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24 avril 2015

J'aime l'ambiance des gares

Arrivé comme toujours avec une demi-heure d'avance, ce matin, je déambulais dans les couloirs de la gare Montparnasse après avoir retiré mon billet et procédé à quelques emplettes pour le voyage., à savoir une bouteille d'eau et des bonbons Mentos. J'aime bien les bonbons Mentos mais je ne sais plus s'il faut un « h » après le « t ». Un noir avec des lunettes noires comme s'il était aveugle jouait sur le piano mis à disposition. C'est une nouvelle mode : même à la gare de Saint Brieuc, il y a un piano. Il jouait relativement bien pour autant que je puisse juger. M'approchant, j'ai cru un instant que ce noir aveugle jouant du piano assez bien avait la cheville enchaînée à ce piano. Comme s'il était un esclave. Regardant bien, c'est le tabouret qui était enchaîné au piano. Alors j'ai pensé à … je ne sais plus. J'ai continué ma déambulation en pensant à un tas de trucs.

Dont une publication dans les réseaux sociaux où une andouille disait : je ne comprends pas qu'on puisse aimer l'ambiance des gares. Je vais le décevoir : j'aime bien l'ambiance des gares. Ce n'est pas que j'aime les voyages, cela me gonfle. J'aime bien prendre le train, pour la même raison que j'aime bien conduire longtemps parce que, progressivement, l'esprit se vide tout ou se remplit de rien. En conduisant, on reste éveillé et on ne peut rien faire d'autre que de conduire (la radio éteinte, surtout ! Ou alors de la musique, pas trop forte, pas entrecoupée de publicités). Et on peut réfléchir. Dans le train, au contraire, on peut se laisser aller au sommeil et, entre deux baisses de nez, on peut penser... J'aime bien l'ambiance des gares. Ce n'est pas que j'irai jusqu'à aller dans une gare pour sentir l'ambiance, mais, quand je vais quelque part en train, j'arrive toujours en avance à la gare, une demi heure d'avance.

Un peu plus ce matin ! Je prenais le train de 9h08 alors que, généralement, je prends celui de 11h06. Peu après 8h30, j'avais fini mes emplettes. Comme à chaque fois, je commence par descendre d'un étage, faire un petit tour sur le parvis s'il y a quelque chose. Je passe devant l'espèce de kiosque avec un coiffeur, près des escalators qui mènent à l'entrée principale (à la sortie principale serait plus correct, d'ailleurs...) : il était fermé. Il était indiqué qu'il ouvrait à 8h30. J'ai regardé l'heure, il était 8h33. J'aime cette précision à la minute près qu'impose la SNCF.

J'aime l'ambiance des gares et l'ambiance devant les gares, avec toujours les mêmes types qui font la manche, les touristes éberlués qui cherchent où prendre le bus tant vanté par leurs hôtes : « prends le 8965, tu verras c'est direct ». Dans l'autre sens, des familles arrivent « allez, dépêche-toi, on va le louper. »

Après je suis rentré. Je n'ai pas retrouvé mon Montparnasse habituel. Forcément, deux plus tôt, ce n'était pas les mêmes clients. Certains sortaient de leurs trains de banlieue et courait dans le métro. D'autres au contraire, en sortaient aussi mais, comme moi, semblaient se mettre à déambuler, à rêver.

Je suis remonté au niveau des quais où j'aime bien, là, stationner en attendant l'affichage des numéros de quais. Cette fois, il était déjà affiché. Pourquoi la SNCF affiche-t-elle les quais 30 minutes à l'avance pour le train de 9h08 alors que pour celui de 11h06, c'est souvent 15 minutes. Alors, je suis allé sagement à ma place, presque par réflexe, alors que j'avais le temps de glandouiller, quinze bonne minute.

J'aime bien le train, disais-je, à condition d'y trouver les conditions nécessaires pour trouver le sommeil quand j'en ai envie, quand le train commence à bouger, à nous bercer. Il n'y a pas des conditions mais une seule : il faut un silence ou, plutôt, une absence de conversations – pas de voix humaines !, de sonnerie d'appareil électronique ou de cris de mômes. Rien de pire que de voyager à côté de deux femmes de plus de soixante qui, tout le voyage, vont discuter en chuchotant : elles ont conscience d'emmerder les autres et chuchotent, pensant atténuer la gène alors qu'elles l'amplifient... Dans le même genre, il y a les connards qui parlent à leurs mômes pour les occuper pour ne pas qu'ils fassent chier les voyageurs : ils sont pires que leurs mômes.

Aujourd'hui, c'était raisonnable jusqu'à Rennes. Après, j'ai eu le droit à 3 filles d'une quinzaine d'années avec un type plus vieux (je suppose que c'était trois jeunes sportives accompagnée d'un prof de sport, de retour d'une compétition quelconque). Un peu pénibles, sans plus.

A Saint Brieuc, c'était comme à Montparnasse : pas les mêmes gens que d'habitude. Généralement, j'arrive à 14h15, là, il était 12h03. Le TGV de 9h08 est double jusqu'à Saint-Brieuc. Celui de 11h06 seulement jusqu'à Rennes. Il y avait plus de monde, beaucoup plus. D'ailleurs, si j'ai pris le train de 9h08 et pas celui de 11h06, c'est parce qu'il n'y avait plus de place dans ce dernier. La différence entre 14h15 et 12h03 est qu'à 12h03, il n'y a pas les dégénérés qui font la manche, pas les mêmes qu'à Montparnasse, d'ailleurs, avec ses flots de Roms et de SDF. A Saint-Brieuc, c'est plus des « punks à chien » et autres jeunes glandus voulant du pognon pour acheter des 8.6.

J'ai un rituel identique qu'à Paris même si la gare est infiniment plus petite. Je commence à sortir faire quelques pas devant la gare, là où je vais prendre mon car, puis je rentre dans la gare, sort par l'autre porte, revient par la précédente, regardent les gens qui sortent du train suivant, généralement un TGV ou un TER en provenance de Brest et poursuivant vers l'est...

Ce matin, les gens devant la gare et sortant des trains étaient plus âgés que d'habitude (en période de vacances scolaires, à 13h15, il n'y a pas les internes qui prennent un car pour rentrer chez les parents dans les trous du Centre Bretagne). Il y avait aussi beaucoup moins de monde de gens à attendre devant la gare, là où j'attends mon car, généralement à 15h45, aujourd'hui à 12h25. D'ailleurs, nous n'étions que trois dans le car. Nous sommes deux à être descendus à Loudéac. Le car est parti vers le sud (Vannes ou Lorient, je ne sais plus) avec un passager.

Le dimanche, quand je repars, j'aime bien arriver avec 15 minutes d'avances à la gare de Loudéac, j'aime bien. Je me plante devant la gare et j'observe la vie qui passe.

J'aime bien l'ambiance des gares et les billets de blog pour ne rien dire, les billets de rien.

10 commentaires:

  1. J'aime bien ces "billets de rien", je viens, je lis un peu, vais faire un tour de dehors le temps d'une clope, je reprends ma lecture et je me laisse bercer par le mouvement du train. Ça fait un bail tiens que je n'ai pas pris le train, faudrait que j'y songe. Juste comme ça, une vadrouille.
    Tu aimes les gares, j'aime les aires d'autoroutes.
    Il m'arrive souvent, même sur de courts trajets de m'arrêter. Juste pour l'ambiance, regarder les gens. Le temps d'un café/clope écouter le temps qui passe un peu différemment dans ces lieux.
    J'aime les aires d'autoroute, ça tombe bien, je vais en croiser pas mal demain sur le chemin qui va me mener vers ma chère Ardèche.

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    1. Moi aussi, je les aime bien ! Surtout celles relativement grandes (mais pas les très grandes).

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  2. "Ce n'est pas que j'irai à aller dans une gare pour sentir l'ambiance"... Ça me fait penser à "comment allez-vous" où en fait tu demandes aux gens quelle est la consistance de leurs selles....

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  3. Defrancoisjose -> Les aires d'autoroute c'est parfois plus exotique... https://www.google.com/maps/d/viewer?oe=UTF8&t=h&ie=UTF8&msa=0&mid=zQ5hpm8K9M24.kuCUWmy3r8lo

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  4. J'aime bien les billets de rien, un côté apaisant, poétique
    Je suis pour les billets de blog pour ne rien dire :-)

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  5. Comme toi, j'ai un souvenir nostalgique d'une période de ma vie où je prenais souvent le train (Auray-Paris), l'ambiance dans les gares (où les gens ne sont que de passage et donc dans un état d'esprit particulier) et puis le voyage où l'on voit défiler un paysage qu'on ne peut pas voir autrement...et puis traverser les petites gares (rarement s'arrêter) pour qu'un ou deux voyageurs montent à bord...l'architecture de ces petites gares, les hangars désaffectés un peu plus loin. Et puis le train qui repart et la campagne encore, les bourgs avec les clochers, les rivières, les vaches, des routes parallèles où roulent des voitures que le train double ou se fait doubler. Des vies qu'on ne connaîtra jamais.
    Le voyage en train est un vrai antidépresseur.

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  6. La gare d'Auray est un cas particulier, c'est celle d'une petite ville mais avec énormément de trafic à certaines périodes (note pour les touristes : elle dessert Quiberon...). Du coup, je n'en ai pas un bonne bonne image : impossible de se garer, des tas de mômes qui braillent. (j'y prends le train une ou deux fois par an, quand je vais chez ma mère à Baden, généralement c'est en août).

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    1. Oui et tu sais comment s'appelle le train qui va de Auray à Quiberon ?

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