La connerie étant le seul chemin susceptible de nous faire entrevoir une parcelle de vérité, utilisons la par des moyens de communication efficaces. Le temps qu'on remplisse nos verres.
30 août 2015
29 août 2015
Quelle assurance !
28 août 2015
25 août 2015
La conne de l'immeuble
22 août 2015
Maintenance informatique
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La paix du Golfe
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Quel Connelly !
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Canicule d'Hercule
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Routine aoûtienne
02 août 2015
L'organisation de la vie
– Pour ce qui est d’organiser mes différents champs d’activités, je crois pouvoir dire que je suis arrivée au top, disait la femme, en repoussant une mèche folâtre de ses longs doigts maigres, presque décharnés. Quand j’ai commencé à bloguer et que c’est devenu mon mode d’expression privilégié, celui où je me sentais vraiment moi, par lequel je pouvais enfin me réapproprier pleinement ma vie, je me suis tout de suite dit que mon épanouissement personnel ne devait pas se faire au détriment des liens extraordinaires que j’ai su tisser avec mes trois bouts de chou – surtout avec mon aînée, Clématite : elle a onze ans mais sa maturité me scotche littéralement. Bref, il fallait gérer au plus près du quotidien mes différentes plateformes, si je voulais travailler en profondeur toutes mes facettes. On boit quoi, au fait ? Il est où, d’ailleurs, le garçon ? C’est quand même incroyable, ça, qu’on n’arrive pas à se faire servir ! Bref, entre mes différents blogs et mes petits bouts, je suis devenue une digital mother ultra-performante !
– Victoire, vous êtes une femme étonnante… murmura son vis-à-vis, avec une admiration si poussée qu’Evremont ne parvint pas à décider si elle était ironique ou non.
Pour tenter de dissimuler la satisfaction ressentie sous le compliment, Victoire offrit à sa vanité un repeint de modestie :
– Mais non, mon petit Morvan, je vous assure ! Je suis une femme comme toutes les autres ! Avec mes joies, mes peines… mes grands chagrins, que j’essaie d’ensevelir en moi, et mes petits bonheurs, que je cultive en secret. Mon seul mérite, c’est de toujours voir le bon côté des choses, d’être à fond dans la vie, de positiver même quand j’aurais envie de me laisser aller… (Elle prit un petit air rêveur.) Dans ces cas-là, je pense à mes petits bouts et aux lectrices de mes blogs. Et je me dis que, pour eux, pour elles, je me dois de tenir bon, de leur montrer qu’on peut ne pas flancher et repartir, même quand on se sent un peu down.
– Comme votre mari doit être fier de vous ! s’extasia Morvan, faisant aussitôt disparaître le petit sourire complaisant de la digital mother.
– Oh, lui… soupira-t-elle, avec un geste de sa main outrebaguée, qui semblait renvoyer dans les limbes cet inessentiel personnage. Je l’aime, hein ? là n’est pas la question. Je suis de celles qui pensent qu’on ne peut pas vivre sans amour, vivre au sens le plus fort, le plus intense, le seul qui m’intéresse, finalement. Bref, même si je continue à l’aimer, même si, surtout, je respecte en lui le père de mes kids, il faut reconnaître qu’en dehors de son travail, il ne s’implique pas vraiment dans la dynamique familiale que je m’efforce de créer. Il fait des efforts pour m’écouter quand j’essaie de communiquer sur mes passions, comme par exemple le pilates, que je me suis remise à pratiquer le mois dernier – ça me fait un bien dingue, j’ai l’impression de me recentrer sur moi-même, de découvrir de nouvelles potentialités, aussi bien de mon corps que de mon mental… Bref, il m’écoute, ça d’accord, il pose même quelques questions, mais je vois bien que, fondamentalement, il n’est pas à l’écoute ; vous saisissez la nuance ? C’est comme avec les kids : en dehors de s’occuper de leurs devoirs, de préparer leur dîner, de prendre en charge leurs trajets scolaires et de les emmener au sport le mercredi et le samedi, on sent bien qu’ils n’existent pas vraiment à ses yeux, qu’ils ne sont pas du tout sa top priorité comme ils peuvent l’être pour moi. Il est incapable d’avoir un contact fusionnel comme celui que j’ai avec ma Clématite, par exemple. Bref, il est un peu en situation de handicap, sur le plan paternel je veux dire, pour tout ce qui touche aux affects. Il n’est jamais complètement dans le ressenti, et je crois bien qu’il…
Le pic d’exaspération fut atteint par Evremont au moment où Jonathan revenait prendre sa place, suivi par Omar portant un plateau sur une seule main et le poids du monde sur les deux épaules. Il se leva sans laisser à l’autre le temps de s’asseoir :
– Et si on émigrait vers la léproserie ? proposa-t-il en désignant de la main la terrasse aux fumeurs. J’ai vraiment besoin d’une cigarette.
Hé ! T'as vu çà ? J'ai réussi à m'introduire dans l'ordinateur du vieux et à lui piquer un extrait de son roman.