Il y a des bistros que l’on n’aime pas pour des mauvaises
raisons. Par exemple, le KB, en bas de chez moi, que je devrais chérir compte
tenu de ses horaires, me sort par les trous de nez depuis toujours. L’ancien
patron n’était pas sympathique. Un jour, il m’avait reconnu vu que La Comète
est à moins de 100 mètres et m’avait invité à boire une bière après avoir
papoté deux minutes sur le trottoir. J’avais accepté (par politesse, hein !)
et j’en avais commandé une autre (par savoir-vivre, hein !). Il m’avait
facturé les deux…
Le patron a changé et j’y suis allé une fois parce que mes
fiefs étaient fermés : le serveur s’était trompé, largement en sa défaveur,
au moment de l’addition (il m’avait compté la pinte – et je n’en ai pas bu qu’une
– au prix du demi). Malgré mon insistance, il avait… insisté. Je ne peux pas
supporter un bistro où les serveurs jouent contre le commerce. Je n’y ai plus jamais
remis les pieds.
En outre, tout comme un autre pas très loin, rue Carnot, je
crois, il s’est monté récemment et j’ai toujours considéré qu’il faisait une concurrence
peu sympathique à la Comète, ce qui est complètement con, venant de moi, vu que
je défends, dans mon blog politique, la libre installation des commerces…
Plus loin sur l’Avenue, vers Paris, il y a chez Pierre. Le
patron trainait beaucoup dans un de mes fiefs de l’époque, les Monts d’Aubrac,
juste en face, et j’avais fini par atterrir chez lui, faisant des
allers-retours en travers de la Nationale 7. Un jour, son bail n’a pas été
renouvelé par la propriétaire et j’ai toujours considéré cela comme une injustice
même s’il est probable que les raisons de la dame soient bonnes (un peu de
tapage nocturne dans le quartier et un chiffre d’affaires en baisse, je suppose).
Depuis, j’ai boycotté l’affaire ce qui est d’autant plus ballot qu’une partie
de mes potes étaient restés avec le remplaçant, voire ne venait plus aux Monts
d’Aubrac. Or, j’ai horreur des infidélités aux bistros… Peut-être une sorte de
jalousie ?
Entre les deux, il y a le PMU. J’adore les patrons mais j’ai
pris le café en grippe pour des raisons que j’ai du mal à analyser. J’y ai peu
de potes et donc y suis souvent seul mais, généralement, ça ne me dérange pas.
C’est comme en face, le Jean-Bart : le personnel est agréable mais je n’aime
pas du tout le cadre, très vieillissant, alors je fuis… Pourtant, « l’obsolescence »
du PMU n’entre pas du tout dans mes raisons de de désertion.
Beaucoup plus loin, il y a le Petit Relais que j’ai beaucoup
fréquenté mais des successions d’événements font que je me suis complètement
détourné ce qui fait que, maintenant, j’ai presque peur d’y aller, comme si je
m’imaginais que le patron, qui « fut » un excellent copain (y compris
pendant les périodes de Covid où les bistros étaient fermés : il trainait
souvent dans mon coin), allait me détester…
Je pourrais parler d’autres bistros, des bars-tabacs, comme
le Jean-Bart, qui font franchement sales : le Marigny, le Brazza… avec un
service qui m’a toujours paru hors du temps : il est hors de question que
j’y mette les pieds. Sauf si on m’y invite ou si les autres rades sont fermés,
évidemment.
Entre le Brazza et l’Amandine, il y avait un bar PMU où j’allais
à l’occasion. Le théâtre, je crois, qu’il s’appelait. Il est fermé, maintenant.
Il parait qu’on y mangeait bien. Tous les clients étaient tournés vers les
écrans du Rapido et du PMU. On avait l’impression que tout l’entourage était
branché sur les jeux et ne s’intéressaient pas aux autres clients… A fuir…
Pour en revenir à Chez Pierre, les patrons ont changé
plusieurs fois, je crois. Le nouveau est là depuis longtemps. Pendant beaucoup
de temps, le bouche à oreille m’a dit qu’il n’y avait personne mais d’autres bouches
ou d’autres oreilles me disent que la bouffe est très bonne, ce que semblent
confirmer les photos mises sur Facebook. Toujours est-il que cette image de
bistro moderne avec une bonne bouffe vue sur « la page » tout comme
les avis positifs de certaines connaissances m’ont fait prendre en grippe,
toujours, cette brasserie, sans que les raisons soient fondées.
Le pire est qu’ils ont maintenant une affiche montrant qu’ils
sont au Gault et Millau ce qui est très surprenant pour une petite brasserie de
banlieue. Chez Pierre n’est pas référencé sur le site web de l’honorable
maison. On se demandait si ce n’était pas un faux et, je me demande, si elle n’a
pas des « sous-marques » plus ou moins régionales. Ce macaron me met
hors de moi… Les patrons de bistros qui pensent se faire de la publicité se
trompent souvent. L’image ne se construit pas sur ce genre de détail.
A ce sujet, certains semblent très attachés aux avis donnés
par les utilisateurs, notamment dans Google Maps mais cela me semble
surréaliste. D’ailleurs, quand on va voir les avis en question, ils ressemblent
à n’importe quoi et sont contradictoires. C’est logique si vous allez en
terrasse de la Comète un long soir d’été, vous n’aurez pas le même sentiment
que si vous déjeuner alors qu’il pleut. Et outre, la plupart des avis donnés à
tous les restaurants, même ceux à chier (qui, de toute manière, ne sont
fréquentés que par des habitués), sont positifs. C’est ridicule. D’ailleurs, on
se demande souvent s’ils ne sont pas rédigés par des copains des patrons. Et
les quelques commentaires négatifs que j’ai pu lire dans mes bistros préférés
sont purement conjoncturels : il peut arriver que la viande ne soit pas
cuite comme on veut ou que le serveur soit dans le jus au point de se mélanger
les pinceaux.
Pour ma part, la meilleure solution qu’aurait une brasserie,
dans un quartier que je ne connais pas, pour m’attirer, serait d’avoir un menu affiché
à l’extérieur, évidemment donnant appétit mais surtout parfaitement lisible. Le
KB, dont je parlais, a un vague A4 scotché sur une ardoise : il faut se
pencher pour deviner ce qu’il y à manger. C’est évidemment très con mais,
surtout, cela donne une très mauvaise image du bistro, comme un lieu qui ne
sait pas se rendre attractif au quotidien et donc très peu commercial…
Haïssable.
J’ai parlé de bistro que je n’aime pas pour de mauvaises
raisons (c’est le thème du billet) mais tout cela est un peu aléatoire. Par
exemple, si j’habitais à côté de chez Pierre, j’y serais probablement tout le
temps fourré. Et j’ai dit que je n’aimais pas des bars parce que le serveur n’était
pas sympa, qu’ils faisaient vieux ou sales, mais si le hasard m’y poussait, par
exemple parce que des copains s’y regroupaient ou parce que j’avais sympathisé
pour une raison ou une autre avec le loufiat, mon avis pourrait changer assez
rapidement.
On est peu de chose. Par contre, dans l’autre sens, je n’ai
jamais déserté un bistro où j’étais vraiment habitué sauf pour des raisons
géographiques (chez Pierre que je n’aime pas et le Petit Relais que j’aime bien
sont assez loin de chez moi dans le sens où il y a d’autres troquets sur la
route, tout comme « chez Y » que j’ai bien connu à une époque mais je
pense surtout à ceux qui étaient près d’un de mes appartements ou de mes lieux
de travail) sauf une fois (le bar avait néanmoins changé de nom et traité par-dessus
la jambe les anciens clients afin de changer l’ambiance : il n’a pas tenu
un an).
Je n’étais client du PMU que lorsque la Comète était fermée
le samedi et que c’était le seul bistro ouvert après 20h le dimanche. Je suis
client du 1880 depuis près de 40 ans (très fidèle depuis une vingtaine d’années
mais moins souvent présent depuis que j’ai eu des problèmes de santé). Dans un
mois, cela fera vingt-sept ans que je suis client de la Comète depuis vingt-sept
ans. Je fréquente beaucoup l’Amandine depuis janvier 2008 vu que la Comète
fermait tôt, avec de nouveaux patrons, et plus souvent encore, maintenant, que
mon fief est fermé le week-end. Cela fait une grosse vingtaine d’années que je
suis un client épisodique de l’Aéro (très épisodique, maintenant, vu qu’il
ferme souvent de très bonne heure et que, la Comète fermant le week-end, je n’ai
plus l’occasion de passer devant).
Je ne suis pas vraiment hors sujet car, autant je suis
fidèle, autant la légèreté de certains potes me sidère, d’autant plus qu’ils
disent « maintenant » qu’ils n’aiment plus les bistros où l’on a
passé tant de temps ensemble ou, du moins, en voisins de comptoir. Le pire que
j’ai vu, c’est peut-être « chez Y », dont je parlais dans une
parenthèse, plus haut. Ma bande de potes a arrêté de le fréquenter assez
subitement en expliquant qu’on y mangeait mal, que les patrons n’étaient pas
sympa ou que sais-je alors que rien n’avait changé, à part la fréquentation, justement
(la foule attire la foule et le désert n’est pas prometteur…).
Alors, ils ont tous des mauvaises raisons. Je pense à la
Comète qui a changé de propriétaire, comme je le disais, fin 2007 (et de
nombreuses fois depuis). Une partie des clients disait que La Comète n’était
plus la Comète sans son patron historique. D’autres expliquaient que les tarifs
avaient augmentés (certes, les verres de rouge étaient passé de 1€30 pour de la
Côtes-du-Rhône de comptoir à 2€60 pour un vin de meilleure qualité… en oubliant
que la dose était passée de 7 à 14 cl).
C’est à peu près valable dans tous les bistros pour tous les
clients ou presque. A l’Amandine, par exemple, j’y vois très souvent des
anciens clients du PMU, partis pour d’obscures raisons.
On est peu de choses mais je l’ai déjà dit.
Ce billet serait incomplet si je n'évoquais pas les bistros où j'avais toujours refusé d'aller, encore une fois pour des raisons qui m'échappent, comme l'Etalon Noir ou la Place Rouge...