Dans les bistros, il y a parfois
des gens qui vous déplaisent finalement. Ils ont des tronches de types
ringards. Je ne sais pas les décrire. Le visage buriné du type qui a trop
travaillé en plein air ? Une tête de plouc ? Alors quand vous avez
des a priori sur les autres, vous perdez les pédales.
Hier, j’avais rendez-vous avec
Corinne à l’Amandine pour l’apéro. La catastrophe… L'Amandine est un très vieux bistro avec très peu d'espace au comptoir. Le comptoir est assez long mais on ne peut pas circuler. Il y a des très gros piliers qui soutiennent l'immeuble. Quand on est nombreux, on étouffe, il faut tout le temps bouger pour laisser passer la serveuse ou le patron.
Le premier que j’ai vu, je l’aime
bien. Je le connais depuis une bonne quinzaine d’années. Il trainait dans les
bistros du bas de Bicêtre avec des copains à lui. On se croisait, on papotait.
Un gars très grand, un instit en retraite. Depuis, sa femme est morte, de même
que celle d’un type de sa bande. C’était vers 2005, je suppose. Les Monts d’Aubrac
ont fermé et j’ai perdu de vue tout ce monde, croisant l’instit dans les rues. Depuis
un an ou deux, il mange tous les samedis midis à l’Amandine, tout seul à une
table. Nous échangeons deux mots mais la solitude lui a coupé tout goût pour la
conversation. Le voir ainsi me fait de la peine même s’il n’a pas l’air
malheureux.
Derrière lui, au comptoir, il y
avait cette vieille dame que je vois aussi tous les samedis d’abord à l’Amandine
puis à la Comète. Elle boit du café. Comme l’autre, elle n’a aucun sens de la
conversation. Elle croit que je suis le frère de Corinne et me demande des
nouvelles de ma mère en pensant à celle de Corinne.
A côté, un gros type de mon âge
faisant 10 ans de moins, peut-être parce qu’il vit seul et loge à l’hôtel,
comme un type qui démarre dans la vie. Je l’aime bien mais quand il est saoul,
il devient rapidement casse-couilles. Alors je l’évite.
Il y avait les deux frangins
inséparables. Je crois qu’ils vivent ensemble. Ils ont probablement la
soixantaine, peut-être moins. Ils boivent de la Heineken avec mes potes, quand
ils sont là. Du coup, il m’arrive de les rejoindre dans des discussions. Là ils
étaient avec deux types que je ne connaissais pas, avec la sale tronche que j’essayais
de décrire en préambule.
Juste à côté, avec Corinne, il y
avait ce petit vieux, un copain du vieux Jacques que je connais depuis près de
20 ans. Il était client de la Comète mais n’y vient plus. Je ne l’aimais pas
trop quand il bossait encore (il a bossé jusqu’à très tard, un travail
confidentiel sur lequel il ne donnait aucune précision, comme s’il était agent
secret). Maintenant, je le tolère mais il raconte toujours la même chose, avec
des jeux de mot très pénible, presque un par phrase.
J’ai bu le coup avec eux. Je n’étais
pas à l’aise et j’ai vite compris que Corinne non plus. On avait l’impression d’être
les seules personnes normales dans le bar.
Je suis parti. J’ai retrouvé l’Aéro.
Parfois même entouré, on se sent bien seul ;o) (enfin ! c'est juste une impression !) :o)
RépondreSupprimerBISES et bon dimanche Nico !!!!
Merci. Bon dimanche.
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