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13 avril 2023

[Série] En place

 


En regardant des critiques de « En place » dans Google, on s’attend à tomber sur une série certes sympathique mais surtout franchement woke. Et elle l’est ! Tu parles ! Un candidat à la présidentielle noir « issu des banlieues », accédant au second tour ou ils sera opposée à une écolo, lesbiennes, décroissante, vegan avec une équipe de supporters des causes LBGT (et j’ai oublié la suite), ça ne peut pas louper !

Pourtant, quand vous apprenez que la candidate écolo s’appelle Douanier, vous ne pouvez qu’y voir une plaisanterie par rapport à Sandrine Rousseau, vous commencez à espérer trouver quelques pépites. Et comme, en plus, le futur Président sera soit cette espèce de folle soit notre type des banlieues, vous commencez à imaginer ce que pourrait être sa présidence.

Je ne dévoile rien de l’histoire à part la première minute, où on voit qui accède au second tour. Et on retourne à l’époque où notre héros se retrouve candidat, par quel hasard. Allez ! Je vous le raconte. Alors que le candidat de centre gauche, nous rappelant un peu Hollande mais pas spécialement honnête, se promène dans les banlieues avec les caméras de la télé, il rencontre notre candidat et ils ont une altercation au cours de laquelle, pour résumer, ils s’échangent des slogans. La séquence passe à la télé et un rapide sondage montre que son nombre de voix pourrait ne pas être négligeable. Un malfaisant s’imagine alors favoriser sa campagne pour aider le candidat de la droite en piquant à notre Hollande en herbe des voix pour qu’il ne puisse pas accéder au second tour, donnant la victoire au candidat de droite qui serait alors opposé à un lascar d’extrême droite. Genre Chirac en 2002 avec un pseudo Hollande dans le rôle de Jospin.

Les anecdotes se succèdent pour arriver au second tour avec nos deux hurluberlus. Je vous passe la recherche d’un slogan qui doit permettre d’obtenir les 500 signatures puis lancer la campagne…

 


Notre ami est bien un jeune des banlieues. Plutôt de gauche mais pas vraiment préoccupé par tous les secteurs de la vie. Il est animateur en MJC à Bobigny, pour tout vous dire (et à condition que je ne me trompe pas de patelin) et pense surtout à ce qu’il faudrait pour que tous ces jeunes favorisés sortent de la misère, de la drogue et de tous les trafics. Parmi les anecdotes dont je parlais, il y a tout ce qu’il faut pour qu’il se sorte de cette banlieue et aille au-devant des autres électeurs, par ailleurs tout autant rebuté par lui que pas sa consœur.

Nous avons donc une caricature poussée à son paroxysme tant les scénarios ne sont pas crédibles mais qui n’est pas sans rappeler la situation en France où deux candidats populistes finissent par s’affronter pour le pouvoir. Nos deux candidats ne sont pourtant pas populistes, au contraire, ils sont complètement déconnectés des réalités et des électeurs, un peu comme si Rachel Kéké était opposée à Eric Piole. Sauf qu’ils ont réussi à être élus, eux, alors que nos deux héros n’auraient aucune chance de dépasser deux points à un premier tour d’une présidentielle.

Au fond, cette histoire intéresse peut-être plus un blogueur politique ne pouvant qu’assister à la disparation des partis politiques. Elle est non crédible, aussi, car elle ne repose sur aucune implantation locale des candidats en dehors de leurs propres fiefs, comme si les campagnes ne servaient à rien au niveau national, comme si les meetings n’avaient aucune importance… Par contre, les incidents locaux de Bobigny sont omniprésents… En revanche, les magouilles politiques sont très réalistes et nos deux grands naïfs passent au travers.

 

Du wokisme, disais-je ? Au fond, il s’annule de lui-même : un jeune renoi face à une lesbienne vegan, hein ! En plus, c’est une série Netflix française. Allez donc savoir ce que ces gens ont imaginé faire ! Ils ont quand même réussi à caser une militante politique voilée dans l’équipe de notre personnage. Ils sont habitués à faire des productions destinées à des centaines de millions de téléspectateur (j’ignore tout du nombre, en fait) et ils limitent à ce qui pourrait n’intéresser que des franchouillards, passionnés de politique, de banlieues, de véganisme ou de gouines (qui ne pratiquent pas à l’écran ce qui est quand même dommage). Ils se cantonnent, en fait, à la particularité de notre démocratie, un président tout puissant issus d’un mode de scrutin d’un autre âge.

 


Les acteurs sont bons. J’aime bien le héros principal (par Jean-Pascal Zadi lauréat du César du meilleur espoir masculin en 2021 pour son rôle dans « tout simplement noir ») mais j’ai un faible pour son épouse (par Fadily Camara) et deux ou trois seconds rôles. A noter la présence de Benoit Poelvoorde dans le rôle du candidat socialiste. Il est assez bon dans le sens où il ne surjoue pas son côté poelvoodien… et redescend vite au niveau du petit élu local ayant l’occasion de gagner des élections nationales. Le malfaisant dont je parlais est Eric Zudor, du duo « Eric et Ramzy » ce qui rend amusante sa présence auprès de Stéphane Blé, notre idole, jeune noir des banlieues.

La qualité des acteurs permet de faire passer au second plan les crétineries du scénario.

Et c’est heureux. On est quand même à la limite de sombrer dans le champ des navets, tout de même.

Mais j’ai passé un bon moment (trois heures en tout).

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