J’habite un quartier vieux qui date d’une soixantaine d’années.
L’impasse a cinq maisons de chaque côté ce qui fait un total de dix vu qu’il y
a deux côtés. Parmi les « primo-occupants », trois sont encore en vie
et ont toujours leurs maisons mais n’habitent plus là (deux placées pour dégénérescences
diverses plus ma mère, par raison). Toutes les autres maisons ont été vendues,
dont une a un couple avec de jeunes enfants. Parmi les six autres, deux ont des
acheteurs morts depuis et ont été revendues dont une à un couple de
soixantenaires qui rénove la maison pour un de leurs enfants qui n’a
visiblement pas envie d’habiter là et je le comprends. Une des maisons a été entièrement
rénovée et transformée en appartements (elle appartenait à un menuisier qui
avait son magasin et son atelier en bas ; de fait la maison était très
grande). Une est habitée par une famille avec des grands enfants, une par des
gens de plus de 80 ans, deux par des couples de 70 ans…
Les deux maisons en face de la fenêtre de la pièce où je
bosse ne sont plus occupées (ce sont celles des deux « dégénérées »).
Le jardin de l’une, celle dont le fils est évêque (véridique, évidemment), est
un peu à l’abandon. Je pense qu’une entreprise vient deux ou trois fois par an.
L’autre a son jardin entretenu par le genre de propriétaire qui y tient un
potager. Hier, il m’a offert trois courgettes. Celle à sa droite est occupée
par un des deux couples dont je parlais, tout comme celle d’en face (à côté de
celle de ma mère, donc). Les deux hommes cultivent également des potagers,
vaguement aidés par leurs épouses.
Ce qui me fait rigoler est que dès que je vois quelque
chose, je le raconte à ma mère. Par exemple, des cinq maisons dont la façade
donne sur l’impasse, quatre ont reçu des poubelles neuves, quatre jours
consécutifs. Elle vient de me répondre que je ferai une bonne concierge !
Elle n’a pas tort…
La fenêtre en question est celle de la pièce qui est ma
chambre depuis 54 ans quand je suis à Loudéac. C’est la plus grande de la
maison (on la partageait avec mon frère) et elle a toujours le bureau où je
faisais (nous faisions…) nos devoirs. Elle est plein sud ou presque. Et ce bureau
est à côté de la fenêtre.
Mercredi, j’ai acheté un fauteuil de bureau à roulette !
Il me suffit d’un mouvement de jambe pour regarder par la fenêtre… Et comme je
passe des heures au téléphone, je passe une partie de mes journées à regarder ce
qui se passe dans la ruelle.
Confidence pour confidence, ce nouveau fauteuil est en
simili cuire contrairement à ceux que j’utilisais auparavant. Comme tous les télétravailleurs,
j’allume mes outils de travail (ou de blogage, pour les week-ends) dès le
réveil. Je prends mon petit déjeuner ensuite et je commence immédiatement à
travailler. C’est dans la matinée, quand j’ai fini toutes les corvées, que je
vais faire ma toilette… Et dès que j’ai fini cette dernière, je retourne à mon
bureau pour regarder les mails au cas où il y aurait une urgence. Et je n’ai plus
besoin de me lever avant d’aller préparer le repas.
Je passe donc une partie de mes matinées à poil à regarder
par cette fenêtre.
Ne le dites pas aux voisins d’autant qu’il m’arrive assez
souvent de papoter avec eux… par cette fenêtre.
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