Quand le début d’une série qui ne m’a pas été recommandée ne
me convainc pas tout en laissant penser qu’il y aura une amélioration, il m’arrive
d’aller lire les commentaires des internautes suite aux articles de presse.
Dans un tout autre domaine, des copains patrons de bistro me signalent parfois
des critiques de client un peu ridicules et je me plonge alors dans la lecture
de tout ce qui a pu être lu. Je ne vais pas citer de série, ici, afin de ne pas
détourner le sujet et je vais me contenter, pour ce qui concerne les
brasseries, d’une seule, l’Amandine, car je la connais très bien (et me limiter
aux lectures que je peux faire dans « Google Maps »).
J’avais déjà évoqué, dans ce blog, les critiques de séries
faites par des professionnels. Ma conclusion était que certains sites sont bien
trop élitistes et semblent faire semblant de ne pas aimer des séries pourtant
bien appréciées par le public. En outre, les articles sont formatés pour être
un peu originaux et se démarquer de la concurrence…
Ce qui m’amuse, c’est vraiment le ridicule de certains
commentaires. Par exemple, à propos d’une série, j’ai vu un texte : « encore
une fois, Netflix n’a pas résister à mettre en scène trois homosexuels alors
que rien ne le justifie dans l’histoire ». Or, la fiction n’avait pas été
produite par Netflix mais par une chaîne de télévision Suisse. Netflix n’a fait
qu’acheter les droits de diffusion… Ils n’ont rien « mis en scène ».
En outre, la série décrit les difficultés pour un homosexuel pour vivre dans un
milieu rural. Ne pas y mettre « un pédé » aurait été délirant. Et le
gars a forcément au moins un amant et, souvent, un amour de jeunesse.
La critique la plus fréquente des brasseries est « les
frites sont surgelées ». Vous pouvez vérifier. Or, à l’Amandine, elles
sont fraiches. Les gens n’y connaissent rien et disent de belles conneries,
souvent influencés par « les médias » (notamment un reportage sur une
grande chaîne nationale sorti il y a quelques années prétendait que la plupart
des produits n’étaient pas « maison »). En fait, les cuisiniers sont
présentes « huit heures par jour » et, comme ils ne passent pas leur
temps à sortir « des plats du jour », ils ont bien le temps d’éplucher
des pommes de terre et de faire des pâtisseries, ça coûte beaucoup moins cher
aux patrons…
En outre, s’il est
évident que les frites fraiches sont meilleures, il est souvent impossible de
différencier les deux, tout simplement parce que les sociétés comme McCain
arrivent à se procurer les meilleures pommes de terre du marché (et les
meilleures huiles) alors que « le bistro » ne pourra faire qu’avec ce
qu’il trouve. « Les gens » confondent avec les frites surgelées bas
de gamme que l’on peut retrouver dans nos supermarchés ou celles servies dans
des commerces « non traditionnels » comme les « kebabs ».
Une des récentes séries que j’ai regardées porte sur une
jeune femme qui découvre que celle qu’elle pensait être sa mère ne l’est pas.
La vraie était une adolescente membre d’un groupe de quatre personnes étudiant
dans un pensionnat. Plusieurs critiques étaient sur le thème : « ce n’était
pas la peine de faire dix-huit épisodes, des tests ADN auraient suffit pour
trouver qui était la mère. »
Or, le « sujet » de la série n’est pas la démarche
pour trouver la mère mais ce que met en œuvre la jeune femme pour se venger
pour avoir été abandonnée, dès la naissance, par quatre péronnelles.
Les critiques ne sont évidemment pas son fondement. Pour reprendre
mon exemple, les séries sont souvent trop longues et en deviennent chiantes. Le
côté « woke » de Netflix est exaspérant. Les rôles principaux (ou « seconds »)
sont souvent tenus par des femmes, des personnes racisées et il n’est pas rare
s’avoir en premier plan quelques homosexuels des deux sexes (oups ! des
deux genre…).
Les frites, dans les restaurants, ne sont pas toujours au
top mais le patron n’a pas intérêt à en faire de mauvaises… En outre, les goûts
et les couleurs ne se discutent pas. Par exemple, la Comète fait des frites
fines alors que l’Amandine en fait des grosses. Chacun pourra « détester »
ce qu’il veut, sachant que ce n’est pas qu’une question d’épaisseur mais de
cuisson (qui dépend effectivement de nombreux paramètres, dont l’épaisseur en
question). Je dois avouer que je fuis
les frites de la Comète surtout que l’andouille moutarde était servie avec une
belle sauce onctueuse : des pates étaient bien plus appropriées… Mais j’avoue
aussi que les frites ont changé avec le nouveau patron : ma réticence est devenue
surtout psychologique.
Il faut être assez culoté pour donner son avis en public sur
Internet. Je le dis en tant que connaisseur de la chose : j’ai un blog
politique et un autre où je parle de bistros et de séries. Mais ce sont des
avis personnels que je donne et je le fais sur des sites qui « m’appartiennent »
et qui sont suivis surtout par des gens qui me connaissent. Personne cherchant
des avis sur Mélenchon, l’Amandine ou The Crown ne viendra dans mon blog. Il
ira sur Google Map (ou Facebook ou Trip Advisor…) pour les restaurants et dans
la presse pour les séries et la politique. Dans mon blog, c’est bien mon avis, celui
de « Jégoun » ou « Nicolas Jégou », que viennent lire les
gens (et pas nécessairement pour l’avoir, d’ailleurs, mais parce qu’ils m’aiment
bien ou apprécient ma prose… ou, au contraire, parce qu’ils ne peuvent pas me
supporter).
En outre, la « critique » n’est pas quelque chose
d’aisé. Pour les restaurants, je ne suis pas objectif vu que je parle
uniquement de ceux que je fréquente beaucoup, donc apprécie. Pour les séries,
je galère assez, ici, pour trouver un texte un peu original. Quant à la
politique, j’essaie de ne pas multiplier les attaques frontales (et j’échoue
souvent…) mais de montrer pourquoi tel ou tel propos, projet, action… est bonne
ou mauvaise.
Il faut être culoté, disais-je, tout comme le fait que les propos
sont souvent ridicules. On voit parfois des gens qui critiquent le personnel de
l’Amandine : pas courtois, pas rapide ou efficace… Je ne suis évidemment
pas d’accord et je passe assez de temps dans la boutique pour constater que c’est
faux. Une personne qui ose écrire que « le patron n’est pas aimable »
devrait aller voir les dix commentaires précédents et constater que tous les
autres clients sont satisfaits et d’un avis opposé.
Elle pourrait alors se dire que c’est elle qui est mal
lunée, voire qu’elle a été désagréable et que c’est de sa faute si elle ne
mérite pas toutes les attentions, voire que le personnel ne fait pas tout pour
la dégager…
On est peu de choses…
Enfin, certains oublient quelques aspects. Par exemple, un des rôles d'une série est de "divertir". Une fiction à chier peut très bien le faire. Dans un restaurant, il y a le rapport qualité prix qui entre en jeu. Beaucoup d'andouilles sont nostalgiques de la formule "entrée plat dessert à 12 euros" qu'on trouvait il y a vingt ans. Ce n'est pas possible. S'ils commandent, maintenant, une pièce de boeuf à 14 euros, ils ne peuvent pas espérer obtenir une entrecôte de 250 grammes servies avec des frites préparées avec amour par un chef très diplômé.
Il faut arrêter d'être con. Ce qui nécessite tout de même un certain optimisme.
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