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23 février 2014

Mes bistros et leurs loufiats

Hier, j’ai fait mon billet bistro par erreur dans le blog politique. Vous n’avez qu’à le lire si celui-ci vous fait chier, ce que je conçois assez bien : je le fais par exercice de mémoire. J’y parlais des relations particulières que l’on pouvait avoir avec les serveurs dans les bistros et, en cherchant des exemples, je me suis rendu compte que, avec l’important turnover dans la profession, j’avais oublié la plupart des serveurs des bistros que je fréquentais.

Chez Yvette. C’est le premier bistro où j’ai eu mes habitudes. C’était à Vannes quand j’étais à l’IUT. Je me rappelle très bien de la patronne mais j’ai oublié le nom de son époux qui était à la retraite et passait ses journées à jouer au baby foot avec les étudiants. J’ai oublié s’il y avait un serveur.

On y allait tous les jours, sauf le mardi, jour de fermeture. La patronne avait un don avec les jeunes. Elle nous maternait presque.

L’Atelier. C’était mon premier bistro à Loudéac. J’ai commencé à le fréquenter sur le tard (mes parents habitaient à côté du lycée, pendant les pauses, je rentrais à la maison et n’allait pas au bistro avec les copains). Je me rappelle très bien des patrons mais j’ai oublié les serveurs, à part Patrick.

J’y allais tous les samedis soir. Avec la bande, on se mettait toujours dans le même coin. Les patrons étaient jeunes (la patronne avait peut-être un an ou deux de plus que nous). C’était une belle période. Le bistro organisait souvent des concerts. On filait des coups de main. Souvent, après les concerts, on allait dans le logement des patrons faire la foire.

Le patron est mort l’année où j’ai acheté mon appartement, en 1994. Le bistro avait été vendu quelques années auparavant. On avait essayé de conserver nos habitudes avec le nouveau patron mais il était con comme une bite et sa femme ne pouvait nous blairer. Je me rappelle d’une fois où elle a dit : « ils ne vont pas se croire chez eux, ici ». La conne… On continuait à venir parce qu’on ne savait pas trop où aller, jusqu’à l’ouverture de la Grenouille. Le patron avait construit une grande scène et avait essayé de transformer son bistro en une espèce de saloon comme on voit dans certains films américains des années 50 ou 60, avec des chanteurs de country.

Ils ont rapidement fermé.

Je vois l’ancienne patronne tous les trois ou quatre ans.

Cerise sur le gâteau : c’était relativement près de la maison.

Le PMU le Vincennes. C’est l’actuel 1880. J’ai commencé à y aller dans les années 80 mais je ne suis devenu habitué qu’il y a une dizaine ou une quinzaine d’années. Il y avait toujours un serveur qui changeait relativement fréquemment. Je me rappelle de peu. Louisiane, Guillaume, Philippe. Je me rappelle de celui qui a tenu le Cadélac, ensuite, mais j’ai oublié son prénom.

La première période importe peu. J’y allais quand les autres étaient fermés. Puis, la Grenouille (voir ci-après) a commencé à ne plus ouvrir le samedi soir et à fermer de plus en plus tôt le vendredi. Comme j’arrivais de Paris relativement tard. Je tombais sur un mur. J’ai fini par prendre l’habitude l’aller directement au PMU. Les copains y étaient généralement mais la bande s’est un peu disloquée quand la grenouille a changé de patron.

Je me rappelle d’une réflexion que m’avait faite le patron. En gros, il m’avait accusé de faire comme chez moi et de ne venir là que parce que je ne savais pas où aller, une fois ou deux par mois. Les copains lui avaient alors expliqué que je bossais à Paris et ne rentrais à Loudéac qu’une ou deux fois par mois… Depuis ce jour-là, on est devenus très potes. Il a compris que j’étais un de ses clients les plus réguliers et les plus fidèles.

A la fin, il fermait de plus en plus tôt. Il était fatigué du métier. Il avait la flemme d’embaucher un serveur et ça n’aurait pas été rentable. Il se fâchait un peu avec tout le monde. Il n’aimait plus que les soirées avec son amie, assis sur la terrasse, où je finissais par les rejoindre. J’étais loin d’être le meilleur client mais je suis resté le plus fidèle jusqu’au bout.

La Grenouille. C’est le premier bistro où j’étais très pote avec les patrons. Je me rappelle vaguement de deux serveurs, dont un que je connaissais bien depuis longtemps… et que j’avais oublié avant d’écrire La Grenouille pour commencer le paragraphe.

On fréquentait l’Atelier (renommé en Tennessee…, je m’en rappelle à l’instant). Un jour, un copain nous a dit que la Grenouille avait changé de patron. On l’a donc suivi et on a fini par prendre nos habitudes. La patronne n’était pas du métier et faisait plein de gaffe. C’était très sympa et familial. On a recommencé à organiser des concerts.

Sur la fin, comme je le raconte plus haut, la patronne en avait marre et n’ouvrait que de moins en moins souvent le soir. Ca a fini par fermer. Ils avaient acheté une autre affaire à 80 kilomètres mais la patronne a été terrassée par un crabe fulgurant avant la réouverture.

Je vois toujours souvent le patron. Nous sommes toujours très potes. On partait en vacances ensemble, on réveillonnait chez eux… Mais nos horaires sont maintenant incompatibles. J’ai pris l’habitude de rentrer à la maison à 19 heures pour le dîner en famille (depuis toujours, à Loudéac et je ne remettrais ça en cause pour rien au monde) puis à revenir au bistro (à pieds…) à 20h30. Et il vient au bistro de 18h45 à 20h.

Le Washington. Première période. Je vois très bien la tête des serveurs et je me rappelle qu’il y avait une serveuse. Les loufiats étaient très rigolos, surtout un.

Les patrons étaient des vieux bougnats. Il n’y avait pas de cantine, à la boite. Les gens mangeaient des salades et des conneries. Je me suis donc trouvé un point fixe. C’était là. Et le soir, c’était sur le trajet pour aller au métro. C’est pendant ces soirées (jusqu’à 19h30, en gros) que j’ai appris à connaître le 8ème arrondissement, débarrassé des cadres et autres encravatés. Il y a une vraie population qui trainait dans le coin. On y croisait parfois quelques stars, comme Micheline Dax ou Henri Leconte.

La Comète. Période de Martine et de Jean. Quand je suis arrivé, il y avait quatre serveurs. Sophie, Josiane, Gérard et David. Jim est arrivé et une cuisinière, Nadine, est passée au service. J’ai complètement zappé les autres. Sophie a eu des problèmes de santé et est partie. Gérard est mort. Je ne sais plus qui les a remplacés. Jim a remplacé David. Nadine a peut-être remplacé Sophie. Mais qui a remplacé Gérard ?

J’ai souvent parlé de la Comète dans ce blog. Je ne vais pas relancer une couche.

Les Monts d’Aubrac. Il n’y avait pas de serveur. Ma mémoire est floue : je me rappelle pourtant de gens qui servaient parfois au comptoir et qui n’étaient pas les patrons.

Le patron était un vieux bougnat mais je ne l’aimais pas. Quand il est parti, le bistro a été repris par Brahim et Mouloud. J’y allais surtout parce que les potes y allaient, au départ. Je préférais la Comète, puis, progressivement, je suis devenu très pote avec les deux patrons, pour des raisons différentes. Ils m’aimaient bien parce que je dénotais par rapport aux autres clients qui se croyaient un peu trop chez eux mais qui n’étaient que des pochetrons ordinaires.

L’Aéro. Période d’Abdel. J’ai oublié le nom de son frère qui travaillait avec lui. Vers la fin, il bossait tout seul.

Je ne vais pas en parler, je n’aimais pas ce bistro ou, plus précisément, une partie des clients. J’y allais parce que j’aimais bien le patron et les autres clients (je les ai oublié, maintenant, à part le vieux Joël, il y avait Manu, je n’ai pas oublié les cons, par contre. De mauvais souvenirs…).

Le Washington. Deuxième période. J’ai quelques visages en tête. Un moustachu et un chauve. Je ne m’en souviens pas plus. C’est con. Y déjeuner tous les jours pendant deux ans. Une espèce de routine s’était installée…

Quand les vieux bougnats ont été remplacés par un couple de jeune avec des enfants, j’ai continué à venir mais je n’appréciais pas trop le patron qui picolait beaucoup trop pour gérer un bistro et une famille. Néanmoins, c’était devenu très familial. J’aidais les gamins à faire leurs devoirs.

L’Amandine. Il y avait Gérard et une autre personne que j’ai totalement oubliée. J’ai oublié le nom de la serveuse qui a remplacé Gérard (et qui est toujours là). Marie, peut-être ?

J’en parle souvent.

L’Aéro. Période de Karim. Il bossait avec un copain à lui, Idir. Il est seul, maintenant.

J’en parle aussi souvent. Je continue à y aller par amitié pour le patron mais ce n’est plus ça.

La Comète. Période de Patrick et Patricia. Jim était resté après le départ de Martine et Jean. Nadine a fait quelques extras mais j’ai oublié les autres. C’est étrange. Ils étaient de la famille du patron, des neveux, je crois. Mais j’ai oublié.

Cette période a duré cinq mois. Tous les anciens clients ont déserté la Comète au départ de Jean et le patron n’était pas fait pour le boulot. Ils fermaient beaucoup trop tôt, le soir, pour se préserver une vie de famille. Ils ont commis un tas d’erreur (pas de leur faute, ils n’étaient que gérants salariés, pas des vrais patrons, en somme).

Il n’empêche que j’étais le seul à être resté, avec Tonnégrande (et occasionnellement Patrice et le vieux Jacques). J’étais le seul en qui ils faisaient confiance et je les aidais à gérer Jim…

La Comète. Période de Bruno et Jérôme. En plus de Jim, comme piliers, il y avait Karima, Seb et Nicolas. Yannick a fait quelques temps. On faisait de ces foires, avec lui… J’ai oublié les autres, il y en a eu beaucoup. J’en ai plusieurs en photo dans l’iPhone mais je ne me rappelle que de leur tête.

C’était une période particulière dans ma vie. Ma Comète avait entièrement été refaite et je n’aimais pas le style du nouveau bistro. Trop bar branché. Trop de cons de chaque côté du comptoir. D’un autre côté, il restait sur ma route, il y avait Jim,… Et, surtout, ils ont commencé à faire de la restauration, le soir, donc ne fermaient jamais avant 22h30.

La Comète. Période de Nelly et Mathieu. Jim a fait quelques jours. Je me rappelle de Clémence et de Yannick mais pas du tout des autres, jusqu’aux actuels. C’est amusant, c’est une période récente pourtant.

Je suis resté fidèle. J’aime bien le repositionnement du bistro, plus familial, plus cool, une cuisine simple et bonne…

Le 1880. Successivement François, Marco puis Nolwen. Pour d’éventuels autres, je ne sais plus. Cécile y travaille maintenant parfois.

J’en fais souvent des billets. Le bistro, le soir, vise une clientèle de lycéens ou de jeunes étudiants. La plupart des clients ont moins de 20 ou 22 ans. On a l’impression que dès qu’ils partent de Loudéac pour faire des études, ils ne reviennent plus au bistro alors que j’y passe toutes mes soirées quand je suis à Loudéac (sauf en semaine) depuis 10 ou 15 ans. D’autres sont comme moi, je suis loin d’être le meilleur client et ma bande est partie en couilles. L’âge et tout ça. Toujours est-il qu’à déconner avec des types qui ont la moitié de notre âge, on prend une nouvelle jeunesse. Il m’arrive de passer la soirée tout seul à les regarder et à rigoler.

Le Tourbillon. C’est la brasserie où je bouffe tous les midis. Fernand est un pilier. Je n’ai connu que Michel comme autre serveur. Très sympa. Attachant, un peu comme Jim. Actuellement, il y a un autre type sympa. Par contre, je n’accroche pas du tout avec les autres. Je ne sais même pas pourquoi je vais y boire un coup, parfois, le soir (si, je sais ! Je finis trop tard le boulot et je n’ai pas envie de me taper le métro en urgence vu que les copains de la Comète seront déjà partis, pour la plupart, avant que j’arrive. Avec toutes ces conneries, j’arrive souvent après 20 heures, comme à une lointaine époque alors qu’à une autre, j’étais là vers 18h15…).

Je n’ai pas encore fait de vrais billets sur ce rade. Ca viendra sans doute mais comme je le dis ci-dessus, le courant ne passe pas avec les serveurs du soir et je n’y connais pas d’autres clients. Ils semblent ne pas être très réguliers, je n’ai pas repéré d’habitués. C’est la première fois depuis toujours que je suis habitué d’un bistro sans me faire des potes voire sans avoir l’envie de m’en faire.

Je vais donner des conseils aux patrons pour le soir (pour le midi, ils n’en ont pas besoin, la boutique fonctionne à merveille).

Premier conseil : derrière le bar, il faut un homme d’au moins 30 ans.
Deuxième conseil : les serveuses doivent rester en salle. Elles ne doivent pas passer derrière le comptoir ou dans la partie entre le bar et la cuisine.

Ce billet n’est pas machiste. Il se trouve qu’il y a souvent un type très jeune au comptoir et les deux serveuses ont des comportements de pouffes quand elles ne travaillent pas. Le serveur doit avoir pour boulot de discuter avec les clients. C’est un métier à part entière.

Troisième conseil : foutez moi un éclairage normal pas cette lumière tamisée. Vous êtes au cœur de la Défense, la clientèle n’est pas composée de jeunes qui aiment une ambiance mais de vieux qui aiment boire un coup peinard au comptoir.


Comme moi.

7 commentaires:

  1. Très beau billet qui nous en apprends plus sur "tes" bistrots, les serveurs, les patrons, et tes habitudes d'hier et d'aujourd'hui.

    MERCI Nico !
    Bises et bonne journée !

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    1. Merci ! Ça me fait penser que je ne reçois pas les commentaires pour ton blog. Aurais-je oublié de m'abonner ? J'y vais à la main...

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    2. Ah ? petit pbm d'abonnement ? je ne sais pas.

      ❀ GROS BISOUS d'Asie et bon lundi Nico !!!

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    3. Non non, j'avais oublié de cliquer. Bonne journée !

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  2. tu n'as pas parlé du bar de la gare à Loudéac ou tu vas te désaltérer après ton voyage en car

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    1. Trois fous par an : quand j'ai envie de pisser et quand ma mère ne peut pas venir me chercher. C'est arrivé quatre fois (mais trois depuis un an). J'adore la faune qui y traîne.

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  3. J'ai lu ce billet en sirotant un petit rosé pas trop mauvais et ça fait du bien (le billet et le rosé).

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