J'ai donc envoyé ce midi un SMS de condoléances. Ce n'est pas facile. Nous sommes dans un monde moderne. On ne peut plus glisser une carte dans une boîte à lettres. Je n'ai pas son adresse mail et je n'allais pas sonner chez elle ou attendre de la voir pour lui présenter mes condoléances. De toute manière, c'est faux cul. Présenter des condoléances alors qu'on ne connaît pas le mort de son vivant...
Cela me rappelle la mort - oups le décès - du père de ma chef. Quand elle est revenu, je lui avais glissé une parole. "Mes condoléances". Ca ne veut rien dire. C'est étrange. Enfin, si, ça veut dire quelque chose mais ceux qui présentent des condoléances essaient souvent de faire croire qu'ils partagent la douleur alors qu'ils ne veulent que montrer un geste de sympathie... Je ne sais pas.
Ma cheffe avait été surprise. Réellement. Comme si elle ne comprenait pas mes quelques mots ou si j'avais été le seul.
En écrivant ce SMS à ma concierge, j'étais ému. C'est pourtant un geste froid. Une obligation que l'on remplit parce qu'il le faut. Combien de fois ai-je présenté des condoléances ? Des parents de copains, par exemple. J'ai 50 ans. C'est l'âge d'avoir des copains qui perdent leurs parents. Je n'ai jamais été ému. J'ai toujours agi par réflexe.
J'ai même organisé des collectes. Pour la mort de proches, c'est normal. Pour la mort de parents de proches, je me demande. C'est forcément mais pas dramatiquement faux-cul.
Alors, je me suis rendu compte pourquoi j'étais ému. Ça fait 22 ans que j'habite là. 22 ans que je connais la gardienne. Insidieusement, c'est devenu une amie. Comment définir ce qu'est une amie ? Je vous laisse à la psychologie de comptoir, lieu que je ne fréquente jamais.
Mais, en rédigeant ce billet, en discutant avec Tonnégrande en buvant l'apéro (mon côté multi-taches), je me suis rappelé d'un truc. Mi-octobre 1996, j'ai fait une espèce de dépression. Peu importent les raisons et le fait que ca soit une vraie dépression. Mon toubib m'a prescrit du Prozac et 15 jours d'arrêt. Jusqu'au 28 octobre 1996.
Ça va faire 20 ans. J'ai repris le boulot le 29. Des dates restent marquées. Le 29, je sors du métro après ma première journée. Je me dis : "connard, si tu n'as aucune vie sociale à Paris, tu vas finir vraiment dépressif". Je suis donc entre dans le premier et seul bistro entre le métro et chez moi.
C'était la Comète.