours) arrive et met immédiatement un coup de vieux torchon
gris mouillé qui pue la chaussette sale, sur le bar, exactement devant vous. »
C’est faux. Les trois points. Le temps d’attente au comptoir est souvent très
court, sauf quand il y a du monde en salle (c’est le barman qui prépare les
boissons pour les serveurs en salle). Les tenus de pingouin des serveurs sont
de plus en plus rares et, surtout, le barman a rarement un gilet. L’intérêt du
gilet est d’avoir des poches pour ranger la monnaie… Le barman a sa propre
caisse. Enfin, les torchons de bistro sont toujours propres. Tu as déjà essayé
d’essuyer un verre avec un torchon mouillé ? C’est généralement du linge
de location, tout comme les tabliers et les essuie-main des toilettes. Ils ont
assez de stock, en général.
Et si le gilet n’a pas de manche c’est parce que c’est bien
plus pratique pour le service, la vaisselle,… Vous savez combien de fois un
loufiat nettoie les chiottes, chaque jour ? Si à chaque fois il est obligé
de tomber la veste, il ne ferait plus que ça…
« "Et il prendra quoi,
le monsieur?" Il faut s'habituer, ne pas se retourner. "Il"
c'est moi, c'est vous. C'est à croire que les patrons de bistrot (et leurs
employés en gilets sans manches) ont tous lu Rimbaud et son fameux "Je est
un autre". » La coutume de dire « il » a disparu. Je
suppose que Guy n’a pas été au bistro depuis cinquante ans.
Tiens ! Nous allons ouvrir une page scientifique. Vous
connaissez le nombre de Dumbar ? C’est le nombre maximum de personne avec
qui quelqu’un peut avoir des relations. Sa valeur admise est 150. Vous
connaissez le nombre de personnes qui se croient proches d’un barman ? Il
dépasse probablement ce chiffre. Du coup, le barman qui passe ses journées à
discuter préfère dire « il » parce qu’il ne sait plus s’il tutoie ou
vouvoie la personne. C’est comme si c’était entre les deux, une sorte de
familiarité pour montrer qu’il connaît la personne. Mais ça date d’une autre
époque.
« "Un jambon-beurre,
s'il vous plaît, monsieur" "Cornichons" ? Oui, le patron de
bistrot (ou le garçon sans manches) veu(len)t toujours vous coller des
cornichons; en tout bien tout honneur, cela va de soi. » On est d’accord.
Il y a un supplément pour les cornichons.
« "Et avec ça, il
prendra quoi le monsieur". Là, en revanche, vous avez deux écoles mais il
va vous falloir répondre très vite. Soit vous avez envie de vous faire bien
voir dans l'arrondissement et vous commandez une boisson, au pire un express (ça
vous coûtera à peu près un euro et vingt centimes de plus). Soit vous ne
souhaitez jamais revenir dans le quartier.
Dites alors "rien" ou,
beaucoup plus grave, demandez un verre d'eau, voire une carafe d'eau, si vous
avez une âme de kamikaze. »
Voila un long passage que je cite. Cela nécessite une
réponse circonstanciée. Tout d’abord, un commerce est là pour vendre, pas pour
donner. Il y a une coutume qui dit que le verre d’eau ne peut pas être refusé.
C’est faux. Un commerce est là pour vendre. Le client est là pour payer. De quel
droit occuperiez-vous 70 cm de comptoir pendant quinze minutes pour ne manger
qu’un sandwich ? Et vous ne voudriez pas étaler le journal, non plus ?
Vous n’avez qu’à aller acheter votre sandwich dans une boulangerie si vous
voulez manger sans boire un coup !
Par ailleurs, on ne mange pas en buvant du café. Une
question de savoir vivre. Surtout, c’est complètement con de ne pas boire un
bière en mangeant un sandwich.
« Le soupir appuyé accompagnant
l'arrivée de l'eau du robinet dégueulasse dans un verre douteux n'est pas en
option. » L’eau du robinet est généralement très bonne, d’autant qu’elle
est utilisée pour le pastis, le café, le thé,… Les verres sont toujours
propres. Ils sont lavés dans un machin fait pour.
« Arrive alors, enfin, le
jambon-beurre. Aimez-vous sucer du caoutchouc ? Si c'est le cas, vous ne serez
jamais déçu. Mais, si vous n'avez pas grandi dans une fabrique de pneus, ou à proximité
d'un élevage de calamars, vous pouvez avoir un choc gingival, en "croquant"
la première bouchée. » Le
jambon n’est jamais très bon mais le pain est souvent bien meilleur que celui
que vous avez à la maison : il vient d’une bonne boulangerie et aura été
préparé dans la matinée, spécialement pour les restaurants.
Je passe une partie.
« Si je peux vous donner un
dernier conseil, n'oubliez pas de laisser un petit pourboire. » C’est
une tradition, essentiellement en région parisienne. Elle date d’une autre
époque.
Défendons les bistros ! Le jour où il n’y en aura plus…
Tiens ! Si vous habituez dans un coin depuis longtemps,
en ville, comptez le nombre de comptoirs qui ont disparu. Pour gagner quelques
couverts, les patrons ont commencé à supprimer les comptoirs…
C’est bien triste.
SPLENDIDE
RépondreSupprimerMerci. Mais bof. J'ai tiré la ligne.
SupprimerJe suis entièrement d'accord avec toi, on ne devrait JAMAIS mettre autre chose que du beurre salé dans ce sandwich.
RépondreSupprimerPar contre sur le fait que le jambon/beurre ne soit bon qu'à la maison, je peux te dire que j'en ai englouti d'excellents dans ma brousse. Peut-être parce que justement mes repaires sont en brousse et que le bistrot se fournit chez le charcutier du coin et que la baguette vient de chez le boulanger d'à côté.
Oui. Il faut surtout du très bon jambon.
SupprimerQuand le net mourra, il faudra penser à mettre votre nom dans la stèle...
RépondreSupprimer(vous êtes au top. Merci)
On fait ce qu'on peut ! Merci !
SupprimerEt la stèle sera en forme de comptoir...
SupprimerL'Amstèle ?
Supprimer@jegoun Joli !
SupprimerBah ! Au fait ! Tu glande plus rien sur ton blog.
SupprimerQui ? Kalondour ou moi ?
SupprimerToi.
SupprimerBricolé un truc musique samedi dernier. Sinon, non. Je suis un peu fatigué par toute l'agitation des dernières semaines. Pas forcément envie d'en rajouter, même s'il y avait matière a tout un tas de billets. Et puis vous faites beaucoup mieux que je ne saurai faire.
SupprimerBah !
SupprimerTiens pourquoi pas un petit comparo bistro des villes vs bistro des champs ? (Si j'ai pas trop la flemme....)
SupprimerAu boulot !
Supprimerdonc tu nous a démontré que Birenbaum faisait un article sans avoir été au bistrot ou dans les bons . Un mauvais ne représente effectivement pas la majorité qui sont pour la plupart bien mieux que la description qu'il en faisait...
RépondreSupprimerBen non. Guy déconnait. Moi aussi.
SupprimerMoi , je suis végétal'Hyène et je ne bois pas d'alcool et pourtant je vais quand même au bistro ... Simplement comme ça , pour regarder le paysage des gens ... Et puis l'ivresse des autres suffit à m'enivrer aussi ... Je m'enivre au café noir ... Je pense à une chanson d'Edith Piaf ... En fait les bistros que je préfère sont les plus cradingues , et puis je les préfère dans les grands ports , perdus dans ces zones industrielles à côté des ports de commerce , et puis lorsque dehors il pleut et que le monde est triste à mourir ... Alors je chante dans ma tête cette vieille chanson d'Edith , " Allez venez "......
RépondreSupprimerEt puis finalement je commande un rhum blanc à la fille derrière le comptoir , celle qui essuie les verres machinalement , et puis je la regarde et je la trouve super belle alors je commande un autre rhum blanc ... Je ne suis pas raciste mais je ne bois que du rhum blanc 50° , ou du calva , ou alors un petit Genièvre avec une bière brune , une bière bien noire au goût amer , et je navigue loin là bas au delà des mers ... et je pense à mon ancien ami marin qui s'est jeté un soir dans le port pour en finir avec sa vie ... Il avait une tête de Vinking et les yeux couleur de la mer du nord ... Alors je commande encore un rhum blanc ...Et puis je paye et je sors .. Dehors il pleut ... Et je pense à ce proverbe de marin : " Il ne pleut jamais que sur les imbéciles " et alors je sens bien que la pluie ne me mouille pas et que la nuit est belle et que je n'ai pas froid au fond oui j'ai chaud dans le cœur ... Alors je vais regarder la mer et j'écoute sa musique immense ... Quoi ? je pleure ? ....... Mais non je ne pleure pas ! .... C'est la pluie , rien de plus ..........
J'adore les jambon-beurre et même mieux, les mixtes jambon-beurre-gruyère, j'en mangerais sur la tête d'un galeux ... avec un verre de ... Chirouble tiens, par ex. J'ai ma liste de bistro où je ne suis jamais déçue ! J'aime mieux ça que les gateaux !
RépondreSupprimerTu vois, facile à contenter !
Voilà.
SupprimerTrès drôle le ping-pong Guy/Nicolas, au terme duquel on peut dire que vous ne fréquentez pas les mêmes crèmeries, ou alors pas les mêmes quartiers ...
RépondreSupprimerMais si ! C'est un jeu.
SupprimerJ'aime pas spécialement Birenbaum mais sur ce coup-ci, je suis d'accord avec lui. Trouver un bon sandwich dans un bistro propre et sympa, c'est plutôt compliqué. Et le coup de la serpillère, c'est courant à Paris comme à Strasbourg (c'est bien une serpillière peu ragoutante dont il s'agit et non d'un torchon). ... C'est peut-être une des raisons pour lesquelles les comptoirs disparaissent, non ?
RépondreSupprimerLe second degré, c'est comme le grand écart, on peut se blesser gravement aux adducteurs quand on ne le comprend pas.
RépondreSupprimer