Hier, j’ai fait mon billet bistro par erreur dans
le blog politique. Vous
n’avez qu’à le lire si celui-ci vous fait chier, ce que je conçois assez bien :
je le fais par exercice de mémoire. J’y parlais des relations particulières que
l’on pouvait avoir avec les serveurs dans les bistros et, en cherchant des
exemples, je me suis rendu compte que, avec l’important turnover dans la
profession, j’avais oublié la plupart des serveurs des bistros que je
fréquentais.
Chez Yvette. C’est le premier bistro où j’ai eu mes
habitudes. C’était à Vannes quand j’étais à l’IUT. Je me rappelle très bien de
la patronne mais j’ai oublié le nom de son époux qui était à la retraite et
passait ses journées à jouer au baby foot avec les étudiants. J’ai oublié s’il
y avait un serveur.
On y allait tous les jours, sauf le mardi, jour de
fermeture. La patronne avait un don avec les jeunes. Elle nous maternait
presque.
L’Atelier. C’était mon premier bistro à Loudéac. J’ai
commencé à le fréquenter sur le tard (mes parents habitaient à côté du lycée,
pendant les pauses, je rentrais à la maison et n’allait pas au bistro avec les
copains). Je me rappelle très bien des patrons mais j’ai oublié les serveurs, à
part Patrick.
J’y allais tous les samedis soir. Avec la bande, on se
mettait toujours dans le même coin. Les patrons étaient jeunes (la patronne
avait peut-être un an ou deux de plus que nous). C’était une belle période. Le
bistro organisait souvent des concerts. On filait des coups de main. Souvent,
après les concerts, on allait dans le logement des patrons faire la foire.
Le patron est mort l’année où j’ai acheté mon appartement,
en 1994. Le bistro avait été vendu quelques années auparavant. On avait essayé
de conserver nos habitudes avec le nouveau patron mais il était con comme une
bite et sa femme ne pouvait nous blairer. Je me rappelle d’une fois où elle a
dit : « ils ne vont pas se croire chez eux, ici ». La conne… On
continuait à venir parce qu’on ne savait pas trop où aller, jusqu’à l’ouverture
de la Grenouille. Le patron avait construit une grande scène et avait essayé de
transformer son bistro en une espèce de saloon comme on voit dans certains
films américains des années 50 ou 60, avec des chanteurs de country.
Ils ont rapidement fermé.
Je vois l’ancienne patronne tous les trois ou quatre ans.
Cerise sur le gâteau : c’était relativement près de la
maison.
Le PMU le Vincennes. C’est l’actuel 1880. J’ai commencé à y
aller dans les années 80 mais je ne suis devenu habitué qu’il y a une dizaine
ou une quinzaine d’années. Il y avait toujours un serveur qui changeait
relativement fréquemment. Je me rappelle de peu. Louisiane, Guillaume,
Philippe. Je me rappelle de celui qui a tenu le Cadélac, ensuite, mais j’ai
oublié son prénom.
La première période importe peu. J’y allais quand les autres
étaient fermés. Puis, la Grenouille (voir ci-après) a commencé à ne plus ouvrir
le samedi soir et à fermer de plus en plus tôt le vendredi. Comme j’arrivais de
Paris relativement tard. Je tombais sur un mur. J’ai fini par prendre l’habitude
l’aller directement au PMU. Les copains y étaient généralement mais la bande s’est
un peu disloquée quand la grenouille a changé de patron.
Je me rappelle d’une réflexion que m’avait faite le patron. En
gros, il m’avait accusé de faire comme chez moi et de ne venir là que parce que
je ne savais pas où aller, une fois ou deux par mois. Les copains lui avaient
alors expliqué que je bossais à Paris et ne rentrais à Loudéac qu’une ou deux
fois par mois… Depuis ce jour-là, on est devenus très potes. Il a compris que j’étais
un de ses clients les plus réguliers et les plus fidèles.
A la fin, il fermait de plus en plus tôt. Il était fatigué
du métier. Il avait la flemme d’embaucher un serveur et ça n’aurait pas été
rentable. Il se fâchait un peu avec tout le monde. Il n’aimait plus que les
soirées avec son amie, assis sur la terrasse, où je finissais par les
rejoindre. J’étais loin d’être le meilleur client mais je suis resté le plus
fidèle jusqu’au bout.
La Grenouille. C’est le premier bistro où j’étais très pote
avec les patrons. Je me rappelle vaguement de deux serveurs, dont un que je
connaissais bien depuis longtemps… et que j’avais oublié avant d’écrire La
Grenouille pour commencer le paragraphe.
On fréquentait l’Atelier (renommé en Tennessee…, je m’en
rappelle à l’instant). Un jour, un copain nous a dit que la Grenouille avait
changé de patron. On l’a donc suivi et on a fini par prendre nos habitudes. La
patronne n’était pas du métier et faisait plein de gaffe. C’était très sympa et
familial. On a recommencé à organiser des concerts.
Sur la fin, comme je le raconte plus haut, la patronne en
avait marre et n’ouvrait que de moins en moins souvent le soir. Ca a fini par
fermer. Ils avaient acheté une autre affaire à 80 kilomètres mais la
patronne a été terrassée par un crabe fulgurant avant la réouverture.
Je vois toujours souvent le patron. Nous sommes toujours
très potes. On partait en vacances ensemble, on réveillonnait chez eux… Mais
nos horaires sont maintenant incompatibles. J’ai pris l’habitude de rentrer à
la maison à 19 heures pour le dîner en famille (depuis toujours, à Loudéac et
je ne remettrais ça en cause pour rien au monde) puis à revenir au bistro (à
pieds…) à 20h30. Et il vient au bistro de 18h45 à 20h.
Le Washington. Première période. Je vois très bien la tête
des serveurs et je me rappelle qu’il y avait une serveuse. Les loufiats étaient
très rigolos, surtout un.
Les patrons étaient des vieux bougnats. Il n’y avait pas de
cantine, à la boite. Les gens mangeaient des salades et des conneries. Je me
suis donc trouvé un point fixe. C’était là. Et le soir, c’était sur le trajet
pour aller au métro. C’est pendant ces soirées (jusqu’à 19h30, en gros) que j’ai
appris à connaître le 8ème arrondissement, débarrassé des cadres et
autres encravatés. Il y a une vraie population qui trainait dans le coin. On y croisait
parfois quelques stars, comme Micheline Dax ou Henri Leconte.
La Comète. Période de Martine et de Jean. Quand je suis
arrivé, il y avait quatre serveurs. Sophie, Josiane, Gérard et David. Jim est
arrivé et une cuisinière, Nadine, est passée au service. J’ai complètement
zappé les autres. Sophie a eu des problèmes de santé et est partie. Gérard est
mort. Je ne sais plus qui les a remplacés. Jim a remplacé David. Nadine a peut-être
remplacé Sophie. Mais qui a remplacé Gérard ?
J’ai souvent parlé de la Comète dans ce blog. Je ne vais pas
relancer une couche.
Les Monts d’Aubrac. Il n’y avait pas de serveur. Ma mémoire
est floue : je me rappelle pourtant de gens qui servaient parfois au
comptoir et qui n’étaient pas les patrons.
Le patron était un vieux bougnat mais je ne l’aimais pas. Quand
il est parti, le bistro a été repris par Brahim et Mouloud. J’y allais surtout
parce que les potes y allaient, au départ. Je préférais la Comète, puis,
progressivement, je suis devenu très pote avec les deux patrons, pour des
raisons différentes. Ils m’aimaient bien parce que je dénotais par rapport aux
autres clients qui se croyaient un peu trop chez eux mais qui n’étaient que des
pochetrons ordinaires.
L’Aéro. Période d’Abdel. J’ai oublié le nom de son frère qui
travaillait avec lui. Vers la fin, il bossait tout seul.
Je ne vais pas en parler, je n’aimais pas ce bistro ou, plus
précisément, une partie des clients. J’y allais parce que j’aimais bien le
patron et les autres clients (je les ai oublié, maintenant, à part le vieux Joël,
il y avait Manu, je n’ai pas oublié les cons, par contre. De mauvais souvenirs…).
Le Washington. Deuxième période. J’ai quelques visages en tête.
Un moustachu et un chauve. Je ne m’en souviens pas plus. C’est con. Y déjeuner
tous les jours pendant deux ans. Une espèce de routine s’était installée…
Quand les vieux bougnats ont été remplacés par un couple de
jeune avec des enfants, j’ai continué à venir mais je n’appréciais pas trop le
patron qui picolait beaucoup trop pour gérer un bistro et une famille. Néanmoins,
c’était devenu très familial. J’aidais les gamins à faire leurs devoirs.
L’Amandine. Il y avait Gérard et une autre personne que j’ai
totalement oubliée. J’ai oublié le nom de la serveuse qui a remplacé Gérard (et
qui est toujours là). Marie, peut-être ?
J’en parle souvent.
L’Aéro. Période de Karim. Il bossait avec un copain à lui,
Idir. Il est seul, maintenant.
J’en parle aussi souvent. Je continue à y aller par amitié
pour le patron mais ce n’est plus ça.
La Comète. Période de Patrick et Patricia. Jim était resté
après le départ de Martine et Jean. Nadine a fait quelques extras mais j’ai
oublié les autres. C’est étrange. Ils étaient de la famille du patron, des
neveux, je crois. Mais j’ai oublié.
Cette période a duré cinq mois. Tous les anciens clients ont
déserté la Comète au départ de Jean et le patron n’était pas fait pour le
boulot. Ils fermaient beaucoup trop tôt, le soir, pour se préserver une vie de
famille. Ils ont commis un tas d’erreur (pas de leur faute, ils n’étaient que
gérants salariés, pas des vrais patrons, en somme).
Il n’empêche que j’étais le seul à être resté, avec
Tonnégrande (et occasionnellement Patrice et le vieux Jacques). J’étais le seul
en qui ils faisaient confiance et je les aidais à gérer Jim…
La Comète. Période de Bruno et Jérôme. En plus de Jim, comme
piliers, il y avait Karima, Seb et Nicolas. Yannick a fait quelques temps. On
faisait de ces foires, avec lui… J’ai oublié les autres, il y en a eu beaucoup.
J’en ai plusieurs en photo dans l’iPhone mais je ne me rappelle que de leur tête.
C’était une période particulière dans ma vie. Ma Comète
avait entièrement été refaite et je n’aimais pas le style du nouveau bistro. Trop
bar branché. Trop de cons de chaque côté du comptoir. D’un autre côté, il
restait sur ma route, il y avait Jim,… Et, surtout, ils ont commencé à faire de
la restauration, le soir, donc ne fermaient jamais avant 22h30.
La Comète. Période de Nelly et Mathieu. Jim a fait quelques
jours. Je me rappelle de Clémence et de Yannick mais pas du tout des autres,
jusqu’aux actuels. C’est amusant, c’est une période récente pourtant.
Je suis resté fidèle. J’aime bien le repositionnement du
bistro, plus familial, plus cool, une cuisine simple et bonne…
Le 1880. Successivement François, Marco puis Nolwen. Pour d’éventuels
autres, je ne sais plus. Cécile y travaille maintenant parfois.
J’en fais souvent des billets. Le bistro, le soir, vise une
clientèle de lycéens ou de jeunes étudiants. La plupart des clients ont moins
de 20 ou 22 ans. On a l’impression que dès qu’ils partent de Loudéac pour faire
des études, ils ne reviennent plus au bistro alors que j’y passe toutes mes
soirées quand je suis à Loudéac (sauf en semaine) depuis 10 ou 15 ans. D’autres
sont comme moi, je suis loin d’être le meilleur client et ma bande est partie
en couilles. L’âge et tout ça. Toujours est-il qu’à déconner avec des types qui
ont la moitié de notre âge, on prend une nouvelle jeunesse. Il m’arrive de
passer la soirée tout seul à les regarder et à rigoler.
Le Tourbillon. C’est la brasserie où je bouffe tous les
midis. Fernand est un pilier. Je n’ai connu que Michel comme autre serveur. Très
sympa. Attachant, un peu comme Jim. Actuellement, il y a un autre type sympa. Par
contre, je n’accroche pas du tout avec les autres. Je ne sais même pas pourquoi
je vais y boire un coup, parfois, le soir (si, je sais ! Je finis trop
tard le boulot et je n’ai pas envie de me taper le métro en urgence vu que les
copains de la Comète seront déjà partis, pour la plupart, avant que j’arrive. Avec
toutes ces conneries, j’arrive souvent après 20 heures, comme à une lointaine
époque alors qu’à une autre, j’étais là vers 18h15…).
Je n’ai pas encore fait de vrais billets sur ce rade. Ca
viendra sans doute mais comme je le dis ci-dessus, le courant ne passe pas avec
les serveurs du soir et je n’y connais pas d’autres clients. Ils semblent ne
pas être très réguliers, je n’ai pas repéré d’habitués. C’est la première fois
depuis toujours que je suis habitué d’un bistro sans me faire des potes voire
sans avoir l’envie de m’en faire.
Je vais donner des conseils aux patrons pour le soir (pour
le midi, ils n’en ont pas besoin, la boutique fonctionne à merveille).
Premier conseil : derrière le bar, il faut un homme d’au
moins 30 ans.
Deuxième conseil : les serveuses doivent rester en
salle. Elles ne doivent pas passer derrière le comptoir ou dans la partie entre
le bar et la cuisine.
Ce billet n’est pas machiste. Il se trouve qu’il y a souvent
un type très jeune au comptoir et les deux serveuses ont des comportements de
pouffes quand elles ne travaillent pas. Le serveur doit avoir pour boulot de
discuter avec les clients. C’est un métier à part entière.
Troisième conseil : foutez moi un éclairage normal pas
cette lumière tamisée. Vous êtes au cœur de la Défense, la clientèle n’est pas
composée de jeunes qui aiment une ambiance mais de vieux qui aiment boire un
coup peinard au comptoir.
Comme moi.