J’étais tranquillement assis au comptoir du 1880 depuis 20h45. Le bistro était à peu près vide. Un table occupée dans le salon, une dans la salle. Trois ou quatre locdus au comptoir. La soirée omettait d’être longue. Mon pote Gilles étant sorti la veille ne bougerait plus de chez lui. Serge n’étant pas là, j’étais sûr qu’il était tombé dans un traquenards dans un autre bistro. Il allait arrivé défoncé vers 22h30 et j’allais être obligé de l’envoyer chier pour avoir la paix. Quand il est à jeun, il sait que je ne le supporte pas quand il a bu (et pas moi...).
Vers 21h, un couple d’une quarantaine d’années se pointe avec un môme d’une dizaine. Ils font le tour du bistro en parlant fort comme s’ils l’inspectaient, se demandant où s’installer. Ils finissent par se poser au comptoir à côté de moi. J’ai vite compris que c’était un con. Il sortait un tas de banalités, tutoyait la serveuse qu’il ne connaissait pas, ... Ils avaient visiblement déjà bu auparavant mais ils en étaient au stade de la cuite où l’on ne le reconnaît pas. On parle un peu plus fort et distinctement pour éviter que les autres voient le début d’ébriété ou, plus probablement, pour se persuader soi-même qu’on tient toujours le coup. Du genre : non, il n’est pas possible que je commence à être saoul après deux apéros et une demi bouteille de vin en mangeant. Non, mon canard, tu n’es pas saoul, tu as une légère ébriété. C’est pour ça que la gendarmerie nous déconseille de prendre plus de deux verres.
Ce phénomène de déni de cuite est un truc que l’on observe surtout chez les buveurs occasionnels qui ont été très fêtards dans leur jeunesse.
Toujours est-il qu’au fil de la soirée, j’ai fini par comprendre qu’elle était de Loudéac mais n’y habitaient plus. Ils étaient probablement en vacances chez ses parent et s’offraient une sortie pour le samedi. Le môme n’était probablement pas son fils à lui.
Ils étaient au comptoir à côté de moi. Il prend une bière. Elle prend un verre de blanc. C’est à ce verre de blanc que j’ai compris beaucoup de choses. L’expérience du comptoir. Le raisonnement :
ils arrivent au bistro à 21 heures avec un gamin donc ils ont déjà dîné
et elle boit du blanc après diné, ils sont donc là pour s’alcooliser, surtout elle. Je
n'ai rien contre le blanc mais une femme qui boit du blanc à 21 heures
dans un bistro de Bretagne alors qu'elle n'est pas en fête avec des
copines, a forcément quelque chose de louche. Elle retrouve un ancien
alcoolisme qu'elle avait avant de se ranger. Tiens ! Rien que le fait de ne pas boire de bière (alors qu'elle avait dit qu'elle aimait ça)
est un signe qui ne trompe pas. Elle boit du blanc par défaut, parce
qu'elle ne sait pas quoi boire mais elle ne sent pas la force de ne pas
boire une bière. Ce qui est complètement con : il y a moins d'alcool dans un verre de 25cl de bière à 5° que dans un verre de 14cl à 12°.
Le gamin part faire un tour. Je crois me rappeler qu’il regardait deux joueurs de fléchettes. Les vieux discutent entre eux mais sur un ton à peu près normal, cette fois,
mais des propos idiots, des futilités, ce genre de truc qu'on peut
raconter quand on est en début de cuite dans un bistro qu'on a connu il y
a vingt ans.
A
les écouter, je comprends que ce n'est pas lui qui est con. Il subit.
Il essaie de déconner mais elle est dans son truc, tentant peut-être de
retrouver les cuites de sa jeunesse.
J'étais
plongé dans mon iPhone à faire je ne sais plus quoi et j'entends la
fille dire : "le monsieur au fond, c'est le fils de mon premier prof de
math." Je ne réagis pas, je n'étais pas au fond mais à côté d'eux. J'ai
cru avoir compris de travers et qu'elle avait dit quelque chose comme :
"la serveuse, c'est la petite fille de mon premier prof de math". Je
finis par me dire que j'étais probablement le seul à savoir qui est le
grand-père de Cécile et qu'il était collègue à mes parents. Et la dame décrivait des habitudes propres à mon père. Je
regarde la dame et lui demande gentiment : "Heu, je viens de réaliser
que vous parliez de moi ?". Oui, me dit-elle, vous êtes bien... Oui oui.
En
aparté, vous remarquerez que c'est le second samedi de suite où
j'entends parler de mon père, la fois précédente c'était dans Facebook.
Le type finit par se barrer pour aller jouer au babyfoot avec le
môme. Elle s'empresse de commander un autre verre de blanc. Elle
s'adresse à moi qui tripotait mon iPhone : "Heu, c'est quoi, c'est Candy
Crush
?" J'étais bien tombé sur une casse-couilles, la vraie. Elle voulait la
cuite de ses vingt ans, quand on s'adressait à un mec au hasard au
comptoir pour discuter et raconter des conneries.
Je
réponds poliment et elle tente d'entamer une vraie conversation : tu
sais, moi, je ne joue pas mais... Je ne l'écoutais pas et elle a vite
compris que mon jeu sur iPhone était plus important que ses propos.
Elle laisse tomber, la soirée se poursuit.
Mon
pote Serge arrive. J'avais deviné. Saoul et casse-burnes aussi. Cela
tombait bien, il connaissait la fille. Il avait fait du sport avec si
j'ai bien compris. Ils discutent ensemble. J'étais sauvé ! Cela dure
quelques temps, mais Serge a la mauvaise idée de payer une tournée à eux
deux et à moi. Je n'avais pas envie de boire un coup avec ces gens et
surtout pas de l'offrir un verre, en retour. Je finis par discuter avec
Serge pour casser le groupe en deux mais il était trop chiant, je lui ai
payé une bière et je suis passé à autre chose.
Et
paf ! A un moment, elle se retrouve toute seule, les autres étaient
partis jouer aux fléchettes avec le petit, je crois bien. Elle se
retourne vers moi : tu fais quoi comme boulot tu bosses à Loudéac.
Interrogatoire en règle. Je réponds par politesse mais pas plus de deux
ou trois mots
chaque. Au bout d'une trentaine de secondes, elle me dit : "ah mais si
je t'embête tu me dis, hein !". Moi : "voila, je n'ai pas envie de
discuter."
Serge
revient. Elle lui dit quelque chose à l'oreille. Serge ne pense pas que
je puisse écouter et répond : "ah ben c'est Nicolas, il est comme ça".
Moi : ben oui, c'est comme ça, je n'aime pas discuter avec les espèces de pochardes.
Elle faisait la gueule. C'est étrange.
"La soirée omettait d’être longue".
RépondreSupprimerElle a été surtout chiante.
C'est pareil.
SupprimerQu'est ce que tu vas foutre là dedans? Va plutôt faire une partouze dans un sauna gay....
RépondreSupprimerHeu... Non merci.
SupprimerDe toute façon, la seule raison valable d'adresser la parole à une femme (ou de lui répondre) dans un bar, c'est l'envie de coucher avec et la petite chance qu'on pense avoir d'y arriver. sinon, qu'elles nous lâchent les joyeuses !
RépondreSupprimerLe problème, c'est qu'il faut qu'elle soit bourrée pour accepter.
SupprimerJe sais, j'ai connu ça.
SupprimerDe ce point de vue, la vie sexuelle des pédés urbains est beaucoup plus épanouissante, dans la mesure où leurs éventuels partenaires ne sont pas systématiquement des névrosés de la bête à deux dos.
Oui. C'est plus dur pour les pédés ruraux.
SupprimerQui saura trouver les mots et les accents pour dire la grande misère du pédé rural ?
SupprimerNajat avec des bottes.
Supprimerfantasmes ?
SupprimerVa savoir.
Supprimer(^‿^)❀
RépondreSupprimerTu me fais rire tu sais !!! :o) :o)
BISOUS à toi cher Nico !!!! Bon début de semaine !!!!
C'est le but !
SupprimerBonne semaine !