Ayant réservé mon billet tardivement, je n’avais pas de
place attitrée dans le TGV pour le retour. A Saint Brieuc, il y avait une foule
incroyable. J’ai compris que je n’aurais pas de place normale. Je me suis donc
précipité vers la voiture bar : je passe bien des soirées debout au
comptoir, je peux supporter un voyage debout si les conditions sont bonnes, ce
qui n’est pas possible, dans le train, ailleurs qu’au bar. Je n’ai bu qu’une
bière.
Le train part.
Il s’arrête à Lamballe. Vers la voiture 16 ou 17, une jeune
dame avec un bébé a eu peur de ne pas avoir le temps de sortir et elle a
actionné le signal d’alarme. Elle a réussi à sortir et est partie en courant.
Le contrôleur passant dans le coin, il rétablit le machin immédiatement et le
train repart sans que personne ne remarque quoi que ce soit. Au bout de
quelques mètres, il s’arrête à nouveau. Le machiniste appelle le contrôleur
pour lui signaler un problème sur une porte. Le contrôleur n’arrive pas à
rétablir. Il appelle les services de support qui lui donnent le mode d’emploi.
En fait, la petite dame n’avait pas tiré très fort le signal d’alarme ce qui
fait que le fil de plomb permettant de sceller le truc n’était pas cassé.
Je tiens ces informations relativement précises du fait que
j’étais dans la voiture bar où se sont concentrés les gens qui pouvaient être
concernés par le retard, notamment ceux qui changeaient à Rennes et avaient 7
minutes pour changer de TGV et prendre celui pour Massy (qui permet d’aller
ensuite dans différentes directions, notamment vers Lyon et Marseille, mais
aussi vers Strasbourg, ce que j’ignorais).
Le contrôleur était là, avec son téléphone qu’il utilisait
pour joindre la gare de Rennes pour tenter de négocier de faire patienter une
dizaine de minutes l’autre TGV. Les gens venaient le harceler de questions
diverses pour la poursuite du voyage et il n’avait pas trop de réponses à
apporter. Finalement, la SNCF a refusé de retarder le départ du train pour
Massy. Les gens étaient invités à rester dans le TGV pour Montparnasse où ils
seraient pris en charge par la SNCF.
Tout ce beau monde discutait de chose et d’autres, le
contrôleur leur proposait des trains en correspondance à Paris… Ca occupe une
première partie de voyage.
Je vous passe le petit teigneux arrivant en courant ayant
dit « c’est une dame avec un enfant, j’ai tout
vu. » A croire que nos concitoyens ont la dénonciation dans le
sang. Ceci a détourné le débat sur les punitions exemplaires dont on devrait
punir ce genre de vandale qui déclenchent le signal d’alarme et partent en
courant. Il faudrait d’ailleurs des policiers sur les quais mais l’Etat
socialiste baisse les moyens des forces de l’ordre.
A l’approche de Rennes, le contrôleur nous a quittés pour
aller faire son annonce dans le micro. Il parlait de manière décousue, comme s’il
avait bu, mais j’ai cru comprendre qu’il disait que les voyageurs qui devaient
changer de TGV à Rennes était invités à rester dans le train et qu’ils seraient
pris en charge à Montparnasse.
J’ignore comment c’est passé le reste de leur voyage. A
Paris, il y avait des taxis qui attendaient au bout du quai avec des pancartes
au nom des gens, pratique courante en province quand il faut réserver des taxis
à l’avance mais très rares à Paris. Une demi-douzaine de types attendaient
donc. J’ai été frappé par les pancartes : elles étaient toutes identiques
et écrites proprement. J’ai alors vu qu’il s’agissait de tablettes genre iPad
avec le nom écrit en gros. On n’arrête pas le progrès.
Je pense que les passager qui n’avaient pas de train à
prendre en urgence à Paris ont été invité à changer de gare en métro vu le
nombre d’andouilles qui sont venues au wagon bar acheter des tickets. Notre TGV
était déjà complet. A Rennes, ceux qui auraient dû prendre le TGV pour Massy
sont resté dans celui-ci qui grouillait donc de monde ! Un bordel… Les
gens, déjà pénalisés par un retard, se retrouvaient obligés de faire deux
heures de voyage debout.
A un moment, j’ai laissé la place où j’étais convenablement
installé pour aller acheter une bière. J’ai vu une dame prendre son élan pour
me la piquer, je n’ai pas eu le temps de dire ouf. La conne ! D’autant
plus conne, d’ailleurs, qu’à Laval elle a vu que des places assises se
libéraient, elle a couru pour en grappiller. J’ai récupéré la mienne. Mais des
gens sont montés dans le train et elle a tout perdu. Elle écumait.
Ainsi, à l’approche de Paris, plusieurs personnes sont
venues acheter un ticket de métro. Ce pauvre préposé s’est retrouvé en rupture
de stock. Il s’est fait engueuler par une dame : « mais quoi hein j’ai traversé la moitié de la rame pour
venir acheter un billet et vous n’en avez plus vous auriez pu faire une annonce
à votre micro. » J’ai didiergoutisé : « Madame, il faudrait arrêter de faire des annonces
déplaisantes à ce pauvre micro qui en a déjà entendu assez aujourd’hui. »
Elle m’a jeté un regard noir et a engueulé le vendeur qui rigolait comme une
madeleine. J’ai alors repris : « Madame,
quand votre hypermarché a épuisé son stock de brocolis, il ne fait pas une
annonce sur RTL pour prévenir les clients, qui, d’ailleurs, gueuleraient parce
qu’il n’y a jamais de brocolis dans ce magasin et qu’ils iront faire leur
course ailleurs, même ceux qui n’aiment pas les brocolis. » Elle
criait de plus en plus fort et le brave commerçant a fini par l’envoyer chier
tout en restant extrêmement aimable avec les autres clients qui comprenaient
parfaitement que le bar du TGV ne dispose plus de ticket de métro à la vente ce
qui n’était pas très grave, ils pourraient en acheter au guichet du métro.
Finalement, le train avait un bon quart d’heure de retard à
Montparnasse.
l’aventure commence à l'aurore
RépondreSupprimerà l'aurore de chaque matin .......
La dame qui gueulait, c'était pas Morano par hasard ?
RépondreSupprimerNon ! Pas dans MON train.
SupprimerJ'adore lire ce que tu vis.
RépondreSupprimerTu racontes bien ... et on est "dans l'histoire".
MERCI Nico
GROS BISOUS !
J'essaie ! Merci !
SupprimerOn sent le vécu. Il faut reconnaître qu'il y a une immense maitrise de soi chez le contrôleur. Ils doivent être les champions de calmants parfois.
RépondreSupprimerOuais, c'est un métier...
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