Une gamine (18 ans ?), à l'instant : il faut encore que j'aille faire les courses de ma mère alors que je veux plus. C'est toujours pareil. Un cubi de 10 litres de rouge. J'ai honte.
La connerie étant le seul chemin susceptible de nous faire entrevoir une parcelle de vérité, utilisons la par des moyens de communication efficaces. Le temps qu'on remplisse nos verres.
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29 novembre 2014
Brèves de comptoir
Un copain en début de soirée (21 h ?) : je ne suis pas un alcoolique, il m'arrive de ne boire qu'un verre de vin en mangeant.
28 novembre 2014
La stratégie 2048
Je vous l'ai dit, je joue beaucoup au 2048, ce jeu qui a moins d'un an et qui a eu un très grand succès. Il est très particulièrement addictif mais ce n'est pas très grave. Je ne joue plus qu'à ce jeu. Le seul problème est que les parties peuvent être assez longues...
Tiens ! Calculons la durée d'une partie. Pour fait un 4, il faut deux 2. Pour faire un 8, il faut deux 4. Donc trois coup. Pour faire un 16, il faut deux huit. Donc 7 coups. Pour faire un 32, il faut deux 16, donc 15 coups. Pour faire 64, il faut deux 32, donc 31 coups,... Tu as vu la suite ? Pour faire 2048, il faut deux 1024 donc 1023 coups au minimum (mon résultat est pas exact, pour plusieursraisons : il arrive que des 4 sortent à la place des deux, on ne fait pas une combinaison à chaque coup et on n'a jamais les combinaisons idéales vu qu'il n'y a que 16 cases. Des gens ont fait le calcul, j'ai trouvé le nombre théorique minimum sur internet).
Des braves ont gens ont calculé qu'il faut plus de 6 heures pour faire un 2048 avec de la méthode, c'est-à-dire en étant à peu près sûr de réussir. Ça vous surprend ? Normal vous êtes comme moi, quand vous faites un 2048, vous le faites en une demi heure par hasard en appliquant la stratégie du coin. Et comme vous étiez à fond dedans, ça vous a paru durer 10 minutes.
Vous êtes comme moi. Mais je le suis plus que vous. Et paf ! Bon pour les modernoeuds. Je me comprends. Je suis informaticien (donc fasciné par ce qu'on peut faire avec des puissances de 2) et statisticien (donc...).
J'étais en train de jouer à 2048 dans mon TGV qui me tgvise jusqu'en Bretagne. J'ai fait un 2048 et j'ai battu mon record en points sur iPad (mais j'ai fait mieux sur iPhone, de l'ordre de 33000 (les points ne servent à rien). Mais j'ai eu une pensée bizarre, j'étais même presque frustré de ne pas en faire plus souvent. Alors je me suis demandé si ma stratégie est la bonne.
J'applique celle du coin. Il s'agit d'entasser les gros chiffres dans un coin et de n'avoir que des séries croissantes (ou décroissantes selon le coin choisi).
Ainsi, j'ai eu l'idée de chercher "stratégie 4096" dans Google (je n'ai pas fait exprès, je me suis trompé de puissance de 2 !). La stratégie du coin est la bonne. On y arrive tous par instinct. Une dame dans un bistro que son mari lui avait dit qu'il fallait regrouper les gros sur un bord. Elle avait tort mais elle mériterait un billet de blog entier.
La stratégie du coin est la bonne mais n'est pas suffisante. Notons que, sauf lors des premiers coups, si le gros se barre du coin, vous auriez tout intérêt à abandonner immédiatement. Impossible n'est pas Français mais la probabilité que vous le fassiez rentrer dans ses pénates est dérisoire.
Arrêtons de stigmatiser les gros.
Il y a trois règles à respecter dont celle de la stratégie du coin.
Petit 1 : il faut tenter de faire des suites. Par exemple, avoir 64 - 32 - 16 - 8 sur une ligne ou une colonne est préférable à 512 - 64 - 16 - 2.
Petit 2 : il faut faire le ménage en permanence pour laisser un maximum de case vide.
Et on fait tous les mêmes erreurs : on se précipite pour faire des 256, 512 ou 1024 et on se fout du ménage car on sait que la grille peut se vider ou presque en trois coups.
En fait, à chaque coup, il faut réfléchir à ce qu'on doit faire. Faire une suite est préférable que de faire un 1024. C'est con hein mais il fallait y penser. Tans pis si les boches nous piquent nos deux 512 voisins. L'objectif n'est pas 1024 mais 2048.
Alors, j'ai essayé. A chaque coup, j'analyse les trois déplacements possibles (un sens est impossible, on perdrait notre coin... Sauf que, des fois, on n'a pas le choix). C'est trop chiant. A raison d'une seconde par analyse de chaque déplacement, plus deux secondes pour faire le choix et le mouvement : 5 secondes par coup. Plus de 6 heures pour une partie.
Mais il y a des gens qui le font.
27 novembre 2014
26 novembre 2014
La genèse de la grande cuisine
Hier soir, rentrant à la maison à une heure un tantinet tardive vu que Jean-Claude étant malade, j'ai préféré servir de chaperon à la patronne qui faisait la fermeture toute seule, j'avais faim. J'ai donc regardé le contenu de mon réfrigérateur pour un état les lieux. J'avais bien un certain nombre de conserves (que je range au frigo vu qu'il est trop grand pour mes besoins de célibataires) et des produits frais (j'entends par là qu'ils ne se conservent pas indéfiniment ; les surgelés se trouvant dans la catégorie "produits frais") qu'il me fallait terminer dans la semaine vu que je vais en Bretagne ce week-end.
Il me restait, outre des pommes de terre (mon côté Breton), des saucisses de Frankfort, des andouillettes et du rôti de porc cuit. Sans compter du surimi. Le surimi me gonfle mais j'ai horreur de manger du poisson quand il n'est pas préparé par ma mère. Du coup, j'achète du surimi pour me donner bonne conscience.
J'ai donc décidé de manger des saucisse de Frankfort avec des patates. Je colle donc mes Frankfort dans de l'eau pour les réchauffer et je me prépare à mettre trois pommes de terre au microonde. C'est alors que je dis mon calcul. Le surimi se conserve bien moins que nos produits parmentieresque, j'ai donc décidé de remplacer les patates par du surimi pour aller avec mes Frankfort.
J'ai donc mangé mon premier bâton de surimi avec de la mayonnaise en attendant que les saucisses se réchauffent. J'ai trouvé ça bien fade. J'ai donc décidé d'ajouter de l'échalote et du poivre.
C'est alors que j'ai eu l'idée de génie. J'ai haché l'échalote et le surimi et ai foutu le tout dans la casserole où chauffaient les saucisses. Et du poivre. Beaucoup de poivre (j'aime ça). J'ai attendu que ça arrive à ébullition. J'ai goûté. Les Frankfort chaude avec de la mayonnaise froide, ce n'est pas bon. J'ai donc placé ma casserole sous l'eau froide et le contenu dans une passoire. échalotes, Frankfort et surimi. Hop.
Le tout arrivant à une température comestible (contrairement au thermomètre qui n'est pas comestible mais anal), j'ai servi le tout dans une assiette et j'ai ajouté de la mayonnaise (en boîte). J'ai mélangé le tout.
C'était très bon et je vous le conseille. Sans les échalotes si vous comptez baiser ensuite mais c'est moins bon.
Ce qui est la preuve qu'il ne faut pas être obsédé par le cul mais c'est dommage.
Il me restait, outre des pommes de terre (mon côté Breton), des saucisses de Frankfort, des andouillettes et du rôti de porc cuit. Sans compter du surimi. Le surimi me gonfle mais j'ai horreur de manger du poisson quand il n'est pas préparé par ma mère. Du coup, j'achète du surimi pour me donner bonne conscience.
J'ai donc décidé de manger des saucisse de Frankfort avec des patates. Je colle donc mes Frankfort dans de l'eau pour les réchauffer et je me prépare à mettre trois pommes de terre au microonde. C'est alors que je dis mon calcul. Le surimi se conserve bien moins que nos produits parmentieresque, j'ai donc décidé de remplacer les patates par du surimi pour aller avec mes Frankfort.
J'ai donc mangé mon premier bâton de surimi avec de la mayonnaise en attendant que les saucisses se réchauffent. J'ai trouvé ça bien fade. J'ai donc décidé d'ajouter de l'échalote et du poivre.
C'est alors que j'ai eu l'idée de génie. J'ai haché l'échalote et le surimi et ai foutu le tout dans la casserole où chauffaient les saucisses. Et du poivre. Beaucoup de poivre (j'aime ça). J'ai attendu que ça arrive à ébullition. J'ai goûté. Les Frankfort chaude avec de la mayonnaise froide, ce n'est pas bon. J'ai donc placé ma casserole sous l'eau froide et le contenu dans une passoire. échalotes, Frankfort et surimi. Hop.
Le tout arrivant à une température comestible (contrairement au thermomètre qui n'est pas comestible mais anal), j'ai servi le tout dans une assiette et j'ai ajouté de la mayonnaise (en boîte). J'ai mélangé le tout.
C'était très bon et je vous le conseille. Sans les échalotes si vous comptez baiser ensuite mais c'est moins bon.
Ce qui est la preuve qu'il ne faut pas être obsédé par le cul mais c'est dommage.
Le sèche-mains des toilettes du bureau
Il est temps d’aborder un des vrais sujets, de ceux qui sont
particulièrement importants et qui ne sont jamais traités dans les blogs. J’ai
nommé : les toilettes du bureau et les règles de savoir-vivre qui s’y
pratiquent, notamment un détail pratique.
Pourquoi ce sujet aujourd’hui ? Parce que je suis en retard et que Sciences
et Avenir dévoilait récemment que les essuie-mains à air pulsé propulsaient
un tas de bactéries et de cochonneries non propice à un maintien en bonne
santé. Vous me direz que cela n’a rien à voir puisque ces machins équipent
généralement les stations-service mais pas les bureaux. Je retiens l’objection
mais n’oublions pas qu’il y a des progressistes qui vont finir par rendre
obligatoire ce genre de dispositif.
Figurez-vous qu’un de mes collègues est grand et un peu
timide. Avant l’arrivée d’un autre type, il ne parlait quasiment jamais à
personne. Ca fait deux fois que je le croise alors qu’il sortait des toilettes.
J’ai horreur de ça. On ne peut pas savoir si ses mains sont propres ou pas. Si
elles sont humides, c’est désagréable mais on ne peut pas être sûr qu’il s’agisse
d’eau et qu’il s’est réellement lavé les mains.
De même, j’ai horreur de serrer la main à quelqu’un quand je
sors des toilettes du bureau. On ne sait pas si l’autre ne va pas se dire :
ah mais quel gros porc !
Quand le type sort des toilettes et vous tend la main, vous
ne pouvez pas refuser de la serrer. La tentation est forte d’aller à son tour
aux toilettes pour un lavage de main (au singulier, ce n’est pas la peine de
vous laver les deux dans ce cas précis). Quand c’est vous qui sortez des
toilettes et que quelqu’un veut vous serrer la main, ce qui est une pratique
usuelle, il est délicat de refuser sauf si vous avez les mains mouillées auquel
cas vous pouvez répondre : ah désolé, j’ai les mains mouillées, je te fais
pas la bise mais le cœur y est. Car il faut, en plus, faire preuve d’un humour
fin et délicat.
C’est ainsi que je ne m’essuie jamais les mains après les
avoir lavées, au bureau.
En poussant le bouchon un peu plus loin, je me demande si je
ne me passe pas les mains sous l’eau uniquement pour pouvoir refuser de serrer
des mains.
Toujours est-il que tous les dispositifs pour se laver les
mains pourraient être supprimés sauf, peut-être les machins qui distribuent du
papier car c’est bien pratique quand on n’a plus de mouchoir.
Ce que je dis pour les bureaux est également variable pour
les bistros mais avec d’autres proportions.
24 novembre 2014
Les solitaires
Laurent, c'est notre SDF, celui des marches entre Leclerc et
La Comète. Avant l'hiver sa dernier, ils étaient deux : Johnny et lui. Johnny a
disparu. J'avais eu des nouvelles par les services sociaux de la mairie.
Laurent est seul maintenant. J'en parle parfois dans ce blog. Je me rappelle
avoir écrit qu'il était toujours poli et qu'il me saluait d'un tonitruant
"Salut Nico" avec un sourire et cette intonation qu'on a quand on est
content de voir quelqu'un.
Ce matin, il n'était pas là. C'est très rare. Vous dire que
j'ai remarqué son absence serait mentir pour faire pleurer dans les chaumières.
C'est en disant "bonjour" à Christian, à la Comète, que je me suis
rendu compte qu'il me manquait quelque chose. En prenant le métro, j'ai vu
Laurent arriver. Il avait deux grosses valises. "Salut Nico !" Moi : "salut Laurent ! T'es en retard au
travail ?" Lui : "hu hu".
Nos échanges dépassent rarement ces quelques mots. Et
encore, ça ne fait pas un an que je connais son prénom.
Si je sais qu'il passe ces journées là, c'est que je le vois
aussi le samedi soir. Et s'il passe ces journées sur ces marches (ou souvent
debout devant, voire allongé au pied quand il est saoul), je suppose que c'est
parce qu'il y est bien. Deux ou toujours par semaine, il y a une vendeuse de
fleurs, à la sauvette, qui s'installe là. Ils papotent un peu. Parfois, un
autre type, un petit gros avec les cheveux très court, vient discuter avec lui.
Je ne crois pas qu'il soit sdf. Il fait plutôt penser à l'idiot du village.
Ce matin, quand je l'ai vu, j'ai mis une seconde à le
reconnaître, vu qu'il n'était pas dans son coin habituel. J'ai eu une pensée
bizarre, comme si tous les solitaires que je connais dans la commune me sont
passés dans la tête.
Ce ne sont pas des sdf. J'en connais avec assez de moyens
pour manger tous les jours à la Comète ou à l'Amandine. Une façon de ne pas
manger seul ? Une habitude ? La flemme de se faire à manger ? Je ne leur jette
pas la pierre, je mange souvent au bistro mais, auparavant, je suis avec mes
potes.
C'est presque à ça que je les sépare du reste de la
population dans mon crâne : ils semblent ne pas avoir de pote ou de vie
sociale, même au bistro. C'est presque effrayant. On les connaît assez pour
savoir qu'ils n'ont pas de famille et, quand ils sortent, ils ne font rien pour
avoir des potes comme s'ils savaient qu'ils allaient échouer. Certains disent
bonjour, d’autres répondent poliment, voire font un geste pour montrer qu’ils
vous aiment bien… Puis ils s’isolent, en salle, en terrasse ou au comptoir.
Parfois, on les englobe dans nos discussions mais ça se
termine souvent mal. Soit on les fait chier et ils le font comprendre, soit ils
deviennent exubérant, comme s’ils étaient le centre du monde et on comprend
alors que tous leurs autres copains ont fui. Alors le ton monte et ils
retournent dans leur coin.
Je parle souvent de mes potes, les petits vieux de Bicêtre,
qui sont aussi solitaires ou, plus exactement, seuls, mais s’ils viennent au
bistro, c’est pour avoir une vie sociale. Je parle aussi de ceux que je connais
bien mais qui sont toujours au bistro, comme « la vieille » qui boit
son café à l’Amandine tous les midis puis descend en prendre un à la Comète.
Elle n’a rien à dire mais elle aime bien son train-train. Je parle parfois de
Geneviève qui est repoussée par tous, tellement elle chiante. Elle a été viré
de quelques bistros parce qu’elle n’arrêtait pas de parler aux clients. Il y a
le vieux Roger, pilier du comptoir de l’Amandine de 10h à 12h30/13h. Il n’est
pas chiant. Les copains l’ont pris dans le groupe, on ne peut pas l’éviter. Il
radote. Surtout, après quelques verres, il devient raciste. On s’est encore
engueulés, hier midi, quand il y a atteint le sommet du grotesque ou de l’ignominie :
« tu te rends compte, les étrangers ne peuvent pas éduquer leurs enfants,
ils ne parlent pas français ».
Mais c’est aux autres que je pensais, ce matin, en voyant
Laurent, ceux qui vont au bistro mais n’y recherchent aucune compagnie. Ils
font ce qu’ils veulent. Moi-même, il m’arrive d’aller au PMU pour être sûr de
ne trouver aucun des casse-couilles de la bande… mais pas au quotidien pendant plus
d’une demi-heure.
Je ne connais rien de la vie de Laurent. Je suppose qu’il n’est
pas réellement SDF et qu’il vit dans un foyer dans lequel il rentre
relativement de bonne heure, le soir.
Je suppose qu’il a des potes.
Je suppose.
22 novembre 2014
21 novembre 2014
Léonard Cohen
Il faut avouer que ce type est un des chanteurs les plus chiants mais avec les plus belles chansons. A la Comète, "alléluia" est passé dans le poste le vieux Joël m'a avoué qu'il connaissait peu voir pas. Pourtant, cette andouille a bossé dans le milieu de la musique (cherchez Joel Jovignot dans YouTube). On a parlé de Léo. Et j'ai avoué que je le connaissais surtout grâce à un album sorti avec des reprises de ses différentes chansons par différents chanteurs.
Je suis un fan de Léonard Cohen chanté par les autres. Et, évidemment, j'adore ses tubes, dont celui qui je citais mais aussi Suzanne. Comme beaucoup. Et les autres chansons chantées par d'autres.
Toujours est-il que parmi ces chansons reprises dans dans cet album, il y en a une qui était chantée par un francophone dans une version traduite en français.
Pendant une heure, avec le vieux Joel à coté, je me suis demandé de qui il s'agissait d'où ce billet pour vous demander, cher public, de qui il s'agit. Bizarrement ou pas (ça arrive souvent) je m'en suis rappelé en rédigeant le précédent paragraphe, le vieux Joël est parti.
https://m.youtube.com/watch?v=n4iUYn8FK-s
Ne cliquez pas ou attendez un peu. Je vais envoyer le lien au vieux Joël.
Je pose deux questions :
1. Je ne me rappelais pas le nom du chanteur, les paroles de la chanson,...mais je me rappelais de lui comme étant un abruti. C'est normal ?
2. Suis-le seul à aimer Leonard Cohen grâce aux chansons reprises par d'autres ?
Alleluia.
Paris à chier
"La Comète, son gros noir, son gros frisé et son gros vieux au comptoir, racontant n'importe quoi au comptoir en se foutant de la gueule des autres fientes qui les entourent, voila ce que l'on pourrait retenir de la Comète avec ses serveurs, certes sympathiques mais n'ayant rien à cirer patati patata,...".
Tel est le début d'un billet qui pourrait figurer dans l'excellent blog Paris à chier (avec le style du taulier, pas le mien) qui dézingue les bistros parisiens un par un. Sauf que la Comète n'est pas à Paris.
Il est réactionnaire, grossier, c'est un bonheur !
Je suis inquiet. Il n'a rien produit depuis deux mois.
20 novembre 2014
L'appli idéale ou la rencontre inévitable
J'ai un blog politique où je parle souvent des entrepreneurs. J'ai un blog bistro où je parle souvent des bistros du Kremlin-Bicêtre. J'ai un blog geek où je parle souvent des nouvelles applications.
Des types du Kremlin-Bicêtre ont créé une boîte pour lancer une application largement orientée vers les bistros qu'ils restent dans ceux de la commune...
Le hasard (sous le pseudonyme d'El Camino) nous a fait croiser nos chemins. C'était hier soir, à la Comète, et je n'ai pas fini de vous parler de ce machin dans mes blogs.
Mettons les bobos en prison pour le Beaujolais nouveau
J'ai déjà fait part de mon hostilité pour le resto entre la Comète et chez moi dans mon blog annexe. Il faut dire que le patron m'avait invité à boire un coup alors que je passais dans la rue et qu'il me l'avait fait payer, ce que j'avais trouvé très fort.
Ce soir, je rentre à la maison et je constate qu'il faisait de la publicité pour sa soirée Beaujolais de demain soir. C'est son droit. C'est mon droit, aussi, de lui rappeler que le Beaujolais nouveau est un truc populaire qui se boit dès le matin, voire le midi quand on est petit joueur (pour ma part, ça sera le soir, désolé) et pas un truc festif du soir, d'autant que le pinard en question est généralement dégueulasse et ne devrait qu'être un prétexte pour aller au bistro avec les copains.
Cette andouille vient de rendre cette tradition ringarde tout en la réservant aux bobos branchés. Il coule son propre job, c'est à pisser de rire.
Je vais lui expliquer ; tu fais le Beaujolais nouveau dès le midi et tu auras un tas de clients qui viendront des entreprises du quartier. Pas le soir avec des locdus qui auront la possibilité de prendre le métro et d'être dans le quartier latin en dix minutes.
Les moments historiques de la blogosphère française
Jeudi. C'est le Beaujolais nouveau. Comme tous les ans, on essaie de faire tenir le patron jusqu'à minuit pour boire un verre dès le premier jour. Je me suis donc mis dans un coin pour attendre l'heure fatidique et j'ai fais des trucs avec mon iPhone. La batterie est légitimement tombée en panne. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait de billet sur ce blog. Je branche donc la batterie de secours que j'ai foutue dans la poche de mon jean.
Je vais, tout aussi légitimement, uriner. Une andouille m'envoya alors un sms. Par réflexe, je sors l'iPhone qui était dans la poche opposée. Et paf ! Le câble se prend dans le machin.
On mène une vie très pidante et cette anecdote est véridique.
17 novembre 2014
Le stress
Ce matin, j'ai reçu un sms un collègue : "tu es attendu pour la formation "gestion du stress" à 9h30". Il était 9h30. J'avais encore une demi-heure de trajet. Je me demande si j'ai vraiment besoin de cette formation. Je ne suis pas stressé. J'ai d'autres défauts. Ma patience et ma politesse peuvent parfois être remises en cause. Ma capacité à stresser, non. D'ailleurs mes collègues pourraient me le reprocher parfois. "Ah mon dieu tous les serveurs sont HS". Ça les angoisse. Moi pas. Je me dis que le chef se fera engueuler par le directeur qui se fera engueuler par les actionnaires mais que je m'en fous. Je me dis par contre qu'il serait bien de rétablir le service parce que les clients ont besoin du service et qu'il faut rendre service au chef et au directeur pour qu'ils ne se fassent pas engueuler.
Il peut y avoir une catastrophe majeure, je ne stresse pas. J'engueule les responsables mais à l'instar d'un Juppé, je reste droit dans mes bottes. Il faut résoudre le problème. Ainsi, ce matin, je n'ai pas stressé. J'étais en retard mais ne pouvait rien y faire. Ma seule gêne était de devoir présenter des excuses à une brave personne qui s'est déplacée pour nous faire cette formation. Arriver en retard alors qu'elle avait fait un effort était d'une grande grossièreté.
Je me suis retrouvé pendant quelques minutes à devoir sortir une excuse aux organisateurs, la DRH. Une excuse ou un prétexte d'ailleurs ? J'avais les couilles propres. Les RH m'avaient convoqué par mail sans inscrire le truc dans mon agenda. Cela était donc annexe mais il ne me fallait pas accuser la secrétaire qui m'avait inscrit par mail à une formation qui ne m'intéressait pas mais qui est obligatoire.
Finalement, je suis arrivé au bureau en retard, ou du moins à cette formation. J'ai foncé au secrétariat où il n'y avait d'ailleurs personne. J'ai donc pris ma décision : ne pas aller à la formation. Je suis donc allé directement à la machine à café où j'ai trouvé les secrétaires qui m'on dit que je n'étais pas le seul à être arrivé en retard. Je devais donc y aller. Elles ne sont pas stressées non plus.
Je suis allé.
La formatrice était une pro. Je suis entré dans la salle. J'ai bredouillé des excuses. Mais je n'en avais aucune valable et elle le savait. Elle n'a donc pas répondu à mes excuses ce qui m'a mis en état de stress. Un autre collègue est arrivé après mais lui avait une vraie excuse et en plus il avait prévenu. Elle a fini par nous demandé ce qu'on foutait là, question qu'elle avait déjà posée aux autres avant notre arrivée.
C'était rigolo (je suis passé avant le collègue). Elle a voulu me faire retomber mon stress qui n'en était pas un en me faisant avouer devant tout le monde que je me foutais de sa formation mais qu'elle était imposée par la direction. Je me suis évidemment retrouvé comme un con. J'ai avoué.
La journée était lancée.
14 novembre 2014
Mes pieds
Toi, je ne sais pas, mais moi, je déteste aller chez le
coiffeur et faire des courses. En fait, je déteste faire autre chose que de
bloguer, d’aller au bistro, de conduire ou de prendre le train. Je suis tordu.
Comme tout le monde, je fais des courses, tous les samedis ou presque : je
vais chez Leclerc et je prends précisément ce dont j’ai besoin pour la semaine
ou la quinzaine qui vient : bouffe, entretien de la maison et entretien
personnel.
Je pense que ce que je redoute le plus est de tenir une
conversation avec un commerçant. Tiens ! La dernière fois où j’ai fait des
courses, lundi dernier, l’aimable caissière me dit : « on ne reprend
pas les sous-vêtements ». Je n’avais jamais entendu quelque chose d’aussi
stupide ou presque (je l'ai même fait répéter). J’aurais pu aller à la caisse, elle m’aurait dit « bonjour »
et j’aurais répondu avec l’amabilité qui me caractérise. Elle m’aurait annoncé
le prix, j’aurais tendu la carte, elle m’aurait rendu ma carte avec le ticket
de caisse et disant « merci bonne journée » et elle m’aurait répondu
en souriant. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle ajoute cette remarque stupide ?
J’aurais dû lui répondre : « hé connasse, si j’achète des sous-vêtements,
ce n’est pas pour les rendre ensuite. »
Les dialogues les pires sont sûrement chez le coiffeur mais,
chez le marchand de chaussures, les échanges peuvent dépenser des niveaux
abyssaux dans le ridicule. Déjà, vous entrez et il se trouve un type qui vous
demande : « vous désirez ? » La prochaine fois, je
répondrai : « un litre de betteraves » pour voir.
A cette détestation de fréquenter les commerces, je dois
avouer que j’ai aussi horreur de dépenser du pognon pour des conneries (ce en
quoi, j’ai bien changé), sauf, parfois, pour les pompes mais mon calcul est
purement financier (une paire de pompes à 200 euros dure cinq fois plus qu’une
paire à 100). Ce n’est pas de la radinerie, je crois, vu que je suis assez
flambeur par ailleurs.
Toujours est-il que, lundi dernier, je me suis enfin décidé
à acheter des chaussures. Tiens ! Parlons chaussures. Je fais partie de
ces gugusses qui n’ont que deux ou trois paires de chaussures : celle de
tous les jours, celle toute déformée pour les week-ends et les vacances et celle
en réserve, que vous n’aimez pas trop mais qui est très bien dans les grandes
occasions. A part les braves gens qui ont une activité qui nécessite des pompes
spécifiques, je ne vois pas l’intérêt d’avoir plusieurs paires. Pendant des
années, je n’ai fait ma vie qu’avec une seule (et des vieilles en réserve pour
les urgences). Et encore, si actuellement j’ai une deuxième paire pour les vacances,
c’est parce que j’ai retrouvée par hasard en faisant du ménage. Je ne la mets pas
pour aller au boulot parce qu’elle n’est franchement pas faite pour…
Je ne comprends pas le rapport que peuvent avoir les hommes
avec leurs chaussures. Au bureau, par exemple, j’ai des collègues qui en ont
des splendides, bien cirées, pointues, mais le reste de leurs fringues est plus
qu’ordinaire quand il n’est pas sale, froissé,… C’est masculin, presque viril,
de cirer des pompes. Il faudra faire une thèse. C’est surtout très facile, à la
portée du premier abruti : il suffit d’ajouter une couche de cirage par-dessus
la crasse. Cela n’a évidemment rien d’hygiénique mais je suis prêt à parier qu’il
y a encore des types qui cirent leurs groles tous les jours mais ne prennent qu’une
ou deux douches par semaine.
Ce qui explique aussi ma haine des chaussures, comme signe
extérieur d’élégance ou de propreté.
Ce qu’il y a de bien avec mes billets de blogs c’est que
vous ne regarderez jamais plus les chaussures des autres comme avant. Vous
imaginerez le porteur de beaux souliers les arborer pour faire croire qu’il est
propre.
Toujours est-il que ma précédente paire de pompes datait d’environ
18 mois. Je l’avais achetée en Bretagne et j’avais fait l’erreur de les mettre
pour rentrer à Paris. 4h45 assis : pas de problème, puis, à Montparnasse
remonter tout le long du TGV pour aller jusqu’au métro, sans compter les
couloirs à Place d’Italie et le trajet jusqu’à chez moi. Ces quelques centaines
de mètres avaient été fatals à mes pieds ou, du moins, à mes talons, le cuir à
l’arrière de la chaussure n’était pas souple. Le lendemain matin, je n’avais
pas fait attention et les avais remises. Le soir, mes pieds étaient en sang,
avec des cloques. Je me soignais normalement donc cela a fini par passer, puis
à revenir, puis à passer définitivement. Un jour, n’y tenant plus, j’ai cassé
le talon, mettant les machins comme des babouches, tellement j’avais mal. Et j’ai
pris l’habitude de le faire assez souvent, ne mettant les chaussures
normalement que pour les grandes occasions. Toujours est-il que j’avais passé
environ deux mois à boiter. Au début, vous boitez parce que vous avez mal, le
mal disparait mais votre musculature s’est plus ou moins déformée et vous
prenez des mauvaises habitudes. C’était avant l’été 2013…
En janvier 2014, les braves gens de la RATP ont fait des
travaux. La station où je faisais traditionnellement mon changement a fermé. J’ai
fait le choix de changer à Chatelet ce qui nécessite de remonter des grands
couloirs et de prendre des escaliers dans tous les sens. Un jour, j’ai fait une
vague entorse ou un truc comme ça, en me « tordant le pied ». Rien de
grave, avais-je jugé mais, toujours le même phénomène qu’avec mes cloques :
ne pouvant pas plier la chaussure, je boitais et j’avais mal à tous les muscles
de la jambe qui rattrapaient le coup, ce qui me faisait boiter encore plus. J’avais
fini par mettre une bande pour soutenir la cheville, donc elle ne me faisait
plus mal mais je boitais toujours. Ca a duré plusieurs mois. Les collègues qui
ne se foutaient pas de ma gueule me disaient d’aller chez le toubib. Au bout de
quelques temps, j’ai constaté que la douleur était moins forte le week-end et
je mettais ça sur le fait que je marchais beaucoup moins, n’ayant pas Chatelet
à franchir. Ce qui fait que je n’étais pas du tout inquiet : ma cheville
allait se remettre. Je raconte la fin parce qu’elle est rigolote : j’ai
remarqué aussi que j’avais beaucoup moins mal le dimanche après un séjour en
Bretagne. Quoi de plus normal, vu que, quand je rentre, je prends mon vendredi.
Les engrenages de mon crane se sont néanmoins mis en branle : quand je
suis en Bretagne, je marche plus qu’à Paris car les bistros sont plus éloignés…
J’ai alors eu l’idée de génie. Le lundi matin, au bureau, j’ai levé mon siège d’un
centimètre et je n’ai plus jamais eu mal. Mon entorse n’arrivait pas à se
guérir à cause d’une mauvaise position que j’avais quand j’étais devant mon
ordinateur…
Toujours est-il que j’étais bien loin d’avoir envie de
remettre des pompes sans le talon cassé.
En septembre ou octobre, c’est une collègue à moi qui s’est
mise à boiter. Je me foutais gentiment de sa gueule parce qu’elle s’était
foutue de la mienne. Elle avait aussi une vague entorse qui ne nécessite pas l’intervention
d’un toubib. Cela a duré quelques semaines, je lui ai donc signalé le coup de
la hauteur du siège. Elle est guérie. Je pourrais faire fortune dans la médecine.
Lundi dernier, j’ai donc décidé de mettre fin à ma période
de chaussures bancales. Les commerces du centre-ville de Loudéac étant fermé,
je suis allé dans un grande surface (Distri Center, de mémoire) de l’immonde
zone commerciale que je boycotterais bien mais on n’a pas le choix. J’étais
fermement décidé à acheter la première pompe que je trouvais si elle n’avait
pas de lacets.
Tiens ! Je n’ai pas parlé des lacets. C’est un des machins
les plus crétins que je connaisse. Quel imbécile a inventé les lacets ? On
ne fait que les faire et les défaire. Les chaussures tiennent aussi bien quand
ils sont défaits mais on risque de se casser la gueule. Ainsi, on est obligés
de faire ses lacets pour ne pas tomber et c’est la SEULE utilité de ce geste.
Par contre, les mocassins sont toujours moches. Je ne sais
pas pourquoi. C’est une règle. Je pense que les chausseurs ont une charte de
déontologie, un serment d’Hippocrate à eux avec deux règles : avoir des
conversations débiles avec les clients et vendre des mocassins affreux.
Il me fallait donc des chaussures fermant avec autre chose
que des lacets mais pas des mocassins. J’ia trouvé d’horribles chaussures
fermant avec un velcro mais pas aussi horrible que des mocassins. Le choix du
modèle m’a donc pris environ 17 seconds. Le modèle d’exposition était du 43. Ca
tombait bien. J’ai essayé. Ca m’allait. Consultant l’étiquette pour vérifier le
tarif, je lis 19€99. C’était parfait. J’avais prévu un budget de 50 euros que j’ai
cramés en achetant des caleçons et des chaussettes, ça sera déjà ça à ne pas
acheter ultérieurement mais ça m’a valu une remarque idiote de la caissière. Ne
revenons pas dessus.
Pour les chaussettes, j’ai pris 10 paires identiques. Je vous conseille de faire pareil. De toute
manière, personne ne regarde vos chaussettes. Prendre des paires identiques
permet d’éviter de perdre du temps à en trouver deux, des chaussettes, pas des
paires, qui puissent aller ensemble. Cinq minutes de gagnées à chaque lessive.
Au moins ! Je suis un garçon très organisé. La plupart des ménagères
lavent séparément le blanc des couleurs, par exemple. Moi pas. Je lave
séparément les sous-vêtements et les chemises : à la sortie de la machine,
les sous-vêtements vont directement dans un bac en plastique sans le moindre
rangement méthodique que l’on pourrait attendre de la part d’un célibataire de
mon cru.
Voila, j’ai terminé le préambule de mon billet. Vous savez
pourquoi j’ai acheté des chaussures, pourquoi je l’ai fait dans une espèce de
machin discount.
Je sais pourquoi ces chaussures ne coûtent que 19€99.
J’étais très bien dans ces chaussures neuves, je les avais
prises légèrement trop grande. Je fais du 42 et demie. Ou « et demi »
d’ailleurs. Bonne question. Donc j’achète soit du 42 soit du 43. Cette fois c’était
du 43. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi on ne prendrait pas toujours des pompes
trop grandes (sauf si on a à marcher, évidemment, je ne suis pas fou). Mais ne
recommençons pas le préambule.
Ce matin, j’avais mal aux pieds en arrivant au bureau. Toute
la journée, ça m’a tracassé. Et j’ai compris.
Les chaussures ont rétréci, hier soir, alors qu’il pleuvait.
C’est pour ça qu’elles ne valaient que 19€99.
J’espère que les caleçons que j’ai achetés en même temps ne
rétrécissent pas.
Amen.
13 novembre 2014
Connaître les bistros ?
Récemment, la patronne de la Comete faisait la fermeture toute seule. Il lui fallait rentrer les chaises et tables de la terrasse. Je lui souhaite bon courage et elle me dit " tu sais qu'il y a pire que de rentrer la terrasse". Avant qu'elle ne finisse sa phrase, je lui réponds : "oui, la sortir".
Elle éclate de rire et me dit : "c'est exactement ce que je voulais dire, comment tu as deviné ?"
Tous les matins, j'arrive au bureau vers 10 heures (ce qui explique pourquoi j'y suis encore à 19h30) et je vois les salariés des brasseries qui bossent. Ils sortent les terrasses. Les chaises, les tables, les parasols et leurs pieds lourds pour qu'ils résistent au vent.
Ces lascars ne savent pas si c'est utile, s'ils vont faire du chiffre d'affaire avec. En novembre, ils arrêtent. Mais en octobre, ils ne savent pas. Ils sortent la terrasse s'il pleut à midi, le chiffre d'affaire coule.
Et tous les soirs, on trouve au bistro des abrutis qui donnent des conseils au patron. C'est un rituel. Il faut que le pochetron donne des conseils. IL LE FAUT. Le patron écoute. C'est son job. Le client ne sait pas que c'est son job. Le client est persuadé connaître le boulot autant que le patron. C'est facile. Il faut un comptoir et de la bière pression. La fortune est faite. L'andouille donne des conseils.
La patronne. Débutante dans le métier ? Bof ! Elle a des années de comptoir. Je suis le premier client a lui avoir dit que je pensais que sortir la terrasse était pire, comme corvée, que de la rentrer.
Et les pochetrons donnent des conseils.
12 novembre 2014
On ne pleure pas un copain
Hier soir, je rentre de Bretagne, l'Aéro était ouvert. Je décide d'y boire une verre (pour dire bonjour uniquement, hein !). Le patron était saoul comme s'il avait bu ce qui fait que je me demande s'il n'avait pas un peu picolé. Je me plonge donc dans l'iPhone jusqu'à l'arrivée du vieux Joël. Il arrive. On papote. Je me replonge.
Je vais dans Facebook. Un copain (un vrai que je connais depuis près de vingt ans) repère que je suis là. Il m'envoie un MP (message privé). On discute et il m'apprend qu'un copain à lui (qui aurait pu être à nous, mais j'ai quitté les milieux qu'on fréquentait ensemble avant son arrivée) est mort. Je le sentais seul, derrière son PC, se sentant con de vouloir pleurer mais ne pouvant y résister. J'ai balancé deux ou trois banalités pour essayer de le réconforter sachant que je ne pouvais pas faire grand chose.
Comme tous, il a une vie sociale, voit beaucoup de monde, mais à 21 heures, il est seul. Il ne veut pas déranger sa famille et n'a que les réseaux sociaux pour contacter les vieux potes.
A un moment, il me demande : "on pleure comment un copain ?"
J'ai répondu : "on ne pleure pas un copain. Je l'ai trop fait."
J'ai en gros 15 ans de plus que lui, et, effectivement, j'ai eu plus l'occasion que lui de perdre des potes. C'est mathématique. Ne serait-ce que dans les blogs. Jean-Louis, Olivier, Philippe, Jean,...
Je l'ai trop fait, de pleurer, disais-je. Je me rappelle de la mort du Coucou, Jean-Louis. Non seulement, je chialais colle une madeleine, mais il fallait en plus que je réponde aux questions des potes : on fait comment pour les fleurs et tout ça. J'étais resté droit dans mes bottes mais j'avais envie de répondre : vous me faites chier. C'est moi qui suis en deuil. Vous ne le connaissiez pas dans la vraie vie, moi si. C'est à vous d'acheter des fleurs et d'écrire un mot débile. Pour moi. J'avais perdu un vrai pote. Pas un personnage des réseaux sociaux.
Sylvain, on ne pleure pas la mort d'un pote, je l'ai trop fait et tu le feras trop. Tu pleurerass la mienne (enfin, j'espère que je n'aurais pas à pleurer la tienne, compte tenu de la différence d'âge).
On ne pleure pas pas la mort d'un pote, JE l'ai assez fait.
Considérations capillicultrices
Coiffure normale |
Certains oseront penser que je ne suis pas le mieux placé
pour des donner des conseils en matière de capilliculture. C’est une erreur. Il
suffit de regarder ma tignasse légendaire pour se rendre compte que je suis un
éminent spécialiste. Il faudrait, en plus, que je me peigne avec un ustensile
conçu pour, contrairement à mes doigts boudinés.
Il y a avait une grande dame rousse aux cheveux longs, ce
matin, dans le métro. Elle n’était plus une première main mais a probablement
été très belle. Elle mesurait probablement environ 1m90. A un moment, elle s’est
penchée. On voyait les racines noires de sa tignasse. C’est laid. Une teinture
de cheveux s’entretient. Regardez François Hollande, par exemple. On ne voit
pas les racines.
Peu après, je me retrouve à côté d’un mickey, 25/30 ans.
Grand, mince… et visiblement tout droit sorti du 16ème
arrondissement. Costume trois pièces gris sous un manteau gris, épingle de
cravate en or, montre en or. Ne pas confondre l’épingle à cravate, ou, plus
exactement la tige pour col, avec la pince à cravate qui se pratique encore
souvent pour empêcher la cravate de tomber dans la soupe. La tige se plante
dans le nœud, à travers le col de la chemise. Ca se fait de moins en moins. Je
me suis mis à le regarder fixement parce qu’il me rappelait quelqu’un (Antony
qui officiait au PS à Loudéac, je m’en suis rappelé après). Il m’a repéré et a
commencé à me fixer à son tour, me prenant sans doute pour une vieille pédale voulant le draguer. J’ai
maintenu mon regard fixe, comme si ce n’était pas lui que je regardais et que j’étais
perdu dans mes rêves.
C’est un excellent truc que j’ai appris dans les bistros, à
force d’observer les gens au comptoir. Un jour, une armoire à glace ivre a voulu
me casser la gueule après avoir surpris mon regard. Quand il s’est approché de
moi et m’a adressé la parole, j’ai fait semblant de sortir de mes rêves…
Le mickey a baissé le regard puis la tête et s’est
légèrement tourné. J’étais encore hanté ma grande rousse et j’ai observé sa
coiffure. Il était très bien peigné, la raie sur le côté, allant jusqu’à l’arrière
du crâne. Impressionnant. Il semblait avoir mis du gel pour que ça tienne. C’est
alors que j’ai vu les points blancs. Ce type avait des grosses pellicules dans
les cheveux. J’en ai conclu que ce n’était pas du gel mais de la crasse. Le
gars n’avait visiblement pas pris de shampoing depuis longtemps…
En sortant du métro, je suivais une magnifique blonde. Après
le portillon, elle me tenait la porte. Je n’avais rien demandé mais c’est l’usage.
Je fais pareil aussi, je me retourne et je regarde si quelqu’un me suit pour
éviter de lui fermer la porte au nez. La politesse, quoi. Elle m’a jeté un
regard voulant dire : bon, tu te dépêches gros con, je n’ai pas que cela à
foutre. J’ai donc accéléré par réflexe alors que la bienséance aurait voulu que
je l’insulte copieusement pour m’avoir fait comprendre qu’on n’était pas dans
le même monde, qu’elle faisait partie des personnes de qualité, élégantes,
belles, et que je n’étais que la plèbe…
Quand j’ai tendu la main pour retenir la porte, elle s’est
tournée brutalement faisant virevolter sa coiffure. C’était une fausse blonde
et ça se voyait. Deux bons centimètres de racines. J’ai donc dit « belles
racines », ce qu’elle a pris pour « merci ».
Désespéré de mes concitoyens, dans l’escalator qui nous
tirait de là, j’observais les gens, à la recherche d’un quatrième exemple pour
faire un billet de blogs.
Ces cons-là étaient tous coiffés normalement.
10 novembre 2014
Après l'Eveil, faut-il regarder Breaking the waves ?
Je le dis souvent, je ne regarde la
télé que le matin des jours fériés quand il y a des cérémonies
genre 14 juillet et 11 novembre (je ne sais pas pourquoi) et le soir,
quand je suis chez ma mère et que nous ne sommes pas un samedi ou un
vendredi. Dans ce cas, il y a la traditionnelle discussion :
« qu'est-ce qu'on regarde, ce soir ? » La décision
est toujours prise assez rapidement. S'il y a un truc que l'un veut
voir et que ça ne dérange franchement pas l'autre, on retient le
truc. Comme chacune des parties sait que l'autre n'aime pas, il n'y a
aucune difficulté. Sinon, on cherche un truc regardable par tous.
Les choix ne sont pas toujours heureux mais ce n'est pas très grave.
Je suppose que c'est à peu près
pareil dans toutes les familles.
Hier soir, elle me dit : « je
regarderais bien Breaking the waves ». N'ayant pas le
programme sous les yeux, je cherche sur Google. Film primé et tout
ça. Je me dis : « pourquoi pas ».
Le choix était fait en quelques secondes.
Arrive 20h50, on se met devant la télé,
elle met la chaîne, ça ne ressemblait pas du tout à Breaking the
waves. Elle vérifie la chaîne, c'était OK. Elle vérifie le
programme ! Oups ! C'est ce soir que passe ce film.
Sur la chaîne en question, il y avait
« L'éveil ». Elle n'était pas spécialement favorable
et je ne l'aurais certainement pas regardé sans un brin de hasard.
Je regarde le programme. Une paire de grands acteurs (Robert de Niro,
Robin Williams). Je regarde internet. Une bonne critique. Pas le
temps de changer de chaîne, nous aurions loupé le début. Le choix
était fait.
Le choix fut bon. Très bon film à
deux détails près. D'une part, on comprend mal le déclic qui fait
qu'entre le moment où le toubib réussi à faire s'exprimer le gamin
avec le machin avec les lettres, la fiche qu'il prend dans le tiroir
et le bouquin qu'il lit devant la grille et l'espèce de léopard,
que le docteur pense au médicament pour Parkinson. Tant pis !
C'est lui le spécialiste. Peut-être me suis-je égaré dans mon
iPhone quelques minutes et ai-je perdu le fil.
Le deuxième plus gênant. A parti
du moment où tout va bien et qu'il reste plus d'une demi-heure de
film, on se doute bien que la fin sera malheureuse. Que le remède
n'allait pas fonctionner sur le type, sauf pendant quelques jours. De
fait, c'est ce qui se passe. On se met à espérer que le toubib va
trouver autre chose et on comprend vite que ça va échouer. C'est
alors que ça part en couilles ! Les acteurs se mettent à jouer
de travers ou à « surjouer ». C'est abominable et vous
décrochez...
J'avais totalement oublié ce film
quand, dans twitter, je suis tombé sur cet
article « 3 bonnes raisons de
regarder "Breaking the waves" ce soir à 20 h 50 sur
Arte. » Et je me suis rappelé que je connaissais la
fin. Elle est racontée dans Wikipedia.
C'est souvent le cas pour les films au dessus des autres.
Je ne sais pas si c'est volontaire, si
le type qui a rédigé la page n'a pas aimé le film ou a voulu faire
de l'humour, toujours est-il que le volet mystique du film apparaît
complètement ridicule. Ou alors c'est mon athéisme forcené qui
déforme la pensée de l'auteur...
C'est un drame, une histoire
triste,dont la fin semble tournée en dérision. Il a une belle
critique, des récompenses,...
Faut-il le regarder ?
07 novembre 2014
06 novembre 2014
Santé ! Mais pas de la tête
J'ai l'habitude de donner des nouvelles de mon petit monde, ici. Dans un récent billet, je me moquais du soi-disant AVC qu'aurait eu Marcel Le Fiacre. En fait, il a été opéré en urgence d'une tumeur au cerveau, hier. Ca s'est bien passé, merci.
Il m'a appellé vers 11h30. Je ne comprenais rien à ce qu'il me disait sauf l'essentiel : l'opération. J'ai donc envoyé un mail à Patrice qui m'a confirmé l'information. Il m'a appelé par erreur alors que j'étais en réunion. J'ai répondu parce que j'avais peur que ça soit important (ca l'était). Et me suis fait engueuler par la chef parce que je répondais au téléphone. Je me suis vengé par la suite : elle est rentrée d'un repas d'affaire et j'aurais dû exiger une prise de sang.
L'opération du cerveau n'aide pas à utiliser correctement un téléphone.
Toujours est-il que je n'ai pas spécialement le moral, connaissant un tas de gens morts d'un cancer guéri après une opération. Heureusement que je peux raconter des conneries dans Twitter suite à l'émission avec François Hollande. Heureusement qu'il est là.
Par contre, le vieux Jacques est sorti de l'hôpital. A mon avis, dans trente ans, je ferai encore des billets annonçant sa fin proche. Si je n'ai pas un cancer du cerveau avant. Marcel en a bien un.
05 novembre 2014
Toilettes pour homme
Au bureau, les toilettes pour homme sont dans la cage avec les ascenseurs. Du coup, il faut prendre son badge pour aller pisser, ce qui est une discrimation grave : les toilettes des femmes et celles des handicapés sont accessibles sans le badge.
Il est temps que la blogosphère se saisisse de vrais sujets.
Toujours est-il qu'une bonne partie des mecs vont pisser dans les toilettes pour handicapés. Pas moi, sauf en cas d'urgence. Mais comme ils ne s'assoient pas et qu'il n'y a pas de pissotières (les mecs en chaise roulante sont assez peu sensibles aux vrais sujets), certains pissent à coté et c'est degueulasse. Pire que chez moi.
C'est mal. Mais les vrais sujets, hein !
Toujours est-il que j'ai interpellé un collègue hier. C'est simple. Dans la mesure où on a toujours notre badge sur nous, je parle des hommes, les grosses les foutent dans le sac à main, nous dans la poche, ce qui réduit le degré de la discrimination de mon premier paragraphe.
Comme quoi, les vrais sujets,... On ferait mieux de s'occuper de ma précédente phrase qui n'est pas terminée.
J'ai donc demandé à un collègue pourquoi il allait pisser chez les habdicapés, ou, pour être politiquement correct, chez les PMR.
Il m'a répondu qu'il préférait parce qu'il y avait plus d'espace.
Je lui ai donc demandé par réflexe s'il avait une bite si longue que ça.
Je crois que c'est la première fois dans l'histoire de l'honorable administration qui m'emploie qu'un cadre superieur pose ce genre de question à un autre cadre superieur d'un échelon hiérarchique superieur.
Et c'est aussi bien.
J'ai des réflexes idiots.
04 novembre 2014
On oublie toujours de remercier la Comète
La soirée avec Jean-Luc Bennahmias fut parfaite. Rondement menée avec un personnel efficace et une patronne aux anges.
03 novembre 2014
L'Ecir, le bar des seigneurs
Quand je suis entré dans ce bistro, je n'étais pas dépaysé : il y avait un gros noir qui buvait du rouge au comptoir. C'est, en revanche, la seule comparaison que l'on peut faire avec la Comète. Il n'y avait aucun vieux regardant son Perrier en espérant qu'elle se transforme en 1664.
Décernons un bon point d'emblée avant d'entrer dans des considérations hasardeuses. La bière de base est de la Paulaner. Cela mériterait que l'on embrasse le patron mais il est aussi gros que moi : on n'y arrive pas. Tiens. Une photo.
Le type qui tourne le dos au comptoir est Styven qui habite dans le quartier. C'est un copain. Ça m'a fait autant plaisir de le revoir que le patron de ce bistro sympathique qui n'est autre que Mathieu, l'ancien patron de la Comète. Il a repris ce bistro avec Yannick qui était serveur à la Comète. On reconnaît Mathieu à sa légère surcharge pondérale et Yannick à sa calvitie naissante.
Que dire de plus à part qu'il se trouve au 59 boulevard Saint Jacques, à l'angle de la rue de La Tombe Issoire, de mémoire, ce qui m'a fait rigoler en préparant ce billet. Il y a une quinzaine d'années, il y avait à côté le siège de la monétique des Caisses d'Epargne. Sortant d'un entretien avec des andouilles qui avaient fait l'erreur de nous faire croire qu'ils voulaient nous vendre une mission longue, nous avaient fait comprendre qu'ils ne voulaient qu'avoir un avis d'experts. On était donc rentrés dans ce bistro avec mon commercial pour boire une biere. On l'a fait. Tant qu'à faire on a bu une deuxième. Une troisième. Une quatrième. Ce qu'il y a de rigolo, c'est que je n'ai aucun souvenir du bistro. Seulement de la soirée. Il y a aucun doute possible. C'était là. Aucun doute. Ce n'est qu'une heure après, en arrivant à la Comète et retrouvant la wifi pour faire ce billet que je m'en suis rappelé. Cette cuite que j'ai prise en 1997 dans ce bistro alors que Styven n'était pas né, dépité par un client débile.
02 novembre 2014
Un petit tour au bistro ?
Quand je pense qu’il y a encore des gens qui ne connaissent
pas l’Aéro, ça me laisse pantois. J’y vais assez souvent mais je ne reste
jamais très longtemps, sauf parfois le samedi soir, quand il est ouvert. C’est
un tout petit bistro où seul le patron bosse, aidé parfois par un pote à lui
pour qu’il puisse avoir quelques disponibilités pour régler des histoires
personnelles. De mémoire, le patron est là depuis avril 2007. Au départ, ils
étaient deux mais ils ne s’entendaient pas bien. Du coup, deux ans après l’ouverture,
Karim a racheté les parts d’Idir. Il est ouvert tous les jours depuis le début.
Jamais de repos, jamais de vacances.
En avril, il a fini de rembourser son prêt. Il est
propriétaire. C’est une toute petite affaire, mais, en région Parisienne, ne
nous trompons, ça représente 20 ans de SMIC, uniquement pour le fonds de
commerce, pas les murs.
Quand il n’est pas en retard, il ouvre à 6 heures du matin.
Pour nous autres, grosses fainéasses, ça parait très tôt, mais il y a un tas de
gens qui prennent un café avant d’aller bosser, des ouvriers ou alors des types
qui reviennent de Rungis. Jusqu’en 2007, je prenais souvent l’avion et choppais
le premier métro, vers 6h05. Je passais prendre un café, juste avant, à la
Comète ou à l’Aéro. Il y avait toujours des clients. Il ferme souvent vers 19
heures, parfois il traine jusqu’à plus de minuit.
C’est un des derniers bistros n’ayant que la vente de
boisson comme activité. Regardez autour de vous, hors bars de nuit et zones
touristiques, tous les bistros font autre chose : restauration, tabac,
jeux,… Pas l’Aéro. Tout le monde lui donne des conseils, notamment pour qu’il
fasse restauration mais il serait obligé d’employer un cuisinier et un serveur.
Il gagnerait moins d’oseille. Beaucoup de types ont prédit qu’il ne réussirait
pas et qu’il serait obligé de revendre. Il a réussi. J’étais un des seuls à y
croire et, avec mon flair, je ne me suis pas planté. C’était un peu pareil avec
la Comète, mais dans l’autre sens. Tout le monde prédisait que l’ancien patron
ferait un tabac, sauf moi. J’ai malheureusement eu raison.
D’autres lui conseillent de mettent une grande terrasse vu
que la place vient d’être refaite et qu’il y a un bel ensoleillement. Le
problème est le même : il serait obligé de prendre du personnel. Alors, il
a mis quatre ou cinq petites tables et se débrouille tout seul. Gérer une
grande terrasse est très chiant : le matin, il faut sortir les tables, les
chaises, même s’il fait mauvais (elles sont stockées dans le bistro). Le soir,
après une journée de boulot, il faut les rentrer. Il y a un marché deux ou trois
jours par semaine. Il serait emmerdé, ne pouvant pas sortir toutes les tables
et étant donc obligé de les descendre à la cave pour avoir de la place.
Dernière précision : l’Aéro est juste après la sortie
du métro, dans la direction de l’Hôpital (un des plus gros d’Ile-de-France), à
quoi des arrêts des bus qui desservent une partie de Villejuif et tout le
sud-ouest de la commune. Il y a donc beaucoup de passage.
La clientèle
Dans le temps, le bistro était tenu par un couple,
Christiane et Loulou. Il me semble qu’elle était auvergnate et lui Kabyle. A l’époque,
il faisait à manger le midi. Je crois que c’est Abdel qui faisait la cuisine.
Bicêtre était une ville ouvrière et ce genre de bistro avec une bouffe
traditionnelle (bœuf bourguignon, blanquette et couscous) marchait du tonnerre.
Le bistro a été ensuite repris par Abdel et son frère puis Abdel tout seul,
dans les années 90. Le quartier commençait à changer. C’est d’ailleurs à cette
époque que j’ai acheté mon appartement (94) et commencé à vernir à l’Aéro (96 ?).
C’est le genre de boutique où il faut être trois : un barman, un cuisinier
et un serveur. A deux, Abdel et son frangin, ce n’était plus possible. Il faut
un barman, si possible le patron, à plein temps pour assurer la relation avec
la clientèle. S’il est occupé au service, le comptoir est vite déserté et les
gens prennent l’habitude d’aller ailleurs, d’autant que les deux n’arrêtent pas
de s’engueuler pour différentes raisons.
Abdel a donc pris l’affaire tout seul, sans cuisine. Sa
femme était infirmière et rentrait souvent tard le soir donc le bistro était
progressivement devenu festif. Ainsi, en plus de la clientèle de kabyles, d’ouvriers,
d’amateur de bistros « bougnat », l’Aéro s’est retrouvé avec une
clientèle plus jeune, le soir,… Ou plus vieille, d’ailleurs, puisque les vieux
potes y venaient plus souvent.
Ainsi, la clientèle est hétéroclite mais assez « communautariste ».
On peut facilement distinguer les groupes :
-
Les vieux Kabyles qui restent assis des heures
le matin,
-
Les vieilles françaises, remplaçantes des
Auvergnates, qui les remplacent l’après-midi,
-
Les noirs qui, quant à eux, remplacent plus les
ouvriers,
-
Les jeunes kabyles,
-
Les anciens de Bicêtre, remplaçant aussi les
ouvriers.
Et moi, au bout du bar, soit tout seul, soit dans un de ces
trois derniers groupes. Je précise les « origines » parce que les
détails comptent pour la suite de l’histoire mais aussi parce que le vivre
ensemble est amusant à regarder.
Je suis le plus ancien client de Karim. J’étais là le jour
de la réouverture, en 2007. Je suis toujours là. Patrice avec qui j’ai bu un
coup hier fréquentait le bistro avant moi, mais je suis peut-être le plus
ancien client régulier.
Karim est humain : il prend des cuites. Mais, quand il
est bourré, il répète toujours les mêmes histoires, 20 fois, 50 fois, 100 fois.
Heureusement qu’il change d’histoire tous les soirs. Hier, il nous a cassé les
burnes pendant une heure en répétant en boucle que son fils avait cassé la clé
dans la serrure. Je vous jure, c’est la vérité ! Et il répète aussi « j’te
jure, c’est la vérité » et « sur la tête de mon fils » des
centaines de fois. A part ça, il est d’une grande gentillesse mais a tendance à
se fâcher avec tout le monde. Sauf avec les clients d’origine bretonne
quasiment certifiée. Sa femme, la mère de son fils, était bretonne. J’ai donc
un statut particulier dans le bistro… D’autant que je suis à peu près le seul
fêtard à ne pas brailler au comptoir, tout comme mes acolytes Tonnégrande et le
vieux Joël, le reste de la bande n’y passant plus de soirées.
Quand Jean, de la Comète, a pris sa retraite et les
propriétaires ont changé la boutique pour en faire un truc plus branché, en
virant les pochetrons et en augmentant les tarifs, l’Aéro a récupéré une partie
de la clientèle d’ouvriers.
Pour en terminer de planter de décor, il y a une catégorie
de clients que je déteste : les bobos du quartier, ce genre d’abrutis
quinquagénaires qui se croient toujours jeunes et regorgent de pognon et viennent
boire un coup dans mignon petit bistro de quartier… Ils sont arrogants mais
cherchent à copiner avec le patron.
Acte 1 – Scène 1
Je numérote, c’est
pour faire joli.
12h45, hier. L’Amandine et la Comète étant fermées, je me
pointe directement à l’Aéro en espérant y trouver des potes. Les vieux Kabyles
étaient là, assis à la rangée de tables face au comptoir, assis côte à côte,
tous tournés dans même direction. On aurait dit les petits vieux dans Astérix
en Corse. Je les salue d’un tonitruant « Bonjour messieurs ». Ils me
répondent. Quand il y en a un que je connais bien, je serre la main à tout le
monde mais ils n’aiment pas…
Patrice se pointe, nous buvons le coup. Il se barre.
La bande de noirs arrivent. Il y a José. Une armoire à
glace. Il a une voix aigüe éraillée, c’est affreux. Il est client depuis deux
ou trois ans. On n’a pas les mêmes horaires donc on se voit assez peu mais
comme on sait qu’on a des copains en commune, on fait comme si on était des
amis d’enfance le temps de se dire bonjour. Il est Guadeloupéen. Il y a
Edouard. Lui, je le connais depuis 2008. C’est un des militaires qui loge à
Bicêtre. Lui, je ne sais pas d’où il vient. Il est assez petit et relativement
attachant. On a envie de le prendre dans les bras pour le consoler. Le genre de
gars tout timide. On a l’impression qu’il a envie de parler mais n’ose pas. Et
il y avait un autre type, sénégalais, que je ne connaissais pas. A priori, il
travaillait dans le quartier et avait donc des horaires de bureau et y habite
maintenant, depuis très peu.
Il était venu emprunter une clé de 10 pour monter un lit. Et
voila Karim qui nous raconte la fois où il s’est fait voler sa caisse à outil
qu’il avait prêté à un Kabyle qu’il n’a jamais revus (le Kabyle et la caisse).
Nos noirs apportent leur caution mais avec Karim, en fin d’apéro, ça dure.
Notre Sénégalais se casse.
Karim explique alors qu’il a rendez-vous avec Mustapha pour
manger des moules frites. Mustapha ! Je ne sais pas d’où il vient, lui.
Dans le quartier, certains l’appellent « le Turc ». On va dire que c’est
vrai. Toujours est-il qu’il est couturier dans le coin dans une petite boutique
à côté de chez moi. Après le boulot, il prend des cuites mémorables. J’en ai
déjà parlé ici. Toujours est-il qu’on ne l’a pas vu de la journée, finalement.
Pour faire des moules frites, il manquait un ingrédient
essentiel : les pommes de terre. Pendant ce temps, le gars qui aide Karim
était arrivé. Quand je dis qui l’aide, ça mérite des précisions : c’est un
avocat à la retraite, très réputé au pays, il fait la comptabilité de Karim et
le remplace au bistro occasionnellement, je l’ai dit. J’ai oublié son prénom. C’est
étrange, c’est un bon pote, un supporter de François Hollande. On a fait les
mêmes meetings en région Parisienne. C’est avec lui que je chialais comme une
madeleine au soir du 6 mai 2012… Du coup, son prénom me revient ! Majid.
Majid est donc allé acheter des pommes de terre chez Leclerc,
plus une demi-baguette et un camembert.
Acte 1 – Scène 2
Majid revient, passe derrière le bar, y dépose ses achats et
bricole un truc dos à nous.
Voilà Karim qui se met à gueuler : mais tu n’as pas
acheté des pommes de terre pour faire des frites ! Majid : mais si, c’est
marqué dessus ! Karim : mais non, elles sont trop petites, ce sont
des pommes de terre pour faire de la purée, il faut les cuire à l’eau. Voila
nos noirs et nos deux Kabyles qui se lancent dans une discussion sur les pommes
de terre. Une bonne demi-heure.
Voilà le Sénégalais qui se repointe avec un barquette qu’il
donne à Karim : tiens, voilà, c’est du veau, tu peux le réchauffer ?
Karim : ah non, je mange avec Mustapha des moules frites mais Majid n’a
pas acheté les bonnes pommes de terre, ce con.
Majid finit par se casser : je vais à l’hôpital voir
quelqu’un, je reviens.
Karim : on t’attend pour les moules frites.
Les autres qui avaient vu ce que Majid bricolait se mettent
à rigoler. Majid avait mangé sa demi-baguette et son camembert.
Je dois reconnaitre qu’à ce moment, je me suis dit que s’il
y a des moules pour trois dont un est parti, il y en a pour quatre dont un est
parti. La Comète et l’Amandine étant fermées, il aurait fallu que je mange chez
moi (j’avais prévu le coup mais bon, des moules frites…).
Le Sénégalais commence à trépigner ! Tu peux faire
chauffer ma barquette de veau ? Karim : ah non, je vais manger des
moules avec Moustapha mais Majid n’a pas acheté les bonnes pommes de terre,
celles-là sont chiantes à éplucher. Le Sénégalais : mais c’est pour moi,
avec ma femme, on emménage, et on n’a pas encore de microonde. Karim : ah
mais tu fais chier, je ne peux pas m’absenter, Majid n’est pas là, bon les gars
soyez sages, je descends, je vais en profiter pour faire les frites.
Un jeune noir arrive et voulait acheter des boissons à
emporter. Désolé, monsieur, le patron est parti faire une course. José
intervient : laisse, c’est un frère, je vais m’en occuper. Il sert le gars
et prend l’oseille qu’il met sur le comptoir.
Acte 1 – Scène 3
Karim remonte avec la barquette. Quelques minutes après, il
redescend et remonte avec des frites.
Il les propose aux noirs et à moi
et j’en grignote quelques-unes. On papote. Des vieilles françaises arrivent.
Elles prennent la place des vieux Kabyles. Je n’avais pas vu qu’ils étaient
partis. Bonjour Mesdames, Bonjour Messieurs,… Deux thés, s’il vous plait.
Karim : bon, je vais appeler
Moustapha et faire les moules et d’autres frites mais Majid n’est toujours pas
là pour manger avec nous. Je regarde ma montre (enfin mon iPhone) : 16
heures. Oups. 3h15 de bistro (sans picoler). Je me casse.
Interlude
Je rentre à la maison, fais à bouffer, manger,
une sieste.
Acte 2 – Scène 1
18h30, je suis de retour à l’Aéro. Il y a toujours le
Sénégalais, José, Edouard, côté noirs, et « Macrame » (?) et un autre
gars que j’aime bien, une armoire à glace, comme José. C’est un peu le chef de
la bande de Kabyles, ou, plus exactement, le modérateur, celui qui les empêche
de faire des conneries.
Jean-Luc, artisan dans le quartier, gendre de l’ancien
propriétaire de la commerce, arrive. J’en ai parlé vendredi soir, c’est lui m’a
dit que Led Zep avait joué à Bicêtre en 1969. Il était accompagné du serrurier
de chez Leclerc.
Karim le reconnait et commence à raconter son histoire de
clé cassée par son fils dans la serrure. A mais c’est vraiment de la mauvaise
qualité et tout ça. Il la raconte 50 fois, au moins ! Le serrurier prend ça
pour lui et part.
Acte 2 – Scène 3
Jean-Luc et moi buvons un verre puis il part. Voila le vieux
Joël. Nous discutons normalement mais il était pressé.
Acte 2 – Scène 4
JP (Jean-Pierre, Jean-Paul,… qui sait ?) se pointe. Il
vient de Guyane, je le connais depuis longtemps. Il m’énerve. Depuis le début,
il me serre la main en disant « bonjour directeur ». Si José et
Edouard avaient pris leur cuite à l’Aéro, je ne sais pas d’où venait celle de
JP. Mais il était visiblement atteint. Je vais tout seul, dans mon coin, étant
le seul à jeun (ce qui ne durera pas).
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé…
J’ai entendu JP s’énerver : je t’ai dit de ne jamais me
servir un verre avec deux bouteilles (je traduits : la première bouteille
étant vide, le serveur le complète avec une autre bouteille). Karim l’engueule :
mais tu rigoles, je viens d’ouvrir la bouteille devant toi, regarde, il manque
la dose pour un verre. Le ton montre, je ne comprends rien. Karim commence à
engueuler tous les noirs : « Vous les noirs… » et à leur sortir
un tas d’imbécilités de pochetron avinés.
Le Sénégalais était parti avant et je me disais que José et
Edouard n’allaient pas supporter les propos très racistes et allaient se
barrer. Il aurait fallu que je les suive pas solidarité. Outre le fait que j’aurais
eu du mal à trouver un autre bistro ouvert dans le quartier, je n’avais du tout
envie de me fâcher avec Karim à qui ce genre de propos de ressemblent vraiment
pas. Comme quoi, l’alcool fait ressortir le nationalisme et le racisme… D’un autre côté, j’espérais bien qu’ils
allaient partir : je ne voyais pas d’autre solution pour rétablir un
certain ordre que de fermer le bistro.
Le ton a vraiment monté. José a voulu payer mais Karim l’a
engueulé : ah, cette fois tu veux payer, ça change, avec le nombre de fois
où tu as oublié. Je vous passe le détail.
Mon pote, la grande
armoire à glace Kabyle, le « modérateur », intervient et calme un peu
le jeu. Surtout, pendant ce temps-là, le neveu de Karim arrive, un jeune gars
qu’il héberge puisqu’il fait ses études à Paris. Karim s’est calmé
immédiatement, a servi une tournée générale… sauf à moi. Mais y compris à JP.
José, Edouard et moi nous sortons faire le point. Mes camarades
n’étaient pas fâchés. Ils étaient simplement peinés. Ils avaient bien vu que
Karim n’en voulait qu’à JP et qu’il les avait englobés par erreur dans son
délire. Je le confirme en reportant deux ou trois propos… Il est convenu que
José allait rentrer chez lui sans payer immédiatement (il commençait à être
tard, sa femme l’attendait) et qu’Edouard allait attendre JP vu qu’ils habitent
à côté.
Acte 2 – Scène 5
On était donc deux Kabyles plus le patron du même métal,
deux noirs et un gros. Edouard va aux toilettes. JP part en disant : je l’attends
au bus.
Edouard revient, lui courre après. Macrame lui dit : « t’inquiète
pas le bus n’est pas passé ». Edouard revient finir son verre puis va à l’arrêt
de bus. Le bus était passé et personne ne l’avait vu. Du coup, il offre un
verre aux deux Kabyles (et pas à moi, je vais finir par croire qu’ils m’en
veulent).
Les deux Kabyles partent. Karim n’arrêtait pas de parler.
Je voyais bien qu’Edouard voulait me dire quelque chose. Je
finis par comprendre qu’il veut s’excuser d’être comme ça ce soir mais qu’il
est très triste, c’est un gars de son unité qui est mort au Mali récemment.
Il pleurait presque, d’autant que, comme Karim nous
interrompais sans cesse, il n’arrivait pas à m’expliquer. Alors, je l’ai pris
dans mes bras (d’où ce que je racontais en introduction).
Il finit par partir. Le neveu au patron avait rentré les
tables de la terrasse, il restait à ce dernier à faire le ménage. Je m’attendais
à partir.
Le téléphone sonne. C’était un ancien client qui téléphonait
pour savoir si c’était ouvert et s’il pouvait passer. Dans une heure. Il était
environ 22h00. Karim a répondu : ben oui, si c’est toi, je t’attends !
Chic ! Me dis-je alors, on va pouvoir trainer un peu…
Le gars a téléphoné tous les quarts d’heure pendant deux
heures en disant à chaque fois qu’il arrivait dans une heure. Je commençais à
me foutre de la gueule de Karim : il ne viendra pas. Mais je pouvais
rester, ce qui était bien l’essentiel. Il est arrivé vers minuit.
Mais, entre-temps, je vous le jure, ça a duré deux heures,
nous n’avons parlé que de ce gars, à un seul sujet : mais si tu le
connais, Christophe, il est déjà venu ici, tu t’étais engueulé avec lui, tu vas
voir, tu vas le reconnaitre quand il va rentrer, ça va te revenir, mais ce n’est
pas possible, tu as Alzheimer ou quoi, déjà à ton âge, tu le connais, tu t’étais
engueulé avec lui, tu l’avais envoyé chier alors qu’il te cassait les couilles,
tu vas le reconnaitre, un militaire, il habitait Bicêtre, il est parti à
Nanterre, mais si, tu connais, tu te fous de moi, là, tu vas le reconnaitre
quand il va entrer, tu jouais avec ton iPhone, il voulait parler avec toi, tu
ne voulais pas, tu l’as envoyé chier, j’te jure, c’est la vérité, sur la tête
de mon fils.
Je vous jure, c’est la vérité : deux heures.
Acte 2 – Scène 5
Minuit. Le gars arrive amené par une grosse voiture (il est
militaire et bosse dans une ambassade). Je ne peux jurer que je n’avais pas
déjà vu.
Il avait quitté le quartier depuis 18 mois. Ils se sont donc
raconté ce qu’ils avaient fait. Karim mentait sur à peu près tout. Il a réussi
à convaincre le gars que son fils (18 ans…) avait acheté une grande brasserie
et en était le patron et me demandait sans cesse de confirmer, et d’autres
trucs comme ça…
J’ai laissé faire. Je ne savais pas qu’on pouvait mentir à
ce point-là. Mais jamais, suite à un mensonge, il a dit : j’te jure, c’est
la vérité, sur la tête de mon fils. Je conclus donc que quand il ne termine pas
une phrase ainsi, c’est qu’il ment.
Je regarde l’heure sur mon iPhone. 1h30. J’étais resté sept
heures à ce comptoir, après les trois du début d’après-midi, debout, à ce
comptoir, à observer le monde qui tournait.
Je suis rentré : j’avais faim.