Depuis 18 mois, je fréquente un bistro, près du boulot. J’y
mange quasiment tous les midis et j’y vais le soir, quand je finis le boulot
après 18h30 ou 19h et que je n’ai pas le courage de prendre le métro. Les deux
patrons sont asiatiques ce qui n’a aucune espèce d’importance sauf pour un
détail à la limite du racisme : c’est comme ça qu’on les reconnait parmi
la masse de clients et de serveurs. Pour ma part, les serveurs et patrons me
reconnaissent assez facilement, ne serait-ce qu’à la légère surcharge pondérale
d’une trentaine de kilos et à la coiffure.
Quand je deviens habitué d’un bistro, j’y suis donc rapidement
repéré par les serveurs et les patrons qui connaissent mes habitudes, sauf dans
ce bistro, à part une « serveuse en salle » et les deux « loufiats
du comptoir ». La demi-douzaine d’autres andouilles qui bossent là en
présence des clients m’énerve prodigieusement. Tous les jours, je suis
accueilli comme si je venais pour la première fois avec des formules de
politesse standard. Pas grave.
Je m’étais déjà pris le chou avec un des deux patrons, celui
qui n’est jamais présent le soir (et que je connais donc le moins, dans la
cohue du midi, on n’a pas le temps de papoter). C’était donc pour payer mon
déjeuner, ma carte ne passait pas. Le machin disait « code faux ».
Comme j’étais sûr de moi, j’avais essayé quatre fois (au bout de trois fois, ma
carte aurait dû être bloquée, le quatrième essai n’aurait pas dû être
possible). Etant du métier, j’ai assez rapidement conclu à un problème du
matériel doublé à un bug du logiciel.
Comme cela n’a strictement aucune importance et que je n’ai
pas fait de billet ici depuis longtemps, je vais vous expliquer. Regardez la
puce de votre carte bancaire. Elle est décomposée en plusieurs parties. En
fait, ces parties sont là pour faire « des contacts électriques »
avec une petite griffe dans le terminal qui va s’abaisser quand vous poussez la
carte au bout, par effet de levier. Une zone de la carte est associée à un
contact. Hop ! Vous allez devenir spécialiste… Ma carte fonctionnait bien
au début. Le serveur tapait le montant, introduisait la carte, le terminal lisait
la carte puis demandait le code. Jusqu’à là, tout va bien. Le serveur me
tendait le terminal et je saisissais mon code. Le terminal demande à la puce si
le code est bon et le terminal affichait « code faux, recommencez ». Il y avait trois solutions : soit le code
que j’avais tapé était réellement mauvais, soit la puce répondait à tort que le
code est mauvais, soit le terminal était parti en couilles.
Je vous ses très attentif, voire hors d’haleine, d’autant
que vous vous demandez où je veux en venir avec mes patrons asiatiques.
Toujours est-il que j’ai supposé, après le premier essai,
que j’avais tapé un mauvais code. J’ai recommencé une deuxième fois en faisant
attention. J’étais sûr de moi. Code faux à nouveau. J’ai enlevé la carte et
recommencé (ben oui, si j’avais oublié mon code, j’étais baisé, de toute
manière). Code faux, encore. Dans le doute, je fais une quatrième tentative, le
code ne passe pas mais la carte aurait dû « s’auto-bloquer » à la
troisième… Elle ne l’avait pas fait. Ce n’était donc pas elle qui avait répondu
« code faux » mais le terminal. Comme il fonctionnait bien les jours
précédents, il ne pouvait s’agir que d’un problème matériel et je suppose qu’un
des contacts déconnait.
Nous voilà à mon patron ! Comme cela ne fonctionnait
pas, j’ai dit au serveur qu’il fallait essayer avec un autre terminal. A l’époque,
il me connaissait moins que maintenant. Le patron est donc arrivé, je lui
explique mon truc. Il ne me croit pas. Je lui dis que je suis du métier et que
je voulais un autre TPE. Il finit par accepter, ma carte passe, je lui dis « vous
voyez ». Il aurait du répondre « ah oui, désolé Monsieur » mais
a continué à me regarder de manière suspecte comme si j’avais essayé de partir
sans payer ou faire une autre escroquerie.
Je n’ai pas aimé. C’est ainsi que j’ai commencé, à mon tour,
à me méfier du personnel de la boutique, en dehors des deux loufiats du
comptoir (la serveuse dont je parlais est arrivée ensuite).
L’autre patron m’intriguait plus car je le voyais presque
tous les jours et ne m’adressait jamais la parole, pas le moindre bonjour, ou
le « ah mais qu’est-ce qu’il fait chaud aujourd’hui » ou ce genre de
connerie. Ceci m’allait très bien, d’ailleurs, je ne vais pas tout seul au
bistro pour discuter. Mais je ne comprenais pas.
J’arrivais, le soir, le loufiat me disait bonjour (il a vite
compris que je prenais toujours une bière donc ne prenait plus la peine de
prendre la commande). Quand la serveuse en question passait dans le coin, elle
me saluait, mais jamais l’autre serveuse, celle qui est responsable de la
boutique après le départ du patron du soir, et jamais ce dernier.
Avant-hier midi, je sors du bistro et croise la serveuse
aimable qui était juste à côté de ce patron. Elle me dit bonjour, je lui
réponds « bonjour, à ce soir ! », elle me dit « oui, à ce
soir ! »… Et le patron dit « ah ce soir monsieur. » C’était
la première fois en dix-huit mois qu’il m’adressait la parole. J’étais surpris.
J’arrive, le soir, vers 19 heures, il me salue à nouveau et
sort une banalité d’usage, du genre : « ca y est, la journée est
terminée » ou « il fait moins chaud qu’hier, non ? » voire,
plus intime : « alors, bientôt les vacances ? ». Ce à quoi
j’ai répondu : « oui un demi s’il vous plait ». Je suppose.
Hier soir, pareil.
J’en ai tiré la conclusion qu’avant que la serveuse me dise « à
ce soir », il ne m’avait pas repéré. 18 mois…
Allez, t'as changé de cravate ?
RépondreSupprimerMême pas.
Supprimerà leurs yeux , tous les blancs se ressemblent , non ?
RépondreSupprimerNon. Pas de racisme, hop !
SupprimerLa conclusion est que les commerçants sont désabusés.
Si ça avait été un contact qui déconnait, il n'y aurait pas eu d’échanges entre la carte et le terminal et donc pas de demande de code. Le bug logiciel est plus probable.
RépondreSupprimerNon. Un bug est généralement binaire. Ça marche ou pas. Et je te rappelle que les terminaux sont agréés. Le contact doit lâcher au bout de quelques secondes ou quand on bouge le terminal, utilise le clavier,...
SupprimerJe n'ai jamais vu un contact lâcher au bout de quelques secondes, en plus dans ce cas le terminal le détecterait et afficherait un autre message que la demande code.
RépondreSupprimerBen oui d'où un bug logiciel suite à une panne matériel improbable.
SupprimerMais justement ça n'a rien d'improbable ce genre de problème sur un contact. C'est prévu par la spec: si ton contact lâche, plus de signal éclectique et le terminal doit tout arrêter.
SupprimerBen c'est ce que je dis. Un bug logiciel qui fait que le machin ne voit pas un incident matériel.
SupprimerMouai, si tu veux, il n'y a pas plus de raison que le bug soit au niveau 1 plutôt qu'au niveau application mais tout est possible.
SupprimerIl y a du logiciel aux niveaux 1 et 2. Et je pense qu'il est au niveau 2.
SupprimerJe reprends : l'incident est suffisamment improbable (vu les niveaux des agréments, tu ne me contrediras pas) pour qu'il puisse être lié uniquement au logiciel du TPE. J'en conclus que c'est un pb matériel qui a fait qu'on est tombé sur un bug du logiciel.
Au boulot, on a un pb un peu peu similaire sur les distributeurs : les logiciels des automates ont un bug idiot mais les serveurs gèrent mal les messages envoyés par les terminaux. Bref, on a deux bugs mineurs et c'est le cumul des deux qui nous fout dans la merde. Mais ils sont tellement aléatoires que ça compliqué les investigations et ça coûte cher pour traiter manuellement les transactions foireuses (3 ou 4 par jour sur quelques millions). Comme le bug de ce TPE.
Ce que tu décris c'est un problème matériel couplé a un bug niveau 1 (le terminal devrait déconnecter la carte) puis un bug niveau 2 (le code n'est pas reconnu et/ou même pas lu et la carte n'est pas bloquée). C'est vrai qu'il faut que ce soit quelque chose de spécial sinon ça n'aurait probablement pas passé l’agrément.
SupprimerTu es franchement pénible à me donner raison en disant que j'ai tort. Ce n'est pas la première fois et mes lecteurs s'en foutent. Mais .'est mon blog : va chier.
SupprimerHa mais je pense tout à fait que tu as tort, mais comme il n'est pas possible de le savoir et que ce que tu dis est possible je ne vais pas non plus en faire un fromage. Je discute avec toi sur ton blog, il ne me semble pas que tu t'embarrasses de l’intérêt des lecteurs des autres blogs quand tu laisses un commentaire. Tu es tout puissant sur tes blogs, si mes commentaires ne t’intéressent pas tu peux toujours les supprimer ou ne pas les éditer, ça ne me fait ni chaud ni froid.
SupprimerIl croit t'avoir reconnu et pense que tu es Lionel Jospin qu'il a vu à la télé
RépondreSupprimerAh.
SupprimerEn fait, ce patron est comme son logiciel : il a dû avoir un bug de 18 mois, qui a fini par s'auto-réparer.
RépondreSupprimerDepuis quand vous bossez dans l'informatique, vous ?
SupprimerMerci pour ce récit Nico !
RépondreSupprimerBISES
Bon dimanche!!!
Merci ! Toi aussi !
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