L’autre jour, une jeune femme propre sur elle entre dans la
Comète presque affolée et m’explique qu’elle devait se rendre à l’hôpital de
Bicêtre mais qu’elle n’arrivait pas à s’orienter avec son smartphone, elle ne
trouvait pas l’hôpital. Je lui ai dit : « Madame, regardez là-bas, vous avez un panneau
indicateur qui montre la direction de l’hôpital. Par ailleurs, vous avez juste
en dessous un plan de la commune. » « Ah, oui mais mon smartphone, pourquoi il ne le trouve
pas ? » « Je ne sais pas, madame. »
J’aurais pu lui répondre ce que je pensais réellement : « hé ho, connasse, je veux bien
donner des renseignements aux gens égarés mais je ne suis pas là pour t’aider à
trouver dans ton bordel un des plus gros hôpitaux de la région parisienne. Par
contre, je peux te montrer l’hôpital Paul Guiraud, notre HP… »
Mais, j’ai bon fond.
Je me rappelle de mon prof de philo, en 1984, qui nous avait parlé
des bobos, ces bourgeois-bohêmes… Internet présente les bobos comme une notion
relativement nouvelle théorisée en 2000. Je ne trouve pas ce que je cherche, l’origine
de l’expression. Aujourd’hui, on voit le bobo comme quelqu’un de plutôt riche,
de gauche, écolo et vivant en ville, s’imaginant proche du peuple mais faisant
tout pour s’en éloigner, opposé au bourgeois traditionnel et au gauchiste pur,
donneur de leçon,… Le bobo se croit cultivé, voyage beaucoup,… Le bobo aime
bien la chanson française mais seulement si le chanteur est mort. La définition
évolue. Dans 10 ans, on parlera des bobos qui habitent en petite couronne et je
l’aurai dans l’os.
Si le bobo va boire du Beaujolais nouveau, c’est parce que c’est une
boisson populaire mais il n’a même pas remarqué que le peuple ne boit plus de
Beaujolais. Avec la dernière évolution en date, le bobo ira boire son
Beaujolais nouveau dans le bistro conseillé par une application de son iPhone,
bistro qui fournira le wifi gratuit au client.
Pour ma part, je fréquente essentiellement des bars avec la
wifi mais c’est le hasard et, si j’ai perpétuellement l’iPhone à la main, je ne
pourrais pas être qualifié de bobo à smartphone. J’utilise mon smartphone pour
ce qu’il permet de faire et ce dont j’ai besoin mais il est absolument hors de
question que le moindre choix, dans ma vie, me soit dicté par une application
quelconque.
Imaginons par exemple que je doive aller au CHU du
Kremlin-Bicêtre et que je ne connaisse pas le quartier. Mon premier réflexe
serait d’aller sur le site web de la RATP pour connaître la station de métro la
plus proche et l'itinéraire. Tant qu’à faire, j’aurais imprimé le plan ou, plutôt, voyant que c’est
en ligne droite, noté dans ma tête la rue que j’aurai à prendre. Le bobo à
smartphone, lui, aura l’application RATP dans son appareil et l’application Google
Maps et combinera les deux sans savoir, d’ailleurs, qu’il serait intéressant de
consulter un plan pour voir si l’hôpital est proche du métro.
Le bobo à smartphone utilisera son machin pour noter des
établissements, donner son avis,… Il consultera avec passion les avis des
autres utilisateurs et, miracle, en découvrant une nouvelle boutique, aura le
plaisir d’y trouver des gens de son monde des bobos, des vrais, mais à
smartphone.
Le bobo à smartphone doit périodiquement acheter des
chaussures. Il aura ses marques préférées et utilisera donc l’application de la
marque pour trouver le commerce le plus près grâce aux fonctions de
géolocalisation.
Le bobo est aisé. Il a donc un smartphone. Les vendeurs de
chaussures prout-prout sont obligés de développer des applications pour
smartphone avec géolocalisation pour pouvoir faire du chiffre d’affaire.
Ainsi, le bobo à smartphone préparera son voyage grâce à son
smartphone sans même penser à aller sur www.voyages-sncf.fr
ce que fait n’importe quelle personne à peu près normalement constituée si elle
pense que le train est le meilleur moyen de transport…
Le bobo à smartphone sera un malin plaisir de montrer ses
dernières applications à ses potes, comme nous autres, pauvres geeks, le
faisions quand on a commencé à avoir ces machins dans nos poches, ce qu’on a
arrêté quand on s’est rendus compte que tout le monde avait un smartphone, du
moins tout le monde potentiellement intéressé par les applications qu’on
pouvait présenter…
Le bobo à smartphone est ainsi encore plus ringard que le bobo
normal… qui n’existe plus puisque tous les bobos ont nécessairement un
smartphone sauf ceux qui boudent le mobile par snobisme, ce qui est grotesque,
soit conserve son vieux appareil ringard pour montrer qu’il est au-dessus de
ça. Le bobo à smartphone est plus ringard que le bobo sans smartphone pourtant
bien plus tordu.
Il y a quatre ou cinq ans, quand un passant cherchait une
indication pour se diriger, je sortais mon iPhone pour frimer. Maintenant, je
lui indique les panneaux…
Le bobo à smartphone est anticonformiste et opposé à la
société de consommation. Il fait ses courses au marché bio et s’il pouvait y
acheter des smartphones, il le ferait. Il faudrait créer un stand « téléphonie
durable », sur le marché…
Le bobo à smartphone est si anticonformiste et opposé à la
société de consommation qu’il a acheté son iPhone 6 dans un Apple Store le jour
de la sortie.
Néanmoins, on aura plusieurs catégorie de bobos à smartphone qui se livrent une guerre sans pitié : les bobos à iPhone et les bobos à Androïd mais ne doutons pas qu'ils seront prochainement rejoints par les bobos à smartphone Microsoft et les bobos à smartphone Firefox.
Quant aux bobos à smartphone Blackberry, d'éminents sociologues travaillent actuellement à leur classification.
Allo maman bobo !
RépondreSupprimerVoilà.
SupprimerAu moins, maintenant, je suis certain d'une chose : je ne suis pas un bobo à smartphone.
RépondreSupprimerÇa n'en fait pas moins de vous un bobo sans smartphone mais aussi un bobo qui fait confiance à son épouse à smartphone pour un tas de conneries.
SupprimerJ'aime bien ton analyse. J'ai travaillé pendant 10 ans en déplacement sur les 10 départements du sud-est. Nous étions jusqu'à 35 techniciens dans l'équipe et les seuls qui se perdaient avaient un GPS, tous les autres des cartes ou des yeux ou une langue.
RépondreSupprimerCe n'est pas e a réent mon analyse. J'utilise beaucoup le gps. Ça fonctionne assez bien. Par contre, je ne le mets pas "avant tout".
SupprimerEt en tant que geek, je sais l'utiliser. Je parlais du site de la rapt. Il ne connaît pas l'hôpital de Bicetre mais on le trouve facilement en attendant tris secondes. Il connaît "CHU".
A chacune de ses pertes, c'est sa requête qui était mal formulée malgré nos explications.
Supprimer(^‿^)✿
RépondreSupprimerLa question est : "Comment faisait-on AVANT le smartphone ?" ... ???
Nous devions être vraiment "malheureux comme des pierres" !!! LOL ;o)
Bonne fin de semaine Nico et merci pour ce billet que j'ai apprécié.
Pierre taillée, chars à bœufs et signaux de fumée. Éventuellement, téléphone arabe.
SupprimerPour le CHU voir l'onglet Accès et Contact sur leur site http://hopital-bicetre.aphp.fr/
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