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07 mai 2021

[Séries] Fargo


Dès les premières minutes de visionnage, j’ai su qu’il ne me serait pas facile de faire mon billet au sujet de la série Fargo car elle ne ressemble à rien de ce que l’on connaît. Didier Goux l’a vue il y a quelques années et en avait fait un billet décrivant la connerie des protagonistes, connerie au centre de la première saison mais pas étrangère à la seconde (à son époque, la troisième n’était pas sortie ; à la mienne, on attend la quatrième).

Pour les nuls en géographie comme moi, Fargo est une ville au milieu des Etats-Unis proche de la frontière canadienne. Disons que c’est à mi-chemin entre Montréal et Seatle. C’est le patelin le plus peuplé du Dakota du Nord et il frôle le Minnesota. La plupart des scènes se déroulent dans des bleds avoisinnants voire à la campagne, dans de gigantesques plaines où on l’imaginerait des bisons gambadant si elles n’étaient pas couvertes de neige ou dans de somptueuses forêt si tant est que somptueux puisse s’accorder à forêts. C’est un peu l’image de l’Amérique profonde que nous avons, bien Républicaine, port d’arme obligatoire, longues routes en parfaites lignes droites, parfois bordées de motels ou de cabine téléphonique. Dans notre inconscient, nous imaginons sans doute ce genre de paysage plus au sud mais on se fout autant de la géographie de ces gens qu’eux de la nôtre.

Fargo est d’abord un film des frères Coen que tout le monde connait sauf moi (à part de nom mais je connais très bien les sœurs notamment Suzanne et Alléluia) dans la mesure où je ne suis pas cinéphile. On me dit qu’il a inspiré la première saison et sans doute les suivantes. Elles n’ont que très peu de liens entre elles, seulement à la marge. Par exemple, la jeune fliquette de la première saison est la fille du jeune flic de la seconde, devenu patron de bistro à l’âge de la retraite. Ou, il faut voir la troisième pour se demander comment ces guignols ont imaginé des soucoupes volantes pour la deuxième.

Outre la zone géographique et la connerie humaine, le principal point commun entre les trois saisons est le rôle central joué par des jeunes flics, un peu ploucs mais pas bêtes du tout et que l’on prend en affection d’autant que l’on devine que ce sont eux qui nous amènerons à la clé, à faire le tri entre les imbéciles, les flics idiots, les malfrats (l’un empêchant pas les autres…).

Les trois ont en commun de très belles photos comme on dit à la cérémonie des césars, notamment la première avec ces immenses étendues enneigés avec un ciel gris très clair presque uniforme. Elles ont aussi de très bonnes musiques, dans des styles propres à chaque saison (classique pour la première, plus rock pour la seconde, plus varié pour la troisième). La musique, sublime donc (pour des films…), joue un rôle très important pas seulement pour le rythme et l’ambiance. Il y a même un épisode, dans la troisième, je crois, où Pierre et le Loup nous accompagne jusqu’au bout. Le même thème nous berce tout au long de la première saison.

 

Les histoires sont bien différentes. On sait que les flics ont un rôle important vu que je l’ai dit, étant un mauvais spoiler, mais c’est le volet délirant de l’histoire qui est au centre, toujours avec cette connerie mais aussi le côté machiavélique de certains protagonistes. Ces histoires sont compliquées et originales donc difficiles à raconter ce que je vais tenter de faire ci-après après un aparté : le premier épisode de la saison 3 est tellement compliqué que l’on a bien envie de décrocher. Tout est limpide à partir du second… Ne vous formalisez pas. Faites semblant d’avoir compris pour montrer que vous êtes plus intelligents que les autres.

Je crois que je tire à la ligne, moi, pour retarder le moment où il faudra que je raconte les histoires, uniquement pour que vous sachiez de quoi on parle, pas pour spoiler… Je vais me lancer mais n’oubliez pas ce que j’ai déjà dit. Petit 1 : les jeunes flics ne sont pas bêtes et sont très importants dans les films. Petit 2 : la connerie de ces pauvres gens est quasiment le personnage principale.

 


Commençons par la deuxième saison, tiens ! Dans un patelin, il y a une famille (la mère de 61 ans, les trois fils – en conflit – et toute la smala) à la main sur tout le marché des transports de marchandises. La mafia de Fargo essaie de récupérer le business. En début de saison, le plus jeune des trois fils fait son boulot de racketteur d’un commerce mais y provoque une fusillade avec trois morts, dont une jugesse. En s’enfuyant, il se fait percuter par la voiture conduite par la femme du jeune coupe de bouchers de la commune. Paniquée, elle ramène le cadavre sur son capot à la maison. Et nous voila partis avec les deux groupes de malfrats qui s’entretuent, essaient de deviner ce que sont devenus les leurs et ce couple de bouchers qui a tout le monde aux fesses pour avoir fait une connerie dont l’ampleur lui échappe. Chaque famille a son tueur à gage, tous les deux largement moins bêtes que les autres, presque attachants et qui, s’ils restent des méchants, deviennent les héros de la saison avec les bouchers et les flics… Respectivement un indien et un noir dont j’ai oublié les prénoms ce qui est bien dommage.

Passons à la troisième. A l’origine, il y a deux frères rivaux : un est un looser, devenu contrôleur d’application des peines ; l’autre a monté une entreprise de gestion de parkings et gagne bien sa vie. Le premier est jaloux du second et tout dégénère quand le premier organise le cambriolage de l’autre pour récupérer un timbre que l’on imagine de très grande valeur. Pour se faire, il embauche un malfrat crétin qui foirera tout. En même temps, le contrôleur est en couple avec une magnifique jeune fille dont il a la charge et sont bien amoureux. Parallèlement, le machiavélique Vargas pend le contrôle de l’entreprise pour y pratiquer du blanchiment d’argent. En fait, il avait prêté des sous à la boite et, au moment où il devait être remboursé fait comme si son prêt était une participation au capital. Chacun tente de récupérer le contrôle, de venger ses morts et ainsi de suite ce qui nous assurer une bonne dizaine d’heures de tueries, de fuites, de mensonges…

Il nous reste donc la première… On apprend que Malvo est un tueur à gage venu pour liquider un industriel du coin. Il a une tête de maître chanteur dans une bande dessinée, une espèce de psychopathe, adorant jouer avec la mort, avec les autres, sûr de lui… A titre d’exemple, à un moment il est arrêté par un policier en voiture. Ce dernier essaie de le faire descendre de la voiture mais, calmement, Malvo lui fait comprendre calmement qu’il prendrait des risques en insistant et que cela n’en vaut pas la chandelle. Le personnage principal est un agent d’assurance, tout timide, introverti, maladroit… Il rencontre Malvo dans la salle d’attente d’un hôpital puis, chez lui, tue sa femme par mégarde. Il appelle Malvo à sa rescousse et les meurtres et autres péripétie comme Malvo qui aide un type à jouer au maître chanteur, gratuitement, pour sa propre satisfaction, rejetant le pognon gagné et organisant la mort du lascar au cours d’une fusillade. Notre assureur reprend de l’assurance et notre tueur à gage va exercer son métier ailleurs. Puis tous les deux se rencontrent par hasard quelques années plus tard…

 

J’ai un peu sloilé, là ! Dépêchez-vous d’oublier ce qui arrive au maître chanteur, il fallait bien que je décrive Malvo. Ce qu’il faut retenir : des successions d’histoires sordides avec des jeunes flics sympa et des psychopathes ou tueurs à gage largement moins con que la moyenne de la population.

Sans doute la meilleure des séries que j'ai vues depuis mon abonnement Netflix. 

9 commentaires:

  1. J'ajouterai que l'on retrouve dans cette série quelque chose de l'humour ravageur des frères Coen. Car c'est aussi une série drôle.

    Et j'insisterai sur l'excellence des comédiens, tous, ou presque tous, absolument parfaits.

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    1. Vous avez raison sur les deux points. Pour moi, le bordel que je tente de décrire est forcément drôle.

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  2. Sinon, viennent d'arriver chez Netflisque trois ou quatre films avec Delon, dont deux remarquables : Monsieur Klein de Joseph Losey et Un flic de Jean-Pierre Melville.

    Et un très bon Clin Eastwood, revu hier soir : Mystic River.

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    1. J'ai vu M. Klein à sa sortie quand j'avais 10 ans. Depuis je n'ai jamais pu revoir ce film...

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    2. Dix ans, c'était peut-être un poil jeunot pour ce genre de machin…

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