« En 2008, le Samurai, un
homme craint par tous les puissants et les criminels de la Ville éternelle,
décide de faire entrer la mafia du sud dans les affaires de la ville. Sa porte
d'entrée est la proche ville balnéaire d'Ostie dont l'acquisition de
territoires constructibles pourra permettre à la mafia de construire un port et
ainsi d'avoir un impact économique sur la capitale. Leur acquisition dépend à
la fois du Vatican, qui compte vendre quelques-unes de ses propriétés, et du
conseil municipal de Rome, qui doit donner son aval au contrat de vente et
fusionner les terrains. » entame Wikipedia dans
sa description de Suburra, que je vais compléter habilement. Parmi les
criminels en question, il y a des gangs ou des familles de trafiquants, comme
les Adami, ou des gitans non moins trafiquants, autour des Anacleti.
L’histoire est articulée autour du Samourai, le représentant
de la mafia à Rome, de dignitaires du Vatican ou de la municipalité de Rome et
aussi, principalement, de trois jeunes hommes (20 ou 25 ans), dont deux viennent
de ces deux familles et l’autre est un fils de flic (honnête mais n’oublions
pas qu’il s’agit d’une fiction), amant d’une auditrice à la cour des comptes du
Vatican.
Je commence par lui, tiens ! Sa maitresse cherche à
influencer la curetaille vaticanaise par des procédés un peu suspects et elle
le charge d’organiser des partouzes et de fournir de la drogue pour faire
tomber ou chanter les têtes auréolées. Elle veut favoriser l’entreprise de son
époux, bossant lui-même pour les faunes papales. Il finit par tomber sous la
coupe du Samourai.
Les deux autres jeunes sont, pour l’un, le fils du chef d’une
famille et, pour l’autre, le petit frère, d’un chef d’une famille de gitans. On
le devine homosexuel ce qui ne facilite pas son insertion dans ce monde de
machistes. Son frère et sa mère finissent par le faire épouser le fils du chef
d’une autre famille, mariage de raison pour se rapprocher.
Vous l’aurez compris, il y a plein de personnages : je
n’ai pas parlé des cardinaux, des membres de la municipalités, de ceux de la
mafia, des familles… On est peu effrayés, au départ, et on a l’impression de se
perdre (surtout moi, à la fois peu physionomiste – qu’est-ce qui semble plus à
un malfrat romains qu’un autre malfrat romain ? Ou un vieux cardinal en
soutane d’un autre vieux cardinal en soutane – et doté d’une mémoire de serein)
dans tout ce beau monde (je n’ai pas parlé des vieilles bourgeoises, des
épouses bien propres sur elles mais néanmoins limite féministes, des policiers…).
On y voit pourtant rapidement assez clair grâce à l’intelligence
des scénaristes qui ont articulé la majeure partie du scénario autour de ces
trois jeunes. Ils commencent comme opposés, voire ennemis, mais finissent par s’entendre
(puis éprouver une solide amitié) ne serait-ce que pour exister ou pour prendre
le pouvoir dans leurs familles respectives et, d’une manière générale sur le
crime de Rome, et évincer le Samourai qui les pourrit…
L’amitié entre les trois est un peu le fil conducteur dans
la série (sans pour autant sombrer dans l’eau de rose ni même la feuille de
rose si l’on considère que celui qui est homosexuel commence par avoir des vues
sur ses potes).
Parmi les personnages singuliers, il y a le Samourai. Qui aurait
imaginer que le représentant de la mafia à Rome puisse être un petit père qui
se déplace à scooter ? Ou qui aurait pu imaginer que ce type un peu âgé,
circulant à scooter, soit le représentant de la mafia ? Il nous est assez
rapidement sympathique jusqu’à ce que l’on comprenne – pas immédiatement – que ses
méthodes ne sont pas spécialement angéliques. Il n’y a d’ailleurs rien d’angélique
dans cette série, à part le gros spectateur benoit devant son poste. Toutes ces
andouilles se volent, se massacrent, se font chanter, se torturent, se
trahissent…
Gabriele, le fils de flic, a une tête d’ange, à la Delon ou
presque quand il était jeune. Les deux autres, Aureliano et Alberto (mosexuel)
ont plus le look des petites frappes de banlieues, semblant profondément idiots
mais aussi perdus. On s’attache évidemment au premier (qui ne tomberait pas
sous le charme de Rocco, dans Rocco et ses frères ?) puis, un peu par
contagion, aux deux autres même si on s’en méfie…
Je n’ai parlé que de quatre personnages (les trois jeunes et
le Samourai) mais d’autres ont des rôles très importants (comme la maitresse et
la femme d’Alberto, dont je parlais). Une famille au-delà de la famille !
Il y a Amedeo Cinaglia, par exemple, qui nous accompagne jusqu’à la fin, pour
sa carrière professionnel ou électorale malfaisante. Il y a l’épouse de ce
dernier, la sœur d’Aureliano, le frère et la mère d’Alberto, son beau-père…
La musique est parfois très présente, avec du rap italien,
tout à fait surprenant (et sympathique) pour des zozos comme moi. Certaines
images sont somptueuses (mais celles de Rome un peu limitées aux quartiers
pourris).
Vous pouvez regarder. Rien d’exceptionnel, du bon temps. Un
coup de mou, comme pour toutes les séries, pour « le tiers du milieu »
(coup de mou dont on parle souvent et que je finis par mettre plus facilement
sur le dos de la lassitude du spectateur que sur la connerie des scénaristes).
A noter que les deux premières saisons font huit épisodes contre
six pour la dernière. Si la fin est très bien (pour le volet cinématographique,
pas pour les aspirations de chaque spectateur), on reste un peu sur notre faim
comme si on allait rester idiot à ne pas connaître l’avenir du monde du crime à
Rome.
Alors qu’on s’en fout.
Dans ma besace :
Safe
Gotham
Black Mirror
Delhi Crime
Hollywood
Murder
Aquarius (j’ai commencé, c’est très bien, mais, pour des raisons diverses, j'ai un problème de concentration).
A couteaux tirés
Motherless Brooklyn
D'après les photos, vos "mafieux" ont l'air de sortir à peine du lycée ! ça ne me donne pas très envie…
RépondreSupprimer(Et je croyais qu'il n'y avait plus de pédés en Italie depuis la mort de Pasolini, moi… On m'aurait trompé ?)
Il en reste un, faut croire.
SupprimerEt il a fallu que vous tombiez dessus : pas de bol, tout de même !
SupprimerJe survivrai…
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