La crémation de Benjamin a eu lieu le 26 juillet. On a
appris hier, un peu par hasard, sa mort. On ne sait pas trop de quoi mais,
entre nous, on suppose que le foie a explosé… C’était un copain de bistro, de
la bande de la Comète, souvent migrée à l’Amandine. C’est le premier mort
depuis plusieurs années avec le combo vieux Jacques, Marcel le fiacre et le
vieux Joël. La covid nous a disséminé mais relativement épargné. Aucun copain
du « cœur de la bande » n’est pas parti.
Le 26 juillet, on célébrait les trente ans de la mort de mon
père. Bizarrement, j’avais regroupé les recueillements estivaux le 27, pour l’anniversaire
de celle de mon copain Christophe, en 1996, et celle du Coucou, notre copain
blogueur, en 2011. Le billet annonçant son enterrement a eu 9081 lecteurs,
jusqu’à là. Il aurait été fier de la performance. Je crois que j’ai fermé les
commentaires en novembre 2019…
Benji était client de la Comète depuis une petite dizaine d’années,
je crois. Il venait souvent avec un type, un assureur du quartier qui a fini
par être viré car il était pénible. Je l’ai revu deux fois cette année, il
était revenu après deux changements de patron. La deuxième fois, il avait su
être con comme à l’accoutumée et je l’avais trainé dans la boue pour le foutre
mal auprès des collègues à lui qui l’accompagnaient.
Je ne sais pas ce que faisait Benji avec lui mais ils se
ressemblaient sur un point, s’en foutant totalement d’emmerder les gens autour.
Mais Benji était un gentil. Il ne se rendait pas compte qu’il parlait trop
fort, que ses propos vulgaires (pires que les miens…) pouvaient faire fuir des
clients, que le voir endormi au milieu de la terrasse vers 11h45 pouvait
dissuader les passants de déjeuner dans la boutique. Alors il a fini par être
viré, aussi, il y a quelques mois.
Il était à la limité d’être viré d’autres bistros, aussi. Il
était sous surveillance de la part du personnel mais aussi des copains qui
tentaient de le faire taire dès que le ton montait, que ses propos pouvaient
être entendu au-delà de notre cercle, au comptoir…
Benji avait été viré de chez Leclerc, aussi, d’après la
rumeur. Personne ne lui avait dit qu’en cas d’envie pressante, il fallait
sortir et pas se soulager dans le rayon des bonbons…
Il était malade, depuis quelques mois. Déjà, alors qu’il
avait été un charmant camarade de comptoir, il avait oublié toutes les règles,
s’immisçant dans les conversations et, pire, les tournées ! Ses problèmes physiques,
qui lui avaient valu un long arrêt maladie, lui étaient tombé sur le ciboulot.
Jusqu’en juin, environ (j’étais hospitalisé, ensuite), il se joignait à nous,
restait figé dans son smartphone et ne disait plus rien sauf au moment de
commander une tournée, un grand verre de rosé avec des glaçons, une hérésie !
On a le vigneron qui s’efforce de bien doser des breuvages affriolants :
comment peut-on ajouter des glaçons qui vont finir par fondre et donc casser l’équilibre
de la boisson ? Rien que pour cela, il m’énervait.
A part ça, les gens, dites bien à votre famille d’appeler
les copains de bistros quand vous serez mort. C’est trop moche d’apprendre les mauvaises
nouvelles plus ou moins par hasard.
Repose en paix, copain ! Ainsi va la vie, tu aurais du nous écouter et on aurait du insister mais nous n'avions pas le droit de nous mêler de ce qui, au fond, ne nous regarde pas. Les copains de bistro sont souvent des "solitaires". Ceci explique cela. Mais tout le monde ne peut se satisfaire de cette solitude qui pousse à n'avoir pour proches, à part une famille éloignée, que des "copains", à qui on ne peut pas tout dire mais qui sont les seuls à qui on peut parler.
Alors on s'isole. Et on se laisse glisser.
Ce qui est curieux dans votre "hommage", c'est l'impression qui en ressort : celle de voir disparaître un poivrot particulièrement pénible et mal élevé.
RépondreSupprimerSinon, le m'inscris en faux contre votre indignation : le rosé étant le plus souvent une piquette bas de gamme, quoi de plus innocent que d'y adjoindre des glaçons ?
D'autant que couper le vin a été la règle durant des siècles, avec de l'eau, ou encore du miel, etc. Les Grecs anciens coupaient même le leur à l'eau… de mer ! ce que, je vous l'accorde, nous avons un peu de mal à concevoir.
D.G. l'anonyme
Il était bien un poivrot pénible et mal élevé. Mais allez savoir pourquoi on aime bien certaines personnes ?
SupprimerPour le rosé, ce n’est plus de la piquette. Et les bistros ont des frigos…
NJ
C'est sûr ! La preuve : vous êtes bien ami avec un vieux Normand fascistoïde et nazillard, alors que vous êtes vous-même impeccablement progressiste.
SupprimerDG
Vous êtes ma caution.
SupprimerNJ.
Notons quand même que quand je vous ai connu vous étiez un vieux poivrot infréquentable. Pour les 15 ans de votre retrait de permis, il faudra qu’on fasse la cuite comme on dit chez moi.
SupprimerTiens, c'est pourtant vrai que cela fera bientôt 15 ans !
SupprimerTempus fugit et toutes ces sortes de choses…
Ouais. C’est fou : je suis encore plus vieux que vous quand je vous ai connu…
SupprimerPlus vieux… et plus gros.
SupprimerPas compliqué.
SupprimerPaix à son âme
RépondreSupprimerOui.
SupprimerNicolas.
PS. Tu es dans le coin ?