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21 avril 2022

L'argot


Ceux qui me connaissent savent que j'utilise parfois des mots en argot. Ce n'est pas du tout lié à mon éducation mais plus à la lecture assidue de San-Antonio à une époque de ma vie (où, comme dans mes propos, l'argot n'est qu'à la marge) et surtout à la fréquentation des bistros de banlieue. Le sujet m'intéresse un peu. Je suis tombé, dans Facebook, sur un article à ce sujet.

Du coup, j'ai laissé un long commentaire que je livre à votre sagacité, grosses andouilles, avec quelques adaptations : "L'article conclut bien par un des problèmes de l'argot : il s'est dilué dans le franscaille et on mélange un peu les deux. Par contre, il parle assez peu de ce qui a tué l'argot, le fait qu'il est élitiste, fait pour être compris par une seule corporation et pas des gens qui n'en font pas partie. C'est particulière vrai pour le louchébem, l'argot des bouchers, au point qu'il est passé, en quelque sorte, comme "l'argot officiel", rendant ridicule les locdus qui utilisaient l'argot à papa. En outre, il a été supplanté il y a trente à cinquante ans par le verlan : les "jeunes" avaient trouvé leur langue parlée uniquement par eux, cessant l'utilisation de l'argot. Notons bien que je m'en fous un peu (contrairement aux apparences vu que j'en parle au point de sortir des théories...) mais ça m'attriste de voir des mots argots qui subsistent car bien intégrés à la langue française qui prennent un caractère péjoratif. Par exemple, j'emploie souvent le mot "gonzesse" mais ça n'a rien de vulgaire ou de déplaisant, c'est un synonyme de "nana", par exemple. Pire, j'utilise souvent le mot "grosse" pour "femme" (dans le sens "la femme de quelqu'un") parce que des copains à moi l'utilisaient souvent (c'est typique de l'argot de banlieue) mais ça n'a rien à voir, directement, avec la corpulence de la dame en question. A la limite, c'est un diminutif de grognasse, pour vous dire ! Et quand vous dites "bonjour à ta grosse", ça veut dire "je vous prie de passer le bonjour à votre épouse". C'est une formule de politesse.

Et quand on voit les jeunes qui s'appellent "gros", entre eux, ce que je fais moi-même avec mes potes bedonnants, ça en provient peut-être.

Et j'ai été bloqué de Facebook 24 heures et de Twitter 12 heures pour avoir utilisé des mots (tafiole et nègre pour ne pas les citer) qui sont maintenant considérés comme des injures, voire des termes racistes, homophobes... D'où ma nostalgie car les modernoeuds rendent l'argot interdit. 

Et je ne peux plus appeler quelqu'un "gros" que parce que je fais 135kg pour 1m77."

10 commentaires:

  1. Le verlan est un argot ancien : les jeunes de la fin du vingtième siècle n'ont fait que le redécouvrir (je ne sais pas comment, d'ailleurs).

    D'autre part, ce n'est pas le fait qu'il soit "élitiste" qui a tué l'argot (tous les langages vernaculaires sont élitistes puisque faits pour NE PAS être compris de la masse, des non-initiés). Ce serait plutôt la disparition, en tant que groupe homogène et vivace, de ceux qui l'employaient couramment.

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    1. Pour le verlan : OK. Mais les jeunes l'ont redécouvert, comme vous dites et en ont fait un propre langage.

      Des mots des langages vernaculaires étaient entrés dans le domaine "commun" et tout le monde s'en foutait sauf... les bouchers qui prenaient le louchébem comme le seul argot possible, les cons.

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  2. Cela dit, je ne pense pas que San-Antonio soit la meilleure école pour savoir ce qu'était l'argot "classique" (si tant est que l'argot puisse l'être…) : il est trop effervescent, trop imaginatif et créateur sur le plan lexical. Je me souviens, par exemple, qu'il lui arrivait d'utiliser le mot "lacsonpem", ce qui était un mot d'argot (pacson) retraduit en louchébem !

    Donc, pour l'argot classique, je crois qu'il est préférable de lire Albert Simonin ou Alphonse Boudard. Qui, en plus, valent le détour.

    Et tout cela me rappelle que, dans les années 80, avait ouvert à Paris, quelque part entre les Halles et Beaubourg, (j'ai oublié l'endroit exact), un restaurant de bidoche, tenu dans une ancienne boucherie et par un ex-boucher, qui s'appelait "le Loucherbem" (ainsi orthographié, si ma mémoire ne me trompe pas) : j'y ai dîné à plusieurs reprises. Je me rappelle que je prenais toujours, en entrée, des œufs "en couilles d'âne", c'est-à-dire cuits dans une sauce au vin. Ce qui mettait correctement en appétit pour la pièce de bœuf saignante qui suivait immanquablement…

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    1. Pour S-A, on est d'accord, il a plus inventé un langage "bérurien" !

      Pour votre restaurant, il me semble qu'il existe toujours. Du moins, je crois être tombé dessus (dans google, pas dans le resto) en préparant ce billet, hier, mais, aujourd'hui, j'ai la flemme de vérifier.

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  3. L'argot tel qu'il était utilisé jusque dans les années 50 a disparu, il faut bien le reconnaître.

    Une gonzesse, un pédé, une grosse, un cassos, ce n'est pas de l'argot. Et aujourd'hui quand dans la rue on entend "wesh", "ta mère", "zyva !", ce n'est pas de l'argot non plus.

    Le vrai argot c'est celui qui n'est compris que par un groupe de personnes averties. Comme le langage javanais, par exemple, que mes parents pratiquaient entre jeunes et que les anciens ne pouvaient pas comprendre. ;-)

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    1. L'argot peut être spécifique à des groupes mais il ne faut pas le restreindre à certains mots. Généralement, les groupes sont très larges. On parle par exemple de l'argot parsien. Et je parle de l'argot de banlieue.

      J'utilise "gonzesse" pour illustrer mais il est vrai que c'est plus familier qu'argotique mais où est la différence mais ne tortillon pas du cul pour chier droit : gonzesse est le féminin de gonze qui est bien un mot argot. Voir le Larousse.

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    2. Gonzesse est parfaitement argotique, en effet.

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    3. Par contre, ma phrase n'était pas argot mais en vague petit Lyonnais.

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  4. J'avais zappé le billet (vacances). J'aime beaucoup.

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    1. Merci (ce billet atteint des records de visites, à l'échelle de ce blog).

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