Le dimanche soir a toujours été une soirée particulière. Je
me rappelle quand j’étais petit, on regardait un film sur la première chaine vers
17h30 ou 18h avec mon père et, peut-être, mon grand frère. Près de 40 ans après
les souvenirs sont vagues… La famille attendait la fin pour que l’on puisse
passer à table…
Les années ont passé. J’ai atterri au Kremlin-Bicêtre. La
Comète fermait à 19 heures, on rentrait à la maison. Les patrons ont changé, en
2008, et le dimanche soir est devenu un soir comme les autres, mais avec
beaucoup moins de monde, des soirées intimes entre proches. La meilleure soirée
de la semaine.
Puis la Comète a commencé à fermer le dimanche vers 18
heures. Alors, on allait dans d’autres bistros ou à rentrer de bonne heure. Il
y a quelques mois, j’ai pris l’habitude d’aller dîner au Constantinople quand
les autres en question étaient fermés.
Il reste que les clients du dimanche soir ont peu d’intérêt.
Des raclures diverses. Les copains ne sont pas là à part Ramdane et le vieux Joël.
Les week-ends que je passe en Bretagne sont un peu
particuliers. Normalement, je pars de Loudéac vers 14 heures et j’arrive à 19
heures. L’Aéro ou le PMU sont ouverts et je vais y boire un verre avant de
rentrer mais il y a peu d’intérêt. Les clients sont des vieux pochetrons qui
ont passé leur journée là ou des ex racailles de banlieue qui se lâchent !
N’allez pas penser ce que je n’ai pas dit. Je les aime bien mais je ne suis pas
dans l’ambiance, à part avec Ramdane et le vieux. Je rentre de Bretagne, je
veux être peinard… En fait, ça fait des années que ça dure. Pendant un temps,
assez long, je rentrais en voiture. Depuis un an ou deux, c’est en train, mais
ça ne change rien. Je n’aime plus cette ambiance quand je n’ai pas passé le
dimanche à Bicêtre, déjeuné à la Comète, fait la sieste, vaqué à des trucs
divers et retrouvé le bistro, vers 19h ou 20h et rentré une heure après. Ou
deux heures. Ou trois heures.
Je crois que je suis susceptible. Quand j’arrive au bistro,
le dimanche soir, les gens se foutent bien de savoir si j’ai passé le week-end
en Bretagne ou à Paris, sauf Karim, à l’Aéro, qui sait que s’il ne m’a pas vu
le samedi soir, c’est que je n’étais pas dans le coin. Son ex-femme étant
Bretonne, il est « envieux » de me voir y aller souvent. Pour ces
braves gens, c’est : « tiens ! voila Nicolas ». Pour moi,
cela n’a rien à voir si je sors de la sieste ou du train… Si je sors du train,
c’est que je change de monde.
Toujours est-il que cela fait deux fois de suite que je ne
réussis pas à avoir une place dans le trains qui me fait partir de Loudéac vers
14 heures pour arriver à 19 heures et que je me rabats sur le suivant qui me
fait arriver vers 22 heures. La dernière fois, j’en avais fait un billet, j’étais
arrivé à Bicêtre, tout était fermé, et je m’étais décidé à aller faire un tour
dans une nouvelle brasserie à Villejuif. Toute neuve ! Une ambiance
différente…
Ce soir, j’y suis allé directement. J’ai pensé quelques
secondes à m’arrêter à Bicêtre. Je n’avais pas eu de chance avec mes deux
métros. Deux fois 8 minutes d’attente. A ce sujet, il faudrait que j’engueule
la RATP… et la SNCF. J’étais en voiture 17. Arrivé à Montparnasse, il faut plus
de 10 minutes pour rejoindre le métro à pied, puis attendre le métro, puis
marcher 5 minutes Place d’Italie puis attendre à nouveau…
Mon métro arrive à Bicêtre. Je n’avais pas envie de tomber
sur des bistros fermés ou remplis des vieux ivrognes habituels. J’ai foncé à
Villejuif.
Contrairement à la fois précédente, je n’étais pas le seul
au comptoir. Il y avait deux groupes de trois ou quatre personnes qui étaient
peinards et une vingtaine de clients en salle qui dînaient. A 22 heures… A
moins de 500 mètres
de la Comète, un autre monde. C’est étrange.
Je m’installe. J’étais bien. Ambiance décontractée, fond
musical léger, un peu comme si Conchita était en charge de la programmation
musicale. La croisière s’amuse, quoi !
Une heure après, les derniers clients partaient, je voulais
les suivre. Un serveur me fait signe : il y a le temps…
J’ai pris le temps.