27 avril 2015

Les mots qui pètent plus haut que leur cul : aujourd'hui, clore et clôturer

Clôture pétant plus haut que son cul : elle se prend pour une palissade.
Faisans à moitié la sieste après mon repas, j’entendais un collègue dire au téléphone : « je vais clôturer cette anomalie ». Dans le métier, on se comprend : on avait détecté une anomalie dans un logiciel, on a ouvert une fiche d’anomalie, le fournisseur a livré un nouvelle version du logiciel et l’anomalie a disparu, on peut donc supposer qu’il l’a corrigée, on peut donc fermer la fiche d’anomalie.

Remarquons en premier que l’on peut se demander si « ouvrir » ou « fermer » une fiche d’anomalie est très français mais je ne trouve pas d’autres termes. Par dérive de notre langage quotidien, on ne parle plus d’ouvrir (ou de fermer) une fiche d’anomalie mais d’ouvrir (ou de fermer) une anomalie. Le français prend une claque mais tout le monde a un jargon professionnel.

Toujours est-il que j’imaginais mon collègue poser l’anomalie par terre, planter quelques piquets et entourer l’anomalie d’une clôture. Je me disais qu’il a donc confondu les verbes « clôturer » et « clore », mais à la réflexion, je me demande si « clore » est bien adapté par rapport à fermer.

Le doute m’habite.

Par exemple, on dira que « la séance vient d’être close » plutôt que « la séance est clôturée » alors que l’on parle de « la clôture de la séance ». On dira par contre que « le compte a été clôturé » plutôt que « le compte a été clos » même si cette formulation reste juste. On pourra aussi dire « le compte a été clos » mais peut-on dire « le compte a été fermé ». Oui.

Notons bien que je ne dis pas ça au hasard mais en lisant une page web qui traite de ce sujet. J’ai fait une recherche après avoir entendu mon collègue.

En lisant cette page, je vois par ailleurs que le verbe « clore » est défectif, contrairement à « clôturer » et « fermer ». Vous ne savez pas ce que veut dire « défectif », ce n’est pas très grave. C’est un verbe qui, en gros, ne peut pas se conjuguer dans tous les temps.

Par exemple, « je clorais » veut dire « que je fermerais » et « je clorai » « que je fermerai ». Dans ce contexte, quel est les passé simple de « clore » ? Il n’y en a pas. Ni d’imparfait d’ailleurs. Il y a bien un passé composé, un plus que parfait, un passé antérieur, un futur simple, un futur antérieur (« j’aurais clos l’anomalie »). C’est bien un verbe fainéant que nous devrions condamner, rien qu’à l’indicatif. Au conditionnel, il ne pose pas de problème mais il retrouve son poil dans la main au subjonctif puisqu’il n’y a pas de d’imparfait. Pour le reste, ça va. Il y a des verbes encore pire. Celui-là a même un gérondif et un tas de participes, notamment deux.

Ne le blâmons pas. Prenons un verbe comme « férir », il ne se conjugue quasiment pas. Mais je suis un peu hors sujet. Il n’empêche que son participe passé « féru » n’a rien à voir avec son infinitif qui, lui-même, ne s’emploie que dans un sens (« sans coup férir »).

Je me demande si un type qui utilise « clôturer » ne pète pas un peu plus haut que son cul s’il peut utiliser « clore » et si, en fin de compte (clos), « fermer » restant naturellement bien préférable.


Qu’en penses-tu, Lulu ?

5 commentaires:

  1. T'es chiant de poser des problèmes que je ne savais même pas qu'ils existaient

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  2. Tant qu'il ne finalise rien, il peut être sauvé...

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  3. Je connaissais quelqu'un qui confondait décimer et disséminer. Du genre, les Arméniens se sont fait disséminer en 1915. Ce qui est d'ailleurs techniquement correct mais totalement incongru.

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