En faisant mes courses, j’ai croisée une amie. C’est la
première fois que je parlais à quelqu’un que je connais bien, de visu, depuis
le début du confinement. On a échangé des nouvelles de nos proches mais on n’avait
pas grand-chose à se dire car c’est aussi une copine de bistro, depuis plus de
vingt ans. Pendant une dizaine d’années, elle faisait plus et ieurs bistros à
Bicêtre avec ses parents qui avaient l’âge de ma mère. Son père est mort avant
la transformation de la Comète, en 2008, et elle a continué à faire le tour
avec sa mère. Après 2008, on a pris l’habitude de se voir à l’Amandine pour l’apéro
des samedis et des vendredis. Puis sa mère a été placée dans une espèce d’Ehpad.
Il y a un an, le bistro a changé de patron et elle ne vient plus. On se voit
moins. Pendant toute une période, elle bossait dans un immeuble à côté du mien
ce qu’on ne savait pas jusqu’au jour où on s’est croisés dans un bistro où je
déjeunais tous les midis. On a un peu adapté nos horaires pour nous retrouver
tous les jours.
La copine de bistro est devenue l’amie… Et on ne se voit
plus. Elle a été mutée et la brasserie en question a fermé.
Les copines de bistro sont rares dans ma banlieue. Il y a
essentiellement des hommes au comptoir, que des hommes dans certains bistros et
les quelques femmes qui viennent accompagnent leur conjoint. En salle, il y en
a, bien sûr, mais assez peu de fêtardes. Parfois, le soir, il y a des pochetronnes, au
comptoir.
Cette absence de femme est en partie culturelle vu le nombre
d’immigrés dans mon coin. Dans certains pays d’Afrique, il ne viendrait pas à l’idée
d’une femme d’entrer dans un bistro, c’est une sorte de tabou, ce que m’avait
expliqué un copain Sénégalais marié à une Ivoirienne. Pour les gens originaire
d’Afrique du nord, le bistro est le lieu de loisir des hommes. Tonnégrande,
Guyanais mais « émigré » récent en métropole, vient au bistro alors
que son épouse reçoit ses copines à la maison (ou va chez une d’entre elles),
quasiment tous les jours.
En Bretagne, l’ambiance est bien différente. Les femmes de
plus de vingt-cinq ans se font plus rares que les hommes mais c’est à peine
perceptible.
Terminons avec nos pochetronnes de proche banlieue. Il y en
a deux types. D’un côté, des femmes seules qui ont plutôt un alcoolisme mondain,
ne cherchant pas trop de contacts, de l’autre des ivrognesses qui viennent se
bourrer la gueule avec les hommes. Elles sont particulièrement désagréables
(les femmes tiennent moins l’alcool que les hommes pour différentes raison,
notamment la carrure).
Je me rappelle d’une d’entre elles, à l’Aéro. Elle était
accoudée de moi et parlait avec un autre lascar. A un moment, je perçois un de
ses propos : « Ah mais attention, je ne suis pas une pute. »
Je ne sais pas pourquoi elle disait ça mais ça a été plus fort que moi : « Non,
tu n’es pas une pute mais tu suces pour qu’on t’offre des verres ! ».
Elle n’a pas répondu. Elle doit toujours se demander comment
je le sais.
Je me souviens toujours de la petite avec sa maman qui buvait des kirs à l'Amandine (ou l'Aero je sais plus, bref plus en haut de la rue de la Comète)
RépondreSupprimerC'était elle ! Et c'était à l'Amandine. J'avais complètement oublié de t'avoir traîné là-bas !
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